Portrait de Molière par Nicolas Mignard

Du n’importe quoi

C’est en faisant n’importe quoi, qu’on devient n’importe qui

Rémi Gaillard

Peut-être que vous avez remarqué que j’ai une grande faiblesse pour certaines expressions qui expriment un manque d’intérêt pour les détails. N’importe quoi, quel que soit, quoi que ce soit, etc. Malheureusement, c’est loin de dire que je les utilise correctement.

Il y a deux semaines, M. Descarottes a écrit « La règle est « Quel que dise Justin, il a tort ». — M. Descarottes ». La lectrice vanadze17 m’a corrigé que c’était en fait « Quoi que dise ». ([On penserait qu’elle m‘avait corrigé, mais mes fautes sont toutes à lui. — M. Descarottes]). Évidemment, la règle où que et quel deviennent quoi en tant qu’objet s’applique, et je l’ai ratée. Mais j’aurais juré que j’avais vu « quel que ce soit » (mettons de côté la réponse « en tant qu’erreur »), alors tout ça m’a envoyé direction Google.

J’étais ravi à découvrir, grâce au Figaro, qu’en quelque sorte, je ratais mes opportunités de faire tout autre erreur, à cause d’un mot que je ne connaissais pas. Il s’avère qu’il y en a qui écrivent « quoique soit », et ça, c’est complètement faux :

«Quoique je dise, ça ne va pas», «Tu peux nous demander ce que tu veux, quoi que ce soit», «Non pas qu’il y ait à lui reprocher quoique ce soit», écrivait encore ce 14 avril Médiapart. On le voit, les termes homophones «quoique» et «quoi que» sont partout et le couac est très vite arrivé quand il est question de les écrire. Quand faut-il en effet utiliser le premier mot plutôt que le second? Comment éviter l’impair?

«Quoique» ou «Quoi que» : ne faites plus la faute !, par Alice Develey

Il fait chaud au cœur d’apprendre que des écrivains professionnels peuvent faire une telle erreur. Pas à cause d’un désir tordu de les voir gênés, juste que ça veut dire qu’il me reste un peu d’espoir. Mais il faut avouer que je n’ai jamais écrit ça, car je ne savais pas que « quoique » était un couac un mot.

« Le Fig » me dit que c’est-à-dire « bien que » ou « encore que ». Ah, quelle pauvreté de vocabulaire de ma part ! On trouve « bien que » parsemé partout ici, mais jamais l’autre expression, également inconnue pour moi. C’est assez évident que l’on ne devrait pas confondre celles-ci avec quelque chose qui veut dire une collection de chose, mais Le Figaro précise quand même :

Concernant la locution «quoi que» les sages nous précisent qu’il est possible de la reconnaître à l’écrit en la remplaçant par «quelle que soit la chose que» ou «peu importe ce que». Exemple: «Quoi que tu fasses, ça ne va pas», comprenez «quelle que soit la chose que tu fasses, ça ne va pas».

Ici, j’aperçois enfin la source de toute ma perplexité. « Quelle que soit la chose que » est plutôt une grosse bouchée, mais on voit clairement que ça remet notre chose inconnue en position sujet ; dans « quoi que ce soit », « ce » est le sujet, alors notre « quel » redevient « quoi ». J’ai été donc aussi ravi d’apprendre qu’il y en a qui écrivent « quelque soit » ; encore une fois, il me reste un peu d’espoir. Tu quoque, comme disent les vieux anglophones. (C’est du latin pour « toi aussi ».)

Whatevs, comme disent les jeunes anglophones. (C’est la traduction plutôt exacte, si argotique, de « peu importe ».)

Au moins on a tous appris un peu de quoi que ce soit, n’est-ce pas ?

Langue de Molière vous reverra la semaine prochaine avec la dernière leçon de Dalida.

6 réflexions au sujet de « Du n’importe quoi »

  1. Avatar de vanadze17vanadze17

    Alors, je réponds à M. Descarottes que c’est encore une règle grammaticale un peu complexe à appliquer.

    Voici un lien qui pourrait être utile :
    https://www.noslangues-ourlanguages.gc.ca/fr/cles-de-la-redaction/quoique-quoi-que
    En classe, avec les élèves, une des meilleures façons d’intégrer cette règle était de faire des exercices !

    J’espère que M. Descarottes sera en pleine forme pour faire ses devoirs après son « repas spécial » !!!😉

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  2. Avatar de AnagrysAnagrys

    Je ne crois pas avoir jamais confondu « quoi que » et « quoique ». Ce qui signifie que soit je n’utilise que très rarement une des formes, soit je me suis régulièrement trompé.
    En pratique, je crois que je limite la forme « quoique » à une situation de dilemme, où le mot se retrouve souvent tout seul et plutôt à l’oral :
    – je prends le bleu ou le vert ?
    – je crois que je préfère le bleu… Quoique…
    Ça en fait donc une sorte de réponse de Normand, et si on est dans le normand, on n’est plus tout à fait dans le français, n’est-ce pas ? 😇

    Aimé par 1 personne

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