Alphaville

Ce soir, en souvenir de Jean-Luc Godard, j’ai regardé Alphaville. Puisque c’est disponible sur iTunes, où les sous-titres en anglais sont obligatoires, je vous offre mes excuses pour les graffitis dans plusieurs photos.

On commence avec l’arrivée de Lemmy Caution dans la « ville futuriste ». J’aime assez bien ce futur — il y a toujours les Galeries Lafayette (en arrière-plan) :

Il s’enregistre à son hôtel sous un pseudonyme. « Figaro-Pravda » est une signe que dans le futur, tout se mélangera. Le roman Dune suit la même stratégie, et on va parler de ses influences françaises plus tard. On entend parler qu’il vient des « Pays extérieurs », une autre galaxie.

La femme de chambre fait couler un bain pour notre héros, puis lui offre de le partager. Quand il dit non, il est attaqué par un inconnu, peut-être un autre espion. Ce service ne m’était pas offert à l’Hôtel Claude-Bernard Saint-Germain pendant mon voyage, et maintenant je suis un peu contrarié. L’hospitalité française n’est évidemment plus aux standards des années 1950s.

Après cette mauvaise rencontre, Lemmy demande à la femme de la prendre en photo.

Après, il reçoit un visiteur, Mlle Natacha von Braun. J’ai presque évanoui en la voyant fumer ! (Pas vraiment, mais je reste californien et on est obligés de dire de telles choses.)

Elle offre de l’accompagner à la grande fête de la ville. Il dit oui, mais aussi qu’il la soupçonne. Il accepte quand même un tour dans sa voiture jusqu’à sa prochaine destination. Là, il est agressé dans une cabine téléphonique.

Puis, il arrive dans un hôtel mal réputé. Là, il trouve une connaissance, un certain M. Dickson, qu’il a apparemment connu depuis des décennies mais n’a pas vu depuis longtemps. Ils parlent d’un « Professeur von Braun » (l’homme dans la photo), lié à Natacha, qui semble être chargé d’Alphaville. Dickson dit qu’il n’y a plus d’artistes, que tout le monde est obligé de soit penser d’accord soit se suicider soit être tué par les autorités. Il s’avère que von Braun est venu de leur pays, en dehors d’Alphaville.

Dickson est visité par une femme — une prostituée ? — et Lemmy les prend en photo avec un flash, malgré s’être caché quand elle est entrée. Dickson finit par supplier Lemmy à détruire Alpha-60, un ordinateur qui contrôle la ville.

Je pause pour mentionner que Dickson a été joué par Akim Tamiroff, l’un des acteurs préférés d’Orson Welles (et de moi aussi). Peut-être qu’un jour on parlera de Dossier secret, un film presque tout inconnu malgré un casting européen incroyable (dont Suzanne Flon, Michael Redgrave, Gert Fröbe et Katina Paxinou). M. Tamiroff est l’une des meilleures choses dans ce film-là.

Puis Lemmy se retrouve avec Natacha au Bureau de Programmation. On entend Alpha-60 dire le slogan « Personne n’a vécu dans le passé. Personne ne vivra dans le futur. ». C’est très 1984, un livre que j’ai relu une vingtaine de fois.

Ils assistent à un spectacle horrifiant autour d’une piscine. Des hommes qui se sont comportés « de façon illogique » sont exécutés, puis des nageuses font un tour de la piscine. À chaque fois, les spectateurs applaudissent. C’est évidemment logique aux habitants d’Alphaville !

Lemmy aperçoit le Professeur et lui demande de parler. On apprend qu’il s’appelait M. Nosferatu (nom d’un vampire !). Il fait arrêter Lemmy, qui finit par être interrogé par l’ordinateur. L’ordinateur lui commande de parler avec l’ingénieur en chef, qui lui dit « Ne dit jamais ‘pourquoi’ M. Johnson, seulement ‘parce que’. » Je me sentais à nouveau en Californie !

L’ingénieur et deux assistants, appelés Heckle et Jeckle (aussi les noms de deux corbeaux de dessin animé aux États-Unis avant le film), lui font un tour des équipements. Ils lui expliquent que l’ordinateur planifie tout — les horaires de train, la distribution de l’électricité, etc. C’est pendant cette scène que j’ai décidé que tout se déroulait sur Terre, et que les « Pays extérieurs » n’étaient pas d’autres planètes.

Il est autorisé à partir, et il rentre dans son hôtel. Une nouvelle femme arrive pour le séduire, mais il lui commande de partir. Natacha l’attend, contre ses propres ordres, et il remarque qu’elle a un tatouage d’un chiffre sur le cou, exactement comme les séductrices.

Ils parlent d’un livre, La Capitale de la Douleur par Paul Éluard. Je ne l’ai jamais lu, mais ce qui compte ici est qu’il y a apparemment un message secret ici, au-delà de leur conversation sur la conscience (un mot qu’elle ne connaît pas).

Il s’avère que ce mot, conscience, n’est pas dans « la Bible », qui est en fait un dictionnaire. Les mots disparaissent souvent et sont remplacés — on est bien dans 1984. Ou les États-Unis. Je dis ça, je dis rien. De toute façon, après une telle conversation, pas surprenant que la police arrivent pour arrêter Lemmy.

Lemmy est encore interrogé, mais cette fois-ci, il s’échappe et arrive enfin au laboratoire du Professeur von Braun. Il tire sur le Professeur, puis il vole une voiture et s’échappe encore. Il sauve Natacha et la sort du quartier-général du Contrôle Civil.

Les deux font leur fuite, et il s’avère que « l’espace » n’est qu’une autoroute. Il n’y a pas d’autres galaxies après tout.

J’ai supprimé quelques commentaires que j’allais vous dire, pour ne pas faire trop la polémique. Disons seulement que ce film reste aussi pertinent de nos jours qu’en 1965.

Je dois finir par ajouter que je connaissais pas cette histoire raconté par Gérard Darmon jusqu’après avoir regardé le film. C’est au-delà des mes compétences en recherche de trouver tous les faits derrière l’histoire, et je ne suis pas du tout d’accord avec la tendance de mes compatriotes d’effacer du monde selon les mœurs du temps. Mais je n’ignore pas ce genre de truc non plus. Peut-être que le bon mot à la fin, c’est que la vérité reste la vérité même si elle sort de la bouche d’une personne désagréable, un fait que les contrôleurs d’Alphaville n’ont pas arrivé à comprendre.

7 réflexions au sujet de « Alphaville »

  1. Ping : Épisode 27, l’épisode du cobaye | Un Coup de Foudre

    1. jeliotb Auteur de l’article

      Oups, je ne voulais pas dire l’impression que je pensais que Lemmy Caution était Figaro-Pravda. C’était juste le nom qui m’a parlé. Quant à la Ford Galaxie, je ne l’ai pas remarqué ! Mais il y avait un moment où Alpha-60 a demandé de Lemmy comment s’est passé son voyage dans l’espace. C’est une façon bizarre de décrire un trajet sur autoroute !

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      1. Agatheb2k

        Mille excuses, j’ai mal compris… il est certain qu’un tel journal ne pouvait exister que chez J-L. Godard ! 😉
        La Ford Galaxie, au même titre que la Chevrolet Impala ou la Plymouth Belvedere font partie des paquebots que j’imaginais capables de décoller du sol dans mon enfance ! 😉

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  2. Ping : 100 films français : À voir à la télé | Un Coup de Foudre

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