La terre qui tue

L’année dernière, j’ai eu deux occasions pour vous parler des tremblements de terre, avec « Mon guide aux tremblements de terre », ce que tous les californiens savent sur notre ennemi, le sol. Puis avec « Le hurriquake », mon compte rendu de l’événement météorologique le plus ridicule de ma vie.

Je suis ici pour vous dire : je ne savais pas de quoi je parlais.

Il y a une petite poignée de moments de la vie où j’ai cru que j’étais sur le point de mourir. La fois à Los Angeles où une personne « SDF » m’a agressé avec un couteau en dehors d’une station-service. La fois où mon canot a chaviré au milieu du fleuve Colorado sans personne pour m’aider. Janvier 2021, où j’ai développé une terreur absolue de manger à cause d’une maladie trop dégoûtante pour vous raconter (ça s’est terminé en avril de cette année-là, heureusement).

Puis, jeudi après-midi.

Je ne vous ai pas menti avec mon guide aux tremblements, quand je vous ai dit que les choses commencent à devenir intéressantes à partir des tremblements de niveau 4 sur l’échelle Richter. Mais voici des captures d’écran que j’ai pris du site de l’université Caltech, ce que j’ai mentionné dans l’article de l’année dernière :

Ce sont 2 tremblements de suite, le deuxième venant 12 minutes après le premier. Mais ce qui compte le plus, c’était que l’épicentre n’était qu’à environ 5 km de mon appartement. Voici une carte — j’ai ajouté un « X » pour Elbe-en-Irvine :

Pendant toute ma vie, les épicentres étaient presque toujours à 50 km (ou plus) de chez moi. Ça vaut une réduction considérable de l’intensité perçue. Alors déjà, l’expérience était bien plus inquiétante que d’habitude. Mais je n’ai jamais — même pas une fois de la vie — expérimenté deux tremblements de suite comme ça. D’habitude, quand il y a un tremblement de terre, il y a des soi-disant « aftershocks » (secousses secondaires selon mon dictionnaire Oxford), moins forts que le premier tremblement, mais vu le bas niveau et les distances typiques, en général on ne les remarque même pas. Mais en 6 % des cas, quand un tremblement arrive, c’est en fait un « foreshock« (lien en anglais) — Google donne « pré-choc » — et le pire est à venir. Alors quand j’ai senti le deuxième tremblement, j’ai cru que la fin était arrivée.

On nous dit de rester debout dans une porte si on est à l’intérieur quand un tremblement arrive. Mais dès que le deuxième a fini, j’ai quitté mon immeuble le plus vite possible. Je ne voulais plus être à l’intérieur de n’importe quel bâtiment. Et tout à coup, j’ai vu mon quartier avec de nouveaux yeux, de façon qui m’inquiète toujours.

J’ai pensé à conduire à quelque part de bien plat, sans rien pour me tomber dessus. Regardez des photos que j’ai prises de l’intérieur de ma voiture :

On peut estimer la taille de tous ces arbres. En général, on considère qu’une étage est environ 10 pieds — 3,3 mètres. Ces arbres font tous environ 4-5 étages de haut, alors 13-16 mètres. Il n’y a nulle part où se cacher.

Je me suis garé dans le « parking » (ne me faites pas parler comme ça, hein ?) du centre commercial le plus proche :

Ce n’est pas mieux. Les arbres sont plus courts — peut-être 8-10 mètres — mais ils couvrent presque toutes les places. Au moment où je ne voulais rien autant qu’un endroit sans risques, il n’y avait aucun endroit sans arbres.

Je ne suis pas sorti de cet épisode avec une nouvelle phobie des arbres. Ce serait ridicule. Je vous ai dit la vérité quand j’ai dit avant que nous ne vivons pas dans la peur qu’un tremblement soit sur le point d’arriver. Et vous voyez que sur mes photos, il n’y a personne sur les trottoirs — les distances de marche sont trop longues. Mais maintenant, il me semble que les arbres aux côtés des rues ne servent que pour bloquer le trafic et faire des dégâts aux voitures au cas où il y aurait The Big One.

Oui, ces tremblements de terre m’ont gravement secoué.

11 réflexions au sujet de « La terre qui tue »

  1. juliette

    Et oui la terre bouge presque partout et des fois elle fait bien peur : en 2014, nous avons eu un séisme de magnitude 5 à Barcelonnette le soir sans aucun blessés, mais seulement des failles sur les maisons et les murs ont bougé quelques secondes ! et tout le hameau est sorti !
    https://www.ledauphine.com/hautes-alpes/2014/04/07/un-seisme-de-magnitude-5-dans-les-alpes-du-sud
    j’ai lu très souvent qu’il fallait se mettre sous une table solide …

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    1. Justin Busch Auteur de l’article

      À l’école, avec plein de bureaux pour les élèves, on disait de se mettre sous les bureaux. Mais en tant qu’adulte, c’est les portes ! J’ai parfois l’impression que l’on veut juste dire « faites quelque chose » afin d’essayer de garder le sang-froid. Après tout, on disait la même chose pour les bombes atomiques, et qui se souciera de ça à 50 000° C ?!?

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  2. les2olibrius

    De mon côté, c’est ta réaction que je like, parce qu’il vaut mieux sortir pour rien qu’être pétrifié à l’intérieur. J’espère que tu ne le subiras jamais ce « Big One »… Ni personne non plus. Dire qu’on est au XXIème siècle et que le sol et la météo sont encore et toujours des dangers contre lesquels on ne peut pas grand-chose… C’est rageant.

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  3. vanadze17

    Ouf ! Tu es sauvé mais espérons que le « big one » n’arrivera pas avant très très longtemps.
    Dans ma région, on a quelques secousses d’environ 4. mais l’an dernier, au nord de mon département, il y a eu une secousse plus forte 5,3… Des maisons ont été détruites et les habitants doivent vivre dans des mobiles-homes en attendant…

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  4. Ping : Saison 3, Épisode 13 — Terreur dans le Cantal | Un Coup de Foudre

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