Il y a une chanteuse française qui a vendu plus de 4 millions disques, et habite à Paris — mais il est fortement probable que vous n’en avez jamais entendu parler. Aujourd’hui, je vous raconte l’histoire de la chanteuse francophone la plus écoutée au Japon, Clémentine Mitz. En ce qui suit, je suis également Wikipédia, son propre site, et mes propres recherches sur YouTube.
Malgré mes maigres connaissances de la culture japonaise, je vous mentirais si je disais que j’ai trouvé cette pépite moi-même. C’est à cause d’une question sur le site Quora : « Quelle star française est extrêmement populaire à l’étranger sans que les Français ne le sachent ? » On a répondu avec Pierre Richard, apparemment très populaire à l’URSS à l’époque. Un autre a répondu avec soit Hervé Villechaize soit André Roussimoff, dit « le Géant », mais je crois que ce dernier est très bien connu aux deux côtés de l’Atlantique pour son rôle dans Princess Bride. Mais plusieurs ont répondu avec Clémentine et j’ai dû en savoir plus.
Clémentine Mitz est née en 1963 à Paris, et a commencé sa carrière de chanteuse de jazz en 1988 avec une chanson « Absolument Jazz », sortie en tant que single :
J’ai toute une collection de jazz américain des années 30s jusqu’aux 60s, qui met en vedette Duke Ellington et Joe Williams, ainsi que quelques artistes qui viennent de plus tard, tels que Kevin Mahogany et Dick Hyman. Malgré ça, je suis peut-être la mauvaise personne pour vous dire si une chanteuse française de ce genre est bonne, car — et je crois que je l’ai dit ici avant — je pourrais leur écouter (presque) toutes lire l’annuaire téléphonique à haute voix toute la journée. Même Mme Nakamura si elle évitait son vocabulaire bizarre de Djadja et Pookie. De toute façon, il me semble que cet enregistrement est assez agréable. Pourtant, elle n’a pas connu trop de succès en France.
C’était les japonais qui sont tombés amoureux de sa voix. À partir de 1990, elle est devenue artiste pour Sony au Japon, et a connue du succès avec de tels albums comme « Mes nuits, mes jours ». Avec l’aide d‘un site japonais, j’ai trouvé « Underneath the Apple Tree » (Sous le pommier), un extrait en anglais, reprise d’une chanson que je ne connaissais pas. C’est dépaysant d’écouter une française chanter en anglais pour un public japonais ! Mais sa prononciation est excellente :
Je n’arrive pas à vous expliquer pourquoi les japonais l’aiment plus que les français. Ils ont une petite tradition de jazz qui doit beaucoup à ses origines américaines. Voici Mai Yamane avec une chanson qui ne serait pas hors place dans un bar à Chicago :
Mais j’ai triché un peu. « The Real Folk Blues » est un chef-d’œuvre — qui vient du monde d’animé. Mme Yamane a sa propre carrière en tant qu’artiste, mais cette chanson est connue mondialement parmi les fans d’animé parce qu’elle est parue dans l’une des meilleures séries de tous les temps, Cowboy Bebop.
Et Clémentine a un peu suivi ce chemin aussi. Voici le générique du film Ponyo en japonais :
Elle a enregistré sa propre version en français pour un album dit « Animentine ». Au Japon, les reprises des génériques de l’animé et même des jeux vidéo sont très populaires — c’est logique qu’elle enregistrerait tout un tel album pour son public là-bas :
En 2021, elle a sorti un album en France, ciblé au public français, dit « Quel temps fait-il ? ». C’est un album de reprises de chansons par de tels artistes que Jean Yanne, Serge Gainsbourg, et Jacques Plante. Encore une fois, je l’écoute, je la trouve très agréable, et je me demande pourquoi elle n’est pas mieux connue en France :
Je suppose que je la trouve très sympathique parce que son histoire est très « Coup de Foudre » — malgré l’adresse dans votre navigateur, vous savez que ce blog est 100 % fabriqué aux États-Unis. Moi, j’entends la France dans ses chansons, et c’est très facile d’oublier que l’on est en fait au Japon.
(Image mise en avant : Couverture de « Quel temps fait-il ? », ©️ Clémentine/Wagram Music 2021, tous droits réservés)