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Je découvre Grand Corps Malade

On continue maintenant le Projet 30 Ans de Taratata avec Grand Corps Malade, qui jouait sur scène avec Véronique Sanson, Marc Lavoine, et Vianney. Je l’ai oublié et sauté au prochain numéro ; je n’avais pas commencé mes recherches et ce n’est pas un commentaire sur lui (le temps que vous finissiez ce billet, vous ne me croirez pas, mais je vous jure que c’est la vérité). Pour vous rappeler, voici un extrait de leur performance sur Taratata.

Grand Corps Malade, Photo par Carcharoth, CC BY-SA 3.0

Je dois ajouter que ce nom m’a frappé de la façon la plus bizarre en 2020 quand j’ai découvert NRJ et la radio française. Il y avait tout genre de nom inconnu — Vitaa et Slimane, Maître Gims, Aya Nakamura, Jul — mais ceci voulait dire quelque chose, et la signification était déroutante.

Grand Corps Malade n’est que le nom de scène de Fabien Marsaud, né en 1977 au Blanc-Mesnil. Il s’est lancé dans les métiers artistiques en tant que « slameur », écrivain d’un genre de poésie déclamé à haute voix dans des cafés prétentieux (oui, ce truc est bien connu chez moi). La poésie dite « slam » se concerne principalement avec le rythme, tout comme en anglais, mais en version française, elle ajoute du verlan, et d’autres formes d’argot. Quant au nom de scène, en 1997, il a eu un accident dans une piscine, qui l’a laissé paralysé pendant un certain temps (il peut maintenant marcher, mais je ne sais pas à quel point il se considère « guéri »).

En 2006, M. Malade (je vais être tout New York Times avec ça ; s’ils peuvent écrire « Mr. Loaf » pour parler du musicien dit « Meat Loaf », moi aussi) sort son premier album Midi 20. Le premier single est « 6ème sens » :

Je ne sais pas que dire. La musique est assez agréable, mais n’a rien à voir avec les paroles, un poème déclamé. Je me sens complètement incapable de le juger, car je ne suis pas bien sensible à quel est un bon poème en français. En ce qui concerne sa voix, j’ai l’impression d’entendre Arnold Schwarzenegger parler, mais en français. Après avoir vérifié le morceau du titre et Paroles du bout du monde, je considère que cet album est simplement au-delà de mes compétences. L’album lui vaut deux Victoires ; la faute est évidemment à moi.

En 2008, il sort son deuxième album, Enfant de la ville. J’ai commencé avec « Du côté chance », qui se révèle légèrement plus mélodique que le premier album :

J’ai aussi essayé Le blues de l’instituteur et Comme une évidence. La musique derrière lui reste agréable, mais ce ne sont pas des chansons. C’est plutôt pour mettre la scène pour ses poèmes.

En 2010, M. Malade sort son 3ème album, dit avec un certain sens de l’humour, 3ème temps. J’ai vu dans la liste de morceaux un duo avec Charles Aznavour, Tu es donc j’apprends. M. Malade recite son texte en alternance avec M. Aznavour. L’effet est intéressant, mais il ne chante toujours pas :

J’ai aussi écouté À Montréal, car j’y serai assez bientôt, et Roméo kiffe Juliette, car c’était un tube dans les classements. Mais avec ça, ça fait 3 albums et même pas une piste qui fait partie de ce que je comprends par l’expression « chanson française ».

J’ai donc décidé à sauter à son album Mesdames, sorti en 2020, une collection de duos avec de telles chanteuses que Véronique Sanson et Suzane. Évidemment, dès que j’ai vu le nom de Mme Sanson, j’allais commencer par cette porte, intitulée Une sœur :

Véronique Sanson reste tout ce à quoi je m’attends, mais dès que j’entends M. Malade, c’est comme si elle s’est fait interrompre par le Terminator T-800. À ce point, j’ai décidé que j’avais été aussi juste que l’on pouvait le souhaiter, et j’ai terminé mes recherches. Le truc de ouf, c’est que si on l’écoute attentivement dans l’extrait de Taratata, il pourrait être chanteur, mais ce n’est pas comment il s’exprime.

Je comprends que M. Malade soutient l’association Sourire à la vie, qui vient en aide aux enfants malades, et a rendu hommage aux victimes de l’attentat contre Charlie Hebdo. Je suis admiratif de tous tels efforts, et n’ai aucune envie de le critiquer. Mais son art n’est pas ma tasse de thé.

Ma note : Aucune. C’est la mauvaise échelle.

Le dernier concert de La Fille

Ce soir, j’ai assisté au dernier concert de La Fille à son collège. Je crois que j’ai mentionné avant qu’elle joue de la flûte depuis son arrivée au collège, mais j’ai du mal à trouver les preuves. Alors oui, elle est flûtiste, et à ce point, pas mal. Elle fera certainement partie de l’orchestre à son lycée cet automne.

Flûte, Photo par Petar Milošević, CC BY-SA 4.0

Après le concert, j’ai dû reserver les billets d’avion et l’hôtel pour notre voyage à Montréal, car j’ai dû transmettre les infos à Son Altesse d’ici samedi ou risque de perdre mes vacances. (Les délais de ce que j’appelle le Traité d’Anguille-sous-Roche sont respectés sans pitié.) C’est fini. Tout ça, c’est-à-dire que je n’étais pas en cuisine ce soir pour finir mon dessert vendéen, encore.

(Pour les nouveaux abonnés, Anguille-sous-Roche est le village où habite mon ex. Comme toujours, je choisis des noms par hasard afin de préserver la confidentialité des autres.)

Au fait, je contacterai ceux qui me connaissent au Québec directement, mais je ne publie jamais mes dates de vacances à l’avance au cas où un cambrioleur intéressé tombe sur mon blog. Je doute que ça arrive, mais pourquoi chercher des problèmes ?

Alors, je vais vous parler brièvement du concert et vous partager un enregistrement. Le thème du soir était « Héros et Méchants », et il y avait des performances par 5 groupes différentes, selon leurs niveaux et instruments. La Fille fait partie de l’orchestre avancé, réservé aux cordes et aux instruments à bois qui ont au moins deux ans d’expérience et réussissent une audition. Naturellement, ce groupe a joué à la fin, pour que nous les parents ne puissions pas quitter la pièce avant la performance des débutants en cordes. Il me semble que des traités ont été signés dans une ville suisse pour interdire exactement ça.

La grande majorité des morceaux sont tirées du catalogue de D’Isigny ; c’est-à-dire Marvel et Star Wars. Il y avait de la musique des Avengers et des Pirates des Caraïbes. Mais je vous partage le tout dernier morceau de la soirée, un pot-pourri de musique du film La Revanche des Sith :

Mexican Radio

J’étais censé publier mon dessert vendéen aujourd’hui. Mais vous savez quelle est la meilleure chose quand quelque chose va mal avec une pâte ? Si vous avez fait un lot assez gros pour essayer une deuxième fois, le reste souffrira des mêmes défauts. Je ne comprends pas du tout ce qui s’est passé, mais maintenant, j’ai une petite crise avec toutes les autres choses que je dois cuisiner d’ici dimanche. Super. Ce n’est pas comme si j’ai autre chose à faire.

De toute façon, n’ayant pas été préparé pour cette éventualité, je vais remplir une promesse que j’ai fait en décembre chez Juliette. Elle avait écrit sur une chanson par le groupe américain Wall of Voodoo, mieux — entièrement ? — connu pour un coup étonnant, Mexican Radio. Le voilà :

J’avais dit que j’avais une histoire liée au chanteur, M. Stan Ridgway. Il ne s’implique pas directement à l’histoire, mais je la raconte quand même.

L’année dernière, je vous ai fait une balade autour du village de Claremont, où je suis allé à l’université. On dit un village ici, mais la population à l’époque avait déjà dépassé 32 000 habitants (lien en anglais). C’est plus grand que les préfectures de la Creuse, l’Aveyron, ou le Lot. Et dans ce village, jusqu’en juin 2022, on trouvait un magasin de disques, Rhino Records. J’ai pris une photo à l’époque, mais je ne l’avais pas partagée car il était déjà définitivement fermé. Voilà :

Quand j’étais là dans les années 90, on achetait toujours des CD et même des K7. Et je vous dirai que La Fille a toujours dans sa chambre exactement le même stéréo que j’avais à l’époque, qui pouvait jouer 2 cassettes ainsi que 6+1 CDs (vous aviez oublié ce genre de lecteur, non ?). Je prendrais une photo, mais elle est déjà au lit pendant que j’écris.

Pour la Saint-Valentin l’année dernière, je vous ai raconté l’histoire du grand amour de ma vie, qui n’était pas du tout mon ex-femme. Dana et moi avions l’habitude de prendre des balades de la fac jusqu’au cœur du village, où Rhino Records se trouvait. Même après la catastrophe de la Saint-Valentin, on y est allés ensemble une dernière fois, avec deux autres amies mutuelles, peu avant son départ.

Dans le magasin, une de nos autres amies a eu une idée, venue de nulle part. Pour un souvenir à partager, pourquoi ne pas s’acheter des cassettes d’artistes inconnus à l’autre ? Je ne me souviens pas de ce que je lui ai acheté. Mais elle m’a acheté Mosquitos, par Stan Ridgway :

©️Geffen Records, tous droits réservés

N’ayant jamais été très au courant de qui faisait partie des groupes que j’ai entendus à la radio pendant les années 80, je ne savais pas jusqu’en 2020 qu’il était le chanteur de Wall of Voodoo. En fait, je l’ai découvert juste avant de me lancer en français ; j’avais entendu « Mexican Radio » quelque part, l’avais recherchée sur Google, et c’était comment j’ai découvert la connexion.

Je me demande parfois si c’était une sorte de message, une façon de me dire qu’il ne restait plus rien à savoir de cette vie et que c’était bien le temps de en trouver une autre.

Je découvre Jeanne Added

On continue le Projet 30 Ans de Taratata avec la deuxième des trois artistes qui ont jouées « Don’t Speak » sur Taratata, Jeanne Added. (Je me suis rendu compte que j’ai sauté par-dessus de Grand Corps Malade, par erreur. Il sera le prochain.) Pour vous rappeler, voici un extrait :

Je ne vais dire que de bonnes choses sur Jeanne Added, et ça m’énerve. Elle a réussi à faire ce que je voulais être impossible. Si vous avez suivi le parcours de ce blog depuis un moment, vous savez que je veux laisser tout tomber derrière moi. J’ai pu annuler mon abonnement à la télé en anglais parce que j’avais arrêté de tout regarder en anglais. Je n’écoute plus la grande majorité de ma bibliothèque de musique en anglais. Je voulais fermer cette porte derrière moi et jeter la clé dans un volcan sous-terrain au fond de la Fosse des Mariannes. Mais voici une artiste qui écrit des paroles intelligentes en anglais, les chante avec talent et évidemment, tout ça ne peut que vouloir dire qu’elle vient de… Chicago ? New York ? Des Moines ? Non, de freakin’ REIMS.

Regardez ce qu’elle m’a fait faire ! Utiliser un petit juron anglais !

Jeanne Added, Photo par Thesupermat, CC BY-SA 4.0

Jeanne Added est née en 1980 à Reims. Je suppose qu’elle a été poussée à apprendre l’anglais car son nom de famille est le participe passé d’ajouter en anglais, « add ». J’imagine que ses cousins, les Subtracted, ont changé de nom, car ça, c’est trop. Pas comme beaucoup d’autres musiciens que nous avons étudiés à ce point, elle était toujours destinée pour une carrière musicale — des conservatoires de musique à Reims et Paris en tant que lycéenne, le Conservatoire national à Paris pour ses hautes études, puis l’Académie royale au Royaume-Uni. À partir de 2005, elle commence en tant que chanteuse de jazz, habituellement en français, avec de tels noms que Vincent Courtois et Yves Rousseau.

Avec ce dernier, elle sort en 2008 un enregistrement qui me fait mal aux oreilles, et je suis habitué aux conventions du jazz. C’est une reprise de l’album « Poète, vos papiers » par Léo Ferré. Elle est la deuxième à chanter dans cet extrait, après Claudia Solal, et les deux ont des voix d’anges, mais la première minute, aïe. (Je sais, ce n’est pas la chanson du titre.)

J’imagine qu’elle a dû reconnaître que le public pour ce genre de chose est limité. Alors en 2010, elle sort un album en anglais, yes is a pleasant country, d’après un livre de poèmes par e.e.cummings, poète américain avec une allergie mortelle aux lettres majuscules. Tout l’album est disponible presque gratuitement au lien, l’édition originale étant définitivement fermée. La musique n’est pas complètement à mes goûts, mais elle ne chante pas en anglais « bien pour une française ». Elle est excellente : très facile à comprendre et son phrasé ne manque de rien. Et vous savez qui le sait très bien ? Jeanne Added. Cet album lui valait être nommée aux Victoires du jazz en 2011, et elle a dû bien comprendre que ce chemin l’était ouvert.

Elle sort donc en 2015 son premier album en tant que soliste, Be Sensational. Sauf pour un morceau, les paroles de l’album sont toutes écrites par Mme Added, et elles seraient un crédit à presque n’importe quel artiste anglophone. La chanson du titre est une merveille :

Je ne suis pas grand fan des techniques de production de « À War is Coming » — bruyantes et déformées — mais c’était le premier single à sortir, et c’était une réussite. Et je serais le premier à vous dire que cette chanson montre du talent.

En 2018, elle est de retour avec Radiate, un album par tours plus loud — les traductions vif et bruyant n’ont pas le sens exact — et moins déformé que le premier. La chanson du titre montre exactement ce que je veux dire. Les dynamiques musicaux sont plus forts, mais les effets électroniques sont réduits. Les paroles sont parfois colériques, mais elle a mon attention.

La chanson qui termine l’album, « Years Have Passed », est tout ce qui est possible chez elle sans les effets. C’est douce, triste, et absolument au-delà des capacités de presque tout et n’importe quelle chanteuse populaire ici. On parlera à la fin des bonnes comparaisons, mais elle est tout le contraire de Taylor Swift, c’est certain !

Son troisième et plus récent album est By Your Side, encore plus dans le sens de mettre sa voix en vedette et ne pas la noyer sous trop d’effets. La chanson du titre parle du genre de relation où on dit en anglais « it’s complicated » (c’est compliqué), pas exactement l’amour, pas exactement l’amitié. Je ne veux pas l’aimer. Mais je n’arrive pas du tout à m’arracher de la stéréo en l’écoutant :

On finira notre revue de ses chansons avec une autre chanson de By Your Side, Hey Boy. C’est ce qui arriverait si « Years Have Passed » n’était pas si triste, si élégiaque. C’est absolument ma préférée de ses chansons.

Il ne faut absolument pas faire la comparaison entre Jeanne Added et des mannequins dont le logiciel AutoTune est le seul moyen de les sauver. Venant de la tradition de jazz, il faut chercher quelqu’une comme la canadienne Diana Krall. Son interprétation de la chanson « Peel Me A Grape » montre la seule chose qui manque à l’œuvre de Jeane Added, un sens de l’humour. Mais les similarités entre ces talents sont évidentes :

L’autre chanteuse qu’elle me rappelle — et j’aimerais tellement la voir avec cette opportunité — est k.d. lang, qui a chanté la meilleure chanson de James Bond que vous ne connaissez pas, Surrender :

Pourquoi est-ce que vous ne la connaissez pas, même si vous avez entendu parler de Mme Lang ? Parce que les producteurs ont décidé au dernier moment qu’ils ne voulaient pas prendre le risque de sortir un générique chanté par une lesbienne, et cette chanson a été déplacée aux crédits à la fin, que personne n’écoute. (Sauf moi ; je ne quitte jamais la pièce jusqu’à à ce que les lumières soient allumées.)

En faisant cette comparaison, je n’exprime aucun avis sur la vie amoureuse de Jeanne Added, de laquelle elle ne parle pas. C’est juste que les deux ont des voix similaires. J’aimerais voir ce qui se passait si elle travaillait dans un plus grand ensemble, de façon cinématique. Je sais qu’elle serait à la hauteur du défi.

Ma note : J’achète l’intégrale, mais si elle décide de chanter en français…ouais, je prendrais l’avion si je pouvais rester plus qu’un week-end.

J’ai eu tort

Il y a des semaines, je vous ai dit qu’à mon avis, « The Salingers Reviennent » n’était pas le vrai prochain album d’Indochine, car il me semblait impossible que le groupe copie la musique d’autres sans crédit.

J’ai eu tort. Les vidéos de la chaîne YouTube qui m’ont mené à cette conclusion sont toujours là, mais cachées si on n’a pas le bon lien. Mais il y a plusieurs nouvelles vidéos, pas cachées du tout, et les frais pour l’art doivent être une somme folle si c’est une farce :

En plus, le compte Instagram exige un procès sur les droits d’auteur si ce n’est pas Indochine. Au-delà d’un lien vers un site, Canard Ebay canarybay.fr, dont Indochine a sans doute les droits, il y a un enregistrement qui est absolument la voix de Nico. Si c’est une farce à la sauce IA, on va avoir une sacrée amende :

Franchement, je ne suis pas ravi qu’ils aient copié cette musique au début. J’espère que l’usage a été payé.

Il y a un sens où je devrais me sentir content. Dans le genre de musique dit « progressive rock » — de tels groupes comme Yes, Genesis (avant les années de trio mené par Phil Collins), ou Emerson, Lake, and Palmer, ainsi que mon Rush bien-aimé — des albums consacrés à raconter une histoire sont communs. L’un des mes albums préférés, 2112 par Rush, a une chanson de 20 minutes qui raconte une histoire dystopique qui a lieu à l’avenir. Si vous voulez écouter juste une minute, je recommande de vous lancer à partir de 4:25 :

Au fait, il y avait un jeu très populaire parmi les fans de Rush de poster des photos où on avait trouvé le numéro 2112 quelque part. Mais le faire apparaître — par exemple, en laissant un pourboire radin de 1,12 $ sur une addition de 20 $ — ne comptait pas.

L’histoire racontée par les photos et les clips sur le compte Instagram des « Salingers » ressemble fortement à cet album, 2112. Mais ce serait un départ plutôt extrême pour Indochine, même si certains de leurs albums ont des thèmes qui guident tous les contenus. Bien que j’aime le fait qu’Indochine m’a attiré au début en partie car certaines choses chez eux me rappellaient Rush, je veux qu’ils soient Indochine, pas Rush en français.

Ai-je mentionné que un tiers des albums de Rush ont été enregistrés au Québec dans une maison dite « Le Studio » ?

Évidemment, cette histoire des Salingers me donnent des pensées d’une ancienne vie. Le batteur de Rush est décédé deux mois avant ma première leçon de français, mais le groupe avait déjà quitté la scène en 2015. Je les écoute toujours, et je ne les quitterai jamais, mais croyez-moi, les fans de ce genre de musique en anglais sont considérés comme des ringards grand cru.

Alors, j’avoue que « The Salingers Reviennent » est à Indochine. Mais c’est quoi leur but avec tout ça ? Je ne sais toujours pas.

C’est pas possible !

Il y a des fois où on vous donne du matériel et c’est si incroyable, si époustouflant qu’il n’y a pas de choix — il faut en écrire. Un membre de mon groupe d’utilisateurs de Duolingo qui habite au Québec m’a envoyé un clip délirant. Je l’ai regardè plusieurs fois et je n’ai toujours pas la moindre idée de ce qui se passe. Alors aujourd’hui on va parler de l’histoire absolument bizarre — et 100 % québécoise — de Normand L’Amour.

Normand L’Amour, Dessin par Jean-no, Copyleft

D’abord le clip. Vous allez voir que M. L’Amour n’a jamais eu un budget pour tourner des vidéos. Mais on a dessiné des choses qui vont avec ses paroles. Regardez :

Je sais déjà. « Justin, c’est quoi cette bêtise ? T’as perdu la tête, quoi ? » Pas du tout. Je reconnais un peu une âme sœur — mais pas trop — alors on va discuter comment le Camille Sans-Sens du Nord est venu à enregistrer plus de 2 000 chansons pendant deux décennies.

Commençons à la fin, ses funérailles en 2015 à 85 ans, car sa famille est plus fiable que Wikipédia. Normand Cournoyer était dépanneur à la québécoise — c’est-à-dire épicier — dans la ville de Sorel-Tracy, aussi la maison de Laurence Manning. On y trouve tout genre de personne, apparemment. En 1997, à l’âge de 68 ans, il a subi un vol armé dans son magasin, et s’est rendu compte qu’il ne voulait pas finir sa vie en tant qu’inconnu derrière un comptoir, selon le maire de la ville, Serge Péloquin — aussi son agent. Il a donc fermé le dépanneur, acheté une copie du logiciel Band-in-a-Box (Bande dans une boîte), adopté son nom de scène et a commencé à s’enregistrer.

Il s’est fait connu dans une apparition de légende sur l’émission québécoise « La fin du monde est à 7h ». Après avoir lu la météo à haute voix, il a reçu le droit de chanter à télé pendant 30 secondes immortelles :

Vous pensez que je me moque de lui, mais ce n’est pas du tout le cas. Évidemment, monsieur n’a aucun talent musical — et les paroles lui feraient un cauchemar de nos jours — mais il faut absolument le mettre à côté. Voici un homme qui était absolument inconnu, qui avait subi une expérience où la vie passait devant ses yeux, et qui a en résultat osé apparaître en live pour chanter. Ce n’était pas l’acte le plus sage de sa vie, mais c’était sans doute le plus courageux.

Alors avec sa nouvelle renommée, M. L’Amour a réussi à vendre 1 000 exemplaires de sa cassette de début, « C’est pas possible ! », d’où viennent également « La Poignée de porte » et « Toute noire », les chansons en haut. Cette réussite était assez pour qu’il gagne le droit de vendre ses enregistrements dans deux magasins locaux, le dépanneur du resto et hôtel « Le Madrid » ainsi que Boulevard Musique, l’ancien magasin de son agent, M. le maire de la ville.

Le Madrid, Photo par Bouchecl, CC BY-SA 3.0

Le succès a suscité une certaine jalousie. En 1999, il a perdu le Prix Félix pour un album d’humour à Yvon Deschamps, un humoriste professionnel, qui a dit que Normand aurait dû se sentir honte car « lui, il fait pas ça pour rire ». Mais notre Normand ne s’est pas découragé — il a fini par enregistrer plus de 2 300 chansons sur 200 albums, avec des morceaux en 75 langues.

Sa renommée a suffi à le faire apparaître dans une publicité pour le soda Pepsi à la télé québécoise. Je félicite les responsables pour avoir reconnu comment l’utiliser — il fournit la bande-sonore, et n’est pas la victime d’une blague.

Je veux en conclure avec une dernière chanson de M. L’Amour, quelque chose de hyper-local, « Y’avait sur mon érable ». Son thème est un pic-bois qu’il voit perché sur un érable, absolument banal bien sûr, mais une image typique de son coin du monde. En effet, il n’y a rien de plus parfait pour raconter son histoire — un homme qui rêvait juste d’être connu parmi ses voisins.

Je découvre Jain

On continue le Projet 30 Ans de Taratata avec le prochain acte après Véronique Sanson : Jain, Jeanne Added et Juliette Armanet, qui ont chanté « Don’t Speak » de Gwen Stefani en anglais :

C’est mon plan d’écrire sur les artistes originaux quand la matière est d’origine francophone, mais il n’y a pas besoin d’écrire « Je découvre l’une des nombreuses personnes qui me donnent envie de m’expatrier » (Gwen Stefani, pour préciser).

Parce que le prochain paragraphe sera le truc le plus dingue que vous ayez lu chez moi, j’aimerais dire d’abord qu’en regardant la vidéo en haut, il m’est bien évident que toutes les 3 chanteuses, dont Jain, sont très douées en anglais, pas autant que Véronique Sanson, mais absolument capables de jouer ici et non pas seulement devant un public de mes clones. MAIS…

Jain, Photo par El pitareio, CC BY-SA 4.0

Je n’écrirais même pas cet article s’il y avait une version du blog en anglais. J’écrirais tout simplement « En raison de la loi du 1er avril de 2020, écouter cette musique est du crimethink. Il ne faut pas l’écouter aux États-Unis ; passez sur votre chemin ». N’étant pas américains, vous ne m’allez pas croire du tout. Je voulais désespérément trouver autre chose à dire sur cette chanteuse, au point où j’ai écouté TOUT son premier album et presque tout le reste des deux autres. Mais elle est ce qu’elle est.

Jain est née Jeanne Galice, à Toulouse, en 1992, d’une famille avec des racines malgaches. Elle a passé une partie de son enfance à Dubai, ses années collégiennes à Brazzaville, au Congo, et a eu son bac à Abou Dabi. Son nom de scène fait référence au jaïnisme, une religion de l’Inde.

En 2015, elle se fait connue avec son premier single, Come, où elle dit que « my soul is in Africa » (mon âme est en Afrique) :

Le problème ici est qu’elle sonne exactement comme Rihanna ou Angélique Kidjo, et quand elle chante le mot « Come », il sonne comme une version féminine de K7. Pourtant elle est blanche et née à Toulouse. J’ai parlé avant de mon choc que personne ne m’a jamais accusé de « l’appropriation culturelle ». Mais je suis petit, et pas une célébrité. Et en fait, les journalistes américains l’affrontent avec ces questions à partir de sa première tournée aux États-Unis en 2017 :

Ici il y a une grande polémique sur la cultural appropriation, qui stigmatise l’adoption de codes culturels par quelqu’un qui vient d’une autre culture. C’est vu comme un vol par certains, explique Jain. Donc plusieurs journalistes m’ont posé cette question : « est-ce de l’appropriation culturelle que vous faites quand vous parlez de l’Afrique »…La culture américaine a une vision très différente de la France sur ces questions culturelles. J’ai donc dû raconter mon histoire et surtout expliquer qu’elle n’est pas fabriquée.

Jain à Washington, RFI

Plus tard en 2015, elle sort son premier album, Zanaka, qui comprend Come, mais aussi son plus grand tube, Makeba, à l’honneur de la chanteuse sud-africaine Miriam Makeba :

Oh là là. Si j’avais essayé en 2020 d’imaginer le clip le plus offensant imaginable aux États-Unis, il serait quelque chose où une blanche — la seule telle personne dans le clip — est entourée par des danseurs noirs en chantant sur des thèmes africains. La deuxième pire chose aurait été Dynabeat, dans un contexte asiatique, dès que l’on avait remarqué la ressemblance entre le clip et le dieu hindou Ganesh avec ses 4 bras.

J’espère qu’il sera clair que je ne suis pas ici pour valider cette « analyse » selon laquelle la couleur de sa peau décide ce que l’on peut chanter ou écrire. C’était exactement ce moment où j’ai perdu tout espoir. Si Jain a dû affronter déjà ces questions en 2017, 2020 aurait été tout autre chose.

Son deuxième album, sorti en 2018, Souldier (jeu de mots en anglais — soldier = soldat, soul = âme), est plus de la même chose, mais avec moins de thèmes ouvertement africains. Le premier single, Alright, parle de la vie après une rupture :

Moins, pas zéro. Flash parle de ses années au Congo :

Ma chanson préférée de Jain vient de cet album — Inspecta, son hommage au générique d’Inspecteur Gadget :

En 2023, Jain est de retour avec The Fool, nommé pour la dernière carte du tarot de Marseille, Le Fou. Cet album ne sonne pas du tout comme les autres. Elle montre encore son talent, mais si vous n’entendez pas le sous-entendu « sa cervelle ou sa signature parapherait le contrat » derrière ce changement complet de son style, vous n’avez pas compris le marché anglophone.

D’autres morceaux — I Feel Alive, Cosmic Love, Goodbye — sont tous dans ce même style, plus mélodique, moins rythmique, mais surtout avec toute influence africaine purgée.

Je pleurais en écrivant cette critique. La musique de ses deux premiers albums n’était jamais la mienne. Mais je ne doute pas, même pour un instant, que ça venait vraiment d’elle. Encore pire, les deux premiers albums sont heureux ; ce dernier est triste. Je soupçonne qu’elle aurait nommé l’album « La Folle », mais le message aurait été trop évident. Il doit être une ironie insupportable pour elle que Makeba a trouvé une nouvelle vie sur TikTok juste après la sortie de « The Fool ». Par égard pour la vraie Jain, j’espère qu’un jour elle sortira un autre album exactement comme Zanaka, et qu’il connaîtra autant de succès qu’avant. Elle n’a rien fait pour mériter autrement.

Cependant, je dois lui donner deux notes, une pour les américains et l’autre pour l’Europe.

Ma note américaine : Jain? Never heard of her. Please don’t fire me, I beg you. (Jain ? Jamais en entendu parler. Veuillez ne pas me licencier, je vous en supplie.)

Ma note européenne : J’achète mon propre billet pour le concert, juste pour la soutenir.

Qui sont « The Salingers » ?

Ça fait longtemps depuis les dernières vraies nouvelles d’Inochine dans ces pages. Je n’allais jamais essayer de voyager pour un de leurs concerts en 2023, car je me suis fait une promesse que le voyage fou de 2022 serait le seul de son genre. Alors la prochaine chose à laquelle j’attends, c’est leur prochain album. Et ça, les fans attendent depuis longtemps. En octobre 2021, le groupe a parlé de sortir un nouvel album fin 2022. Un mois plus tard, la date a déjà été reportée jusqu’à début 2023. En avril 2023, ils ont dit qu’ils sont revenus dans un studio à Londres. Franchement, à ce point je ne voulais plus entendre parler de dates. On attend, les dates passent sans nouvelles, et tout le monde est déçu. Faites votre travail en secret, Nico, ça va.

Mais il y a deux semaines, il y a eu une raison —peut-être — pour croire que l’attente atteignait sa fin. Le 15 mars, ce tweet a fait fureur parmi les fans :

Je ne connais pas le magazine Diverto, où cette pub est parue, mais les Sherlock Holmes d’Internet n’ont pas perdu de temps en analysant l’image.

Source, ©️D.R.

Quiconque a produit cette pub, elle est bien parsemée avec des indices qui suggèrent un nouvel album d’Indochine. « Pony Music », l’édition de disques en bas, ressemble à Sony Music, la vraie maison d’Indochine. « Salingers Records » rappelle le label privé du groupe, Indochine Records. « Babel Babel » pourrait faire référence au livre Babel de Patti Smith, une influence pour Nico. Et si on connaît la discographie du groupe, « The Salingers » semble être une référence au soi-disant écrivain J.D. Salinger, d’où la chanson « Des Fleurs pour Salinger ».

Cette dernière référence me fait peur. Chaque élève aux lycées américains est condamné de lire son excrétion en forme de livre, L’Attrape-cœurs. Le titre original, « The Catcher in the Rye », ce qui veut dire littéralement, « Le receveur dans le champs de seigle », est du n’importe quoi le plus pur en anglais. On peut le « comprendre » en lisant le livre — c’est-à-dire qu’il y a une explication, mais l’explication est bête. Le personnage principal est parmi les gens les moins sympas de tous les temps sans commettre un crime. Son parcours dans le livre ne sert à rien.

M. Salinger a eu la chance de le publier juste au moment quand les normes littéraires aux États-Unis s’effondraient, et il n’a jamais trouvé un moyen de le suivre — alors 40 ans de silence de sa part — car il savait qu’il était un arnaqueur, un escroc. Je considère son intérêt un écart dans les goûts de Nico, mais tout le monde a son péché mignon, et on n’a jamais lu une critique de Rabelais ou Zola chez moi non plus.

Mais un album tout basé sur l’œuvre de Salinger ? Oh là là, ce serait trop pour moi ! Pourtant, après l’apparition de la pub, un autre indice est apparu qui me suggère que le tout est une farce compliquée. On a créé une chaîne YouTube pour « The Salingers« , notamment avec une vidéo avec les mêmes symboles que dans la pub :

Mais il y a un autre clip dans cette chaîne, « Show Time ». On peut vérifier avec l’appli Shazam que c’est un extrait d’une chanson qui existe déjà, « Uppercut« , par un groupe peu connu, Moon Sound Malabar. À mes oreilles, quelque chose a été ajoutée, mais le clip ici part absolument de l’enregistrement inconnu :

Quel qu’Indo fasse pour promotion, je refuse absolument de croire que le groupe utilise la musique d’autres sans même pas la leur attribuer.

Le problème avec ma théorie de farce, c’est que ça coûte. Il y a évidemment du travail derrière ces clips et la pub, à ne pas mentionner le prix de publier la pub dans un magazine.

Il n’y a quand même plus de nouvelles de « The Salingers » depuis une semaine. Personne ne sait vraiment si ce soit le prochain album d’Indochine ou pas. C’est un mystère, et un dont j’espère que l’on connaîtra enfin la vérité, que ce soit une farce ou pas.

Je découvre Vianney

On continue le Projet 30 Ans de Taratata avec le deuxième de trois artistes qui ont apparu sur scène avec Véronique Sanson pour Les 30 Ans de Taratata. Cette fois, c’est Vianney.

Vianney, Photo par Gyrostat, CC BY-SA 4.0

Vianney Bureau, né en 1991 à Pau, est allé au lycée de Saint-Cyr. Est-ce que ça lui donne le titre de saint-cyrien ? À vous de me l’expliquer. Après, il a suivi des cours d’affaires et de mode, et on l’aurait cru destiné à une carrière en tant que créateur. Mais pendant ses études de mode, il a rencontré sa future gérante, Isabelle Vaudey, et avec son encouragement, il a enregistré son premier album, Idées blanches, en 2013 (or, il n’est sorti qu’en 2014), 2x platine en France. Et le premier single de l’album était « Je te déteste », la preuve qu’il ne doit pas être britannique, ni chanter en anglais non plus, pour sonner exactement comme One Direction :

Avec de telles paroles que « Je viens gifler mes cordes plutôt que ton fessier » et « T’envoyer des menaces, un rat mort dégueulasse? », il me semble que si j’étais la femme du clip, j’aurais un ordonnance restrictive hier. Au fait, je viens de découvrir que cet outil de la loi, bien-aimé des ex partout dans le monde anglophone, n’existait en France qu’à partir de 2012. (Non, ce commentaire ne raconte pas une histoire personnelle ; si c’était le cas, vous n’auriez jamais entendu parler de La Fille, car je ne la connaîtrais guère.)

J’ai aussi écouté Pas là, avec des paroles comme « Je te remplace/Comme je le peux/Que tout s’efface/J’en fais le vœux », et Notre-Dame des oiseaux, pas un single de l’album. Sa voix est agréable, mais la musique ici n’est que l’enveloppe pour livrer ses contes d’amour perdu. Je me trompais en l’écoutant — sur cet album, il sonne comme le jeune Harry, mais l’âme est 100 % Maroon 5, au moins leur premier album.

En 2016, Vianney est de retour avec son deuxième album, cette fois nommé pour lui. La chanson « Je m’en vais » atteint la deuxième place en France :

Je comprends ça. Les paroles expriment exactement le même message qu’avant :

Quand tu diras que c’est ma faute 
Que je n’ai jamais su t’aimer 
Au diable toi et tes apôtres 
Je m’en vais

mais cette fois il renaît en tant que Christopher Cross, un meilleur musicien.

J’ai aussi écouté « Dumbo » du même album, une chanson éloignée — mais pas complètement — de ses histoires d’amour qui finissent mal. Le clip est mignon :

Encore une fois, je me suis trompé. Il est Christopher Cross, oui, mais aussi Jason Mraz.

En 2018, lui et Véronique Sanson ont tous les deux sorti des albums en live en collaboration avec d’autres artistes. Et sur chacun des deux, on trouve leur version de La Chanson :

Je pleurais en l’écoutant. Vous savez que j’adore cette chanson plus que presque tout au monde entier. Bien qu’elle ait eu 2,5 fois son âge au moment de l’enregistrement — et oui, vu le matériel, ça me dérange un peu — les affinités entre les deux sont clairement là. Le refrain avec la question, « Qu’est-ce que tu diras ? », c’est magique. Vianney a une voix agréable, même douée, c’est juste que je ne suis pas grand fan du genre où il travaille.

Son troisième, et à ce point dernier, album de musique originale, N’attendons pas, est sorti en 2020. L’album atteint la 1ère place en France, mais parmi ses singles, le seul grand tube est Beau-papa, #13 :

Comme Dumbo, c’est une chanson loin des histoires d’amour, et le clip est plutôt émouvant. La chanson du titre est aussi hors ses sujets amoureux ; je l’ai bien aimé, mais elle n’a connu qu’un petit succès (#146 en France) :

En 2023, Vianney a sorti un album de collaborations avec d’autres artistes. Je reste perplexe sur la question de qui est responsable de l’écriture — les crédits ne sont clairs nulle part en ligne. Mais je dirais que Le firmament avec Maître Gims (à qui je souhaite « Bonne année ») ne sonne pas comme la musique associée avec ce dernier. En revanche, Comment on fait avec Zazie pourrait bien être à elle. Je passe sur celui-ci sans plus de commentaires car il ne m’est pas clair du tout à qui est la matière de l’album.

Alors, que penser enfin de Vianney ? Il devrait être clair que si ses chansons se traduisaient en anglais, je passerais mon chemin. Mais c’est ici où le « prime français » marche pour lui. Exactement comme j’adore les pubs à la radio en français bien que je change de chaîne en anglais, je n’achèterais pas les disques mais…

Ma note : J’irais au concert si vous avez une place de trop.

Je découvre Marc Lavoine

On continue le Projet 30 Ans de Taratata avec un des 3 artistes qui était sur scène avec Véronique Sanson, Marc Lavoine. Également acteur que chanteur, ici on parle seulement de son côté musical.

Marc Lavoine, Photo par Selbymay, CC BY-SA 4.0

Marc Lavoine est né en 1962 à Longjumeau. Élève d’imprimerie au lycée, il quitte ses études pour poursuivre une carrière d’acteur. Ça commence en tant qu’ouvreur dans la salle de spectacle Olympia à Paris. Je dois vous dire, j’ai fréquenté un resto à Beverly Hills pendant les années 00 quand j’habitais à LA, et pour écouter les barmans (ça fait mal aux yeux ; je veux écrire barmen), ils étaient tous des acteurs-en-attente. Mais pour une fois, ça marche, et un producteur lui découvre et l’aide à sortir sa première chanson en 1983, « Je n’sais même plus de quoi j’ai l’air » :

Ça pue les années 80, avec ses synthétiseurs et boîte à rythme. Il sort deux deux singles de plus, Pour une biguine avec toi et Elle a les yeux revolver, ces deux derniers faisant partie de son premier album, intitulé Marc Lavoine. J’ai déjà l’impression d’être coincé sur la banquette arrière de la voiture de mes parents, qui me font écouter KYXY, une radio de bêtises romantiques qui ne sert qu’à torturer le jeune moi. Bof, ce que je fais pour l’amour. (Il y a des limites, mais tout a son prix. On pourrait me faire écrire « Je découvre Maître Gims », mais ça coûtera cher.)

Pour son prochain album, Fabriqué, il chante en duo avec Catherine Ringer, qui a apparemment cru que c’était un canular quand il l’a contacté. Leur single, Les histoires guimauves d’A « Qu’est-ce que t’es belle », est censé signaler une nouvelle direction pour lui, mais je le trouve plus d’un détournement pour elle :

J’ai aussi écouté le titre Même si de l’album, en espérant qu’il avait quelque chose à voir avec la chanson des Rita Mitsouko du même nom, mais non.

Son troisième album, de 1989, Les Amours du dimanche, me semble plus de la même chose, mais j’avoue que j’aime le clip pour « C’est la vie » :

Je n’ai plus rien à te donner, par contre…est-ce vrai qu’il était une fois, M. Lavoine a déménagé aux États-Unis afin d’enregistrer des conneries sous le nom de Christopher Cross ? Michael Sembello, ça vous parle ? Les oreilles commencent à saigner, peut-être parce que je viens d’essayer de les arracher.

En 1991, la France a craqué pour sa chanson « Paris », où se trouve les paroles « Je dors dans tes hôtels, j’adore ta Tour Eiffel ». Sur l’album de même nom, on trouve aussi « L’amour de 30 secondes » où il met des paroles intéressantes sur un morceau musical qui révèle son côté Bee Gees. Nom d’un cobaye, je dois continuer ? ([Après ce commentaire, c’est moi qui insiste. — M. Descarottes])

En 2005, je suis allé en Italie avec ma future ex-femme. J’ai pleuré en voyant les prix partout à Venise. Pourtant, après avoir écouté « On n’ira jamais à Venise » de son album Faux Rêveur, je sais exactement où me cacher — la place Saint…euh…Marc, avec tous ses pigeons.

Lavoine-Matic, son album de 1997, lui gagne une Victoire de la musique pour le clip de sa chanson « C’est ça la France » ;

La technique de tournage me rappelle un peu mon post préféré du blog, et je vibre avec ses dernières paroles, « Enfin je pense faut jamais les oublier, Les trois mots qui terminent par Té ». Pourtant, même avec un vrai changement de style, vers quelque chose de plus électronique, ses goûts restent très différents des miens.

En 2001, il sort un autre album intitulé Marc Lavoine, cette fois avec un orchestre ainsi que plusieurs duos. « Je ne veux qu’elle » avec coup de cœur du blog Claire Keim, atteint la neuvième position dans le classement SNEP en France. Il doit y avoir une mélodie quelque part dans cette chanson, mais je n’arrive pas à la trouver :

L’heure d’été, son album de 2005, connaît un franc succès, atteignant #3 dans le classement. « Toi mon amour », un tube de l’album, continue son style de parler sur une boîte à rythme. Je suis désolé, beaucoup d’entre vous aiment évidemment ce monsieur, mais vous pouvez voir, j’ai fait des efforts.

Je vais sauter par-dessus du reste, sauf pour une chose. Au début des années 2000, il a sorti un duo avec héroïne du blog Françoise Hardy, une reprise de sa chanson Chère amie, originalement de l’album Les Amours du dimanche. Ça ne sonne même pas un peu comme ses performances à l’époque, et sans boîte à rythme, il doit chanter. À mes yeux, ça montre un autre chemin, plus difficile à transformer en tubes, mais beaucoup plus artistique.

Malheureusement, son histoire n’a pas de fin heureuse. Malgré son apparation sur le plateau de Taratata en octobre 2023, il a déjà largement perdu sa voix à cause de maladies héréditaires et une histoire de tabagisme. Je ne souhaite ça pour personne.

Je comprends aussi que M. Lavoine a beaucoup fait pour des personnes autistes. Vous savez que c’est un sujet qui me touche.

Cependant, ma note est un reflet de mon jugement de son travail en tant que musicien, pas sa valeur en tant qu’être humain.

Ma note : Je change de chaîne.