Archives mensuelles : septembre 2022

Je découvre la Mayenne

On continue maintenant le Tour avec le 53, la Mayenne. C’est le département le vingt-sixième moins peuplé et les habitants se nomment les moutarde-et-tournesoliens mayonnaise mayennais. C’est notre troisième séjour dans le Pays de la Loire.

Voilà, même mon correcteur galère avec ce gentilé :

Le département doit son nom à l’ancien province du Maine, qui faisait de son tour partie de l’ancienne territoire angevine. On penserait qu’avec sa population francophone, notre état du Maine aurait été nommé à l’honneur du Maine, mais en fait, il n’y a aucune preuve écrite.

On commence à la préfecture, Laval. Ici, on trouve le Vieux Château, construit au fil du temps du XIe au XVIe siècle. On peut visiter le château lui-même, mais il abrite aussi un musée, le Musée d’Art Naïf et des Arts Singuliers. Laval est le lieu de naissance de Henri Rousseau, dit « Le Douanier » à cause de son métier, devenu peintre majeur de l’école naïve. Le groupe Lactalis vient de Laval et peut-être que leur musée, La Cité du Lait, vaut une visite aussi.

Au sud-ouest de Laval, on trouve le musée très inhabituel de Robert Tatin, un sculpteur et architecte contemporain. On finit notre séjour lavallois au Château de Craon, pour se promener dans son parc de 47 hectares avec de nombreux jardins. Le château lui-même est très beau et vient du XVIIIe siècle, fini en 1779, juste avant, disons, la fin de l’époque où les nobles construisaient des châteaux. D’habitude je ne fais pas de pubs pour personne, et ils ne m’a pas payé pour dire ça, mais on peut s’y marier, et je le trouve par-faite. (J’ai pas le droite à ces photos-là.)

Au nord du département, on visite le village de Pontmain, réputé d’être le lieu d’une apparition de la Sainte-Vierge en 1871. L’Église catholique la reconnaît (pas toujours le cas ; voyez Medjugorje), mais les croyants ne sont pas obligés d’accepter les apparitions modernes. De nos jours, il y a un sanctuaire consacré à l’apparition, et on le visite pour ses nombreux vitraux. Puis on visite le Mont des Avaloirs, le point le plus haut de la Mayenne (à 417 mètres ; c’est pas les Alpes ici), pour sa vue panoramique et un belvédère d’observation très intéressant. Notre prochain arrêt est le village de Château-Gontier-sur-Mayenne ; là, on trouve 15 monuments historiques, dont un château du XIIIe siècle, et un ancien couvent des Ursulines du XVIIe siècle. Puis on visite Sainte-Suzanne, malgré le nom un des Plus Beaux Villages de France. Ce village est réputé pour avoir défi Guillaume le Conquérant, mais avec ce nom, c’est un miracle qu’il a survécu la rencontre tout court ! Ne me laissez pas continuer de cette façon. Là, on se promène sur les remparts, visite le Centre d’Interprétation de l’Architecture et du Patrimoine, et visite aussi le dolmen des Erves, le plus vieux monument de la Mayenne.

À Évron, on visite la Basilique de Notre-Dame-de-l’Épine, un site religieux depuis le VIIe siècle, avec de l’architecture gothique. Une communauté de moines y habite toujours. À Jublains, on visite les ruines d’une ville gallo-romaine, Noviodunum, et leur Musée d’Archéologie pour du contexte. À Fontaine-Daniel, on apprend l’histoire du produit local, les Toiles de Mayenne, un tissu haut de gamme labellisé Entreprise du Patrimoine Vivant. On finît à Saint-Pierre-sur-Erve pour faire une balade sur leur pont du Moyen-Âge et explorer la Petite Cité de Caractère.

Qui sont les personnages les plus connus de la Mayenne ? Alfred Jarry, l’écrivain qui a inspiré la chanson des Beatles « Maxwell’s Silver Hammer, » est né à Laval. Le cardinal Mazarin était duc de la ville de Mayenne à partir de 1654 jusqu’en 1661. La famille Besnier, les fondateurs du groupe laitier Lactalis — j’ai du beurre Président dans mon frigo — vient de Laval. On a parlé en haut des artistes Henri Rousseau et Robert Tatin. De nos jours, c’est le Prince Albert II de Monaco qui porte le titre de duc de Mayenne.

Quoi manger en Mayenne ? Le fromage Port-Salut tire son nom de l’abbaye du Port du Salut. De nos jours, les droits au nom appartiennent au Groupe Bel. Le fromage Saint-Paulin a une histoire similaire, et les deux n’ont pas de origine protégée, alors on peut les trouver fabriqués ailleurs. Par contre, le fromage Chaussée aux Moines est produit uniquement à Craon. Le fromage Le Trappe de La Coudre vient de l’abbaye du même nom à Entrammes. Le département lui-même offre un guide avec 53 recettes locales, avec des produits locaux en vedette. En plats principaux, on trouve de tels plats que le pavé de truite de Parné-sur-Roc au beurre d’aneth et la cuisse de canette au miel. En dessert, il y a une spécialité, la bourdaine, une pomme emballée dans une pâte feuilletée. Ça me rappelle la rabote picarde, notre dessert de l’Aisne.

Le Chesterbelloc

Je n’allais toujours pas écrire cet article, sur mon écrivain préféré et son meilleur ami, mais peut-être que vous avez déjà entendu parler du fait que Mme Meloni est fan de l’écrivain britannique G.K. Chesterton. Et Tolkien. Ou pas. C’est tout à coup un « scandale » ici, car ça convient certains qui avaient déjà une dent contre les deux. Mais je ne trouve aucune mention dans Le Monde, Le Figaro, L’Obs, ou Libération, mes 4 sources habituelles pour un sondage vite de l’éventail des avis français. Néanmoins, je n’ai vraiment pas besoin d’excuse pour vous présenter M. Chesterton, l’écrivain qui m’a fait ce que je suis.

G.K. Chesterton, Auteur inconnu, Domaine public

J’ai écrit « Le Chesterbelloc » car il est impossible de parler de M. Chesterton sans mentionner son ami Hilaire Belloc, et les deux étaient connus sous ce nom composé des leurs. On parlera plus de M. Belloc quand on atteindra ses Yvelines natales, sauf pour un poème bref.

Ces auteurs font partie d’un mouvement intellectuel en Angleterre de l’anglicanisme vers l’Église catholique. Ça a commencé avec la conversion du futur cardinal Saint-John-Henry Newman en 1845, et son autobiographie spirituelle, Apologia Pro Vita Sua. Ce livre est le modèle de tout ce que j’essaye d’être, et c’était une grande influence pour Chesterton et Belloc. De leurs tours, ce livre a aussi influencé Messrs Tolkien et C.S. Lewis.

Ce que tous ces auteurs ont en commun, à part de la foi catholique, c’est un sens de l’humour extrêmement français, mais en version également extrêmement britannique. Ça s’exprime en forme de jeux de mots, d’une façon que l’on ne trouve que rarement dans les œuvres de leurs contemporains. Ça les rend très difficiles à traduire.

M. Chesterton s’exprimait presque toujours avec des phrases paradoxales. Par exemple, dans sa propre autobiographie spirituelle, Orthodoxie, il parle de sa théorie de gouvernement (et c’est une métaphore — il n’était pas monarchiste) :

Carlyle was quite wrong; we have not got to crown the exceptional man who knows he can rule. Rather we must crown the much more exceptional man who knows he can’t.

Carlyle avait tort ; il ne faut pas couronner l’homme exceptionnel qui sait qu’il peut diriger le pays. Il nous faut plutôt couronner l’homme beaucoup plus exceptionnel qui sait qu’il ne le peut pas.

Orthodoxie, Chapitre 7, Traduction la mienne

Dans mon roman préféré, Le Napoléon de Notting Hill, il imagine un Royaume-Uni de l’avenir, où il n’y a plus une famille Windsor, mais plutôt un roi choisi par loterie, selon la théorie que c’est plus égalitariste que hériter le trône, et combien de dégâts un mauvais roi peut-il faire ? Il s’avère que la réponse est « Pas mal ! », à cause du nouveau roi, qui a un sens de l’humour aussi absurde que Sartre ou Camus, ou bien Dalí. Il crée un nouveau système féodal selon lequel chaque quartier de Londres reçoit ses propres couleurs et ses propres titres. Tout le monde adulte sait que ce n’est qu’une blague pourrie.

Mais un jeune enfant, Adam Wayne, le prend tout au sérieux — et grandit à devenir conquérant du pays ! Chesterton vivait avant les philosophes existentialistes, mais après les pessimistes allemands comme Nietzsche et Schopenhauer (il écrivait souvent contre « le pessimisme allemand »), et son œuvre est une reproche à leur idée que rien n’a de valeur — qu’en fait l’esprit humain peut trouver de la signification même dans l’absurdité.

Mais je vous ai promis des jeux de mots. Peut-être mon préféré de M. Chesterton vient de son roman, L’homme qui était jeudi (ma traduction), publié en français sous le titre Le Nommé jeudi : un cauchemar. Dan ce roman, un policier, Gabriel Syme, s’infiltre dans un groupe d’anarchistes. Il dîne avec l’un de leurs agents et dit :

« Excuse me if I enjoy myself rather obviously! » he said to Gregory, smiling. « It is new to me for a nightmare to lead to a lobster. It is commonly the other way. »

« Excusez-moi si j’en profite de façon plutôt évidente ! » il a dit à Grégory en souriant. « C’est nouveau pour moi qu’un cauchemar m’amène à un homard. Il m’arrive communément dans l’autre sens. »

Le Nommé jeudi, Chapitre 2, Traduction la mienne

Hélas, ma traduction perd le rythme de son écriture, pour autant que ce soit fidèle. Mais peut-être que vous reconnaissez d’où vient certaines de mes habitudes !

Son ami Belloc était plutôt connu pour ses petits poèmes et épigrammes. Son plus célèbre était peut-être celui-ci écrit dans un livre satirique contre le colonialisme, The Modern Traveller (Le Voyageur moderne) :

Whatever happens, we have got / The Maxim gun, and they have not.

Quoi qu’il arrive, nous, on a / la mitrailleuse Maxim, et ils l’ont pas.

Traduction la mienne

J’en conclurai en vous laissant un indice. À part de leur humour, et leurs valeurs, ce que je trouve passionnant chez leur cercle est les histoires de conversions intellectuelles. C’est pas intéressant si on change de religion pour se faire marier. Je ne dis pas que c’est pas sincère, mais la raison est évidente. Mais ceux qui changent d’identité car ils viennent à croire en autre chose ? J’ai toujours hâte de le comprendre !

Toute droite

Vraiment, l’actualité la plus importante de la semaine reste que j’ai fini le dessert maudit. Mais personne ne l’a mentionné à la rédaction du Canard enchaîné, alors ils ont choisi l’élection italienne pour leur gros-titre.

Je ne connais pas Mme Meloni, et je ne suis pas l’actualité italienne de même façon que la française. Mais je ne suis pas prêt à paniquer. C’est pas ma pratique de faire la polémique ici, et je n’ai aucune intention de commencer. Il y aura bientôt une critique ici d’un livre…piquant à cet égard sur la France et ce sera plus qu’assez. Pour l’instant, disons que j’entends le même genre de parler sur mon pays depuis des décennies et je le vois toujours d’une façon très différente que cette analyse.

Bon, c’était pas la seule élection de la semaine dernière ! En Ukraine, il y avait aussi un référendum sur l’annexion des territoires contrôlés par Moscou, géré par les Russes, bien sûr. Aussi légitime que n’importe quelle élection du bon vieux temps soviétique, j’en suis sûr.

Je compatis avec les patients de l’hôpital de Corbeil-Essonnes. Il n’y a aucun école ou université ou employeur des dernières vingt-cinq années qui ne m’ait envoyé une lettre pour me dire « Nous avons perdu vos données ».

Finalement, je ne comprends pas l’idée de ce monsieur. Moi, j’ai complètement coupé le sport à la télé à partir de janvier dernier, mais mes factures d’électricité continuent d’augmenter. Mais je jure, si je dois choisir entre le frigo et mes nouvelles émissions françaises…euh, désolé la télé. C’est le choix le plus français, je crois.

Mais après avoir lu un article sur cette idée, je ne sais pas. Une citation :

S’il n’est pas nécessaire d’éteindre sa télé, pas la plus gourmande en énergie, « on peut par exemple lancer sa machine à laver à 22h plutôt qu’à 19H », explique Delphine Ernotte à l’AFP.

« Crise énergétique : bientôt une « météo » de l’électricité sur France Télévisions », Actualités Orange

Lancer cette machine-là à 22h ? Les voisins vont vous a-do-rer !

Comme toujours, si vous avez aimé ces dessins, abonnez-vous !

Les caisses de Wassy

On finit notre séjour en Haute-Marne, finalement, avec le caisses de Wassy, un genre de meringue. Le nom vient du fait que :

l’on place dans du papier ressemblant à des petites caissettes qui leur a donné leur nom.

Cuisine Terroirs

Je ne vais pas mentir. J’ai pas la moindre idée de quelles sont les petites caissettes. Cette recette vient du XVIe siècle, et malgré ce qui pense ma fille, j’étais pas là. (Sa blague : « Il était une fois » veut dire l’époque quand il y avait des dinosaures, George Washington était le président, et mes parents étaient des enfants !) De toute façon, ce sont des meringues aux amandes en forme de barres. Voilà :

Comment sont-elles ? Dans un mot, décollées. Aussi légères, croustillantes, bonnes avec un café. Mais surtout, décollées de la plaque de cuisson, et j’en suis ravi.

Vous pouvez lire toute l’histoire au lien en haut, mais je veux répéter quelque chose : N’utilisez pas une fourchette pour faire monter les blancs. On n’est pas au XVIe siècle. Le KitchenAid, c’est votre ami. J’ai donc combiné les astuces de Cuisine Terroirs (lié en haut) et Recoin.

Mais j’ai aussi appris que la meilleure chose, c’est de trouver les bonnes caisses en papier. Il s’avère que chez moi, elles ne sont disponibles qu’en ligne. Non, merci. Alors voilà ma solution avec du parchemin et des ciseaux :

Les ingrédients pour les caisses de Wassy :

  • 2 blancs d’œuf
  • 100 grammes de sucre
  • 100 grammes d’amandes effilées

Les instructions pour les caisses de Wassy :

  1. Montez les blancs d’œuf en neige ferme.
  1. Ajouter le sucre et mélanger bien avec soit une maryse soit une cuillère en bois.
  1. Ajouter les amandes effilées et mélanger. J’ai commencé avec 50 grammes car il me semblait qu’il y avait déjà trop d’amandes. Après avoir mélangé, je savais que j’avais tort. Alors j’ai ajouté le reste.
  1. Faire des caisses sur votre plaque de cuisson. Si vous avez le bon papier, mettez un tapis en silicone sur la plaque en avance.
  1. Couvrir avec du parchemin ou du papier sulfurisé.
  1. Faire cuire à 100°C pendant environ 1 1/2 heures. Vérifier les caisses ; les miennes ont eu besoin d’environ 20 minutes de plus pour sécher complètement. On veut les sortir quand elles sont légèrement blondes.

Épisode 28, l’épisode de la maladie

J’ai reçu une belle blague grâce à WordPress aujourd’hui :

Oui, oui, je me suis inscrit il y a dix ans car la maternelle de ma fille avait un blog, et je voulais y laisser des commentaires. Mais c’est pas du tout 10 ans d’écriture ! Au fait, c’est pourquoi je m’appelle « jeliotb » dans les courriels du blog — c’est mon nom d’utilisateur, et je n’ai pas changé en lançant le blog, Eliot étant mon deuxième prénom.

Comme d’hab, on commence avec la blague de la semaine. Je connais plusieurs versions en anglais, et quand je suis tombé sur celle-ci en français, j’étais ravi — certaines choses sont les mêmes partout dans le monde. Nos articles sont :

Il y a aussi À la pharmacie et Mon dîner haute-marnais, mais je suis heureux de lire moins à haute voix cette semaine. On peut l’entendre dans JPP.

Au fait, la tarte au qeumeu du dîner haute-marnais, c’est un petit miracle quant à la glycémie. Je l’ai mangé 4 fois, et après chacune, le niveau de sucre dans le sang était excellent. Les lendemains matins en plus ! J’ai pas envie de la manger tous les jours, mais je voulais le mentionner au cas où.

Si vous aimez ce balado, abonnez-vous sur Apple, Google Play, Amazon, Spotify, ou encore Stitcher. J’apprécie aussi les notes et les avis sur ces sites. Bonne écoute !

Un autre aperçu des coulisses

J’ai raté mon dessert haute-marnais pour la quatrième fois ce soir. Cette fois-ci, je suis bien satisfait que j’ai suivi la bonne recette. La seule erreur cette fois, c’était le choix de la mauvaise plaque à cuisson. (Anti-adhesive ne signifie rien quand on parle des blancs d’œuf. Alors, plutôt que publier un post avec tous mes échecs, je vous offre un aperçu de ce qui se passe parfois chez Un Coup de Foudre. Ce qui est pour vous encourager, même si c’est difficile à voir au début.

Disons que cette recette est un genre de meringue. J’ai fait de nombreux macarons, une recette bien liée aux meringues, mais jamais des meringues elles-mêmes. Mieux vaut faire des erreurs maintenant : quand on arrive dans le Nord, je connais déjà ce dessert-là, et les erreurs ne seront pas acceptables. Alors :

La première fois, j’ai essayé d’utiliser mon batteur plongeant pour battre les blancs d’œuf, dans le verre fournis avec le batteur. Les blancs ont volé partout. Pas de photos, mais c’est la vérité. J’ai peu profité du nettoyage.

La deuxième fois, j’ai cassé un jaune en séparant les blancs des jaunes, et il est tombé dans les jaunes.

La troisième fois, j’ai suivi exactement les conseils d’une recette, qui m’ont dit de monter les blancs avec une fourchette. On est au XXIe siècle, pas le XVIe. Voilà ce qui s’est passé :

Je ne pensais vraiment pas que ces blancs étaient assez montés, mais j’ai fait tout ce que je pouvais avec une fourchette et…bof. Je les ai quand même enfournées, et c’était un échec.

Cette dernière fois, c’est de ma faute pour ne pas connaître vraiment les propriétés des meringues. Voici le produit qui est sorti du four :

C’est presque exactement ce que je voulais faire. Le goût est excellent. Mais demain, je vais ressayer de les sortir — avec un ciseau. Elles sont parfaitement collées à la plaque. Tout ça car j’imaginais que pour une recette qui demandait de les faire en barres, une plaque anti-adhésive avec la bonne forme suffirait, sans besoin des petites formes en papier. Je chercherai les bonnes formes demain.

C’est rare que je refais une recette départementale plus que deux fois. S’il y a des grosses erreurs que je peux corriger, c’est une chose. Si les ingrédients sont trop chers pour racheter, c’est autre chose. Dans ce cas, c’est une recette pas chère — et il y a franchement pas d’autres choix en Haute-Marne.

Je vous dis tout ça car il y a longtemps, je vous ai dit (quand il n’y avait que 3 lecteurs, tous des amis personnels) que je partagerais mes échecs aussi que mes réussites. (Et voilà, mon premier dessert ici était un échec.) Pourquoi ? Parce que cuisiner à la française, c’est difficile. La clé est de ne jamais abandonner. Sauf pour Saint-Pierre-Hermé, qui est né avoir déjà tout maîtrisé, tout le monde doit pratiquer. Et pour ça, pas besoin de honte ni d’excuses.

Les Combattantes

Ce soir, au lieu d’un film, j’ai regardé les deux premiers épisodes des Combattantes. C’est la première fois où j’ai regardé une série fictive à la télé en français. Je dois vous dire, à part du fait que je vous déconseille fortement de la montrer à tous âgés moins de 15 ans (pas les 10 recommandés), cette série porte ma plus haute recommandation. Par contre, mon amie Agathe dit les mêmes créateurs ont déjà fait du meilleur travail, ce qui m’étonne.

ACHTUNG ! SI VOUS NE VOULEZ PAS DE SPOILERS, ARRÊTEZ DE LIRE.

Désolé, mais ce post aura des sentiments moins que chaleureux vers les allemands ([C’est-à-dire, les affaires comme d’hab. — M. Descarottes]). C’est pas juste à cause du fait que cette série a lieu pendant la Première Guerre mondiale (leur faute). On va parler d’une scène qui est choquante. Croyez-moi, j’ai pleuré en la regardant.

Le premier épisode commence à un point de contrôle militaire. Deux voitures passent. La première est conduite par Marguerite, une prostituée. La deuxième est un camion conduit par Jeanne, qui transporte en secret des femmes troublées, dont Suzanne, qui est cachée au fond du camion. Un policier, Compoing, inspecte le camion et trouve Suzanne, alors Jeanne s’en va. VITE.

Marguerite trouve une fille, Lisette, qui marche vers le village de Saint-Paulin pour aller au couvent (devenu hôpital militaire). Elle lui offre de l’amener au village.

Après, Marguerite cherche du travail dans un bordel. En même temps, Mère Agnès du couvent dit à Lisette de dire à sa mère que la famille doit fuire leur ferme car les allemands s’approchent.

Pendant ce temps-là, un certain Capitaine Dewitt est rappelé au service et laisse sa femme, Caroline, chargée comme responsable de leur usine. Sa cauche-mère, Éléonore, n’est pas du tout heureuse de la voir, mais on sait pas toujours pourquoi. On voit le capitaine dire au revoir à sa fille dans une scène de larmes. Si ce monsieur est toujours vivant à la fin de la série, je mangerai mon portable.

Caroline perd ses ouvriers, car le gouvernement les appelle des déserteurs et les commandent de rejoindre l’armée. Tant pis pour l’usine.

Jeanne et Suzanne atteignent la ferme de la famille de Lisette. Jeanne a été blessée par Compoing, et Suzanne prend ses papiers en allant à Saint-Paulin pour trouver des matériels médicaux.

Après que Suzanne est partie, les allemands attaquent la ferme. Ils tuent tout le monde, dont Lisette, sa mère, et Jeanne. Cette scène m’a mis en colère à nouveau. Les cris de Mère Agnès quand elle arrive et trouve les cadavres sont parmi les choses les plus horrifiantes que vous entendrez.

Pour sa part, Marguerite a trouvé un camp militaire française en demandant le secret de ses clients. Est-elle espionne ?

Suzanne rencontre Mère Agnès à côté des cadavres. En ce moment, elle décide de vivre sous le nom de Jeanne Charrier, avec les papiers qu’elle a pris.

L’épisode termine avec Compoing à la ferme. Il trouve « Suzanne », qui est en fait le cadavre de Jeanne, et sait qu’elle n’est pas là bonne femme. On apprend que malgré être policier, son but est de tuer Suzanne pour avoir tué sa femme.

Le deuxième épisode commence encore avec Compoing (comme j’espère que rien ne va pour ce gars), qui cherche Suzanne dans le couvent. Le docteur le sort, car il n’a pas le droit d’y être.

Quand Marguerite sort du bordel, Yvonne, la sœur du patron (Marcel), cherche ses affaires et découvre une carte avec les positions des troupes :

Pendant ce temps-là, Suzanne attend un train qui la livrera en Suisse, le dernier avant la fermeture de la frontière. Elle dit à Mère Agnès qu’elle peut aider en tant qu’infirmière.

Marguerite, à son tour, est pris par des soldats qui la prennent pour une espionne.

On revient à la famille Dewitt. Caroline n’ayant plus d’ouvriers, elle demande à leurs femmes de faire le travail à la place de leurs hommes partis. Elles ne sont pas contentes de Caroline, mais avec ça, elles recevront au moins l’argent dû à leurs familles.

À l’heure de partir pour Suzanne, c’est Compoing qui attend devant le couvent. Mais il est rappelé à Paris juste à temps.

Charles, le frère du Capitaine Dewitt, ne croit pas que Caroline puisse sauver l’usine et demande de l’argent à Marcel :

Mère Agnès a un argument brutal avec le docteur, qui veut retourner des soldats carrément pas en bonne santé mentale au front. Elle prie pour un signe. C’est une scène touchante, et cette actrice est superbe.

Marcel rend visite aux soldats pour chercher la personne qui Marguerite cherchait. Il s’avère que le type est aussi revendeur de drogue. Je le déteste autant que Compoing.

Vers la fin, Suzanne est revenue au couvent. Elle a décidé d’y rester et aider le docteur.

Mais Mère Agnès rend visite aux soldats pour parler de la famille de Lisette, et ils lui disent que la police cherchait une meurtrière, Suzanne, dans l’hôpital. Elle soupçonne « Jeanne ». Pour ma part, je crois qu’il s’avérera que Suzanne n’est pas meurtrière, mais qu’elle a fait partie d’une chirurgie échouée.

Ces premiers épisodes m’ont absolument bouleversé. J’ai peur que tout aille mal pour les meilleurs personnages, parce que c’est déjà clair que c’est une histoire où le mérite n’a rien à voir avec la chance. Mais c’est ça le drame, et souvent la vraie vie. Après tout, les histoires de guerre ne sont pas celles des bisounours.

Au fait, j’ai énormément profité de regarder les pubs. Ouais, d’habitude je les déteste à la maison autant que vous. Mais pour moi, ce sont un petit aperçu de votre quotidien. Je ne connaissais pas du tout les bonbons Knoppers, ni les glaces Nuii. Et celle de SFR, où une fille dit « Chloé fait un live avec un influenceur » et sa mamie répond « On peut en avoir aussi des ‘fluenceurs’ » m’a bien fait rire !

JPP

Ça fait trois jours, et je suis encore plus malade qu’avant. J’ai quatre brouillons mais deux sont attachés à des livres pas toujours finis, un à la Mayenne, et un qui n’est pas en fait le produit d’un délire auquel il ressemble. Mais ce dernier exige toujours plus de travail. En plus, je viens de finir la tarte au qeumeu après 4 repas — c’est assez. La pire chose :

J’ai raté mon dessert haute-marnais ce soir. Trois fois. Et c’était pas compliqué. Vous allez le voir après que je l’aurai refait, et vous allez bien vous moquer de moi. Thomas Edison est censé avoir dit « Je n’ai jamais échoué à inventer l’ampoule, même pas une fois. J’ai simplement trouvé dix mille méthodes qui ne marchent pas. » Il n’y a aucune preuve qu’il a en fait dit ça, mais comme on dit en anglais, « C’est une citation trop belle pour la vérifier. » J’ai pas envie de tester cette recette dix mille fois.

Alors je vais me contenter avec une observation sur mon état actuel. Il y a des mois, j’ai trouvé une conversation familière en ligne :

C’est à peine la seule fois :

Il y en a plein d’autres. Mesdames, je veux vous rassurer que vos homologues ici disent la même chose.

Tout ça, c’est-à-dire que je me sens comme je vais mourir, mais oui, je sais déjà comment ce sera reçu parmi certaines. Comme Calimero, je dis :

À la pharmacie

On dirait en anglais que je suis « aussi malade qu’un chien » — j’ai un joli rhume. Ouais, ouais, un ami, médecin, m’a déjà dirigé de prendre un test covid. Tout ce qui m’est arrivé était d’avoir encore plus de mal au nez. Mais une amie française m’a demandé ce que j’allais utiliser pour me soigner — et je n’ai pas arrivé à trouver les bons mots. C’est une lacune dans les cours comme Duolingo ou Kwiziq — on finit sans la moindre idée de quoi demander à la pharmacie.

Cette pensée m’a donné un cauchemar bien qu’il fît plein soleil :

Moi : Bonjour, M. le Pharmacien !

Lui : Hello, qu’est-ce que c’est que you want ?

Moi : Je parle français, merci. J’ai besoin de cachets.

Lui : Il y a des milliers de cachets ici. Quel cachet ?

Moi : Duolingo m’a juste appris à dire que si je suis enrhumè, j’ai besoin d’un cachet.

Lui : Voilà, we’re speaking English now because you don’t actually know what you’re talking about. (On parle anglais maintenant car vous savez pas de quoi vous parlez.)

C’est un futur trop horrible pour contempler. J’ai donc dû faire des recherches. J’ai cherché les noms des ingrédients actifs sur une pharmacie en ligne — mais j’étais tellement surpris que beaucoup de ces choses n’étaient pas disponibles chez Carrefour. Chez moi, je les achète au supermarché. Si vous voyagez ici, peut-être que ces infos seront utiles.

Pour les douleurs :

Version AméricaineVersion Française
TylenolDoliprane
MotrinNurofen
AspirinAspirine
AleveNaproxène sodique

Pour le nez, le gorge, et les allergies :

Version AméricaineVersion Française
SudafedDolirhume
ClaritinLoratidine
ZyrtecCétirizine
RobitussinToplexil
Robitussin DMDextrométhorphane, et besoin d’une ordonnance

Mais attention ! Aux États-Unis, il y a DEUX versions de Sudafed. Celle que vous pouvez toucher dans les rayons est une arnaque et contient un ingrédient inutile, le phényléphrine. Si vous voulez le vrai médicament, faut parler au pharmacien (mais pas besoin d’ordonnance). Pourquoi ? À cause de cons qui l’utilisaient pour faire de la méthamphétamine à la maison. Pour la même raison, les cachets ont un goût hyper-amer. D’autre côté, la France a bien limité le dextrométhorphane à cause de raisons similaires.

Pour l’estomac :

Version AMéricaineversion française
Alka-SeltzerAlka-Seltzer
ImodiumImodium
Pepto-BismolInterdit
Gas-XMétéoxane
Magnesium citrateCitrate de magnésium

Le Pepto-Bismol, bien aimé aux États-Unis pour le traitement de la diarrhée, contient des sels de bismuth, qui sont interdits en France. Utilisez plutôt de l’Imodium. Les Français ont raison en ce cas — nous avons bien raté celui-ci. Le citrate de magnésium est vendu le plus souvent en France en forme de pilule, qui ne sert pas en tant que laxatif. Dites au pharmacien qu’il vous faut la solution orale. Puis annulez vos réservations pour le reste de la journée. Si vous avez utilisé ce médicament, vous le savez déjà.

Les antiacides :

Version américaineVersion française
Rolaids ou TumsRennie ou Carbonate de calcium
MylantaMarga
PepcidFanotidine

Sérieusement, les amis, vous n’allez pas croire les yeux si vous allez aux États-Unis et faites la comparaison de nos antiacides contres les vôtres. C’est le paradis des antiacides ici. Cette recherche est la toute première fois où je préfère chez moi, où je peux les prendre aux goûts de fruits :

Mais attention avec ce produit — c’est 100 % efficace, mais la dernière fois où j’ai pris une analyse de sang, mon taux de calcium était si haut, mon docteur a pensé que j’avais un cancer. Alors maintenant, j’ignore parfois les brûlures d’estomac.

Les produits féminins :

NOPENOPENOPE. Je sais absolument rien sur ce sujet, comme Paul Taylor. (Mais en fait, nous avons les mêmes marques — Always et Tampax. Après ça, c’est à vous de vous débrouiller. Je dis ça, je dis rien.)

Un coup d’EDF

La grande nouvelle de cette dernière semaine reste les funérailles de la Reine Elizabeth II. On a déjà parlé de ça la dernière fois, alors on va tourner vers ce qui compte : le scandale des baskets ! Agathe demande la bonne question de cette affaire, « De quelle marque ? » Elle plaisante, mais je vous rassure, aux États-Unis, nos journaux diraient plutôt « Baskets de mode, notre Première Dame, icône du style ». J’apprécie — vraiment ! — que la presse française est plus sceptique de pouvoir, même si ce « scandale » est ridicule.

C’était faux aux funérailles elles-mêmes, de toute façon. Le jet-ski, c’est toute autre chose.

Le week-end dernier était les journées du patrimoine, un événement qui m’a donné envie de nougat, mais pas assez (les habitués comprennent). C’est la bonne liaison avec notre grand sujet de la semaine, la pénurie d’électricité à venir.

Peut-être que j’aurais pu faire un meilleur choix, mais je suis toujours bonne poire pour une blague sur les sites de rencontres. Celle-ci traite aussi de la pénurie, et c’est « près de la maison », comme on dit en anglais. Sans que personne ne m’ait jamais offert un rendez-vous en échange, disons qu’il y a pas mal de personnes qui m’ont dit « T’es informaticien ? Dis donc, règle mon ordi ! » (On reprend le vouvoiement immédiatement après, malgré parlant en anglais. C’est un truc de fou qu’il faut voir pour comprendre.)

En 2014, un joueur de football américain, Ray Rice, s’est discuté avec sa copine dans un ascenseur, puis l’a frappée avec un coup de poing. Son équipe l’a soutenu, jusqu’au moment où il s’est avéré qu’il y avait une vidéo grâce à une caméra de sécurité. Il a été licencié et n’a plus jamais joué dans la NFL — mais seulement à cause de la vidéo et tout le monde le sait. J’espère que l’affaire Quatennens ne se déroulera pas de cette façon, où un manque de vidéo suffit pour excuser le comportement.

Je n’aime jamais finir cette colonne sur une histoire triste, alors — ça n’a rien à voir avec Le Canard enchaîné, il m’a juste fait rire :

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