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La pizza façon Detroit

Je ne l’ai pas cru quand mon ami à Dallas m’a donné un coup de fil ce week-end pour parler de pizza. Le coup de fil n’était pas surprenant — on se connaît déjà depuis 25 ans. C’était plutôt l’enthousiasme. Je n’entends jamais ce niveau d’enthousiasme chez lui quant à la nourriture. Mais il a dû absolument me parler de quelque chose qu’il était venu de goûter, la pizza façon Detroit.

(J’omets l’accent car ce Detroit est celui des États-Unis, pas celui du Calvados, et personne ne l’épèle avec un accent. Un de ces quatre, je râlerai sur ce sujet pour vous.)

Au début, j’étais bien plus que sceptique. Ils ne mettent pas la sauce sur la pizza qu’à la fin ? Ils la cuisine dans des lèchefrites de voiture ? Sûrement mon ami plaisantait ! Mais quand ce monsieur me dit d’essayer quelque chose, je le fais, car je lui fais absolument confiance. Alors, je suis allé à Huntington Beach — l’un de très peu d’endroits ici qui n’est pas complètement fade et plein de chaînes de restos — pour visiter « The Ria » (pensez au mot italien, « pizzeria »).

Je suis ici pour vous dire que cette pizza a changé ma vie. Je connais assez bien la vraie « pizza al taglio » à Rome, et la « pizza napoletana » à Naples. Je suis allé aux deux. Les vrais italiens ne seront pas contents de leur sauce tomate, un peu trop sucrée selon la façon américaine. Mais cette pizza, c’est la meilleure version de pizza à l’américaine.

Il y a trois genres de pizza trouvés couramment aux États-Unis. Si on dit « pizza » sans autre nom, ce sera en général rond, avec une croûte de épaisseur moyenne, de la sauce tomate, du fromage mozzarella, et de l’ananas. (Je plaisante sur ce dernier, mais c’est le genre où on le trouve tout court.) Si on parle de la pizza new-yorkaise, c’est une bêtise beaucoup trop mince, servie en parts géantes et les cons doivent la plier pour la manger. Si vous devez plier votre pizza, c’est un Stromboli ou un calzone. C’est pas une vraie pizza et je refuse absolument de l’appeler « a slice » comme ils disent. Je déteste tout autour de ce truc.

Puis il y a la pizza façon Chicago. Jusqu’à ce week-end, je la croyais notre meilleure. (Mais attention, en dehors de Chicago, on ne trouve que rarement des versions authentiques.) Une pâte plus comme le pain focaccia qu’une pizza traditionnelle, cuite dans un plat creux, avec des quantités de sauce un peu folles au-dessus du fromage. Je l’adore, mais on risque de se brûler en la mangeant car la sauce est bien chaude quand la pizza sort du four.

Alors, voilà, la solution à tout :

C’est aussi une pizza à base de focaccia, mais regardez ce qui arrive à l’extérieur avec le fromage :

OMD, ça doit être la meilleure chose que ce pays ait jamais fait ! C’est une tuerie. Effectivement, cette pizza est exactement tout ce que j’aime de la pizza façon Chicago, sans ses problèmes.

Mais ce n’est plus le cas qu’on la cuit dans des lèchefrites. Ce n’est que son origine en 1946, car il n’y avait pas de plats creux suffisants pour les températures dont une pizza a besoin. Vu que Detroit est la « Motor City », La Ville des Moteurs, je trouve cette origine charmante et bien locale d’exactement la façon que j’adore.

C’est seulement pendant la dernière décennie que cette pizza est sortie de Detroit, et ce resto à Huntington Beach a été fondé en 2021. C’est donc récent. C’est un trajet qui prend du temps, mais j’y retournerai.

Je veux que vous profitiez de cette pizza autant que moi. Alors, l’un de mes projets sera fabriquer une version avec des ingrédients que vous pouvez acheter — le fromage n’est disponible nulle part en France — et avec la sauce tomate de Dottie Devita, quelque chose d’authentique qui fera plaisir aux vrais italiens.

Je veux partager quelques photos du quartier avec vous. Beach veut dire plage, et il y a une longue jetée très proche du resto. Ce quartier est beaucoup plus charmant et vivant que le mien, mais j’ai pas le droit d’y vivre car c’est trop loin de mon ex.

Quelques restos près de la plage :

Près de la jetée :

La plage à côté de la jetée :

Vue de la jetée du bout, vers la ville :

Et la ville, vue de la jetée :

Populaire à Costa Mesa

Ça fait longtemps depuis ma dernière critique d’une entreprise française ici, mais le week-end dernier, j’ai sorti avec des amis de l’Orange County Accueil pour regarder le nouveau film Elvis. Ouais, en anglais, mais je veux m’intégrer mieux avec ce groupe, et après le film, on a dîné chez Populaire, un nouveau resto français dans South Coast Plaza (un centre commercial qui attire des visiteurs de partout dans le monde).

Quant au film, je dirais que si vous aimez les films de Baz Luhrmann, surtout Moulin Rouge !, vous allez aimer celui-ci. Mais ce film fait quelque chose que je croyais impossible — mentir sur le gérant d’Elvis, le Colonel Tom Parker. Ce type était l’un des pires hommes à jamais, mais ce film arrive à raconter de nombreuses choses qui ne se sont jamais passées, pour lui rendre encore pire. Il y a assez de vérité dans ce film que beaucoup de monde croiront que c’est complètement une histoire vraie, et je trouve ce choix donc lamentable.

Revenons à nos moutons, Populaire. Ce resto a récemment pris l’espace qui appartenait à l’un de mes restos préférés pendant presque 20 ans, Lawry’s Carvery (soi-même la version beaucoup moins chère d’un resto célèbre à Los Angeles que je vous recommande fortement si vous y visitez). Le chef, Ross Pangilinan, n’est pas français lui-même mais plutôt philippin, mais il a une histoire dans des autres restos avec des plats français, dont Leatherby’s et Terrace. Voici la carte chez Populaire :

Ce menu est un peu à la mode, avec des escargots dans des « ebelskivers », un genre de crêpe danoise, et des ingrédients asiatiques un peu partout. Parce que nous étions 16 — et allions payer un pourboire obligatoire de 22 % — le chef a envoyé deux grandes assiettes de la salade de laitue « baby gem » aux pêches à la table, gratuites.

La salade était pas mal, mais n’avait rien de spécial non plus. Vu le nombre de salades dans ma liste de recettes iciZÉRO — vous avez le droit de soupçonner que je suis le mauvais juge des salades.

Je n’ai pas commandé d’entrée (très peu de monde l’a fait), alors le prochain plat était l’espadon au beurre blanc. C’était bon, mais bien que les prix de poissons soient augmentés ici, je trouve le prix horrifiant à 40 $. Il n’y a presque rien sur l’assiette !

C’est pas une question de vouloir un gros plat de la façon que tout le monde croit typique chez nous. C’est que cette photo est très proche à l’assiette. Je doute qu’il y ait plus de 100 grammes de poisson ici. Vu qu’il y a un resto avec un étoile Michelin dans le même centre commercial, et leurs prix sont moins chers pour des choses similaires, j’ai du mal à accepter ces prix.

En dessert, j’ai choisi le Paris-Brest aux pistaches. C’était aussi pas mal.

Mon problème avec celui-ci est que j’en fais un également bon. L’un de mes plus grands rêves est qu’un jour, je cuisinerai pour au moins plusieurs de mes amis français. Je veux vraiment savoir si je suis sur le bon chemin. Et si vous me demandez un Paris-Brest, c’est lui qui vous attendrez :

Ouais, je crois que le mien vaut la comparaison malgré le fait que je suis amateur. Et c’est ça le problème — la nourriture chez Populaire est bonne, mais quand je vais dans un si cher resto, je m’attends à meilleures choses que ce que je peux faire moi-même.

Pour finir, ils nous ont offert des cigarettes. Des bonbons cigarettes, pour être clair.

Ça fait mal au cœur d’en conclure cette critique de cette façon — surtout car je sais que Chef Pangilinan livre un meilleur rapport qualité prix ailleurs — mais je ne peux pas vous recommander Populaire. Mon montant pour ce dîner était aussi cher que celui chez Gaya à Paris, l’un des meilleurs repas de ma vie, mais où j’ai beaucoup plus mangé, dont du pain compris — et il n’y avait même pas de pain chez Populaire. Je veux tellement qu’il réussisse dans cet espace, car je l’aime bien et ce serait l’endroit parfait pour un rendez-vous qui n’arrivera jamais. Mais sans des changements, je doute que je revienne.

La qualité : Au-dessus de la moyenne.

Bon marché : Très mauvais.

Pas recommandé.

Mixed Bakery à Newport Beach

Ça fait longtemps depuis mon dernier « Je critique ». Ce n’est pas une question d’avoir changé d’avis, mais d’avoir presque épuisé les entreprises locales liées à la communauté francophone près de chez moi. (Il reste Knife Pleat, notre seul resto étoilé par Michelin, mais franchement, j’ai pas envie d’y aller tout seul. Comme chante Les Rita Mitsouko, ce serait un rendez-vous avec moi-même.) Mais ce week-end, j’ai vu cette pub dans un groupe Facebook appelé Les Français d’Orange County :

C’était une boutique éphémère au milieu d’un magasin appelé West Elm, qui vend des trucs pour décorer la maison. On ne doit que dire « pâtisserie » et j’y apparais. ([Car il est un démon et c’est son vrai nom. — Mon ex]) Alors, obligé par le pouvoir de sucre, je m’y suis rendu. Voila la boutique, qui vend leurs produits sur Internet sous le nom Mixed Bakery :

Mixed veut dire « mélangé », un choix approprié pour une boulangerie. La pâtissière travaillait anciennement à Andrei’s Conscious Cuisine, un resto auquel je peux littéralement marcher. C’est en fait le resto dans la photo de mon post du dernier Nouvel An. En tout cas, il y a une douzaine de choses ici, dont un « saucisson au chocolat » pour 30 $ et de nombreux biscuits et brownies pour 7 $.

Au fait, la pâtissière elle-même, Elyssa Fournier, vient des États-Unis. Quand j’ai dit bonjour à son mari, Yves, en sortant du magasin, il a deviné que j’étais canadien. C’est mieux qu’avant, mais je ne suis aucune Anne-Élisabeth Moutet. ([L’opération sera trop cher, mais j’ai les ciseaux et en plus, l’envie ! — Mon ex]). Nononon ! Je voulais juste dire que je veux avoir un accent aussi bon en français que le sien en anglais !

Revenons à nos moutons. J’ai acheté deux choses : un sac de petits biscuits, saveur « noix de pécans au Bourbon », et un brownie :

Ces biscuits sont appelés en anglais « pecan sandies » où sandie veut dire la même chose comme sablé. Ça devrait vous expliquer quel genre de biscuit ils sont. Alors, un peu sec et un peu dur, mais c’est exactement ce à quoi on devrait s’attendre. Ils sont certainement faits correctement.

J’aimais mieux le brownie. On doit toujours avoir peur que les boulangers américains utiliseront du margarine au lieu de beurre dans une telle recette, mais pas besoin de s’inquiéter avec celui-ci !

Ma seule plainte, c’est les prix. On peut pas faire trop de comparaisons avec Moulin, car les styles sont différents, mais 7 $ pour ce brownie est plus que je payerais chez Moulin pour une tarte individuelle (5 $). Mme Fournier est sans doute une pâtissière douée, mais bien que la qualité soit là, le rapport qualité prix n’y est pas. Peut-être qu’avec de plus grandes quantités, ça arrivera.

Qualité : Au-dessus de la moyenne

Bon marché : Sous la moyenne

Recommandation : J’y retournerais

Nos pires fromages, votre faute

En 2020, avant de commencer à écrire ce blog, je m’exprimerais parfois sur un site appelé Quora. C’est un site où on peut demander des questions sur n’importe quel sujet, et les utilisateurs écrivent des réponses. J’y étais actif en anglais à partir de 2012, mais le site est devenu plein d’escrocs. C’était mieux en français qu’en anglais, mais c’est de moins en moins le cas alors bien que j’y aie fait quelques belles connaissances, je ne m’intéresse plus à écrire là-bas. Je mentionne ça parce que la chose la plus populaire que j’y ai écrit, c’était sur la question « Que fait la France mieux que les USA ? »

À moins que ce soit votre première visite ici, rien de ce que j’ai écrit ne vous surprendra. Mais ma réponse attire toujours deux sortes de commentaires : 1) Vous êtes con, je me suis expatrié avec plaisir, ou 2) vous avez oublié quelque chose. Il y a en fait une troisième sorte, que j’adore, un peu analphabète — pourquoi est-ce que vous vous êtes expatrié si vous vous sentiez comme ça ? Ces gens ont raté ma toute première phrase, mais l’erreur me fait chaud au cœur.

Mais je ne vous dis pas tout ça pour parler de Quora, sauf pour la chose que j’entends la plus souvent que j’ai ratée. C’est le fromage. Comme le Général de Gaulle a dit, « Comment voulez-vous gouverner un pays où il existe 258 variétés de fromage ? » Et c’est vrai, nous avons beaucoup moins de variétés de fromage, et les plus communs sont aussi les pires. En fait, c’est illégal d’appeler le truc le plus commun « cheese » (fromage) — il faut l’appeler « cheese product » (produit fromagesque ? au fromage ? fait semblant du fromage ? Difficile de choisir.). On l’appelle « American cheese » et l’emballage dit « Fait toujours avec du lait », parce que sinon personne ne le saurait (c’est plein d’huile végétale). Les marques les plus connues du fromage américain sont Kraft et Velveeta, et les deux appartiennent à Kraft Heinz, une entreprise américaine.

Remarquez, s’il vous plaît, que le Velveeta n’est même pas gardé au frigo :

C’est donc quoi le problème ? J’ai récemment trouvé cet article (en anglais), qui parle de deux usines dans le Wisconsin, d’une entreprise appelée Bel Brands. Et qui est le propriétaire ? C’est Fromageries Bel, qui fait partie du Groupe Bel. Allons-y, on va faire le tour de ce que vous nous avez fait.

Voilà, la « boule de fromage aux amandes » Kaukauna, en versions « nature » et « au Porto ». Pendant des décennies j’ai refusé de goûter du vin Porto, parce que je pensais qu’il avait le même goût que ce truc.

Cet autre fromage appelé Kaukauna était anciennement connu sous le nom « Wispride » (c’est à dire « Wisconsin pride » ou « fierté du Wisconsin »). Ma mère préparait des sandwiches avec ce fromage et de la fausse charcuterie « bologna » quand j’étais au primaire. Ça fait plus de 30 ans depuis la dernière fois où je l’ai mangé. Pas assez.

Et maintenant on arrive vers deux produits avec des étiquettes familières. Mais il y a des différences. D’abord, tout le monde connaît « La Vache Qui Rit ». En anglais, elle s’appelle « Laughing Cow. »

Mais qu’est-ce que ça dit ? « Made with REAL CHEESE » ou « Fait avec du VRAI FROMAGE ». En France, il n’y a que 4 ingrédients : LAIT frais écrémé pasteurisé réhydraté 49% (origine : France), FROMAGES, BEURRE, concentré des minéraux du LAIT. Aux États-Unis ?

Cheddar, Semisoft and Swiss Cheese (Pasteurized Milk And Part-Skim Milk, Cultures, Salt, Enzymes), Whey, Milk Protein Concentrate, Water, Skim Milk, Sodium Polyphosphate, Tricalcium Phosphate, Salt, Citric Acid.

Laughing Cow

On pourrait dire « FROMAGES » pour les deux premiers, comme la liste française. Mais il y a trois conservateurs dans ce fromage qui n’existent pas dans la version française. Et pas de beurre. C’est un produit inférieur.

Finalement, vous connaissez celui-ci :

Mais qu’est-ce que ça dit sur chaque boîte ? « 100% REAL CHEESE » ou « 100 % VRAI FROMAGE ». Encore une fois, on l’aurait pas su. Il n’y a que 4 ingrédients dans la version française — et 5 chez moi. La différence est encore prononcée « de l’huile végétale ».

Il faut que j’avoue que le Kaukauna existe depuis 1928, bien avant l’arrivée du Groupe Bel aux États-Unis. Mais vous contrôlez ce fromage maintenant — vous pourriez nous sauver !

Le secret de Chantilly

Je vais rompre un peu l’un des trois règles du blog, de mon premier post : PAS D’ANGLAIS. Ne vous inquiétez pas, ce post sera tout en français, comme d’hab. Mais je vais vous parler d’un livre, disponible également en les deux langues, que j’ai dû lire en anglais (parce que c’était offert gratuit par Amazon — pour tous, je n’ai reçu rien de spécial). C’est « Le Secret de Chantilly », en anglais « The Secret of Chantilly, » par Laura Rahme, dont j’ai fait la connaissance il y a quelques jours sur Twitter après elle a trouvé mon dîner à l’honneur d’Antonin Carême. C’est l’un de mes rencontres le plus chanceux depuis le début de ce blog. J’ai bien profité du livre, et lui donne ma recommandation la plus enthousiaste.

Les images ©️Laura Rahme

Ce ne sera pas une critique comme pour les films. En premier, c’est un nouveau livre (sorti le 28 juillet 2021) ; par contre, si vous n’avez pas déjà vu des films qui ont tous de 10 à 70 ans, c’est de votre faute. Pour autre chose, je respecte trop ce qu’elle a fait pour gâcher tout ce qui se déroule dans le roman.

Alors, qu’est-ce qu’elle a atteint ? Il était une fois, on s’attendait qu’un auteur pourrait écrire dans la peau de ses personnages, que l’on pourrait écrire avec sympathie des personnages qui ne font pas partie de la même identité que celle de l’auteur. De nos jours, surtout dans le genre « gros bébé jeune adulte » (mes excuses aux bébés), ce n’est plus le cas. Et en plus, il y a certaines identités dont l’auteur est obligé de les mépriser, de peur qu’on croie qu’il fait partie d’un groupe impopulaire. C’est exactement ça où Mme Rahme a réussi le plus fortement. Je vous donnerai un exemple.

On ne sait pas trop de la jeunesse de Carême. On peut dire qu’à l’âge de 10 ans — ou peut-être 8 — il a été abandonné par ses parents, puis il est devenu stagiaire à la « Fricassée de Lapin », où il travaillait pendant 6 ans. Mme Rahme invente une histoire plus dramatique qui arrive au même point, mais en plus, elle décrit — avec sympathie — la foi religieuse du propriétaire, même au temps de la Culte de la Raison. Je ne sais pas s’il existe des sources qui soutiennent ce portrait. Mais je sais maintenant, après avoir lu son blog, qu’elle a souffert sous la main d’un vrai hypocrite religieux dans la vraie vie. Il aurait été très facile d’avoir écrit le même personnage dans son livre. Beaucoup de monde l’auraient même préféré, parce que dans leur monde Manichéen, tous ceux qui ne partagent pas chacun de leurs avis sont complètement méchants. Il s’avère que notre héros, Carême, paye un prix pour sa propre fidélité à cet homme religieux — mais s’il y a une faute, c’est à Carême pour ses propres choix.

Quelque chose d’autre qui m’a bouleversé, c’est la fidélité à l’histoire connue. Je dirais qu’il y a une certaine « tendance Netflix » — toutes les relations doivent être sexuelles. Chez Netflix, « Je t’aime bien » ne veut dire rien que « Baise-t-on ? », surtout entre deux personnes du même genre. Les jeunes, qui ne savent rien des genres d’amour selon Platon, s’attendent à ce que tout soit selon des idées modernes. Et au début, je croyais que c’était exactement ça qui allait arriver. Je dois vous dire, j’ai eu tort. Complètement tort. Et pour ça, je félicite Mme Rahme. Elle a écrit un roman historique qui n’est pas une fantasme moderne.

En plus, on apprend en le lisant. Par exemple, je ne savais pas que la pâte à choux était anciennement connue sous le nom « pâte à chaud ». Ou l’origine des tours quand on parle des « tours simples » et des « tours doubles » en fabriquant de la pâte feuilletée. Ou d’où vient le nom des babas. On rencontre beaucoup de personnages historiques importants, comme Germaine de Staël et Grimod de la Reynière. Je comprends bien maintenant pourquoi elle a le soutien du Château de Valençay. Mais on apprend aussi des histoires malheureuses, par exemple celle de Mme de Lamballe (inconnue chez moi). Elle n’a pas peur de parler honnêtement de l’histoire ; c’est un crédit chez elle.

Pour conclure, je dirais que bien que l’on ne se connaisse pas, « Le Secret de Chantilly » est plein de l’esprit d’Un Coup de Foudre — surtout de l’amour de la France et de l’authenticité. On parle en anglais des « accidents heureux », et celui-ci en est certainement un. J’ai hâte de lire plus de l’œuvre de cette auteure.

Le resto de M. M. Pokora

(Pardonnez-moi le titre, mais je ne savais vraiment pas quoi faire pour rester respectueux. Et peut-être que je l’ai aussi trouvé drôle.)

Aujourd’hui, j’étais à Los Angeles pour une IRM. Ne vous inquiétez pas trop, je n’ai pas de nouvelles blessures, c’est pour un nouveau spécialiste de la douleur. Mais pourquoi y aller ? Il n’y a aucune machine plus près de chez moi ? Oui, mais j’avais deux raisons : 1) le rendez-vous le plus tôt y était disponible, et 2) je pense toujours à vous faire plaisir, j’ai donc suivre cette nouvelle du Consulat français. Vendredi dernier, Monsieur M. Pokora était à Los Angeles pour ouvrir son nouveau resto… italien. Et c’était à seulement 2 km du cabinet médical. Quelle chance !

Le resto, Pasta Corner, est dans le « Farmers’ Market » (marché des fermiers). C’est le genre d’endroit que je suis certain serait appelé « Les Halles » si c’était en France. Ça fait une décennie depuis la dernière fois où je l’ai visité, et j’y ai trouvé beaucoup de surprises merveilleuses. On va donc faire un tour, et à la fin, je donnerai ma critique du resto.

Voici l’entrée du marché :

À gauche, il y avait la meilleure surprise de l’année. Peut-être que je devrais changer d’avis sur LA… nan ! Jamais ! (Il était une fois, j’y ai été volé sous la menace d’un couteau.) Mais Monsieur Marcel a vraiment mon attention, et j’y reviendrai pour la série « Je critique ». Ils ont une charcuterie :

Et un petit bistrot :

Et une jolie pâtisserie :

Et une épicerie PLEINE de produits français, où certains d’entre eux je ne peux même pas trouver chez myPanier ! Voilà surtout la collection de couteaux Opinel :

Si vous n’imaginez pas que j’avais des larmes aux yeux en regardant tout ça, vous devez être nouveau ici.

M. Pokora n’est pas la seule star qui a un resto au marché. Connaissez-vous Danny Trejo ? Pas moi, parce qu’il ne joue jamais dans des films français — j’ai dû demander à un ami français quels films il a tournés ! En tout cas, voilà sa taqueria, comme on dit en espagnol.

Le marché existe depuis 1934, et certaines des boutiques ont presque le même âge. Voilà Bob’s Coffee & Doughnuts (depuis 1947), et Du-Par’s (depuis 1938). Bob’s n’est pas mal, mais je vais vous dire la vérité sur Du-Par’s. C’est le resto le plus nul dont j’ai jamais visité. Ils sont célèbres pour leurs tartes, qu’on trouve dans le dictionnaire à côté du mot « OK », mais le reste est complètement nul. Vous étiez prévenus.

Il y a une crêperie, mais je ne l’ai jamais visitée :

Il y a aussi une nouvelle boulangerie, Michelina, qui a un menu très français malgré le nom italien. Remarquez, s’il vous plaît, la jolie galette des rois :

À ce point, j’ai encore plus le mal de pays, c’est donc le temps de manger de la cuisine italienne. On arrive enfin à Pasta Corner. C’est un joli petit resto, avec plein de choix :

Selon la carte, c’est le « rigatoni all amatriciana » qui est la pâte préféré de Matt. C’est la seule preuve qu’il est le propriétaire (en dehors des photos du consulat). J’ai demandé au caissier, qui m’a dit qu’il ne voulait pas que ce soit un « resto célébrité ». Au fait, le consulat a mentionné une pâte flambée dans une grande roue de fromage Parmesan. Voilà la roue :

Mais, je ne voulais pas goûter une pâte qui coûte 27 $ à un resto à emporter. J’ai donc commandé la bolognaise pour 20 $.

C’était très agréable — délicieux et une bonne quantité. Je fais maintenant assez de confiance à eux que je goûterais le plus cher plat, mais la prochaine fois où je suis là sera carrément pour visiter Monsieur Marcel. Si vous pouvez lire ce blog (et c’est évidemment le cas) et vous n’avez pas envie de tous ces trésors français, Pasta Corner est un bon choix si vous êtes dans le coin.

La qualité : Bonne

Bon marché : Moyen

Recommandation : J’y reviendrai

Le pain d’épices de Gertwiller

La dernière fois où je suis allé chez myPanier, j’ai acheté une boîte labellisée « Les Glacés de Gertwiller ». Ce sont un genre de pain d’épices, soit glacés soit chocolatées. Voilà :

Ces biscuits viennent du Bas-Rhin, du petit village de Gertwiller (1 252 habitants en 2018). J’ai horriblement envie de visiter Strasbourg et ses fameux marchés de Noël, et Gertwiller n’est qu’à 32 km de cette ville-là. Ce soir, nous les avons goûtés.

Oups.

La boîte, elle est belle, hein ? Mais j’aurais dû savoir ce qui arriverait avec une boîte tamponnée « Janvier 2023 » en 2021. C’est dommage, parce que l’idée, elle est aussi belle. Je voulais tellement les aimer. Mais la belle boîte, elle avait probablement le même goût que les biscuits. (Je ne l’ai pas vérifié.)

Si on visite Gertwiller, on pourrait visiter le musée de cette entreprise, Fortwenger, appelé Le Palais du Pain d’Épices. Ne le confondez pas avec le Musée du Pain d’Épices, leur concurrent. Perso, j’ai du mal à comprendre pourquoi on voudrait goûter n’importe quel aliment qui restait dans un musée, mais personne ne me demande jamais rien.

On revisitera ce genre de pain d’épices. Impossible de laisser tomber après cette expérience.

Le dîner de Noël avec l’Alliance Française

Hier soir, j’ai assisté à un dîner sponsorisé par mon Alliance Française locale. Ce post est deux choses : 1) une mise à jour de mon article sur Moulin, parce qu’ils ont agrandi leur espace et servent des repas à table maintenant, et 2) une plainte sur le mauvais comportement de certains qui ont complètement gâché ma nuit.

D’abord, le nouveau espace de Moulin (à côté de la boulangerie) est tellement beau. Comme leur boulangerie, il est plein de vieux panneaux et affiches. Nuit, c’est un régal pour les yeux.

Je ne vais pas vous dire que leur pain est mieux que ce qu’on trove en France, mais ça ne manque rien.

Voilà la carte — puisque le dîner a été pour un grand groupe, il n’y avait pas trop de choix. Mais ils ont aussi un plus grand menu. Quant au vin, je sais seulement que c’était un Côtes-du-Rhône, et c’était 8 $ le verre. Un peu cher pour un vin inconnu, mais habituel ici.

J’ai commandé la salade frisée, le poulet au champagne, et la tarte aux pommes. J’ai complètement oublié de prendre une photo de la salade. ([Ignorez le gros con. Il n’avouera jamais qu’on mange les mêmes trucs. — M. Descarottes.]) Tout était très bien. Pour 45 $, le prix fixe pour ce soir-là, c’est pas un bon marché, mais ça vaut l’argent.

Je souhaite que je pourrais vous dire que la compagnie pour la soirée était également bonne. Mais ce serait un mensonge. À un côté de moi, une Française passait son temps en envoyant des SMS avec son portable. J’avoue, elle me connaît déjà un peu, et je crois qu’elle ne m’aime pas parce qu’on est des opposés. Elle travaille dur pour ne pas avoir aucun accent (au fait, c’est une réussite), et elle dit à n’importe qui que c’est parce qu’elle ne veut que personne sache qu’elle vient de France. Elle n’est pas la seule de ce genre que je connais, mais ces personnes ne comprennent pas que je ne les déteste pas du tout. Je les comprends parfaitement. C’est juste que l’on a envie de voyager dans la direction opposée. On dirait en anglais que l’herbe est toujours plus verte ailleurs.

Mais l’insulte de l’année est venue de l’homme en face de moi. Je dois vous expliquer que je suis, comme on dirait en anglais, « un poisson en dehors de l’eau ». D’habitude, ceux qui rejoignent l’Alliance Française sont soit des jeunes qui veulent voyager, soit des retraités qui veulent revivre de vieux souvenirs. Je n’y connais personne dans la quarantaine. Mais quand l’homme de 60 ans a dit à la femme d’environ 30 ans à mon autre côté qu’il n’y avait pas de célibataires à la table, en me regardant, je voulais dire à cette espèce de ([censuré pour garder un blog tous publics — M. Descarottes]). C’est pas sa faute que je me suis marié avec la seule femme qui a accepté un premier rendez-vous avec moi. Mais il m’a déjà rencontré. Et après ce moment-là dans la conversation, c’était bien évident que cette femme ne voulait plus me parler bien que je n’aie pas essayé de la draguer. Pas du tout. Merci beaucoup à ce monsieur pour m’avoir rendu invisible. C’est toujours comme ça, et je n’apprécie pas l’aide.

Mais finalement, cette note est pour le nouveau resto de Moulin, pas mes « compagnons » du soir.

La qualité : Au-dessus de la moyenne.

Rapport qualité-prix : Au-dessus de la moyenne.

Recommandation : J’ARRIVE !

Extraordinary Desserts à San Diego

Avant de partir en France, je voudrais vous montrer d’où vient mon inspiration. Cette pâtisserie n’appartient pas à quelqu’un français, mais la propriétaire a peut-être plus de droit à appeler son entreprise « française » que n’importe qui d’autre. Je vous présente Karen Krasne et la meilleure pâtisserie de la Californie du Sud, Extraordinary Desserts. Voilà mon gâteau préféré de tous les temps, le Gianduia :


Mme. Krasne a plusieurs diplômes de l’école de Gaston Lenôtre, et était élève personnel de M. Lenôtre et de Pierre Hermé. Quand je vous ai dit que le chocolat Valrhona est ma madeleine de Proust, c’est parce que j’ai grandi avec ce chocolat-là grâce à elle. J’étais à sa pâtisserie aujourd’hui avec ma fille, et j’ai pris quelques photos pour partager avec vous. Je suis prêt à trouver mieux chez Pierre Hermé, mais je doute qu’elle doive s’excuser par rapport avec n’importe qui d’autre.

On ne trouve pas trop des classiques chez elle — pas de Saint-Honore, de Paris-Brest, de gâteau opéra. Mais il n’y a aucune question qu’elle travaille fortement dans la tradition. Je vous ai dit qu’il y avait trois chefs qui m’ont appris à aimer la cuisine française. Mais c’est Mme. Krasne qui m’a appris que c’est également de l’art.

Qualité : Supérieure.

Bon marché : Un prix cher pour un produit supérieur.

Recommandation : J’ARRIVE !

myPanier à Lake Forest

Plus je cuisine, plus j’ai besoin d’ingrédients authentiques. Cette semaine, j’étais absolument désespéré pour la moutarde Dijon de Fallot, après avoir écrit de leur moutarderie. Et vous allez bientôt voir que ce n’était pas du tout nécessaire — mon dîner costalorien n’aura pas besoin de moutarde. Mais en cherchant cette moutarde, j’ai découvert mon nouveau lieu préféré dans le comté d’Orange entier, myPanier.

Il n’y a pas trop de vous montrer. C’est juste un entrepôt, et il n’y a aucun magasin pour faire vos courses. On commande sur Internet, puis ils expédient votre commande, ou si vous habitez proche, vous pouvez récupérer votre commande à leur comptoir. Voici le seul panneau de leur bureau :

Mais ne vous trompez pas ! C’est le meilleur rapport qualité prix que j’ai jamais trouvé. Voilà une comparaison entre Amazon et myPanier :

Petite différence, hein ? Il n’y a pas de question — je suis complètement loyal à myPanier !

La qualité : Ça dépend du produit. Leur service, haute.

Bon marché : HAUT.

Recommandation : J’ARRIVE !