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Les Barbouzes

On revient aux films avec quelque chose d’excellent, sûrement parmi le meilleur quart de mon classement à venir. On parle d’un film signé Lautner, des dialogues d’Audiard, d’après un scénario de Simonin, avec Lino Ventura, Mireille Darc, et Bernard Blier en vedette. Un film avec le meilleur sceau de qualité au monde entier, la fleur de Gaumont. Qu’est-ce que l’on pourrait vouloir de plus ? ([De Funès, Bourvil, et Gabin ? — M. Descarottes]) Taisez-vous, vilain cobaye, on a déjà une recette certaine pour le succès, et elle s’appelle Les Barbouzes.

On commence dans un train quelque part en France la nuit. Il y a une série de tentatives — une embuscade après une autre. Même quand le train arrête, ça continue :

Il s’avère que le cible est un certain M. Bênard Shah, marchand d’armes. Il a bien attiré l’attention de nombreuses agences de renseignements. Puisqu’il habite à Istanbul, plusieurs agents — dits « barbouzes » en argot — viennent au même hôtel à la recherche de ce monsieur :

Un certain homme chinois arrive à l’hôtel et demande de parler avec M. Shah. Quand il monte dans l’ascenseur, un barbouze va avec — et quelques secondes plus tard, il tombe par terre :

Mais M. Shah se pointe mort dans une maison close parisienne :

C’est notre vieux ami Robert Dalban, dans un rôle non-crédité, qui arrive pour aider Lino Ventura, espion français dit Francis Lagneau, à livrer le cadavre à la veuve :

Et quand Lagneau arrive au château de la veuve, on la voit en plein deuil. Ou quelque chose de similaire, la pauvre :

Amaranthe, la veuve, jouée par Mireille Darc, reçoit 4 « amis » de son mari, les barbouzes de l’hôtel. Ils font : un français, un italien, un allemand, et un russe. Ils sont à la recherche de plans secrets gardés par le marchand d’armes décédé. Tous racontent des histoires de leurs relations avec lui, et c’est bien évident qu’ils sont tous de gros menteurs car leurs histoires se contredisent toutes.

Après un peu de temps, où les 4 premiers barbouzes se font des tentatives d’assassinat, un quinzième barbouze arrive, un américain dit O’Brien. Il s’habille mal, parle fort, et sans même pas reconnaître le deuil de la veuve (comme si c’était sérieux !), il parle directement de ses raisons pour y être : « Je paie cash et en dollars ». Vous pouvez imaginer à quel point j’adore les stéréotypes, mais je ne suis pas offensé. J’ai déjà les yeux ouverts ; ça fait partie de la culture et je l’assume.

Les barbouzes européens ne s’entendent pas du tout — rappelez-vous qu’ils viennent d’essayer de se tuer les uns aux autres — mais l’américain les énerve tous, et ils s’entraident à le sortir directement par la fenêtre :

Aux funérailles, un hélicoptère arrive. C’est le chef de Francis. Je le laisse parler pour lui-même :

Ses ordres sont de séduire Amaranthe, car il est bien clair que la France ne peut pas gagner un vent aux enchères des plans. Tous les barbouzes — sauf l’américain — reçoivent exactement les mêmes ordres, à la lettre. J’ai des nouvelles, les amis. Nous ne sommes pas aussi riches que vous en pensez. Mais merci de ne pas me laisser briser les illusions, surtout quant à moi. ([Ils savent déjà. Vous êtes trop avare pour acheter un moule à kouglof. — M. Descarottes])

Avec ce changement, Francis change de stratégie. Il dit la vérité à Amaranthe, et lui montre que l’on les écoute :

Mais l’américain O’Brien n’abandonne pas. Il se cache dans une armoire et double son offre :

Après ce moment, Francis et Amaranthe passent la nuit ensemble. Sa stratégie marche, mais les autres barbouzes commencent à s’unir contre lui. Ils écoutent ensemble avec l’aide d’un micro caché, que Francis découvre et détruit. Ça fait mal à Bernard Blier, un gag qui revient encore et encore entre ces deux dans les films de Lautner et Audiard (Les tontons flingueurs, Faut pas prendre…).

Finalement, Amaranthe dit aux 3 autres barbouzes de quitter son château. Ils jouent un tour pour y rester, mais Amaranthe et Francis s’échappent quand même à Lisbonne, où les papiers sont cachés dans une banque :

Mais les 4 autres barbouzes ont réussi à les suivre :

Il y a enfin une grande lutte entre Francis et O’Brien, qui lui dit « Je vais te foutre par la fenêtre » :

Amaranthe et Francis s’échappent encore une fois, et prennent un train vers Paris. Il y a une reprise du début du film, où de nouveaux barbouzes les attaquent dans le train :

Bien que ce film ait 60 ans, je ne gâcherai pas la fin. Disons que j’ai énormément profité de ce film, et si certaines choses sont un peu un produit de leur temps et à mon avis, reflètent un peu de jalousie, il n’y a rien de haineux. Ce sont une caricature, et on les trouve partout dans le cinéma français. Il faut ajouter que les réalisateurs français n’épargnent jamais leurs compatriotes, alors il serait malhonnête de m’en plaindre. Je recommande Les Barbouzes sans hésitation comme l’un des meilleurs exemples des films uniquement français.

Ne nous fâchons pas

C’était mon amie F qui a fait la bonne chose pour me remonter le moral cet aprèm. Elle m’a rappelé ma petite vidéo de l’année dernière, et après ça, je me suis dit « J’ai besoin d’une bonne comédie comme en 2020 ». Alors ce soir, j’ai regardé « Ne nous fâchons pas », car il me semblait qu’un film avec Jean Lefebvre ne pourrait pas être trop sérieux. Je n’étais pas déçu.

Ce film est un vrai régal pour les amateurs des films français des années 60s. Comme j’ai mentionné plus tôt, c’est un film de Georges Lautner et Michel Audiard, avec Lino Ventura en vedette. Mireille Darc, connue ici pour Pouic-Pouic, Borsalino, Un grand seigneur, et Elle cause, n’apparaît que tard, mais dans un rôle important. Il y a des rôles de camée pour André Pousse, Robert Dalban, et France Rumilly (plus connue comme Sœur Clotilde des Gendarmes de Saint-Tropez). J’imagine qu’Audiard et Lautner avaient vu Thunderball (Opération Tonnerre en français) ; à son tour, Gérard Oury a évidemment bien étudié celui-ci pour Le Cerveau. Cerise sur le gâteau*, le rôle de Ventura rappelle bien son tour dans Les Tontons flingueurs et le tout est clairement une répétition pour le chef d’œuvre d’Audiard, Faut pas prendre les enfants du Bon Dieu pour des canards sauvages.

*(Montrez-moi l’étranger qui écrit de telles choses. J’attendrai.)

On commence avec Lino Ventura dans le rôle d’Antoine Barreto, ancien truand devenu homme d’affaires (ça sent Les Tontons flingueurs dès le départ !). La police lui en veut à cause de trois hommes qu’il a frappés. Il s’avère qu’il y avait un accident de voiture, et l’un des types frappés a été responsable, mais il s’est fâché contre les témoins aussi. Ça donne l’idée de son personnage.

Dans son entreprise, un magasin d’attirail de pêche, deux truands le recherchent, dont l’un d’entre eux est joué par André Pousse. En échange pour les aider à sauter la frontière italienne, ils lui offrent la dette d’un certain Léonard Michelon.

Barreto va chez Jeff, un ancien truand devenu restaurateur. On sait du nom de son resto que malgré les apparences, c’est pas ce que l’on appelle « une bonne adresse » !

Au fait, une autre fois, j’ai une histoire de homard à l’américaine pour vous, mais laissez tomber. Jeff lui envoie chez Michalon. Comme ce qui arrive souvent dans les films d’Audiard, ce film est plein de vocabulaire argotique. Je savais pas quel est un « lavedu » (un homme facile à duper) :

Plus tard, Jeff dit « On pourrait lui filer le traczir au colonel, non ? » Traczir n’est même pas dans mon dictionnaire Oxford ; ça veut dire peur. Pour sa part, Barreto dit à Jeff « Jeff, file-lui une tarte », qui apparemment veut dire gifler, vu ce qui arrive.

Quand Barreto arrive chez Michalon (Jean Lefebvre), il s’avère qu’un tueur à gages est là et Barreto le tue en légitime défense :

Barreto et Michalon doivent faire disparaître le corps du tueur, alors ils cherchent un embaumeur (Dalban, à gauche en bas). Il leur propose « le puzzle congolais », et on ne découvre jamais exactement ce que ça veut dire, mais on n’entend plus parler du corps, donc c’était efficace :

Mais le tueur était le sbire (j’adore ce mot) du « Colonel », un britannique qui arrive chez Jeff à la recherche de Michalon :

Le Colonel est bien évidemment le modèle pour le Colonel de David Niven dans Le Cerveau, tourné 3 ans plus tard. Je refuse toute autre explication. Au fait, j’accepte que je ne ferai jamais passer mon accent pour celui de Nico, mais il ne me dérangerait pas de sonner comme David Niven en français. J’ai peur que je sonne plutôt comme le Colonel ici ; disons qu’il est carrément britannique, mais pas charmant comme Niven.

Il s’avère que le Colonel croit que Michalon sait trop sur son prochain complot, voler de l’or d’une livraison secrète entre les gouvernements soviétiques et français (encore une fois Le Cerveau !). Après un échange d’otages, Barreto rend visite au Colonel pour mieux comprendre. Et chez le Colonel, on voit pour la première fois un bizarre stéréotype que les britanniques jouent tous de la musique façon Beatles ou Dave Clark Five partout. Je dois vous dire, voir comment vous regardez les anglophones est souvent l’un des trucs les plus intéressants dans mes films.

Après ça, le Colonel trahit Barreto, et essaye de tuer lui, Jeff, et Michalon, tous. En route chez le Colonel après le premier attentat, Barreto et Jeff roulent sous ce panneau. Quelques moments plus tôt, on le croyait une fête ; c’était en fait une grève. Ne changez jamais, les Français, et je veux dire ça sincèrement.

Après une série d’attentats, Barreto et sa bande essayent de trouver un logement chez Gisèle, une amie, mais le Colonel est prêt. C’est France Rumilly au téléphone ici :

Finalement, le trio cherche de l’aide chez « Mme Michalon » (Mireille Darc), l’ex-femme de Michalon. Elle n’est pas du tout heureux de revoir son ex, mais tombe amoureux vite de Barreto :

La violence augmente et devient de plus en plus ridicule, façon Faut pas prendre etc. Je ne vais pas vous montrer tout ça, mais encore et encore les stéréotypes britanniques des années 60s ! Pour être clair, je suis pas du tout offensé — c’est Audiard, où tout est exagéré — c’est juste difficile à prendre au sérieux le Colonel en tant que méchant avec des musiciens qui le suivent partout.

À la fin, le Colonel perd tout son gang, et il y a finalement de la paix. Mais pour Michalon, il sera toujours quelqu’un qui lui en veut.

J’ai énormément profité de ce film. On voit beaucoup de visages familiers dans des rôles familiers, mais avec un scénario original, et la violence façon Bugs Bunny (c’est à dire comique et jamais sanglante) qui est typiquement Audiard. S’il y avait des sous-titres en anglais, je le montrerais à ma fille sans la moindre hésitation. Recommandé avec enthousiasme !

L’Emmerdeur

Ce soir, d’après une recommandation de Maman Lyonnaise (il y a longtemps), j’ai regardé L’Emmerdeur, la version originale de 1973 avec Lino Ventura et Jacques Brel. J’ai adoré les deux dans « L’Aventure c’est l’aventure », alors j’avais de grands espoirs pour celui-ci.

Je vous dirai tout d’abord que ce film est souvent très drôle. Mais après quelques minutes, je me suis dit « Je veux tellement gifler ce François Pignon, et…dites donc, c’est pas la première fois avec cette pensée, hein ? ». J’ai vite trouvé cet article de Wikipédia avec tous les François Pignon des films écrits par M. Francis Veber. Il a clairement une idée que ce nom va avec de vrais cons. D’une part, il a aussi écrit d’autres François, dont François Merlin dans Le Magnifique, qui ne sont pas tous aussi cons. D’autre part, il a aussi fait la même chose à des Françoise, et…la pensée en haut n’arrivera jamais de cette façon. Mais en plus, j’ai aucune envie d’être rappelé d’autres personnages que je n’aime pas non plus. Dit autrement, je ne veux jamais voir un autre film avec un « Jean-Claude Dusse » qu’il soit dans une suite des Bronzés ou pas.

Alors, passons au film lui-même. On commence avec un certain M. Randoni qui a grossièrement laissé sa voiture garée devant le garage d’un autre. Le propriétaire de son immeuble essaye de la déplacer, et ça arrive :

Après, on voit Lino Ventura pour la première fois (sans apprendre son nom). Il n’est le genre de type qui déplace sa voiture pour personne :

Ventura arrive à son hôtel, sous le nom de Milan, et on découvre qu’il est tueur à gages !

Dans la chambre d’à côté, François Pignon (Jacques Brel), rejeté par son ex femme, essaye de se pendre. Cette scène m’a beaucoup dérangé. Disons juste… je déteste la Saint-Valentin.

En échouant sa tâche, Pignon abîme le tuyau, et l’eau se répand partout. Ça attire l’attention d’un employé de l’hôtel et interrompt le travail de Milan :

Milan accepte de l’amener au manège où est son ex, juste afin que Pignon le laisse tranquille.

Mais en route, Pignon met une photo devant le visage de Milan, et un accident se produit.

Pignon arrive enfin au manège où Louise, son ex, lui répète qu’il n’y a rien à dire. Elle s’en fout de lui, et franchement, c’est pas difficile à comprendre. Du tout.

Milan est de retour dans sa chambre pour préparer son attentat contre Randoni. Mais Pignon menace de sauter par la fenêtre. À cause de sa maladresse, c’est Milan qui a failli tomber par terre. Ce type Pignon, il m’énerve.

Un certain docteur Fuchs, l’amant de Louise, arrive à l’hôtel pour soigner de Milan. Il se trompe des deux et pense que Milan est Pignon. Il lui donne un tranquillisant.

Mais quand Milan se réveille, il se rend compte qu’il ne sera pas capable de tirer sur Randoni, et il va chez le médecin pour demander une drogue pour annuler les effets. Ils se battent, et Louise décide qu’elle préfère François tout de même :

Pignon et Milan rentrent à l’hôtel. Pendant que Milan prépare enfin son attaque, un policier arrive et parle avec Pignon, croyant que les deux menaceront la sécurité de Randoni.

Pignon découvre par hasard le fusil dans la chambre de Milan. Il lance un coup de feu complètement par hasard, et la police attaquent l’hôtel.

Milan est gravement blessé. Pignon essaye de l’aider à s’échapper, alors naturellement, les deux sont attrapés par la police.

Le film finit d’exactement la même façon que la pièce de théâtre « Huis Clos » de Sartre, et ça, c’était trop pour moi. (Je l’ai lu en anglais sous le nom « No Exit ».) Milan n’est pas un chic type — tueur à gages, souvenez-vous ! — mais personne ne mérite passer le reste de sa vie dans une cellule avec François Pignon. Pas celui-ci, pas celui du Dîner de Cons.

Il doit y avoir un François Pignon quelque part en France. Ce type doit haïr Francis Veber. Je compatis. À mon avis, c’était important que je regarde ce film, mais une fois suffit.

Illusions perdues

Ce soir, avec les membres de l’Orange County Accueil, j’ai regardé Illusions perdues, un film de 2021 d’après un roman (ou deux) de Balzac. Vous comprenez donc qu’encore une fois, j’ai pas de photos.

©️Gaumont

Mais d’abord, il faut qu’on parle d’un petit vers de mirliton écrit par un poète et fonctionnaire britannique, Humbert Wolfe (lien en anglais), à propos de la presse :

You cannot hope
to bribe or twist,
thank God! the
British journalist.
But, seeing what
the man will do
unbribed, there’s
no occasion to.

Ma traduction (sans espoir de garder la poésie) :

On peut pas espérer
corrompre ou tordre
Bon sang ! Le journaliste britannique.
Mais vu ce qu’il fera sans être corrompu
Il n’y en a pas besoin.

Ce film est deux heures et demie d’explication du sens de M. Wolfe.

J’ai dit que ce film est basé sur un ou deux romans de M. Balzac car il y avait un roman appelé aussi Illusions perdues, partie de La Comédie humaine, mais certains personnages et évènements viennent de la suite, Splendeurs et misères des courtisanes. Pour être clair, ce film change beaucoup de choses pour se concentrer sur un personnage principal différent de celui des romans (il y apparaît, mais n’est pas la vedette).

C’est donc l’histoire d’un certain Lucien Chardon, nom de famille de son père, ou de Rubempré, nom de famille de sa mère. Il travaille comme imprimeur à Angoulême, mais rêve d’être poète. Il a écrit un recueil de poésie, Les marguerites, à l’honneur de son amante, la Baronne de Bargeton, qui lui croit un grand talent. Les deux quittent Angoulême ensemble pour Paris, mais après une humiliation aux mains d’un autre noble, le Baron du Chatêlet, elle le quitte.

Lucien se fait ami d’un journaliste complètement amoral, Étienne, qui le trouve utile. Étienne l’embauche pour écrire des articles scandaleux sur le théâtre et la littérature pour son journal, Le Corsaire. Dans le cadre de « journalisme », où tous les articles sont écrits selon quel cible payera le plus cher, Lucien rencontre une actrice, Coralie, de qui il tombe vite amoureux. Son « succès » sur scène n’est pas exactement faux, mais même les applaudissements sont payés dans ce monde 100 % cynique.

Lucien devient un grand succès lui-même, car il est prêt à écrire vraiment du n’importe quoi, mais il est attrapé dans une lutte de pouvoir entre les Libéraux et les Royalistes. Et franchement, n’imaginez pas qu’un côté est mieux que l’autre. Tout le monde est bien corrompu, acheté, et sans loyauté. Peut-être que Coralie a certaines qualités, mais elle meurt de la tuberculose après avoir gaspillé tout l’argent du couple. (Ne vous inquiétez pas — Lucien arrive à la surpasser en irresponsabilité.)

J’ai pas envie d’être plus détaillé, en partie pour ne pas gâcher ce film, qui est finalement sa propre histoire, et en partie car c’est le truc le plus sombre que j’aie vu cette année, En attendant Bojangles y compris. Mais j’ai une autre plainte, et je m’en fiche si vous dites tous « Ah, bon, enfin, les américains sont tous des bégueules. »

Il y a plus de scènes de sexe dans ce film, que dans tous mes autres films français — combinés. Et elles sont pleines de nudité complète. Il y a très peu laissé à l’imagination. J’écris un blog « tous publics » sens plutôt La guerre des robots que Les Bisonours, mais absolument pas sens Peur sur la ville. Pour autant que j’aie profité de ce dernier, je ne veux pas que ma fille soit jamais scandalisée si elle lit tout ceci un jour. Et franchement, c’est ce que je suis en vrai, un fait qui ne m’a jamais récompensé dans la vie, mais que je n’échangerais pour rien. Sans vouloir m’humilier, j’ai ni besoin ni envie de regarder les ébats des autres. Je comprends assez bien qu’il y a un choix artistique de montrer toute la vie dissolue de Lucien et Coralie, et Lucien et Mme de Bargeton, mais une ou deux fois aurait servi ce but, merci.

Au-delà de ça, le film est très bien joué, tous les acteurs, mais surtout Benjamin Voisin (Lucien), Salomé Dewaels (Coralie), et l’éditeur Dauriat (Gérard Depardieu), font du bon travail, et les costumes sont superbes. En tant qu’adaptation de l’œuvre de Balzac, un maximum de cynisme inégalé sauf peut-être chez certains russes, je doute que l’on trouve beaucoup mieux. Mais c’est pas ma tasse de thé.

Alphaville

Ce soir, en souvenir de Jean-Luc Godard, j’ai regardé Alphaville. Puisque c’est disponible sur iTunes, où les sous-titres en anglais sont obligatoires, je vous offre mes excuses pour les graffitis dans plusieurs photos.

On commence avec l’arrivée de Lemmy Caution dans la « ville futuriste ». J’aime assez bien ce futur — il y a toujours les Galeries Lafayette (en arrière-plan) :

Il s’enregistre à son hôtel sous un pseudonyme. « Figaro-Pravda » est une signe que dans le futur, tout se mélangera. Le roman Dune suit la même stratégie, et on va parler de ses influences françaises plus tard. On entend parler qu’il vient des « Pays extérieurs », une autre galaxie.

La femme de chambre fait couler un bain pour notre héros, puis lui offre de le partager. Quand il dit non, il est attaqué par un inconnu, peut-être un autre espion. Ce service ne m’était pas offert à l’Hôtel Claude-Bernard Saint-Germain pendant mon voyage, et maintenant je suis un peu contrarié. L’hospitalité française n’est évidemment plus aux standards des années 1950s.

Après cette mauvaise rencontre, Lemmy demande à la femme de la prendre en photo.

Après, il reçoit un visiteur, Mlle Natacha von Braun. J’ai presque évanoui en la voyant fumer ! (Pas vraiment, mais je reste californien et on est obligés de dire de telles choses.)

Elle offre de l’accompagner à la grande fête de la ville. Il dit oui, mais aussi qu’il la soupçonne. Il accepte quand même un tour dans sa voiture jusqu’à sa prochaine destination. Là, il est agressé dans une cabine téléphonique.

Puis, il arrive dans un hôtel mal réputé. Là, il trouve une connaissance, un certain M. Dickson, qu’il a apparemment connu depuis des décennies mais n’a pas vu depuis longtemps. Ils parlent d’un « Professeur von Braun » (l’homme dans la photo), lié à Natacha, qui semble être chargé d’Alphaville. Dickson dit qu’il n’y a plus d’artistes, que tout le monde est obligé de soit penser d’accord soit se suicider soit être tué par les autorités. Il s’avère que von Braun est venu de leur pays, en dehors d’Alphaville.

Dickson est visité par une femme — une prostituée ? — et Lemmy les prend en photo avec un flash, malgré s’être caché quand elle est entrée. Dickson finit par supplier Lemmy à détruire Alpha-60, un ordinateur qui contrôle la ville.

Je pause pour mentionner que Dickson a été joué par Akim Tamiroff, l’un des acteurs préférés d’Orson Welles (et de moi aussi). Peut-être qu’un jour on parlera de Dossier secret, un film presque tout inconnu malgré un casting européen incroyable (dont Suzanne Flon, Michael Redgrave, Gert Fröbe et Katina Paxinou). M. Tamiroff est l’une des meilleures choses dans ce film-là.

Puis Lemmy se retrouve avec Natacha au Bureau de Programmation. On entend Alpha-60 dire le slogan « Personne n’a vécu dans le passé. Personne ne vivra dans le futur. ». C’est très 1984, un livre que j’ai relu une vingtaine de fois.

Ils assistent à un spectacle horrifiant autour d’une piscine. Des hommes qui se sont comportés « de façon illogique » sont exécutés, puis des nageuses font un tour de la piscine. À chaque fois, les spectateurs applaudissent. C’est évidemment logique aux habitants d’Alphaville !

Lemmy aperçoit le Professeur et lui demande de parler. On apprend qu’il s’appelait M. Nosferatu (nom d’un vampire !). Il fait arrêter Lemmy, qui finit par être interrogé par l’ordinateur. L’ordinateur lui commande de parler avec l’ingénieur en chef, qui lui dit « Ne dit jamais ‘pourquoi’ M. Johnson, seulement ‘parce que’. » Je me sentais à nouveau en Californie !

L’ingénieur et deux assistants, appelés Heckle et Jeckle (aussi les noms de deux corbeaux de dessin animé aux États-Unis avant le film), lui font un tour des équipements. Ils lui expliquent que l’ordinateur planifie tout — les horaires de train, la distribution de l’électricité, etc. C’est pendant cette scène que j’ai décidé que tout se déroulait sur Terre, et que les « Pays extérieurs » n’étaient pas d’autres planètes.

Il est autorisé à partir, et il rentre dans son hôtel. Une nouvelle femme arrive pour le séduire, mais il lui commande de partir. Natacha l’attend, contre ses propres ordres, et il remarque qu’elle a un tatouage d’un chiffre sur le cou, exactement comme les séductrices.

Ils parlent d’un livre, La Capitale de la Douleur par Paul Éluard. Je ne l’ai jamais lu, mais ce qui compte ici est qu’il y a apparemment un message secret ici, au-delà de leur conversation sur la conscience (un mot qu’elle ne connaît pas).

Il s’avère que ce mot, conscience, n’est pas dans « la Bible », qui est en fait un dictionnaire. Les mots disparaissent souvent et sont remplacés — on est bien dans 1984. Ou les États-Unis. Je dis ça, je dis rien. De toute façon, après une telle conversation, pas surprenant que la police arrivent pour arrêter Lemmy.

Lemmy est encore interrogé, mais cette fois-ci, il s’échappe et arrive enfin au laboratoire du Professeur von Braun. Il tire sur le Professeur, puis il vole une voiture et s’échappe encore. Il sauve Natacha et la sort du quartier-général du Contrôle Civil.

Les deux font leur fuite, et il s’avère que « l’espace » n’est qu’une autoroute. Il n’y a pas d’autres galaxies après tout.

J’ai supprimé quelques commentaires que j’allais vous dire, pour ne pas faire trop la polémique. Disons seulement que ce film reste aussi pertinent de nos jours qu’en 1965.

Je dois finir par ajouter que je connaissais pas cette histoire raconté par Gérard Darmon jusqu’après avoir regardé le film. C’est au-delà des mes compétences en recherche de trouver tous les faits derrière l’histoire, et je ne suis pas du tout d’accord avec la tendance de mes compatriotes d’effacer du monde selon les mœurs du temps. Mais je n’ignore pas ce genre de truc non plus. Peut-être que le bon mot à la fin, c’est que la vérité reste la vérité même si elle sort de la bouche d’une personne désagréable, un fait que les contrôleurs d’Alphaville n’ont pas arrivé à comprendre.

En attendant Bojangles

On revient à nos films français avec l’un des deux films les plus tristes de ma liste, En attendant Bojangles. Week-end à Zuydcoote est l’autre. Il y a une raison pour laquelle je ne regarde que des comédies, et c’est que ma vie francophone est une évasion. Mais ce film était le choix de mon groupe chez l’Oramge County Accueil, et c’est vraiment important que je ne rate pas leurs événements. Voilà l’affiche au cinéma :

Le titre rappelle En attendant Godot, connu en anglais sous le nom « Waiting for Godot. » Mais ici, on attend pas au personnage mythique de la pièce de théâtre, mais plutôt le personnage d’une chanson des États-Unis des années soixante-dix. La version du film n’est pas authentique à l’époque mais vient plutôt d’un chanteur Néo-Zélandais. Si j’ai bien compris, elle a été faite exprès pour ce film :

Mais ce film a lieu pendant les années 50s et 60s en France, alors même la version originale ne serait pas authentique. Mais voici la version originale quand même :

Je ne veux pas trop dire car ce film vient de sortir ici, et 16 % de mes lecteurs sont aux États-Unis. Mais l’autre raison pour laquelle j’ai pas envie de trop dire, elle est parce que j’ai le cœur bien brisé après l’avoir vu. Il y a certains devoirs que tout le monde a quant à leurs enfants, et c’est finalement l’histoire de deux personnes qui ont bien échoué.

Notre histoire commence en France pendant les années 50s. Georges, un menteur façon « L’Incorrigible » de Belmondo, assiste à une fête et raconte de nombreux mensonges pour séduire les femmes. Il n’est pas en fait invité, mais il dit tous genres de n’importe quoi, comme qu’il est descendu de Dracula. La fête est d’un sénateur français, qui essaye de le sortir, mais il rencontre une femme, Camille, qui est son égale quant aux mensonges, et beaucoup plus.

Les acteurs dans ces rôles, Romain Duris et surtout Virginie Efira, sont des stars. Ils jouent leurs rôles avec passion et conviction. Et Solàn Machado-Graner, qui joue leur fils Gary, d’environ dix ans pendant la deuxième moitié du film, est superbe.

Georges et Camille se marient la même journée qu’ils se sont rencontrés. C’est peut-être le truc le moins fou qu’ils font. Mais pendant la première moitié, ils font un couple charmant, et drôle, et je voulais qu’ils trouvent un chemin — pas quelque chose de quotidien et ennuyeux, car c’est franchement pas eux, mais une façon de vivre qui leur convient.

Ça n’arrive jamais. Georges est un menteur, raconteur par excellence, et paresseux, mais au fond, il n’est vraiment pas fou. Camille, elle est toute autre chose. Je n’oserais jamais nommer le problème — et je dois ajouter qu’elle souffre dans l’hôpital psychiatrique où elle se trouve, avec des traitements heureusement abandonnés de nos jours. Mais il n’y a pas de question que ses démons la rendent inacceptable en tant que mère, parce qu’elle est vraiment un danger à elle-même et à ses proches.

Le sénateur, surnommé « L’ordure » devient ami de la famille. Il veut Camille pour lui-même mais accepte que ça n’arrivera jamais. Son rôle est de soutenir la famille, mais je ne suis pas sûr que c’était le bon choix à la fin. Grégory Gadebois est excellent dans ce rôle aussi.

J’ai franchement pas le cœur pour vous dire plus. J’ai rarement ri aussi fort dans ma vie que pendant les vingt premières minutes de ce film. Et je n’ai jamais hurlé contre un écran comme je l’ai fait dix minutes avant la fin. Si vous aimez les tragédies, ce film est bien ça.

La carrière en arrière-plan de Robert Dalban

Le 19 juillet était l’anniversaire de l’acteur Robert Dalban, mais je ne l’ai pas remarqué jusqu’à ce que j’aie vu un post dans un groupe de cinéphiles. Je me suis demandé combien de ses films j’avais vu, et la réponse m’a étonné : 12. Dans mon graphique de comptes de films par acteur, il mérite la place d’honneur à côté de Belmondo !

Pas vraiment, évidemment. Belmondo était la vedette de tous les films que j’ai vus avec lui, sauf Casino Royale (le vrai, pas la parodie avec Daniel Craig). La bonne comparaison est aux deux autres acteurs avec 12 films dans le graphique, le duo comique de Grosso et Modo. Robert Dalban jouait toujours dans des seconds rôles, dans plus de deux cents films. Mon histoire avec lui ne touche qu’à la seconde moitié de sa carrière, mais la liste de ses vedettes est impressionnante.

Sa carrière des années 30s jusqu’aux années 50s appartient à un monde tout inconnu chez moi. Mais en 1961, il a joué dans Le cave se rebiffe, en tant que l’un des inspecteurs qui poursuivent « Le Dabe » (Jean Gabin). Et cette année-là, il a joué dans 9 films en total — un horaire inimaginable aujourd’hui ! Au fait, quand j’ai acheté cette disque au Leclerc à Orléans, c’était suffisant que la couverture a mentionné Gabin, Françoise Rosay, et Bernard Blier — je ne savais pas toujours que le film faisait partie d’une trilogie.

©️Gaumont

On se revoit en 1963 avec Les Tontons Flingueurs, dans le rôle de Jean, majordome de la maison de Fernand (Lino Ventura). C’est lui qui tient le pistolet pendant cette scène célèbre avec Ventura, Bernard Blier, et Jean Lefebvre :

De 1964 à 1966, il jouait aux côtés de Jean Marais et Louis de Funès dans les trois Fantômas d’André Hunebelle. Son rôle était l’éditeur du journal où travaille Fandor, le journaliste joué par Jean Marais. Ici, il ne dit rien pendant que Louis de Funès fulmine, mais la scène est quand même inoubliable :

Aussi en ’66, il a joué dans Le Grand Restaurant, comme l’un des conspirateurs. Puisque je l’ai loué sur iTunes bien avant le début du blog, pas de photo, hélas.

En 1968, Dalban a joué dans Faut pas prendre les enfants du Bon Dieu pour des canards sauvages, en tant que le chauffeur de Léontine, jouée par Françoise Rosay. Ici, les deux sont rejoints par la merveilleuse Marlène Jobert, dans seulement son cinquième rôle. Dalban sert le déjeuner, mais il ne dit rien :

©️Gaumont

L’année prochaine, il apparaît dans Le Cerveau avec Bourvil et Belmondo, cette fois en tant qu’un soldat enrhumé. Il tousse, qui attire l’attention de David Niven, et les deux se regardent, mais il ne dit rien :

©️Gaumont

Dans les années 70s, il a joué un paysan deux fois dans les deux premiers films 7e Compagnie. Ici, dans Mais où est donc passé la 7e Compagnie ?, on le voit avec Pierre Mondy (dos tourné), Aldo Maccione, et encore une fois, Jean Lefebvre. Cette fois-ci, il parle avec tous les trois :

©️Gaumont

Après les deux 7e Compagnie, on lui retrouve dans L’Incorrigible, encore une fois avec Belmondo. Cette fois, il joue un bandit, Freddy, qui a un coup de fil avec Vauthier, le personnage de Belmondo :

©️Studiocanal

Mon dernier rencontre avec lui jusqu’à maintenant est venu dans La Boum, un film qui m’a inspiré à dîner chez La Coupole pour ma première nuit en France. Encore une fois, loué sur iTunes, alors pas de photo. Mais ce film a mis en vedette Sophie Marceau pour la toute première fois, et elle reste une vedette jusqu’à nos jours.

J’ai découvert un fait incroyable en recherchant ce post. La toute première apparition de Robert Dalban sur l’écran a eu lieu en 1934. Il a joué dans L’Or dans la rue avec une jeune Suzy Delair. (Vous la connaissez comme Germaine Pivert, la femme de Victor Pivert dans Rabbi Jacob, le film qui m’a lancé dans le cinéma français.) C’est époustouflant qu’un tel fil lie Sophie Marceau à un film tourné juste 5 ans après le tout premier film parlant français !

Le trou normand

Ce soir, mon film hebdomadaire était Le trou normand, avec Bourvil et une actrice complètement inconnue chez moi, une certaine Brigitte Bardot. Bien sûr, je connaissais le nom, mais que vous me croyiez ou pas, c’est mon tout premier film avec elle. Vu qu’elle jouait dans quelques films hollywoodiens, ouais, c’est un peu surprenant. Au fait…

Oh là là, mais Mme Bardot a une page intéressante sur Wikipédia ! Peut-être que l’on y reviendra. De toute façon, le film :

Bourvil jouait souvent de vrais cons, des gens où on devait se demander comment ils se souvenaient de respirer. Pensez au Corniaud, au Bossu, au Capitan. Mais cette fois-ci, son rôle d’Hippolyte Lemoine était presque trop pour moi. Je déteste voir les bons gens souffrir, et dans ce rôle, même s’il est un légume ambulant, il n’a absolument rien de méchant.

Au début, on rencontre le maire, l’instituteur M. Pichet, et le barman M. Testu. Ils parlent de la mort d’un certain Célestin Lemoine. Il y a un dialogue qui met l’honneur à l’éducation dès le départ :

Testu : Qui va hériter de l’auberge ?

Pichet :Non, hériter l’auberge.

Maire : Notre instituteur a raison. C’est un puriste.

Puis on rencontre sa tante Augustine et sa fille, Javotte. Elles vont aux funérailles de Célestin et s’attendent à hériter son auberge. Augustine est peut-être la pire méchante à jamais dans une comédie. Le temps que le film soit fini, je l’ai DÉ-TEST-ÉE.

Au fait, il est impossible qu’il y ait eu une Javotte en France à l’époque, au moins de cet âge. Voilà Politologue — aucune Javotte n’est née entre 1900 et 1970. J’avoue, les prénoms sont une obsession chez moi. On va y revenir en environ un mois, je pense.

De toute façon, Javotte est très méchante avec Hippolyte. Elle l’appelle « un bouseux », ce que j’ai dû chercher. Malgré le fait qu’ils sont des cousins germains, et l’attitude de Javotte, Hippolyte espère que les deux se marieront. À ce point, je commençais à me sentir que je connaissais un peu trop bien ce gars, qui manquait de bon sens.

après les funérailles, le testament de Célestin est lu à haute voix par le notaire. Il s’avère que l’auberge passera à Hippolyte, mais seulement s’il réussit son certificat d’études. C’est pas exactement un doctorat duquel on parle.

Augustine est certaine, sorcière qu’elle soit, que ce ne posera aucun problème pour elle :

Maria (de laquelle je n’étais pas sûr de la relation) lui donne un cartable et Hippolyte va à l’école. L’instituteur charge sa fille, Madeleine, d’aider Hippolyte :

Plus tard, Javotte — qui est censée être en deuil pour son oncle — va à une danse. Elle rencontre Jean-Marco, un impresario avec de mauvais motifs.

Hippolyte lui retrouve, et les deux se fâchent l’un contre l’autre. Elle annonce à tout le monde quel genre d’imbécile est Hippolyte, puis la foule sort Hippolyte de la danse :

De nombreux complots s’ensuivent où les parties essayent d’utiliser la presse pour s’embarrasser mutuellement.

Il semble qu’Hippolyte réussira, mais Augustine a une idée cruelle. Elle ment à Hippolyte que Javotte l’aime, et suggère qu’il faudrait rater l’examen du certificat pour lui faire un cadeau de l’auberge.

Ai-je vous dit à quel point je la déteste ? Malheureusement, ce genre de sacrifice me rappelle quelqu’un. Au fait, bien que je ne connaisse pas les lois françaises, le mariage de cousins germains est interdit à la moitié des États-Unis. C’est légal dans des états comme la Californie, le New York, et le Massachusetts, et illégal au Texas et dans le Kansas. La carte au lien n’est pas du tout ce que vous vous attendiez. En plus, même dans le film, Hippolyte a presque deux fois les ans de Javotte (dans la vraie vie, il n’y avait aucun « presque »). Ce mariage serait une mauvaise idée.

Mais Hippolyte est trop con même pour rater l’examen. Il donne toutes les bonnes réponses et réussit son certificat — mais d’abord, il croit qu’il l’a échoué et déprime quand Javotte lui dit la vérité.

À la fin, il s’avère que Célestin ne s’était vraiment pas attendu qu’Hippolyte pouvait réussir le certificat, et il hérite quand même l’auberge, qu’il réussisse ou pas.

J’ai souffert un peu trop au nom d’Hippolyte en regardant ce film. Comme je vous ai dit, je déteste voir souffrir des gens comme lui. Je suis content de la fin heureuse, mais j’aurais préféré regarder un film moins méchant.

Un bocaal d’aanchois

Hier soir, j’ai fait une grosse erreur. J’ai regardé Kaamelott : Premier Volet sans avoir vu la série. D’habitude, je continue de regarder les films avec des sous-titres en français pour les sourds où possible ; sinon, en ce cas j’aurais eu aucune idée de ce qui se passait. Mais franchement, même avec de nombreuses pauses pour consulter mon dictionnaire (vous n’aimeriez pas regarder un film avec moi), j’étais bien perdu. Et oui, je connais un peu les mèmes comme « le graal est un bocal d’anchois ».

Notre histoire commence sur un bateau bordé par des mercenaires à la recherche d’un bijou. Leur chef, Alzagar, tue le capitaine avec une arbalète, pour encourager les autres, comme disait Voltaire. Les marins insistent qu’il n’y a que des dattes dans le bateau, mais il s’avère qu’un marin porte le bijou.

L’intrigue tourne vers le château de Kaamelott, où le tyran Lancelot-du-Lac négocie avec des mercenaires saxons. Je n’arrive même pas à croire que je tape ces mots. J’ai la tête pleine de Chrétien de Troyes et Thomas Malory depuis que j’ai 5 ans. On est très loin de mon Roi Arthur. Je comprends bien que cette série est une comédie, genre Monty Python : Sacré Graal !, mais ce choix en particulier, c’est ouf. De toute façon, le pacte entre les Saxons et Lancelot a des effets magiques, et alerte Alzagar de chercher le bateau. Il trouve un monsieur Venec, qui se cache dans un tonneau rempli de dattes..

Alzagar et Venec rendent visite à un marchand d’esclaves qui a apparemment vendu Arthur. Le marchand menace Alzagar, qui quitte rapidement le domaine du marchand. Le marchand et Venec partent pour trouver les Wisigoths qui ont acheté Arthur. Quand ils arrivent, Alzagar est là, et il capture Arthur et Venec.

Puis il y a une scène que je trouve presque incompréhensible sans avoir vu la série. Une femme, Fraganan, rend visite à son frère Léodagan. Les deux ne s’entendent pas du tout, mais elle veut qu’il reprenne la résistance contre Lancelot. Avec l’hydromancie, elle découvre qu’Arthur est de retour. C’est ici où le film commença à partir en brioche pour moi.

Je n’ai pas pris de photos, mais Alzagar rencontre des soldats du duc d’Aquitaine. On est dans la Bretagne française ou la Grande-Bretagne ? J’étais perdu. Arthur, libéré d’Alzagar par le duc, ne s’intéresse pas trop à mener la résistance contre Lancelot.

Puis on rencontre la résistance, une bande de cons qui creusent des tunnels vers n’importe où.

L’intrigue se déplace vers le château de Ban, où Guenièvre est prisonnière de Lancelot. Il la soupçonne d’avoir reçu une lettre d’Arthur, mais elle nie tout.

On voit pour la première fois un souvenir d’Artbur en tant que légionnaire romain. Il est tombé amoureux d’une fille, Shedda, à l’époque. Ces souvenirs guideront son comportement plus tard dans le film, mais en ce moment-là, ils étaient mystérieux.

À Kaamelott, Lancelot est « attaqué » par des Burgondes, mais il s’avère qu’ils ne savent pas utiliser leurs engins de siège. J’étais encore une fois bien perplexe.

Pendant ce temps-là, Arthur rencontre une bande de résistants. Ils sont tous pris par surprise par des Saxons. Il me semblait que cette scène était un gag de la série, à cause d’un sifflet suivi par de la musique dramatique, mais je ne l’aurais pas reconnu du tout. De tout façon, Arthur est fait prisonnier.

À ce point, j’ai plus ou moins arrêté de prendre des photos. Des résistants sortent Arthur de la prison, et il va sauver Guenièvre. Puis ils vont tous au rocher ou Excalibur attend le bon roi. Dans les contes originaux, l’épée dans le rocher n’était pas Excalibur, mais laissez tomber. Arthur est obligé de jouer un jeu très bizarre avant d’atteindre le rocher, et je n’ai rien compris. C’était un moment très Monty Python.

Il gagne avec l’aide de la Dame du Lac, qui ne vit évidemment plus dans le lac, et qui est apparemment en colère contre Arthur à cause des événements de la série. Arthur retrouve enfin Excalibur.

Arthur finit par aider les Burgondes à assiéger le château de Kaamelott, il se bat contre Lancelot, et reprend contrôle. À la fin, on voit Lancelot devant son château, et un fantôme apparaît, évidemment pour annoncer le prochain film.

Sans avoir vu la série, il y avait beaucoup de moments que j’étais sûr étaient des références, mais je n’ai rien reconnu. Il faut que je trouve un moyen plus fiable pour voir les nombreuses chaînes de 6play. Naturellement, puisque je l’ai mentionné, vous pouvez vous rassurer que la recherche est déjà en cours.

Pourquoi Louis de Funès ?

C’est le 25 juin, le deuxième anniversaire du jour où j’ai regardé mon tout premier film français, Les aventures de Rabbi Jacob. À cause d’avoir regardé presque tous les films de Louis de Funès les plus importants avant de lancer ce blog, je n’ai jamais écrit sur certains moments inoubliables pour moi. Des moments qui expliquent pourquoi je suis si amoureux de Louis de Funès. On a regardé les mêmes films, mais mes expériences sont très différentes que les vôtres.

Et si je vous disais que mon premier voyage en France était à la recherche de Rabbi Jacob ? Ce n’est rien que la vérité — j’ai dîné aux Deux Magots, j’ai visité la Rue des Rosiers, et j’ai passé par Les Invalides. Tout pour suivre le chemin de Pivert et de Slimane. Je n’avais jamais autant ri que la première fois où j’ai regardé ce film, même si j’étais tout seul pendant le confinement.

Quand j’ai fait mon dîner girondin, c’était carrément sous l’influence de L’Aile ou la cuisse. Mais il y a une réplique au milieu de la scène culte avec « Mister Young » qui me parle d’une façon différente qu’à vous. Je connais cette scène par cœur, et pas seulement l’extrait ici :

Serveur : J’écoute.

Mister Young : Salad of tomatoes, and a entrecôte bordelaise. (Il aurait dû dire « an, » pas « a ».)

Serveur : Avec du Coca-Cola ?

Mister Young : Hohoho, no. With Beaujolais Nouveau !

La première fois où j’ai vu ça, j’ai dû rembobiner le film une dizaine de fois, car je ne pouvais pas le croire. Avec juste 3 mots, il a complètement expliqué exactement ce que nous croyons que vous pensez de nous. Quand j’ai vu cette scène, je l’ai vue comme une critique des attitudes françaises — et il m’a étonné que vous puissiez tant estimer un tel film. C’est un crédit énorme chez vous.

Puis il y avait Le Gendarme à New York. À mon avis ce film serait parfait si c’était environ quinze minutes plus court — la chasse à la fin dure beaucoup trop longue. Mais ici, on parle de la leçon d’anglais à bord du paquebot :

Je connais un peu les manuels d’anglais de ma génération — « Brian is in the kitchen. » (Gad Elmaleh a un sketch très drôle sur ce sujet.) Je n’imiterais jamais le « the » qui dit Jean Lefebvre ici, car je n’ai aucune intention de me moquer de vous. Mais encore une fois, cette scène capture exactement comment nous vous entendons.

Je vais avouer quelque chose. Autant que je peux vous écouter tous toute la journée — lisant l’annuaire téléphonique à haute voix, comme je le dis parfois — je n’aime pas l’accent français en anglais. Ce qui m’a étonné, c’est de découvrir que vous le saviez déjà et que vous vous moquiez de vous-mêmes à cause de ça. Bien sûr, si vous avez des commentaires sur mon accent, dites-les-moi — vous êtes les bienvenus. Soyez honnêtes. (J’ai hâte d’ajouter que tout ça n’a rien à voir non plus avec mon dîner au Procope.)

Revenons au Gendarme. En plus de la leçon d’anglais, le film parle honnêtement de ce que vous pensez de notre cuisine (je pense aux scènes de la glace et du steak). Et n’oubliez pas que ce blog est nommé pour une scène de la suite, Le gendarme se marie, quand le coup de foudre est aussi littéral que figuratif — une autre scène que je connais par cœur. Je ferai le dialogue entre Cruchot et Gerber pour le balado.

J’ai raconté cette histoire avant, mais La Soupe Aux Choux mérite une place d’honneur. J’ai fait de la soupe pour regarder le film, et mon amie F. m’a demandé quel vin j’avais choisi. Je n’y avais jamais pensé ! Encore une fois, une expérience avec de Funès a changé ma vie — c’est à cause de ce moment que je cherche toujours des vins locaux pour mes dîners.

Parlons finalement sur La Grande Vadrouille. C’était mon sixième film français. Comment puis-je me souvenir de ça ? Il y avait seulement 5 films avec de Funès sur iTunes aux États-Unis à l’époque, alors pour continuer j’ai dû faire ma toute première commande chez FNAC. Et le premier film que j’ai regardé de ce colis était La Grande Vadrouille.

Je dis souvent qu’à mon avis, c’est le troisième meilleur film de tous les temps, derrière Le 3e homme et Citizen Kane. Je le crois vraiment. Mais quand vous le regardez, c’est un film plein des grimaces et bruits pour lesquels de Funès est justement célèbre, et aussi un film qui parle honnêtement des difficultés de la vie sous les voisins au nord. Pour ma part…essayez de vous souvenir des relations entre la France et tous les deux les États-Unis et le Royaume-Uni en 2020. C’était pas le meilleur moment. Souvenez-vous que je viens du pays des « freedom fries » — et qu’en ce moment-là en 2003, je l’ai trouvé drôle.

Ce que j’ai trouvé, parmi « Tea for Two, » « J’étais Big Mustache, » et une intrigue qui se déroulait entièrement autour de sauver quelques anglophones… Je savais déjà qu’il y avait pas mal de français qui m’accueillaient chaleureusement car je faisais des efforts et ils étaient curieux. Mais ce soir-là, sachant que celui-ci était le film préféré des Français jusqu’à la sortie de Bienvenue chez les ch’tis, j’ai découvert que je m’étais gravement trompé sur vous, que l’attitude des Français vers les anglophones est en fait tendre où il compte vraiment. C’est La Grande Vadrouille qui m’a appris que ce serait bien de vous aimer.