Archives mensuelles : octobre 2022

Épisode 33, avec plus de peur

Et si je vous disais que la plupart des posts pour cette semaine sont déjà écrits ? C’est vrai, car il y a trop de choses censées être prévues pour le 1er, alors je dois les déplacer. Non, en fait ça n’est jamais arrivé avant, mais vous comprendrez assez bientôt.

Notre blague cette semaine est la suite de celle de la semaine dernière, les deux faisant partie d’un sketch célèbre aux États-Unis, par Bill Cosby. Dites-moi si vous les avez aimées (ou pas), parce que ça m’aide à décider où faire mes recherches. Nos articles sont :

Sur le blog, il y a aussi les recettes de Mon dîner meusien et une discussion de comment utiliser un dictionnaire japonais.

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Comment utiliser un dictionnaire japonais

Je vais faire quelque chose plutôt loin de nos sujets habituels, vous apprendre exactement ce qui dit le gros-titre. Pourquoi ? Parce que vous savez tous comment utiliser un dictionnaire — mais ça, c’est tout autre chose, une façon de voir le monde complètement différente. Le fait que ça intéressera certains d’entre vous qui aiment les mangas, c’est juste une prime.

Y a-t-il combien de lignes dans ces trois kanjis ?

Un, deux, et trois, d’accord ? Un bon point pour savoir compter ! Ce sont les numéros pareils en japonais, avec leurs prononciations en hiragana (l’alphabet phonétique) et en romaji (c’est-à-dire notre alphabet latin).

Combien de lignes comptez-vous dans celui-ci, nichi, qui veut dire « jour » ou « soleil » ?

« Mais Justin », vous me dites, « vous avez bien perdu la tête ! C’est évidemment un rectangle avec une ligne au milieu, donc cinq ! » Rendez-moi vos bons points, les enfants, car vous avez tort. Il n’y a que quatre lignes ici selon la méthode japonaise (ou chinoise, en fait). Voici comment les compter :

Comprenez-vous comment ça arrive ? On compte le nombre de fois que le stylo est enlevé du papier ; c’est-à-dire le nombre de coups de stylo, ou traits. Il faut juste savoir que la bonne forme pour le deuxième coup comprend un angle droit.

Pourquoi se soucie-t-on du nombre ? Considérez un caractère plus compliqué, composé de 6 traits :

Mais il n’est pas assez de savoir que ça comprend 6 traits. Après tout, on a déjà vu que le numéro 2, ni, a aussi 2 traits. Comment distingue-t-on les comptes ?

Dans ce cas, on peut considérer que nichi, notre soleil, est ce qu’on appelle un « radical », une pièce réutilisable. Il y a évidemment 2 radicaux dans le kanji en haut, et le plus gros est nichi. Avec ça, on peut maintenant chercher notre dictionnaire comme c’est de la magie :

Capture d’écran du site kanji.free.fr

On choisit le radical comme ça :

Capture d’écran du site kanji.free.fr

Puis le nombre total de traits comme ça.

Capture d’écran du site kanji.free.fr

Attention, les dictionnaires ne sont pas tous égaux à cet égard — certains utilisent le nombre de traits en total, et d’autres utilisent le nombre de traits moins le nombre dans notre radical de choix. Les méthodes sont égaux, mais il faut vérifier quelle méthode suit votre dictionnaire. En ce cas, c’est le total avec le radical, mais dans le Robert du japonais-anglais, The New Nelson, on compte pas les traits du radical. De toute façon, voilà nos résultats :

Capture d’écran du site kanji.free.fr

Il n’y a pas trop de choix, « » ? Ici, ね, prononcé « ne », est le japonais pour « hein ». (Il m’étonne que le japonais ne me font pas de gros problèmes avec le français, voiture car croyez-moi, je dis « ne » pour « hein » en anglais tout le temps.)

Alors maintenant nous avons le bon kanji.

Capture d’écran du site kanji.free.fr

On le prononce mune ou shi (selon le contexte d’autres caractères), et ça veut dire « intention » ou « objet » (sens but, pas truc). Mais cette question de contexte, c’est glorieux. Peut-être que vous avez entendu parler de l’un de leurs plus grands journaux, le Mainichi Shimbun ? Voici le titre en kanji :

Capture d’écran de Wikipedia

Mainichi = quotidien, où mai = chaque et nichi est notre soleil d’avant, pour jour. Shimbun veut dire « journal ». C’est littéralement le « Journal quotidien ». Mais voici les noms des jours :

Wikipedia, Noms des jours

C’est dimanche jusqu’à mercredi ici. Le premier, dimanche, c’est nichiyobi. Mais qu’est-ce qui se passe avec notre soleil ? Au début du mot, il est prononcé nichi, et à la fin, -bi. Presque tous les kanjis ont de nombreuses prononciations selon leurs combinaisons, et il faut mémoriser plus de 2 000 kanjis juste pour lire un journal typique. Le japonais lambda ne peut pas lire un journal jusqu’à avoir atteint le lycée. (Moi, j’ai aucune chance.)

Vous voyez, maintenant ? Il me semble que beaucoup de Français pensent que la langue est parmi les plus difficiles au monde. J’ai des nouvelles. Le japonais n’a pas de numéros de personnes pour les conjugaisons, alors leurs verbes sont plus simples, mais il ne m’a fallu que cinq mois pour lire un journal en français. Contre 14 ans, les amis. 14 ans. C’est tout autre monde là-bas.

Illusions perdues

Ce soir, avec les membres de l’Orange County Accueil, j’ai regardé Illusions perdues, un film de 2021 d’après un roman (ou deux) de Balzac. Vous comprenez donc qu’encore une fois, j’ai pas de photos.

©️Gaumont

Mais d’abord, il faut qu’on parle d’un petit vers de mirliton écrit par un poète et fonctionnaire britannique, Humbert Wolfe (lien en anglais), à propos de la presse :

You cannot hope
to bribe or twist,
thank God! the
British journalist.
But, seeing what
the man will do
unbribed, there’s
no occasion to.

Ma traduction (sans espoir de garder la poésie) :

On peut pas espérer
corrompre ou tordre
Bon sang ! Le journaliste britannique.
Mais vu ce qu’il fera sans être corrompu
Il n’y en a pas besoin.

Ce film est deux heures et demie d’explication du sens de M. Wolfe.

J’ai dit que ce film est basé sur un ou deux romans de M. Balzac car il y avait un roman appelé aussi Illusions perdues, partie de La Comédie humaine, mais certains personnages et évènements viennent de la suite, Splendeurs et misères des courtisanes. Pour être clair, ce film change beaucoup de choses pour se concentrer sur un personnage principal différent de celui des romans (il y apparaît, mais n’est pas la vedette).

C’est donc l’histoire d’un certain Lucien Chardon, nom de famille de son père, ou de Rubempré, nom de famille de sa mère. Il travaille comme imprimeur à Angoulême, mais rêve d’être poète. Il a écrit un recueil de poésie, Les marguerites, à l’honneur de son amante, la Baronne de Bargeton, qui lui croit un grand talent. Les deux quittent Angoulême ensemble pour Paris, mais après une humiliation aux mains d’un autre noble, le Baron du Chatêlet, elle le quitte.

Lucien se fait ami d’un journaliste complètement amoral, Étienne, qui le trouve utile. Étienne l’embauche pour écrire des articles scandaleux sur le théâtre et la littérature pour son journal, Le Corsaire. Dans le cadre de « journalisme », où tous les articles sont écrits selon quel cible payera le plus cher, Lucien rencontre une actrice, Coralie, de qui il tombe vite amoureux. Son « succès » sur scène n’est pas exactement faux, mais même les applaudissements sont payés dans ce monde 100 % cynique.

Lucien devient un grand succès lui-même, car il est prêt à écrire vraiment du n’importe quoi, mais il est attrapé dans une lutte de pouvoir entre les Libéraux et les Royalistes. Et franchement, n’imaginez pas qu’un côté est mieux que l’autre. Tout le monde est bien corrompu, acheté, et sans loyauté. Peut-être que Coralie a certaines qualités, mais elle meurt de la tuberculose après avoir gaspillé tout l’argent du couple. (Ne vous inquiétez pas — Lucien arrive à la surpasser en irresponsabilité.)

J’ai pas envie d’être plus détaillé, en partie pour ne pas gâcher ce film, qui est finalement sa propre histoire, et en partie car c’est le truc le plus sombre que j’aie vu cette année, En attendant Bojangles y compris. Mais j’ai une autre plainte, et je m’en fiche si vous dites tous « Ah, bon, enfin, les américains sont tous des bégueules. »

Il y a plus de scènes de sexe dans ce film, que dans tous mes autres films français — combinés. Et elles sont pleines de nudité complète. Il y a très peu laissé à l’imagination. J’écris un blog « tous publics » sens plutôt La guerre des robots que Les Bisonours, mais absolument pas sens Peur sur la ville. Pour autant que j’aie profité de ce dernier, je ne veux pas que ma fille soit jamais scandalisée si elle lit tout ceci un jour. Et franchement, c’est ce que je suis en vrai, un fait qui ne m’a jamais récompensé dans la vie, mais que je n’échangerais pour rien. Sans vouloir m’humilier, j’ai ni besoin ni envie de regarder les ébats des autres. Je comprends assez bien qu’il y a un choix artistique de montrer toute la vie dissolue de Lucien et Coralie, et Lucien et Mme de Bargeton, mais une ou deux fois aurait servi ce but, merci.

Au-delà de ça, le film est très bien joué, tous les acteurs, mais surtout Benjamin Voisin (Lucien), Salomé Dewaels (Coralie), et l’éditeur Dauriat (Gérard Depardieu), font du bon travail, et les costumes sont superbes. En tant qu’adaptation de l’œuvre de Balzac, un maximum de cynisme inégalé sauf peut-être chez certains russes, je doute que l’on trouve beaucoup mieux. Mais c’est pas ma tasse de thé.

Je découvre le Morbihan

On continue maintenant le Tour avec le 56, le Morbihan. C’est le département le trente-est-unième plus peuplé, et les habitants se nomment morbihannais. C’est notre quatrième, et final, séjour en Bretagne.

C’est plutôt étonnant — tous les endroits dans le Morbihan sont deux fois étoilés par le Guide Vert ! Et c’est plus proche de moi que le reste de la France, Bretagne-en-Outre-Mer, je suppose :

En fait, ce Morbihan est en Louisiane, à l’ouest de la Nouvelle-Orléans. Non, je ne le connaissais pas avant de faire mes recherches, mais en fait il me semble que ce serait un endroit très agréable à visiter. Mais revenons à nos moutons.

On va commencer dans la préfecture, Vannes (2 étoiles). Il nous faudra absolument une voiture cette fois, parce que nos destinations sont pas proches les unes des autres. Au début, on visite la Vieille ville (2 étoiles Michelin) — c’est tout ce que j’aime en France, avec les maisons à pans de bois partout, une cathédrale (1 étoile) et des remparts du XIIIe siècle (2 étoiles). Puis on part à 8 km pour la Golfe du Morbihan (3 étoiles) — RÉGARDEZ CETTE PHOTO — avec soixante îles et îlots, le Château de Suscinio (1 étoile, du XIIIe siècle), de l’ostréiculture, et des sentiers pour faire du vélo et de la randonnée. De l’autre côté de la Golfe, on trouve quelque chose d’étonnant, l’Ensemble mégalithique de Locmariaquer (seulement 2 étoiles car le Guide Vert est bon pour la camisole de force, comme dirait Cruchot). Ce Stonehenge breton, construit il y a 4500 ans, comprend de nombreux dolmens, menhirs et le tombeau surnommé la Table des Marchand.

Pouvez-vous voir à quel point je profite d’écrire cet article ? Ça continue !

On continue vers Carnac, où on peut passer par le Musée de Préhistoire (2 étoiles) ou continuer directement à un vrai site de la préhistoire, les Alignements de Kermario (2 étoiles), un autre site de menhirs — un millier en des lignes parallèles ! (Il n’y a pas de Kerluigi, les fans de Nintendo.) C’est le plus spectaculaire de trois alignements, un circuit qui nous occupera pendant 2 heures. Puis on conduit à la Côte Sauvage de la Presqu’île de Quiberon (2 étoiles), pour faire une jolie balade parmi les falaises et les roches. De Quiberon (1 étoile) on prend un bateau vers la Belle-Île (3 étoiles) et sa propre Côte Sauvage (3 étoiles), dont les rochers dits les Aiguilles de Port Coton (2 étoiles), la plage de Port Donnant (2 étoiles) et dans le village de Sauzon, le Musée Sarah-Bernhardt (2 étoiles), consacré à l’actrice et abrité dans d’un ancien fort militaire.

On retourne vers le continent et conduit vers Lorient. Juste avant d’arriver, on passe par la Citadelle de Port-Louis (2 étoiles), érigée par les Espagnols au XVIe siècle, et maison de nos jours du musée de la Compagnie des Indes (2 étoiles). Quant à Lorient, souvenez-vous de Saint-Nazaire en Loire-Atlantique (bien sûr, car vous ne risqueriez de rien rater ici) ? Encore une fois, la star est une base de sous-marins, Lorient La Base (2 étoiles). Mais une base de qui, la Marine française ? Euh, non. Pensez plutôt à la Kriegsmarine. Je sais, je sais. Heureusement, c’est bien repris, alors on visite en gloussant « Reich de mille ans, mon pied ! » Nos sites d’intérêt sont la Cité de la Voile (2 étoiles), où on visite les voiliers exceptionnels d’Éric Tabarly et son musée de la voile, et la base de sous-marins de Keroman (1 étoile), où le sous-marin qu’on visitera est bien français, pas australien. Ou allemand. Après, on part pour l’Île de Groix (1 étoile) parce que je veux visiter l’atelier de production de Groix et Nature, qui produit les meilleures rillettes de poisson que j’ai eues. Finalement, au nord de Lorient, on visite l’Église Notre-Dame à Kernascléden (2 étoiles) pour ses arcades recouvertes de fresques du XVe siècle et ses murailles de l’enfer pour encourager les autres.

Qui sont les personnages les plus connus du Morbihan ? René Descartes, le célèbre philosophe, vivait à Saint-Avé pendant son enfance. Jean-Yves Le Drian, ministre sous plusieurs présidents, est né à Lorient, et y était maire. Bruno Cremer, l’interprète du commissaire Maigret, avait une maison à Hennebont.

Quoi manger dans le Morbihan ? On est en Bretagne ! C’est donc très similaire à l’Ille-et/-Vilaine ou la Finistère, avec les crêpes bretonnes, les galettes de blé noir, du beurre demi-sel partout (surtout dans le caramel au beurre salé). En produits locaux, on trouve les fromages trappiste de Campénéac et trappe de timadeuc, l’andouille de Guémené, les artichauts Camus, et une mélange d’épices, le kari gosse. Peut-être que vous souvenez-vous de notre visite à Americannery et leurs rillettes de poisson ? Tout ça vient de Morbihan ! D’autres plats bretons, il y a le kig-ha-farz (le pot-au-feu breton) et son pain le fars pod, le kouign patatez (un gâteau de pommes de terre), et les moules marinières. Les desserts sont typiquement bretons : le kouign-amann, le quatre-quarts, le far breton, les sablés bretons, etc. Pour boire, il y a une spécialité locale, le cervoise, une sorte de bière aromatisée avec des plantes comme la menthe et le genévrier.

Mon dîner meusien

Pour ce dîner, le dessert a été choisi par le duc Stanislas il y a 300 ans. Il faut absolument faire les madeleines pour un dîner meusien. Je voulais trouver un plat qui n’était pas emprunté aux voisins, et je l’ai trouvé sur le site de tourisme départemental. Je vous présente la soupe de lentilles du barrois, et les madeleines de Commercy :

Notre soupe de lentilles du barrois (la région autour de Bar-le-Duc) est due au site de Meuse Attractivité. Comme d’habitude, je l’ai coupée par deux, car je n’en suis qu’un. Quant aux lentilles, l’idée est d’utiliser les véritables lentilles du barrois, mais la récolte n’est pas trop grande, et elles sont seulement disponibles dans 4 départements. Pour autant que je sache, personne parmi les habitués du blog n’y habitent. (Si j’ai tort, dites-moi dans les commentaires !) Utilisez donc n’importe quelle lentille disponible.

Les ingrédients de la soupe de lentilles du barrois :

  • 175 grammes de lentilles vertes du barrois
  • 1 carotte ou poignée de petites carottes
  • 1/2 oignon
  • 50 grammes de lardons fumés
  • 2 clous de girofle
  • 2 gousses d’ail
  • De l’huile d’olive
  • 8 cl de crème liquide
  • Du thym et du laurier
  • Du sel et du poivre
  • Du persil

Les instructions de la soupe de lentilles du barrois :

  1. Éplucher la carotte et l’oignon, les couper en petits dès, et les mettre dans un faitout.
  1. Faire suer les légumes, sur un feu moyen, avec de l’huile d’olive.
  1. Ajouter les lardons et faire revenir pendant 2-3 minutes.
  1. Ajouter les lentilles et mélanger pendant 1-2 minutes.
  1. Recouvrir le tout avec de l’eau — pour moi, 90 cl a suffi. Piquer les gousses d’ail avec les clous de girofle et les déposer dans la soupe. Ajouter le laurier et le thym.
  1. Porter à ébullition et laisser cuire à feux doux, pendant 30 minutes.
  1. Sortir du feu et ôter le thym, le laurier et les gousses d’ail.
  1. Saler et poivrer selon votre goût. Puis mixer les lentilles, à l’aide d’un mixeur.
    Pendant ce temps-là, ajoutez la crème liquide jusqu’à avoir un potage bien homogène. Écumer selon vos besoins.

Voilà, le résultat :

Le pain est le célèbre pain levain Boudin de Californie. Vous pouvez vous rassurer qu’il a été cuit ce matin, et n’était pas tranché jusqu’au moment où je l’ai acheté. S’il faut vivre à 9 000 km des bonnes boulangeries, c’est le meilleur que l’on puisse faire pour 5 $.

J’espère que personne ne s’est pas trompé sur mon dessert. Il fallait toujours être les madeleines de Commercy. Mais, quelles madeleines ? Il y a des centaines de soi-disant « véritables » recettes. Certaines utilisent du miel, des autres conseillent des parfums différents comme la vanille ou le zeste de citron ou bien la bergamote, et les temps de repos pour la pâte sont variés. Et chacun de ces liens se dit « la véritable ». À mon avis, les miennes sont absolument parfaites, alors voici la énième véritable recette des madeleines de Commercy.

En fait, j’ai largement suivi la recette de Mes inspirations culinaires, avec lequel j’ai eu pas mal du succès au passé. J’ai coupé son temps de repos par deux (1 heure au lieu de 2), et je crois que je n’ai rien perdu. Ce qui compte est que la pâte doit devenir épaisse. Une heure de plus n’est pas nécessaire.

Les ingrédients des madeleines de Commercy :

  • 120 grammes de farine
  • 100 grammes de sucre
  • 100 grammes de beurre
  • 1 pincée de sel fin
  • 2 oeufs
  • 1 jaune d’oeuf
  • ½ zeste de citron ou orange
  • ½ sachet de levure chimique

Les instructions des madeleines de Commercy :

  1. Dans un saladier, râper le zeste de citron.
  1. Ajouter les œufs, jaune d’œuf et sucre et fouetter tout à la main.
  1. Ajouter la farine en trois fois avec la levure chimique. Fouetter après chacune.
  1. Faire fondre le beurre (le micro-ondes va bien), le verser dans la pâte, ajouter une pincée de sel, et fouetter. Certaines recettes utilisent plutôt du beurre demi-sel, mais je préfère contrôler le sel moi-même.
  1. Couvrir avec du film à contact, et laisser reposer une heure au frigo.
  1. Préchauffer le four à 190°C.
  2. Beurrer et fariner votre moule à madeleines.
  1. Remplir les moules à 3/4, environ une cuillère à soupe à chaque puits.
  1. Enfourner pendant 13 minutes. Commencer à surveiller avec la lumière à partir de 10 minutes.

La liste de la peur

J’ai une liste bizarre dans la tête. Cette liste est pleine de choses qui me font peur. On penserait que ce serait plein de trucs dangereux : les tronçonneuses, les lance-flammes, les cobayes. Mais non, cette liste est pleine de trucs encore plus dangereux — des mots et des expressions français.

Ça fait deux ans et demie, et la liste change quotidiennement, ou presque. Mais ce que toutes les entrées ont en commun, c’est que je crois que je me bananerai en les utilisant. Et ce qui me fait peur vous surprendra.

La première fois où je me suis rendu compte de la liste est arrivée avec le mot « tellement ». Vous êtes tellement fou, Justin, n’est-ce pas ? Mais en fait, il y avait une explication logique. La meilleure traduction de « tel » est « such ». La meilleure traduction de « -ment » est « -ly ». Ça marche bien en général : rapidement = rapidly, exactement = exactly, complètement = completely. Mais il n’y a aucun « suchly, » et je n’arrive même pas à décrire ce qui voulait dire un tel mot. Je faisais des efforts pour l’éviter. (Bon, Wiktionary vous donnerez suchly, un rappel que n’importe qui peut l’éditer, et le fait souvent.)

Le prochain était « falloir » dans toute sa splendeur. « Devoir » marche plus ou moins de la même façon que « have to » en anglais, ou bien « deber » en espagnol. Mais il m’a fallu une année entière avant de me sentir à l’aise avec l’utilisation de falloir.

« Car » était un problème jusqu’à récemment, et je n’utilisais que « parce que ». C’était car « car » voulait dire « voiture » en anglais, et ça, c’était déroutant.

Quels sont les mots sur la liste en ce moment ?

  • Il s’agir — Dans mon dictionnaire Oxford, il y a des douzaines d’exemples pour seulement deux sens car c’est bien surprenant à quel point il est difficile d’expliquer en anglais. Je l’utilise parfois dans le présent, mais il n’y a aucun exemple de « il s’agissait » ici. Je crois que je ne l’ai jamais vu au futur. Il s’agit d’un problème que j’ai toujours.
  • Constater — Il me semble que c’est plus ou moins « se rendre compte », « remarquer », ou bien « établir ». Mais j’ai dû mal à écrire une phrase avec ce mot. Je constate qu’il n’y avait aucun exemple ici non plus.
  • Désormais — au début, j’avais l’impression que ça voulait dire « à partir du moment où il est dit ». Mais c’est donc aussi à dire « et c’était pas le cas avant ». Puis je vois des exemples comme « Avec désormais un quart des Européens considérés comme obèses » (Canard enchaîné de 10/5) où ce Tweet de M. Mélenchon, « Félicitations au physicien Alain Aspect désormais prix Nobel. » et il me semble que ça veut dire « maintenant ». Alors je ne l’utilise presque jamais (2 fois ici avant ce post). Vous allez désormais le chercher ici, je le sais.
  • N’importe quel verbe avec s’en — Je m’en fiche si vous pensez que j’exagère. Je viens d’utiliser l’un des deux verbes avec « s’en » en tête où je sais ce que je fais. Je m’en irai avant de dire une autre bêtise. Voilà, l’autre.

Mais il y a des mots qui ne m’ont jamais fait mal à la tête malgré n’ayant pas d’équivalent en anglais. « Manquer » marche d’exactement la même façon que « gustar » en espagnol (même si ce dernier veut dire « aimer bien »).

Malgré tout ce temps, je n’ai jamais dit « On peut se tutoyer ? » à personne. Jamais « ¿ Podemos nos tutear ? » en espagnol non plus. C’est pas la même chose. Je comprends bien comment ça marche, mais je préfère que vous choisissez. (Aussi, je ne peux pas toujours me souvenir de quelle relation j’ai avec certains ; « vouvoyer et prier », je dis.)

(Crédit de photo pour les réseaux sociaux : Molière par Nicolas Mignard, 1658, Domaine public)

Sondage des changements

Je suis en train de penser à certains changements sur le blog et le balado. Au lieu de plonger dans une crise, j’ai décidé de vous demander vos avis. Aucune question n’est obligatoire, et je ne saurai pas qui a laissé quelles réponses. Vos commentaires sont aussi les bienvenus. Le sondage restera ouvert jusqu’à fin octobre.

Épisode 32, de la musique

C’était pas fait exprès, mais plus de posts que d’habitude parlaient de la musique cette semaine. D’une part, le balado est plus court en résultat, car j’ai pas les droits à la musique. D’autre part, j’ai une magnifique blague pour vous cette semaine qui vient du comédien Bill Cosby. Je crois que j’ai fait du bon travail en la traduisant. Dites-le-moi dans les commentaires. Si vous l’aimez, j’aurai la suite la semaine prochaine.

Oh, en parlant de la musique, je ne peux plus voter pour les NRJ Music Awards :

Ceux de l’outre-mer pas non plus, vu que les numéros doivent être en France Métropolitaine. C’est de la discrimination, je vous dis !

Nos articles sont :

Il y a aussi La relation inconnue entre le rap américain et le jazz français et Mon dîner meurthois.

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Les reprises

Il y a une longue tradition d’emprunter des chansons aux autres cultures partout dans le monde. Par exemple, nous deux avons également emprunté « Ô Tannenbaum » aux Allemands — en français, c’est « Mon beau sapin » et en anglais, c’est « Oh, Christmas Tree. » (Au fait, si vous cliquez les deux liens, « Mario Lanza » est la traduction en anglais de « Tino Rossi » en français — sérieusement, les deux occupaient exactement la même place dans les deux cultures.) La chanson de Claude François, « Comme d’habitude », est devenue « My Way » aux mains de Paul Anka et Frank Sinatra. Ces trucs sont bien connus.

©️2020 Polydor

Mais l’année dernière, quand j’ai acheté une collection de Marie Laforêt, j’étais bien surpris par deux chansons, « Il a neigé sur Yesterday » et « Marie douceur, Marie colère ». Le premier m’a rappelé « Yesterday », des Beatles, même si je ne pouvais pas mettre le doigt sur la bonne mélodie. Mais le second était exactement « Paint It Black » des Rolling Stones ! Qu’est-ce qui se passait ? Sans plus d’infos, je l’ai oublié jusqu’à cette semaine, quand on m’a partagé cette chanson de Sylvie Vartan :

C’est bien évidemment « Sweet Dreams » des Eurythmics, mais ces paroles :

Déprime à quoi tu rimes
Avec ton parfum d’aspirine

Paroles.net

viennent d’une autre galaxie ! (Plutôt comme Capitaine Flam.) L’anglais original, c’est :

Sweet dreams are made of this
Who am I to disagree?

Genius

On les a traduites en français sur le site tres utile LyricsTranslate comme ça :

Les beaux rêves sont faits de ça

Qui suis-je pour être en désaccord?

LyricsTranslate

C’est très littéral, ce qui n’est pas à dire que je pourrais faire mieux. Mais on est très, très loin d’aspirine. De toute façon, je l’ai mentionné à des amis, et l’une d’entre eux m’a répondu qu’il m’a fallu écouter ceci :

J’hallucine. C’est la seule explication possible. On parle de la chanson qui a lancé MTV :

La version de Ringo commence :

J’arrive de loin et ma fusée fuit de partout
Je cherche mon chemin pour aller à ton rendez-vous
Mais mon radar et mon moteur ont tourné fous…

Paroles.net

Encore une fois, LyricsTranslate nous aide avec la version originale :

Je t’ai entendu à la radio en 1952

Dans mon lit sans dormir, bien décidé à trouver ta fréquence

J’avais beau être jeune, je te captais très bien

LyricsTranslate

Mon dictionnaire Oxford me dit que « régler sur » aurait été un meilleur choix pour « tuning in » que « trouver » dans la deuxième phrase, mais peu importe. C’est bien évident qu’encore une fois, l’un n’a rien à voir avec l’autre.

Nom de Sam Hill, qu’est-ce qui arrive ? J’ai du mal à trouver une seule explication. Après avoir écouté les chansons de Marie Laforêt en haut, un ami m’a dit qu’à l’époque, sous l’influence du général de Gaulle, les radios français voulaient éviter la polémique. Mais la seule preuve que je suis arrivé à trouver en ce qui concerne la musique et le général, c’est que son gouvernement a « déconseillé » la chanson « Les Ricains » de Michel Sardou. Cette polémique n’a rien à voir les groupes britanniques ! Un long article du Point traite de la chanson de Sylvie Vartan et dit qu’elle avait vraiment besoin d’un nouveau titre à une époque où les reprises connaissaient beaucoup de succès en France. Mais rien suffit vraiment pour expliquer le manque de fidélité aux thèmes originaux, sauf pour les problèmes évidents des traductions littérales en ce qui concerne les mélodies.

Il me semble tout de même que c’est un phénomène du passé. De nos jours, j’écoute NRJ ou RTL sur Internet, et il y a toujours plein de musique en langues étrangères, surtout l’anglais et l’espagnol. Et c’est exactement à ces moments quand je me dis « C’est quoi, tout ça ? J’écoute toujours la radio d’ici ? » Dites donc, à chacun ses goûts, mais c’est exactement ce à quoi j’essayais d’échapper !

Le mauvais nougat

Il ne me fait pas plaisir de l’écrire, mais je dois sauvegarder ma réputation d’obsédé. Cette semaine, j’ai goûté un nougat de Montélimar… que je ne peux pas recommander. Du tout.

Voici deux produits de la nougaterie G. Savin. Ils sont récemment arrivés en stock chez myPanier. Naturellement, bien qu’il me reste 5 barres du nougat Soubeyran, j’ai dû l’acheter. J’étais tellement curieux car en plus des nougats et des calissons traditionnels, ils proposent un sac de nougats aux 5 parfums : pistache, citron, orange, framboise et café.

On commence avec la boîte de nougats et de calissons. J’ai déjà profité des nougats de Soubeyran, de Chabert & Guillot, et des Trois Abeilles. Je recommanderais n’importe quel des trois sans hésitation. Mais ces nougats étaient… humides ? La boîte était bien scellée, il n’y avait aucune question d’être périmé, mais « molle » ne suffit pas à décrire leur texture. Le goût n’était pas mauvais, mais l’expérience n’était pas du tout agréable. Quant aux calissons, ils avaient un goût hyper-amer.

Les nougats aux 5 parfums étaient très différents de ceux de la boîte. La texture était exactement ce que je voulais dans un nougat. Mais quant aux parfums, c’est tout autre chose. (Attendez la fin ; on va retourner à cette phrase.) Les trois goûts de fruits étaient presque exactement comme les parfums des Carambar Fruits. Ce n’est pas une bonne chose. Mais le café est pas mal, en fait, et j’ai sincèrement aimé la version pistache. Malheureusement, il n’y a pas de sac disponible avec uniquement de la pistache.

Heureusement, j’ai appris quelque chose en écrivant cette critique. Hier, le prof d’orthographe Aurore Ponsonnet, qui je suis sur Twitter (non, non, pas comme ça, même si je viens de Californie), a posté un quiz sur les bonnes formes de « tout ». Je l’ai raté. Pas complètement, mais grâce à son fil avec les explications, j’ai appris la règle : « On accorde donc en genre et en nombre l’adverbe « tout » devant un adjectif au féminin qui commence par une consonne ou un « h » aspiré. Il est invariable dans les autres cas. » On écrit donc « tout autre chose », pas « toute ». Si je ne me trompe pas, on écrit aussi « Choisissez tout autre nougat. »