Récemment, une amie m’a parlé d’un documentaire qu’elle avait vu sur RMC Découverte, San Andreas : L’Apocalypse bientôt en Californie ? C’est toujours disponible, mais je ne l’ai pas tout regardé, et ce ne sera pas une critique du documentaire lui-même. J’ai vérifié des clips le long de la vidéo, et je suis bien satisfait que les infos scientifiques sont correctes (à la meilleure des compétences d’un californien moyen — je ne suis pas sismologue). Je vous encourage de le regarder, mais je vais vous parler brièvement de l’expérience de vivre près des failles, et expérimenter quotidiennement de petits tremblements de terre.
Peut-être la chose la plus surprenante que je vais vous dire, c’est que l’on ne pense pas trop au « Big One ». Pour une chose, c’est que nous méritons le jugement divin qui va avec. Non, je plaisante — mais pour être complètement sérieux, c’est parce qu’il n’y a rien que l’on peut faire. Certainement, on doit faire confiance que les architectes, les ingénieurs, etc., auront fait leur meilleur pour nous préparer. Mais si on pense tout le temps « Est-ce le jour ? », on perdra vite la tête.
Voici une capture d’écran du site web que tous les californiens connaissent très bien, celui de la meilleure université au monde, Caltech (l’Institut de Technologie de la Californie). C’est l’université la plus difficile pour gagner une place aux États-Unis :

Qu’est-ce qui dit ce graphique ? En bas à gauche, il dit qu’il y a 792 tremblements de terre sur la carte. Pendant combien de temps ? La carte ne montre qu’une semaine d’activité sismique. Oui, il y a plus d’une centaine de tremblements de terre quotidiennement en Californie et au Nevada. Vous allez devenir fou si vous pensez à chacun et tous !
Mais il faut aussi reconnaître que la grande majorité ne nous touche pas du tout. Les couleurs dans les carrés disent combien de temps est passé depuis chaque tremblement ; les tailles disent à quel point le tremblement était puissant. De loin, le pire tremblement est le gros carré bleu en Californie du Nord hier. Voici ses données :

C’était un 5,5. Je ne l’ai pas du tout remarqué en Californie du Sud, et même un tremblement de 8,0 à cet endroit ne ferait rien chez moi. Mais qu’est-ce qui disent les habitants de Chester et Lake Almanor, l’épicentre ? Pas de dégâts importants. Ils ont brièvement perdu 911 (pensez à 15, 17, et 18 — tous au même numéro), à cause d’une perte d’une tour de téléphonie cellulaire — mais le service par terre marchait sans interruption. Les autres services publics, l’eau et l’électricité ? Pas interrompus du tout. Il y aura des inspections, et certainement des habitants auront perdu des assiettes ou des verres qui sont tombés de leurs comptoirs. Mais personne n’était blessée.
Honnêtement, vous n’allez jamais remarquer aucun tremblement de moins de 2,5, et à cette puissance, c’est souvent impossible d’être sûr que le « tremblement » n’était pas autre chose. Peut-être un voisin qui a piétiné le sol (si vous êtes dans un immeuble). Les 3, on les remarque, mais c’est fort probable que rien ne tombe.
Les 4, ça commence à être intéressant. Si vous habitez à moins de 50 km de l’épicentre, vous le remarquerez. C’est probable que vous alliez sur les réseaux sociaux pour demander à vos amis « Et vous, vous l’avez ressenti ? » Encore plus avec un 5 à la même distance, ou bien jusqu’à 100 km.
Moi, je n’ai jamais vécu un tremblement plus fort qu’un 5,5. Je suis un peu chanceux, car la faille San Andreas tourne vers l’intérieur à côté de Los Angeles. Étant 60 km au sud de LA, et encore plus en grandissant à San Diego, je suis loin de notre pire faille. Mais ne faites pas la fête — nous avons la faille Elsinore, liée à la San Andreas. S’il y a un 9 le long de la San Andreas, nous souffrirons aussi.
Quand le tremblement de terre à Northridge (lien en anglais) est arrivé en 1994, un 6,7, je le savais à San Diego, 230 km au sud. Impossible de savoir sans vérifier à la télé ou à la radio si ce que l’on ressens est un 4 à 50 km ou un 6+ à 200 — c’est la même expérience. Alors, si un jour vous entendrez parler d’un tremblement à Los Angeles ou plus au nord, il faudra être au moins un 8 pour me mettre sérieusement en danger. Si vous entendez les noms « Mission Viejo » ou « San Juan Capistrano » en tant qu’épicentre de ce même 8, ne vous attendez pas à plus de mises à jour de ce blog. (Et si c’est la fin, veuillez manger un nougat de Montélimar en souvenir. J’ai mes priorités.) Mais c’est très peu probable.
Et tout cela, c’est pourquoi on ne s’inquiète pas trop à cause du « Big One ». Est-ce qu’il arrivera un jour ? C’est certain. Mais tous les jours, la probabilité est très petite, et pendant ce temps-là, il faut vivre nos quotidiennes.
Nous avons choisi de vivre sur ces zones sismiques alors je suis d’accord avec toi. On vit et inutile de s’en faire, de toute façon, on ne peut rien.
Au Japon, ils ont des maisons en papier et sortent au milieu de la rue lors des gros tremblements : il est rare d’en entendre parler. Ils ont l’habitude de vivre ainsi.
Il y a quelques années, c’est la Bretagne qui a été bien secouée.
La technonique des plaques devraient nous permettre de rester conscients : nous ne maîtrisons pas la nature.
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Dans les Pyrénées, le sol tremble souvent et heureusement sans trop de dégâts. Récemment, la route d’un col où je passe de temps en temps (vallée d’Ossau )a été coupée suite à un gros éboulement rocheux. Mais nous n’y pensons pas non plus…
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Je me souviens avoir senti la terre trembler au tout début des années 60 (les animaux s’étaient tus), alors que j’habitais à Issor (64), mais nous étions dans le Lot depuis quelques années quand Arette a été touché, la date en est gravée dans mon esprit pour une raison personnelle ! 😉
=> https://www.c-prim.org/documentation/phototh%C3%A8que/1967-s%C3%A9isme-d-arette/
C’est des années plus tard que j’ai su que la maison que j’habitais avait sûrement un peu souffert et avait été rasée par la suite…
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Oui, je garde Arette en mémoire moi aussi. J’y étais passée peu après, et j’ai toujours la vision de ces grandes tentes qui accueillaient les familles sinistrées…
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En 1967, la télévision n’était pas encore à la maison, je n’ai donc pas vu ces images…
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Je vis aussi dans une vallée à risques Justin !
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J’adore que c’est Motörhead qui va avec !
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😁
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