Les 3 Mousquetaires : D’Artagnan

Ce soir, je suis revenu au groupe de cinéphiles de l’OCA pour mon 101e film français. Je n’ai pas de voix dans le choix, mais je suis ravi que l’on recommence avec un film de cape et d’épée. Ou plutôt de pistolet — on en parlera plus en bas.

©️Pathé, Source

Une foule de 33 personnes a été annoncée pour la soirée alors j’ai décidé que j’ai dû faire quelque chose qui pouvait être facilement doublé. Un chemin très facile, mais coûteux, est une tarte au chocolat — les ganaches ne sont pas trop de travail, mais le prix des ingrédients est à siffler, puis pleurer. Surtout quand on tire sa recette de La Maison du Chocolat.

Cette quantité de tablettes de chocolat m’aurait coûté environ 80 € chez la Maison du Chocolat, si la plus proche n’était pas à New York, mais je n’allais. J’ai dépensé 20 $ chez Walmart, mais je dois vous dire, je ne recommande pas le Lindt pour ça après l’avoir goûté.

Je suis content des fonds des tartes, préparés avec la même pâte sucrée que la semaine dernière :

Au début, je les croyais une réussite :

Mais après 2 heures au frigo — et je ne m’attendais pas à ça, car il n’y a pas de beurre dans cette ganache — la catastrophe :

La même chose est arrivée aux deux, mais je n’ai pris une photo que de la pire tarte. À ces moments, il ne faut pas perdre son sang-froid. Il faut plutôt mettre le bol de son robot dans le congélateur avec seulement 40 minutes avant l’événement, aller prendre la douche planifiée, PUIS être prêt à monter une crème chantilly une fois habillé :

Honnêtement, je suis une ordure et je le sais :

Je suis rentré avec une tarte entière, mais je ne m’en plains pas — il y avait beaucoup plus de desserts que ce à quoi je m’attendais :

Si je refais cette tarte, je ferai la ganache exactement comme celle de Pierre Hermé — la crème ne sera pas bouillante, et j’utiliserai le moins de chaleur possible. Mais une bonne quantité d’un meilleur chocolat comme Valrhona serait trop chère alors je doute que je la fasse à nouveau.

Alors, le film. Cette version des 3 Mousquetaires est beaucoup plus réaliste que celle d’André Hunebelle. Où la sienne était très propre, tout le monde ici est mal rasé et ont les cheveux emmêlés. D’une façon, je l’apprécie — il aurait été difficile pour des soldats de passer le temps en se rasant. D’autre part, je ne m’attends pas à un documentaire.

Ça dit, je suis la mauvaise personne pour vous dire si cette adaptation est fidèle au livre. Je l’ai lu en traduction et abrégé il y a 35 ans, ciblé aux goûts d’enfants de 10 ans. J’ai réussi à vous trouver exactement la bonne édition (lien en anglais). C’est la même série dans laquelle j’ai découvert Jules Verne et Victor Hugo, alors essayez de l’apprécier malgré ses défauts — je suis ici en partie parce que ces livres m’ont fait rêver.

Ce que je peux vous dire, c’est que ce film suit grosso modo les mêmes points que le film de Hunebelle. Il commence avec une lutte où D’Artagnan essaye de sauver une femme en train d’être agressé et finit par être blessé, mais cette fois, il est enterré et cru mort. La scène où il sort de sa tombe peu profonde, c’est flippant. Il arrive à Paris et réussit à énerver tous les trois mousquetaires de légende, Athos, Porthos, et Aramis.

Au milieu d’un duel, les mousquetaires et D’Artagnan sont attaqués par les sbires du cardinal Richelieu — mais cette fois, des pistolets sont impliqués autant que les épées. J’ai hâte d’ajouter que les armes à feu de l’époque n’étaient pas du tout fiables, et ce n’est pas du tout réaliste que les mousquetaires sont tireurs d’élite. Le même intrigue se déroule où la reine voit le duc de Buckingham en secret et lui donne un collier qui lui fera des problèmes plus tard, mais cette fois, c’est un complot du cardinal plutôt qu’un rendez-vous planifié par les amants. L’attaque contre la reine est une autre scène flippante.

Athos est accusé de tuer une femme et D’Artagnan mène une enquête où il s’est failli faire assassiner par une comtesse — je ne sais pas si ça fait partie du livre, mais il n’est pas dans le film de Hunebelle. Le film continue après la fin de son prédécesseur, et finit juste après une tentative contre la famille royale.

J’étais en haleine presque tout le long du film, bien que je connaisse la plupart de l’intrigue. Ce film est très bien fait, et ne perd pas de temps pendant ses 2 heures. D’autre part, il se termine sur un moment d’angoisse avec les mots « à suivre », jamais le bienvenu. Peu importe — j’ai déjà dit à La Fille que nous allons le regarder en traduction, probablement doublé car elle est loin d’être prête à regarder des films en VO. Mais je sais qu’elle l’adorera !

Il me semble que ceci tombe entre #55 et #45 dans le grand classement. Il ne dépasse pas les films de Hunebelle avec Bourvil et Marais, mais est une valeur sûre et jamais ennuyeux.

Je découvre Jeanne Added

On continue le Projet 30 Ans de Taratata avec la deuxième des trois artistes qui ont jouées « Don’t Speak » sur Taratata, Jeanne Added. (Je me suis rendu compte que j’ai sauté par-dessus de Grand Corps Malade, par erreur. Il sera le prochain.) Pour vous rappeler, voici un extrait :

Je ne vais dire que de bonnes choses sur Jeanne Added, et ça m’énerve. Elle a réussi à faire ce que je voulais être impossible. Si vous avez suivi le parcours de ce blog depuis un moment, vous savez que je veux laisser tout tomber derrière moi. J’ai pu annuler mon abonnement à la télé en anglais parce que j’avais arrêté de tout regarder en anglais. Je n’écoute plus la grande majorité de ma bibliothèque de musique en anglais. Je voulais fermer cette porte derrière moi et jeter la clé dans un volcan sous-terrain au fond de la Fosse des Mariannes. Mais voici une artiste qui écrit des paroles intelligentes en anglais, les chante avec talent et évidemment, tout ça ne peut que vouloir dire qu’elle vient de… Chicago ? New York ? Des Moines ? Non, de freakin’ REIMS.

Regardez ce qu’elle m’a fait faire ! Utiliser un petit juron anglais !

Jeanne Added, Photo par Thesupermat, CC BY-SA 4.0

Jeanne Added est née en 1980 à Reims. Je suppose qu’elle a été poussée à apprendre l’anglais car son nom de famille est le participe passé d’ajouter en anglais, « add ». J’imagine que ses cousins, les Subtracted, ont changé de nom, car ça, c’est trop. Pas comme beaucoup d’autres musiciens que nous avons étudiés à ce point, elle était toujours destinée pour une carrière musicale — des conservatoires de musique à Reims et Paris en tant que lycéenne, le Conservatoire national à Paris pour ses hautes études, puis l’Académie royale au Royaume-Uni. À partir de 2005, elle commence en tant que chanteuse de jazz, habituellement en français, avec de tels noms que Vincent Courtois et Yves Rousseau.

Avec ce dernier, elle sort en 2008 un enregistrement qui me fait mal aux oreilles, et je suis habitué aux conventions du jazz. C’est une reprise de l’album « Poète, vos papiers » par Léo Ferré. Elle est la deuxième à chanter dans cet extrait, après Claudia Solal, et les deux ont des voix d’anges, mais la première minute, aïe. (Je sais, ce n’est pas la chanson du titre.)

J’imagine qu’elle a dû reconnaître que le public pour ce genre de chose est limité. Alors en 2010, elle sort un album en anglais, yes is a pleasant country, d’après un livre de poèmes par e.e.cummings, poète américain avec une allergie mortelle aux lettres majuscules. Tout l’album est disponible presque gratuitement au lien, l’édition originale étant définitivement fermée. La musique n’est pas complètement à mes goûts, mais elle ne chante pas en anglais « bien pour une française ». Elle est excellente : très facile à comprendre et son phrasé ne manque de rien. Et vous savez qui le sait très bien ? Jeanne Added. Cet album lui valait être nommée aux Victoires du jazz en 2011, et elle a dû bien comprendre que ce chemin l’était ouvert.

Elle sort donc en 2015 son premier album en tant que soliste, Be Sensational. Sauf pour un morceau, les paroles de l’album sont toutes écrites par Mme Added, et elles seraient un crédit à presque n’importe quel artiste anglophone. La chanson du titre est une merveille :

Je ne suis pas grand fan des techniques de production de « À War is Coming » — bruyantes et déformées — mais c’était le premier single à sortir, et c’était une réussite. Et je serais le premier à vous dire que cette chanson montre du talent.

En 2018, elle est de retour avec Radiate, un album par tours plus loud — les traductions vif et bruyant n’ont pas le sens exact — et moins déformé que le premier. La chanson du titre montre exactement ce que je veux dire. Les dynamiques musicaux sont plus forts, mais les effets électroniques sont réduits. Les paroles sont parfois colériques, mais elle a mon attention.

La chanson qui termine l’album, « Years Have Passed », est tout ce qui est possible chez elle sans les effets. C’est douce, triste, et absolument au-delà des capacités de presque tout et n’importe quelle chanteuse populaire ici. On parlera à la fin des bonnes comparaisons, mais elle est tout le contraire de Taylor Swift, c’est certain !

Son troisième et plus récent album est By Your Side, encore plus dans le sens de mettre sa voix en vedette et ne pas la noyer sous trop d’effets. La chanson du titre parle du genre de relation où on dit en anglais « it’s complicated » (c’est compliqué), pas exactement l’amour, pas exactement l’amitié. Je ne veux pas l’aimer. Mais je n’arrive pas du tout à m’arracher de la stéréo en l’écoutant :

On finira notre revue de ses chansons avec une autre chanson de By Your Side, Hey Boy. C’est ce qui arriverait si « Years Have Passed » n’était pas si triste, si élégiaque. C’est absolument ma préférée de ses chansons.

Il ne faut absolument pas faire la comparaison entre Jeanne Added et des mannequins dont le logiciel AutoTune est le seul moyen de les sauver. Venant de la tradition de jazz, il faut chercher quelqu’une comme la canadienne Diana Krall. Son interprétation de la chanson « Peel Me A Grape » montre la seule chose qui manque à l’œuvre de Jeane Added, un sens de l’humour. Mais les similarités entre ces talents sont évidentes :

L’autre chanteuse qu’elle me rappelle — et j’aimerais tellement la voir avec cette opportunité — est k.d. lang, qui a chanté la meilleure chanson de James Bond que vous ne connaissez pas, Surrender :

Pourquoi est-ce que vous ne la connaissez pas, même si vous avez entendu parler de Mme Lang ? Parce que les producteurs ont décidé au dernier moment qu’ils ne voulaient pas prendre le risque de sortir un générique chanté par une lesbienne, et cette chanson a été déplacée aux crédits à la fin, que personne n’écoute. (Sauf moi ; je ne quitte jamais la pièce jusqu’à à ce que les lumières soient allumées.)

En faisant cette comparaison, je n’exprime aucun avis sur la vie amoureuse de Jeanne Added, de laquelle elle ne parle pas. C’est juste que les deux ont des voix similaires. J’aimerais voir ce qui se passait si elle travaillait dans un plus grand ensemble, de façon cinématique. Je sais qu’elle serait à la hauteur du défi.

Ma note : J’achète l’intégrale, mais si elle décide de chanter en français…ouais, je prendrais l’avion si je pouvais rester plus qu’un week-end.

Je découvre la Vienne

On continue maintenant le Tour avec le 86, la Vienne. C’est le département le quarante-cinquième moins peuplé et les habitants se nomment poitevins (afin de ne pas se faire confondus avec les viennois, qui habitent — évidemment — en Autriche, ou en Isère ; c’est compliqué). C’est notre onzième séjour en Nouvelle-Aquitaine.

On commence notre tour dans la préfecture, Poitiers. Il n’y a pas de poitevin plus célèbre dans le monde anglophone que Saint-Hilaire, qui a vécu pendant le IVe siècle, défenseur de la Trinité contre l’arianisme, alors notre premier arrêt est l’Église Saint-Hilaire-le-Grand (2 étoiles Michelin), construite au XIe siècle, et distinguée par ses 4 chapelles ainsi que les reliques du saint. À 1,5 km, on visite le Musée Sainte-Croix (2 étoiles), avec 2 collections remarquables — de l’archéologie (de la préhistoire jusqu’à l’époque gothique) et des Beaux-Arts (des tableaux italiens et français, ainsi que des sculptures de Claudel et Rodin).

Au nord de Poitiers, on visite le Parc du Futuroscope (3 étoiles), parc d’attractions renommé pour des attractions comme Chasseurs des Tornades avec l’écran LED circulaire le plus grand d’Europe, et la Oh-Hell-No (Objectif Mars), montagne russe dont je m’en fous des détails. Ce blog est consacré au patrimoine dès le départ, car aucune montagne russe n’en font pas partie. Juste à l’est de la ville, on visite la cité médiévale de Chauvigny, Les ruines du château baronnial (1 étoile) du XIIe siècle surveillent la ville, et le spectacle de fauconnerie dit Géants du Ciel est comme très peu que l’on a vu dans le Tour.

On continue vers l’est jusqu’à Montmorillon. J’ai horriblement envie d’y prendre une balade, parmi tous les vieux bâtiments du Moyen-Âge. Mes amis littéraires voudront visiter la Cité de l’Écrit et les Métiers du Livre, un quartier de bouquinistes et artisans, et moi, je me rends au Musée du Macaron. Vous pensez que je plaisante, mais on ne plaisante jamais sur les macarons ici (on parle des macarons locaux, rien à voir avec Ladurée ou Pierre Hermé). Un peu au nord, on visite l’Abbaye de Saint-Savin (3 étoiles), fondée au IXe siècle et qui abrite une collection exceptionnelle de peintures du XIe siècle autour de thèmes bibliques.

Un peu plus au nord, dans l’un des Plus Beaux Villages de France, Angles-sur-l’Anglin, on voit leurs célèbres vélos suspendus, chroniqués par nos amis chez Blogosth. Le village tire son nom du tribu des Angles, c’est-à-dire les barbares germaniques qui ont envahi l’Angleterre avant que le pays n’ait fait civiliser par Guillaume le Conquérant. On est là pour les vues de la Forteresse d’Angles sur la vallée, ainsi que les artisans des « Jours d’Angles », de la broderie. Puis on visite Châtellerault pour La Manu (1 étoile), ancienne manufacture d’armes devenu musée d’art et d’industrie avec des expositions sur les autos ainsi que l’ancienne industrie de la ville. Une balade à travers les ponts nous fera du bien aussi !

Dans cette région, il me faut mentionner La Roche-Posay, ville thermale, car je vois un panneau avec son nom à chaque fois où je vais à la pharmacie. Mais honnêtement, je suis la dernière personne à consulter sur ces sujets. On passe autrement par la ville de Loudun, où on arrêt pour voir la Tour carrée du XIe siècle ainsi que son jardin médiéval. Notre dernier arrêt est le Château de La Mothe-Chandeniers, du XIXe siècle, gravement endommagé par une incendie en 1932, devenu un jardin sauvage dans les ruines.

Qui sont les personnages les plus connus de la Vienne ? Probablement le plus célèbre au monde entier est le Docteur de l’Église, Saint-Hilaire de Poitiers. Plus récemment, le grand chef Joël Robuchon (j’adore son Atelier à Las Vegas) est né à Poitiers, ainsi que le soi-disant philosophe Michel Foucault, un type trop célèbre pour ne pas mentionner, mais pas du tout un crédit à la France. L’actrice Anne Madeleine Louise Bourguignon, dite Anémone, mentionnée à la 40e place dans notre grand classement de films, est décédée à Poitiers.

Que manger en Vienne ? En produits locaux, on y trouve le chabichou du Poitou AOP, un formage de chèvre, ainsi que des producteurs du beurre de Charentes-Poitou AOP. En plats principaux, il y a les écrevisses à la poitevine, le pigeon aux fines herbes, et le farci poitevin. En dessert, il y a les macarons du Poitou (nos macarons de Montmorillon étaient une variante), le mijet ou soupe au vin sucré, les croquants de Loudun, et le broyé du Poitou, une grosse galette dorée que l’on casse à table avec un coup de poing. Pour boire, il y a les vins du Haut-Poitou AOC, largement soit du sauvignon blanc ou gris soit du cabernet franc, ainsi que les bières de nombreuses brasseries artisanales.

La culture du travail

J’ai rendu le premier numéro du bulletin au bureau de l’OCA dimanche soir, ce que je vous ai dit avec la dernière balado. Depuis ce temps-là, j’ai reçu quelques petites corrections, les ai faites, et le tout sera publié lundi prochain. J’en tire des leçons, et j’espère que vous les trouverez intéressantes.

Mine de sel aux États-Unis, Photo par Pollinator, CC BY-SA 3.0

Je vous ai dit, sans élaborer, que certaines règles ont été mises en place uniquement pour moi. Je le sais car j’ai une description officielle du poste et le lendemain de l’avoir reçue, on m’a dit que je ne ferai pas la moitié des tâches, ni aurai accès à certaines ressources. Je crois que ça ne changera pas. En revanche, on vient de me dire qu’ils chercheront un chemin pour résoudre certains problèmes que j’ai rencontrés. Je crois que ces problèmes sont venus d’une différence entre comment marche le travail ici qu’en France.

Aux États-Unis, un CDD est parmi les choses les plus prestigieuses que l’on puisse avoir. Je pause pour vous laisser reprendre votre souffle. Mais je suis en fait complètement sérieux. Les seules personnes embauchées de cette façon sont les entraîneurs des équipes professionnelles de sport ou les PDG des grandes entreprises. Ces contrats viennent avec des salaires énormes et souvent des garantis que tout l’argent doit être payé, que l’ouvrier est licencié ou pas. C’est pourquoi les durées sont limitées !

Le reste de nous vivons sous des CDI sans droits réels, dits « at-will » (à volonté). Ça veut dire que le contrat dure jusqu’au moment où un côté ou l’autre dit « va-t-en » (rappelez-vous que selon moi, nous nous tutoyons exclusivement ici, dont les juges quand ils condamnent un malheureux à la peine de mort — on ne distingue pas entre ça et une commande chez Starbucks). En France un CDI veut dire qu »il est plus difficile que ça de licencier un employé.

J’exagère un peu. On peut poursuivre un employeur pour un virement injuste, à cause de la couleur de peau, le sexe, ou d’autres raisons. Mais quand on a besoin de manger du pain ce soir, un procès de 1-2 ans ne mange pas de pain, si vous me suivez.

Cependant, le fait d’être facilement viré veut dire que d’autres choses ici sont plus faciles. À chaque boulot que j’ai jamais eu ici, j’ai reçu tout ce dont j’avais besoin dès le tout premier jour. Il y a une telle chose qu’une période d’essai ici, mais souvent, si on est embauché, on est embauché. C’est juste les bienfaits comme l’assurance qui ne commencent qu’à plus tard. Mais les droits d’accéder à tous les bases de données ou les référentiels de codes, ça commence tout de suite.

Bien que ce soit un poste bénévole, il me semble que les responsables ont apporté une attitude française au processus. On m’a dit que j’étais dans une période d’essai et que ça finira à la prochaine réunion du bureau. Vous pouvez me dire si j’ai raison, mais il me semble qu’avec plus de conséquences pour avoir embauché quelqu’un, peut-être que l’on n’a pas hâte de lui faire confiance trop vite.

Tournons vers une autre chose. Je n’ai que de bonnes choses à dire sur l’ancienne responsable. Pourtant, quand elle publiait le bulletin, si on soumettait du texte sans mettre un accent sur chaque « à » devant une heure, elle ne le corrigerait pas. Moi, j’ai corrigé chacun et tous, et d’autres fautes aussi. Pourquoi ? Car il me semblait que je serais examiné minutieusement. Et j’ai eu raison. J’ai reçu des corrections pour certaines choses qui sont passées sans mention dans le bulletin depuis un an ou plus. Il m’est évident que c’était parce que beaucoup de monde ne croyaient pas que je produirais un document de 37 pages sans fautes hurlantes. (J’ai raté 3 « à » à la fin, pour info.)

Il faut ajouter que ça ne me dérange pas. Mon plus grand rêve depuis le départ est d’être jugé comme le reste du monde. Une amie qui s’inquiétait que ce serait trop pour moi m’avait dit « Tu écris bien pour un américain mais… ». Je l’adore, je comprends, mais je fais tout ici dans l’espoir de mettre un terme à « pour un américain ». Cependant, j’ai pensé pendant des semaines à une certaine affiche de Vichy en me disant « Vous êtes l’ambassadeur de la qualité américaine ». C’est pour ça que je dois toujours apporter la pâtisserie la plus impressionnante aux événements, et pourquoi je résiste au maximum parler en anglais.

Je vois ce numéro comme un premier pas vers avoir des références qui diront « Il peut travailler en français avec des Français. » Un jour, j’espère que j’en aurai besoin.

Le tuvoiement

Langue de Molière est de retour avec une observation sur l’usage plutôt différent que d’habitude.

Je chante les louanges du vouvoiement ici presque depuis le début. Je vous dis souvent que je traduis chaque cas de « you » en anglais par « tu » car nous sommes beaucoup trop proches de tout le monde. Et en général, vous trouverez que mes concitoyens ont une certaine peur d’être « usted » en espagnol ou « vous » en français. Mais. Mais il y a une chose où je vous dirai que les américains n’ont pas complètement tort dans leur attitude.

Je trouve qu’à travers les cultures, personne n’utilise jamais les deuxième prénoms d’autres personnes à moins qu’ils soient en colère. Vous savez juste en les lisant qu’il y a une grosse différence entre « Justin, arrête ça » et « Justin Eliot Busch, arrête ça tout de suite ! ». Dit autrement, personne n’a jamais utilisé « Eliot » autour de moi sauf pour mes parents quand j’étais jeune et les gens aux labos qui doivent vérifier les noms avant une prise de sang.

Alors, de notre point de vue, le vouvoiement est un peu comme utiliser le deuxième prénom. Si on utilise « vous » avec nous, nous imaginons que c’est-à-dire que nous avons bel et bien f’d up. (Je me suis récemment surpris à utiliser « j’ai » pour former le passé dans une conversation qui se déroulait autrement en anglais.)

Et vous savez qui fait leur tout pour renforcer cette impression ? Les expatriés. Je ne peux rien citer directement, mais je remarque certaines tendances. Par exemple, avec certains qui étaient anciennement mes profs chez l’Alliance française mais sont maintenant mes collègues en tant que responsables de l’OCA ? Après plusieurs années de vouvoiement par Zoom ou même en personne, nous nous tutoyons tout à coup, sans jamais avoir eu « la conversation ». J’ai rencontré plusieurs inconnus pour la première fois ce week-end ; je me suis présenté avec « vous », puis ils ont vu une certaine tarte et tout à coup, nous nous tutoyons aussi sans « la conversation ». (Quand je le dis comme ça, il me semble que je parle « des oiseaux et des abeilles », comme on dit en anglais. Mais c’est juste de la politesse, je le jure !)

Cependant, d’autres sautent entre les deux sans montrer aucun signe de se souvenir d’où nous étions la dernière fois. J’ai tout un tas de courriels à ce point où les mêmes personnes sont vous une première fois, tu une deuxième fois, puis vous encore et ainsi de suite. C’est un effet déroutant, mais en plus ça tend de suggérer que les limites sont en fait plutôt floues. J’appelle ce comportement le « tuvoiement », car on ne sait jamais quelle est la bonne chose à dire. Il faut espérer que l’autre personne vous donnera un indice avant que vous n’ouvriez la bouche.

Et bien sûr, il était aussi la fameuse « boulette » que je ne cesse jamais de mentionner. Cette fois-là, on est passé du tutoiement au vouvoiement en une phrase. Si on voulait signaler que le vouvoiement signifiât être en colère, je ne peux pas imaginer un meilleur exemple.

Tout ça, c’est-à-dire qu’il nous semble que la vraie distinction est que tout le monde se tutoie à moins qu’il y ait une grande différence d’âge ou rang ou que l’on soit en colère. En fait, on m’a expliqué pourquoi cette situation est arrivée il y a longtemps — « quand nous (les expatriés) sommes ensemble pour un événement, nous sommes tous des amis et il serait compliqué s’il y avait juste un ou deux personnes qui se vouvoyait ». J’ai répété ça à un ami belge, et j’ai cru qu’il allait faire une crise cardiaque ! Cet avis est loin d’être universel.

Je n’ai pas de bonne réponse au tuvoiement. J’ai toujours du mal à corriger des gens quand ils m’appellent « Julien », ce qui arrive de plus en plus, car je ne veux offenser personne. (Quand les anglophones m’appellent « Jason », je ne suis pas timide. Il m’étonne que « Justin » soit si difficile en chaque langue que je parle !) Si je ne vais pas corriger mon propre prénom, je ne vais pas corriger un pronom non plus. Honnêtement, je m’en fiche. Juste choisissez-en-un et je l’utilise, d’accord ?

Langue de Molière vous reverra la semaine prochaine pour traîner dans les airs.

J’ai eu tort

Il y a des semaines, je vous ai dit qu’à mon avis, « The Salingers Reviennent » n’était pas le vrai prochain album d’Indochine, car il me semblait impossible que le groupe copie la musique d’autres sans crédit.

J’ai eu tort. Les vidéos de la chaîne YouTube qui m’ont mené à cette conclusion sont toujours là, mais cachées si on n’a pas le bon lien. Mais il y a plusieurs nouvelles vidéos, pas cachées du tout, et les frais pour l’art doivent être une somme folle si c’est une farce :

En plus, le compte Instagram exige un procès sur les droits d’auteur si ce n’est pas Indochine. Au-delà d’un lien vers un site, Canard Ebay canarybay.fr, dont Indochine a sans doute les droits, il y a un enregistrement qui est absolument la voix de Nico. Si c’est une farce à la sauce IA, on va avoir une sacrée amende :

Franchement, je ne suis pas ravi qu’ils aient copié cette musique au début. J’espère que l’usage a été payé.

Il y a un sens où je devrais me sentir content. Dans le genre de musique dit « progressive rock » — de tels groupes comme Yes, Genesis (avant les années de trio mené par Phil Collins), ou Emerson, Lake, and Palmer, ainsi que mon Rush bien-aimé — des albums consacrés à raconter une histoire sont communs. L’un des mes albums préférés, 2112 par Rush, a une chanson de 20 minutes qui raconte une histoire dystopique qui a lieu à l’avenir. Si vous voulez écouter juste une minute, je recommande de vous lancer à partir de 4:25 :

Au fait, il y avait un jeu très populaire parmi les fans de Rush de poster des photos où on avait trouvé le numéro 2112 quelque part. Mais le faire apparaître — par exemple, en laissant un pourboire radin de 1,12 $ sur une addition de 20 $ — ne comptait pas.

L’histoire racontée par les photos et les clips sur le compte Instagram des « Salingers » ressemble fortement à cet album, 2112. Mais ce serait un départ plutôt extrême pour Indochine, même si certains de leurs albums ont des thèmes qui guident tous les contenus. Bien que j’aime le fait qu’Indochine m’a attiré au début en partie car certaines choses chez eux me rappellaient Rush, je veux qu’ils soient Indochine, pas Rush en français.

Ai-je mentionné que un tiers des albums de Rush ont été enregistrés au Québec dans une maison dite « Le Studio » ?

Évidemment, cette histoire des Salingers me donnent des pensées d’une ancienne vie. Le batteur de Rush est décédé deux mois avant ma première leçon de français, mais le groupe avait déjà quitté la scène en 2015. Je les écoute toujours, et je ne les quitterai jamais, mais croyez-moi, les fans de ce genre de musique en anglais sont considérés comme des ringards grand cru.

Alors, j’avoue que « The Salingers Reviennent » est à Indochine. Mais c’est quoi leur but avec tout ça ? Je ne sais toujours pas.

De mauvaises nouvelles

Je viens de recevoir un courriel dé-pri-mant. Ça fait trois ans où le magasin myPanier fait partie de la vie de ce blog. Depuis ma première visite, c’était une ressource inestimable pour innombrables ingrédients français et italiens (je parle moins de ce dernier, mais c’est vrai).

Le sujet dit « Un merci chaleureux de la famille myPanier, et le gros-titre de l’image « Ce n’est pas adieu ». Mais

Le courriel annonce la fermeture du marché local et le déménagement de leur entrepôt ailleurs dans le pays (quelque part plus central, sans préciser où). Pour moi, c’est une catastrophe — c’est en visitant en personne que j’ai découvert de bonnes surprises comme le nougat breton ou les papillotes. Je dois voir les produits inconnus avant de les acheter — ce monde d’achats en ligne n’était jamais mon truc. (Évidemment la FNAC est tout autre chose. Je parle de préférences, pas de nécessités.)

Franchement, je ne suis pas surpris. La Californie fait son tout depuis 15 ans pour faire fuir autant d’entreprises que possible. Nous avons les plus hauts impôts du pays hormis le New York, la pire inflation du pays à cause de nos augmentations annuelles du SMIC, et on s’en fout absolument de protéger nos citoyens du crime. La prochaine fois où j’irai à LA, il me faudra arrêter pour prendre une photo des avertissements sur les panneaux d’affichage du procureur d’Orange County. Les panneaux disent aux habitants de LA que s’ils pensent à conduire à Orange County pour faire leurs cambriolages, il faut savoir que nous poursuivons toujours les criminels. MyPanier est hébergé dans un beau quartier et je doute que ce dernier soit le problème, mais les autres, presque certainement.

Heureusement, le courriel dit aussi qu’ils continuent à grandir et que ça aidera leurs livraisons. Mais je suis convaincu qu’ils ne partiraient pas si la Californie restait un bon endroit pour faire des commerces.

Saison 3, Épisode 6 — La fête des films

Toute cette semaine qui vient de finir n’est pas comme autres. Le classement de mes films représente plus de 300 heures de temps passé en regardant le tout ainsi que plus de 100 heures pour rédiger tous les articles. C’est difficile de l’appeler « travail », mais la manière selon laquelle je regarde les films — des pauses fréquentes pour chercher des mots et prendre des photos — ne ressemble pas du tout à ce qui fait la grande majorité du monde. Et tant mieux pour eux !

Vous ne le saviez pas, mais le billet d’hier était un avant-goût du livre du blog. Le brouillon du manuscrit n’est pas copié-collé du blog, bien que beaucoup des histoires sont tirées des pages ici. « Le Miracle » et les nombreuses histoires des gens qui m’ont aidé le long du chemin sont les thèmes. Il y aura aussi un peu de franc-parler, mais rien que vous n’avez déjà entendu ici. Il me semble que pour la première fois en 4 ans, il n’y aura pas de plainte ici sur tous les Français qui ont insisté sur l’anglais avec moi. Ça me rend triste, car ça veut dire que personne ne m’aura vu dans le pays.

([Nous sommes fiers de nos efforts à cet égard. — Mon ex et les JO])

J’ai donc choisi de faire un épisode pas comme les autres. Il y a 14 minutes de points forts tirés de partout dans le classement, mes réflexions, l’introduction et la fin habituelles — et c’est tout. Pas de blagues, pas de gros-titres satiriques. C’est la pierre de chaperon de 4 ans d’efforts et mérite du respect.

J’ai passé presque tout dimanche en travaillant sur le bulletin de l’OCA. Je n’ai même pas quitté mon bureau pour déjeuner. Il y avait une cinquantaine de graphiques et photos qui devaient être remplacés et il m’a fallu plus de 20 heures sur deux semaines pour les créer ou remplacer tous. Je suis fini avec ce numéro et la tâche sera moins compliquée dans l’avenir. Mais j’ai des sentiments mitigés.

Je ne vais pas « aérer du linge sale » comme on dit en anglais. Mais je vous ai dit qu’il allait être des règles différentes uniquement pour moi. Il s’avère que ces règles rendent la tâche beaucoup plus difficile qu’il devrait l’être. Je dirais « C’est le Système D » et laisserais tout tomber, mais ce week-end j’ai découvert que ces règles font des problèmes pour d’autres personnes.

Je n’aime jamais finir des nouvelles avec de mauvaises nouvelles, alors finirons avec la tarte aux fruits que j’ai fabriqué pour une soirée de tarot samedi. C’est juste de la pâte sucrée et de la crème pâtissière, version Lenôtre plutôt que Lefèvre, ainsi que des fruits rouges. C’était la première fois où j’ai utilisé du nappage clair de Dr Oetker, et j’ai utilisé un peu trop. Mais les invités ne s’en sont pas plaints !

Nos articles sont :

Sur le blog, il y a aussi 100 films français : Les déceptions, 100 films français : À voir à la télé, 100 films français : À revoir autant que possible, 100 films français : Le Temple de la renommée, et 100 films français : Le Panthéon, tous des parties du Grand Classement.

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100 films français : Une réflexion

Nous avons atteint la fin du classement. Avant de reprendre l’horaire habituel, j’aimerais offrir quelques dernières réflexions.

Je me demande souvent à quel point tout aurait allé différemment si certaines choses ne s’étaient pas passées. Quand je vous ai dit que plus de 150 personnes m’avaient dit de regarder Rabbi Jacob, c’était en réponse à cette question :

Si tout avait commencé avec Oscar, le reste n’aurait jamais arrivé. En revanche, il est impossible qu’un tel sondage des Français finisse avec celui-là en première place. Mais c’était à cause du fait que j’ai vu Rabbi Jacob et La folie des grandeurs pour commencer que ça pourrait arriver à peine un mois plus tard :

Voilà, c’est ma toute première commande de la FNAC, dont une des belles affiches que le magasin n’envoie plus. Le lecteur n’est pas en fait un modèle européen, mais j’ai dû l’acheter pour regarder ces disques. Ça vient d’un magasin à Chicago, spécialiste en lecteurs « modifiés », si vous me suivez. C’est légal, mais on perd le garanti de la manufacture originale. Heureusement, rien de mauvais n’est jamais arrivé au lecteur.

La légende en haut de cette dernière photo dit « Je pense que je viens de prendre le cachet tricoloré », une référence aux cachets bleu et rouge du film « Matrix ». Et c’est absolument vrai.

Quelques jours après avoir demandé quel film choisir, j’ai reçu un autre colis dans ma boîte aux lettres, commandé d’un vendeur de disques importés aux États-Unis :

Et un jour plus tard, j’ai fait ça pour la première fois, malgré n’ayant jamais vu ni goûté le bon biscuit de chez LU, en suivant une vidéo de Cook&Record :

Cet été, confiné toujours dans mon appartement (le confinement californien a duré beaucoup plus longtemps que le premier français), j’ai vécu tous les souvenirs possibles d’un enfant grandissant en France des années 80, de ma génération. Avec des anachronismes, bien sûr — seulement deux des albums d’Indochine en haut viennent de cet époque. Mais vous avez la bonne idée. Il y a une expression en anglais, « it’s like drinking from a fire hose » (c’est comme boire d’une lance à incendie), et en 2020, Rabbi Jacob a ouvert la bouche d’incendie pour pressuriser cette lance au maximum. J’imagine que tous les profs de langues étrangères seraient ravis si leurs élèves montraient un quart de ce niveau d’obsession. Au pire moment de notre vie partagée mondialement, c’était donc les films français, et surtout Louis de Funès, qui m’ont donné un nouveau but et les moyens pour garder ma santé mentale. Je considère que les films français sont plus qu’un loisir — ils m’ont sauvé la vie.

100 films français : Le Panthéon

On finit le classement de mes 100 films français avec mes choix pour les 20 meilleurs. Ce sont les immortels, le patrimoine de l’humanité. Chaque film dans cette liste m’a marqué pour toujours, et j’ai fait des efforts pour visiter certains lieux de tournage. Où possible, il y a des liens vers mes articles originaux.

  1. Deux heures moins le quart avant Jésus-Christ : Un film si loin de tout autre chose dans cette liste, sans son je le prendrais pour une œuvre des britanniques dits « Monty Python ». Mais c’est 100 % à la française, avec Coluche dans la peau de Ben-Hur Marcel, un ouvrier qui veut juste de meilleures conditions de travail, pas de s’impliquer dans un complot qui mélange César, Cléopâtre et…je ne crois toujours pas que j’écrive ça….le Homosexualis Discothecus.
©️Pathé
  1. Le gendarme et les extra-terrestres : Je classe celui-ci en troisième place parmi les Gendarmes, mais c’est à une 2CV près des autres, et de loin le plus original (Sœur Marie-Cruchotte, treize ans avant Sister Act !). Une parodie de Star Wars et l’obsession avec les extra-terrestres de tout le monde à la fin des années 70, chose inattendue dans le cadre d’une série lancée sur la plage parmi des nudistes.
  2. La cité de la peur : Si j’avais classé les films seulement par ses jeux de mots, ceci serait le top ! Le rôle d’une vie pour Chantal Lauby en tant qu’Odile Deray, promotrice complètement sans scrupules, avec des performances brillantes d’Alain Chabat et Gérard Darmon en plus. Juste un an après ma toute première leçon de français, j’ai plié de rires quand Lauby a corrigé Darmon pour avoir raté le subjonctif dans une question. (Je n’ai aucun espoir d’expliquer cette blague à n’importe quel anglophone.) Si vous cliquez le lien de mon article, vous risquez de mourir de rire à cause de ma grammaire. Mais je ne corrige pas mes erreurs de l’époque afin que l’on puisse voir les progrès.
©️Studiocanal
  1. Le magnifique : J’aime ce Belmondo tant que j’ai cherché une copie traduite en anglais pour le donner en cadeau d’anniversaire à mon père. Une parodie des films de James Bond, mais aussi des romans polars de Frederick Forsythe ou Robert Ludlum. Il s’agit de l’histoire de l’agent secret Bob Saint-Clar — jusqu’au moment où on passe un aspirateur sur une plage au milieu d’une fusillade ! Puis on découvre que tout se passe dans la tête d’un romancier fauché. Lorsque vous voyez des choses ridicules dans les bouches de certains personnages du blog, sachez que je pense à François Merlin et son imagination dans ce film. ([C’est faux. Je gagne à chaque fois. — Mon ex])
  2. Le mur de l’Atlantique : Un de mes films préférés pour tant de raisons, et si « bas » seulement à cause de la qualité de tout ce qui suit. Bourvil joue un peintre d’après René Duchez, qui avait découvert une carte du Cotentin avec les emplacements des canons allemands. Ce film comprend la blague la plus française de tous les temps, où Bourvil ne peut pas s’empêcher de corriger la grammaire des Nazis dans leur bureau. Seulement un anglophone peut vraiment apprécier la chanson « God Bless Rugby » dont les paroles ont été écrites par un britannique — elles sont COQUINES !
©️M6 Interactions
  1. Razzia sur la chnouf : Je voulais d’abord mettre ce film juste derrière Les Tontons Flingueurs — où il serait dans un classement uniquement de films de truands, telle est sa qualité. Gabin à sa meilleure en tant qu’Henri le Nantais, fournisseur de drogues. Dans seulement son deuxième tour sur l’écran, Lino Ventura a déjà tellement amélioré. Marcel Dalio et Magali Noël sont excellents aussi.
  2. La traversée de Paris : Une collaboration entre Gabin, Bourvil, et de Funès qui montre de façon comique mais sombre la vie sous l’Occupation allemande. Sans pitié, ce film explore les motivations qui menaient certains à devenir collabo, et quand Gabin crie le nom de Jambier (de Funès), on comprend que c’est une menace de mort, car ça risque d’attirer l’attention des nazis vers son marché noir.
©️Gaumont
  1. Le gendarme à New York : Par plusieurs mesures, le plus drôle des Gendarmes. Je peux vite trouver un rapport avec presque n’importe quel Français en disant « My tailor is rich« , et tout le jeu de chat et souris entre de Funès et Grad sur le paquebot allant à New York est drôle. Il y a une autre chanson pour Nicole, parce qu’il ne faut pas gaspiller les talents de Geneviève Grad, et si c’est moins iconique que Douliou douliou Saint-Tropez, c’est toujours drôle. La parodie de la danse de West Side Story serait le meilleur gag de presque n’importe quel autre film, français ou autrement.
  2. Le corniaud : La première collaboration Bourvil/de Funès/Oury, un film qui serait la plus grande réussite de presque n’importe quelle carrière. Après avoir percuté la voiture du naïf joué par Bourvil, Léopold Saroyan (de Funès) a l’idée de lui donner une nouvelle voiture et l’envoyer en vacances en Italie, afin d’apporter des joyaux en contrebande à travers la frontière. Je n’ai su que beaucoup plus tard que la finale a été tournée à Carcassonne.
  3. L’homme de Rio : À un millimètre près de l’excellence de Peur sur la ville, Indiana Jones 17 ans avant le premier film de ce dernier. Une très rare apparition de la regrettée Françoise Dorléac, disparue beaucoup trop jeune, en tant que partenaire de Belmondo. Il y a un rebondissement CHOQUANT dans l’intrigue qui élève le scénario au rang de génie.
©️Les Films Ariane
  1. Peur sur la ville : Le meilleur Belmondo dans une carrière pleine de réussites, le film à partir d’où a commencé mon grand amour pour les Galeries Lafayette Haussmann, après sa scène de poursuite sur la coupole. Belmondo faisait toujours ses propres cascades, et rien ne dépasse le moment où il descend d’un hélicoptère en brisant la vitrine d’une chambre d’hôtel.
©️Studiocanal
  1. Elle boit pas, elle fume pas, elle drague pas mais … elle cause ! : Chef-d’œuvre de la carrière d’Annie Girardot, dans la peau d’une méchante de génie ! Elle n’est que simple femme de ménage, mais s’il se passe qu’elle mentionne des racontars à ses employeurs, et ils font des bêtises avec ces infos…ce n’est sûrement pas de sa faute ! Des performances exceptionnelles de Mireille Darc et Bernard Blier en plus.
©️Gaumont
  1. L’aile ou la cuisse : Pour moi en tant qu’anglophone, le film avec la scène la plus importante outre toute La Grande Vadrouille. « Avec du Coca-Cola ? Hohoho, no. With Beaujolais Nouveau ! » est la parodie par excellence de l’attitude française envers les américains. Et pourtant, vous pouvez vous moquer de vous-mêmes en ce moment. Je plaisante trois ans plus tard que toute cuisine industrielle est fait « chez Tricatel », et n’oubliez pas le rôle du grand Philippe Bouvard dans ce film.
©️Studiocanal
  1. Fantômas se déchaîne : Le meilleur des Fantômas de Hunebelle, et un défi lancé en direct vers James Bond. Le Citroën DS volante reste l’un des effets les plus spectaculaires de l’histoire de film, l’Inspecteur Juve est à son plus drôle, et Fantômas le personnage est réalisé à son plus parfait — moins flippant que le premier film, moins marrant que le troisième.
©️Gaumont
  1. Les tontons flingueurs : L’autre grand Audiard, le meilleur de la carrière distinguée de Georges Lautner. Les meilleurs rôles de Lino Ventura et Bernard Blier, et un tour de force même pour Jean Lefebvre. Il y a très peu de moments aussi iconiques que le dîner de Naudin avec les Volfoni sous les yeux et le pistolet de Robert Dalban.
©️Gaumont
  1. Le gendarme se marie : Ce film serait plus bas dans beaucoup d’autres classements — top 20, peut-être, mais top 5 seulement pour moi. Cependant, c’est seulement si bas selon moi parce que les 4 autres devant lui existent. Mon blog est littéralement nommé pour ce film. Je peux réciter toute la scène où Cruchot et Josepha se rencontrent pour la première fois PAR CŒUR. De la magie la plus pure entre de Funès et Gensac.
©️SNC
  1. La folie des grandeurs : Mon deuxième film français, et la preuve que Rabbi Jacob n’est pas arrivé par hasard — les Français sont vraiment les gens les plus drôles au monde entier ! Je n’ai compris que beaucoup plus tard pourquoi Yves Montand avait joué dans un rôle écrit pour Bourvil — pourtant, il réussit le défi. « Il est l’or de se réveiller ! » Don Salluste est le personnage « de Funesque » par excellence, et Alice Sapritch est toute ce que Margaret Dumont avait tenté dans les films des Frères Marx.
©️Gaumont
  1. Faut pas prendre les enfants du bon Dieu pour des canards sauvages : Mon film préféré sans Louis de Funès ni Bourvil. Les rôles d’une vie pour Françoise Rosay et Marlène Jobert. Bernard Blier et André Pousse à la hauteur de leurs capacités. Tout dans ce film est fou, impossible, et ridicule en même temps — et si passionnant que l’on n’ose jamais s’arracher de l’écran. Ce film m’a rendu fan d’Audiard pour toujours.
©️Gaumont
  1. Les aventures de Rabbi Jacob : Mon tout premier film français, et la raison pour laquelle le reste de ma liste de films existe, pour laquelle je suis qui je suis. 10 ans après mon divorce, je n’avais toujours pas appris à nouveau comment rire. Puis j’ai entendu « Eddy Merckx ? Non, Che Guevara ! » et j’ai tout de suite su que j’étais à la maison. Le temps que « Rabbi Jacob, il va danser ! » soit arrivé, j’étais prêt à hisser La Tricolore sur mon immeuble.
    J’appelle la semaine où j’ai regardé ce film (et découvert Indochine 5 jours plus tôt) « Le Miracle ». À cause de Rabbi Jacob, j’ai appris que tout ce que je croyais sur la France et l’antisémitisme était faux — autant à cause du fait que plus de 150 personnes me l’ont recommandé que le film lui-même — et si je pouvais avoir tant de tort sur une chose, peut-être que tout autre stéréotype était aussi faux. Après ce film, j’ai dû tout apprendre, le plus vite possible. J’ai consacré mon premier voyage en France à suivre les traces de Jeanne d’Arc et Rabbi Jacob — j’ai notamment visité Les Deux Magots le deuxième jour, où Slimane a été enlevé au début, Rue des Rosiers la veille du départ et Les Invalides juste avant de partir, ayant planifié de terminer la visite où le film s’est terminé — et ça a scellé mon destin à jamais.
©️Studiocanal
  1. La Grande Vadrouille : Cette liste est rangée par importance autant que préférence, et à mon avis, La Grande Vadrouille est le film français le plus important de tous les temps. Vu qu’il a fallu 42 ans et une augmentation de population de 50 % afin qu’un autre dépasse son record d’entrées (Bienvenue chez les ch’tis), vous êtes évidemment d’accord. Pour ce dernier, je choisis une photo qui n’est pas une capture d’écran, mais plutôt de l’exposition que j’ai visitée pendant ma toute première journée en France, la finale de mon post préféré même 3 ans après l’écriture. Je n’avais pas osé espérer trouver une photo qui se mélangerait si parfaitement avec le texte, planifié avant de partir pour la France.
    Plus comique que La traversée de Paris, plus sérieux que L’as des as, c’est le film qui a dit aux Français, « Ça va. On peut respirer après Tout Ça. » Mais c’est beaucoup plus que ça ! Une lettre d’amour aux britanniques, les plus grandes performances des deux meilleurs acteurs de rôles comiques, de la photographie qui met la France entière en vedette — la Côte-d’Or et la Lozère autant que Paris — c’est le film parfait, qui ne manque de rien.