Outsphere 3 : Réligions

Ça fait des mois depuis notre dernier séjour aux mondes de Guy-Roger Duvert. (6 mois presqu’au jour, avec Outsphere 2.) Mais nous voilà, avec Outsphere 3 et oh là là, que l’échiquier ait beau changé ! Pour ce qu’il vaut, j’ai largement lu ceci sur les avions pendant mes vacances — le long délai entre le dernier tome et celui-ci n’a rien à voir avec le livre lui-même.

Il n’y a rien de surprenant quand je vous dis qu’un roman de M. Duvert n’hésite pas à se débarrasser de pas mal de personnages attachants. J’ai évité de vous parler de la fin du deuxième tome à l’époque, afin de ne pas jouer le divulgâcheur, mais l’épilogue de ce livre-là nous dit exactement la même chose que le début de ceci — on est maintenant dans une époque beaucoup plus tard, et presque tout le monde auquel le lecteur s’intéressait à travers les deux premiers tomes est mort depuis longtemps.

Mais combien de temps ? Plusieurs siècles en tout cas, mais déterminer exactement la durée est difficile. Je vous ai dit avant qu’avec les pertes massives des deux premiers tomes, il était bien évident que les descendants des colons allaient vivre des vies d’un niveau de technologie très bas par rapport à celui qui les a amenés à la planète d’Eden. Pourtant, je ne m’attendais pas au thème de ce livre, où l’histoire s’est effacée et toute mémoire de l’Arche et de la Terre n’est que légende. À partir de ça, plusieurs religions sont fondées, où chacune garde des bribes, des brins de la vérité sur les origines extra-terrestres de l’humanité sur cette planète.

Sans divulguer trop, seulement une de ces religions arrive à jouer un rôle vraiment important à l’histoire, pour de bonnes raisons. À la fin du deuxième tome, trois protagonistes sont placés dans des caissons pendant que les scientifiques cherchent le remède pour une maladie, dans l’espoir qu’ils seront réveillés assez bientôt. C’est ainsi qu’ils sont (pour autant que l’on sache) les seuls survivants de l’Arche qui restent. Pourtant, il y avait d’autres caissons et les descendants les ont découverts, et ça a donné lieu à l’idée qu’un jour, les « Endormis » reviendront pour sauver Eden d’une Menace inconnue. Une religion basée sur ça va évidemment avoir le plus d’intérêt dans un roman écrit autour de trois personnes envoyées au futur en tant qu’Endormis.

Cependant, le roman est largement la recherche de l’une des trois par les deux autres. Les trois caissons finissent par être séparés, et on se retrouve avec Jake Bowman et Nash Olsen, les protagonistes principaux des deux premiers tomes. Jake était anciennement le colonel supérieur à Olsen, mais en plus du fait que l’Armée n’existe plus, Olsen considère que Bowman l’a abandonné pendant le premier tome (et a raison d’une façon). Ils sont donc alliés, mais se trouvent séparés pendant de longues périodes, et l’histoire est racontée par tours de chacun de leurs points de vue.

Ce livre est en grande partie un livre d’idées. Je ne dis rien de nouveau si je vous dis que ce qui croit un paroissien typique d’une église est peut-être loin de ce qui croit les évêques et les cardinaux. Parfois c’est une question d’éducation, mais parfois c’est une question de connaissances jugées trop dangereuses. Encore une fois, je ne veux rien divulgâcher, mais la religion des Endormis est victime de toute la même corruption que l’Église catholique médiévale, jusqu’à sa propre Inquisition. De cette façon, M. Duvert se trouve bien placé à offrir ses propres spéculations sur la religion telle que l’on la connaît.

Outsphere 3 fait 346 pages ; le temps que 250 soit arrivée, il m’était évident que l’histoire ne pouvait pas atteindre sa conclusion dans ce tome. D’une façon, j’avais tort — il y a une épilogue, après une note qui dit clairement qu’il y aura un quatrième tome, mais l’intrigue trouve sa résolution, « une fin certes un peu douce-amère » comme dit M. Duvert dans une note au lecteur. Mais même avec la fin que l’on a, il y a beaucoup de questions qui restent peu explorées — le sort du 3e personnage, ce qui est vraiment la Menace, les détails de l’événement à cause duquel la mémoire historique semble avoir été perdue.

Vous aurez remarqué que je n’ai dit presque rien sur l’intrigue lui-même. En partie, c’est parce que c’est difficile à le faire sans trop dire. Mais l’autre partie, c’est que j’avoue être plus qu’un peu déçu par la résolution. Jake Bowman n’est pas un homme parfait, mais je voulais désespérément qu’il trouve la seule chose dont il avait vraiment envie. En revanche, la leçon livrée encore et encore dans les livres de M. Duvert est que la vie ne se passe pas comme on l’aurait souhaitée.

Outsphere 3 est bien équipé de tous les points forts habituels chez M. Duvert. On est vite plongés dans l’intrigue, l’écriture est vive, les personnages sont intéressants — au-delà de vous prévenir qu’il faut vraiment commencer cette série au début, non pas avec le troisième tome, je n’hésite pas à le recommander. Je n’ai franchement aucun doute que le quatrième tome vaudra la peine, même si je sais qu’il va raconter tout autre histoire par rapport à ce que je devinais. C’est juste que l’on sait déjà que les histoires d’amour finissent mal, et je suis assez d’un bisounours pour avoir espéré le contraire.

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