Les deux mots les plus difficiles

Il y a deux mots français qui me font plus de problèmes que le reste de la langue — combiné. Je vérifie parfois l’utilisation du subjonctif avec l’excellent outil de Laura Lawless, et je continue de relire des leçons de Kwiziq quant à des trucs comme le « ne explétif ». Mais après 2 1/2 ans, il y a deux mots qui m’embrouillent comme rien d’autre.

À et de.

Le problème commence avec les traductions. On dit souvent que à = « to » et de = « of/from ». C’est… pas faux, mais comme on verra, il y a plein de situations où ces significations ne tiennent pas. Et pire, les équivalents en espagnol marchent exactement comme en anglais, ce qui ne m’aide pas du tout.

Quand on veut dire que quelque chose appartient à quelqu’un, on écrit par exemple :

L’Île aux enfants

C’est l’île qui appartient aux enfants. Mais en anglais on écrirait :

The children’s island OU

The island of the children

C’est « of » — de. Tout en moi veut écrire « L’île des enfants », bien que ça ait tort. Et en espagnol, on écrit :

La isla de los niños

Mais si vous parlez un peu l’anglais, vous êtes en train de sauter de votre chaise pour me dire « This island belongs to the children. Exactement comme « appartenir aux ». Pas si malin, hein ? » Et oui, c’est vrai qu’en tant qu’objet indirect, la préposition change. Mais on parlait de noms sans verbes.

Ça me dérange quand on parle de prêter et emprunter. En français on dit :

Je lui ai prêté le livre.

Pas d’à, pas de de, pas de problème. L’anglais est similaire :

I loaned him the book.

Mais maintenant, décrivez la situation selon la personne qui reçoit le livre.

Je lui ai emprunté le livre.

I borrowed the book from him.

Uh-oh ! L’un de nos mots anglais est apparu, celui que l’on veut traduire par « de ». Si on utilise un prénom au lieu d’un pronom, le problème devient encore plus clair :

J’ai emprunté le livre à Françoise.

I borrowed the book from Françoise.

Et c’est le même problème avec prêter :

J’ai prêté le livre à Marcel.

I loaned the book to Marcel.

C’est le même mot, peu importe la direction !

Et c’est souvent le cas que le choix entre les deux n’a rien à voir avec la direction d’une action, mais quelque chose de complètement différent. Considérez ces deux exemples :

Je continue à battre les œufs.

Je continue de paniquer sur mon accent.

La différence, c’est que l’on dit à pour une nouvelle action en train de se dérouler, et de pour quelque chose d’habituel. On ne peut pas apprendre ça de Duolingo ; je l’ai appris de cet article du Figaro.

Il me semble donc qu’il est absolument impossible d’apprendre une règle pour leur utilisation. Il faut tout simplement mémoriser tous les cas. Comptez-vous chanceux de ne pas avoir besoin d’y penser !

(Crédit de photo pour les réseaux sociaux : Molière par Nicolas Mignard, 1658, Domaine public)

13 réflexions au sujet de « Les deux mots les plus difficiles »

  1. Maman lyonnaise

    Bonjour Justin,
    Vous mettez le doigt sur un bel imbroglio grammatical que bon nombre de français ne maîtrisent pas !
    Difficile de vous donner une règle universelle qui pourrait vous éclairer pour chaque cas car comme vous le dites, le français est truffé d’exceptions et souvent, il faut les connaître par cœur ou les pratiquer régulièrement pour qu’elles deviennent automatiques.

    Je mets un bémol cela dit sur l’exemple de « L’île aux enfants ». « Aux » n’est pas possessif dans ce sens là. Il est utilisé plutôt dans le sens que c’est une île sur laquelle ne se trouvent que des enfants.
    Sur le Bassin d’Arcachon, l’Ile aux Oiseaux désigne une île sur laquelle il y a beaucoup d’oiseaux. Si vous l’utilisez en possessif, c’est comme si vous disiez « c’est la sœur à Justin ». Une horreur grammaticale mais que l’on entend bien souvent en région lyonnaise accompagnée de « Donne, je vais y faire » !
    Autres exemples : une cage à poules, une cage à lapin,… « à » est ici utilisé pour la destination. Pour qui est utilisée cette cage.

    De fait, en traduction j’ai souvent buté sur cette difficulté car il me fallait disséquer le sens de l’expression en français pour pouvoir la traduire correctement en anglais ! Même combat !

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  2. les2olibrius

    Pardon Justin mais l’expression « l’île aux enfants » est familière et donc incorrecte par rapport à « l’île des enfants »… j’ai toujours été médiocre en anglais parce que mes versions et thèmes collaient aux structures grammaticales françaises ! Chaque langue a son génie propre et ses apparentes incohérences. Bonne journée !

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  3. Bernard Bel

    Je crois que dans « from » et « to » on précise le sens du mouvement alors que ce n’est pas (toujours) le cas de « à » en français : on peut dire « j’habite à Paris » comme « je vais à Paris ». Cette précision sur le sens du mouvement est encore plus forte en allemand… Mais cela me pose problème quand je dois traduire de français en anglais. Heureusement, DeepL corrige mes fautes ! 😉

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  4. Light And Smell

    J’avoue ne pas me poser la question, mais pour le subjonctif, comme il est de moins en moins employé et de plus en plus mal employé, je commence à commettre des erreurs… L’inconvénient d’avoir une mémoire visuelle ! mais je peux dire que personne ne t’en tiendra rigueur si tu te trompes.

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