Pendant des années, l’un des plus grands mystères au centre commercial près de chez moi était « Qu’est-ce qui veut dire le « BCBG » dans le nom du magasin « BCBG Max Azria » ? » Vous n’avez absolument aucune idée de quoi je parle, parce que cette chaîne de boutiques de mode n’existe pas en France. Et moi, je ne sais pas de quoi je parle, mais c’est juste comme d’hab. Toutefois, il y a des semaines, j’ai quand même eu une réponse, même si ça posait plus de questions.
Alors, Max Azria était un créateur de mode d’origine tunisienne, qui vivait pendant quelques années en France avant de déménager à Los Angeles. Je ne pourrais rien dire à propos de ses vêtements, car je ne faisais pas attention à des boutiques uniquement pour les femmes. Je ne le cherchais pas, mais pendant un des jours où Instagram se foutait de ma gueule avec zéro vues pour une autre pâtisserie (rien pour les blondies), il m’a proposé ce clip d’INA, intitulé « 1989 : le look de la femme BCBG » :
C’était honnêtement juste les initiales qui suffisaient pour attirer mon attention, mais j’en ai tiré très peu au-delà des mots « bon chic bon genre ». On explique « C’est quelqu’un qui, quand elle rentre quelque part, elle se fait un petit peu remarquer, doucement. » Une autre dit que « c’est d’attirer un petit peu l’attention ». Une troisième ajoute que « On se contentera tout à fait d’accessoires Monoprix. » Pas vraiment éclaircissant, tout ça. On se fait aussi remarquer avec un jean plein de trous, mais je n’avais pas du tout l’impression en regardant le clip que l’on parlait de s’habiller comme un cochon.
Wikipédia m’a un peu aidé à cet égard, en me dirigeant vers un blog sur la mode, La Mesure de l’Excellence. Là, j’ai lu :
Pour le costume : « une veste de chasse huilée Barbour (je la possède toujours…) ; un pull Benetton, col rond, un jean Levi’s 501 ; des chemises en tissu oxford des marques Arrow et Façonnable ; une montre Baume & Mercier, ronde, extra plate et en or, ou piochée dans une grosse collection de montres Swatch ; un polo Lacoste ou Ralph Lauren, col toujours relevé…
Le bon chic bon genre par un BCBG
Dites-donc : Levi’s, Façonnable, Lacoste et Ralph Lauren, hein ? Je jette un œil nerveusement en direction de mon placard, où se trouve une vingtaine de polos d’exactement deux marques : Ralph Lauren et Lacoste. Et où tous les jeans viennent soit du Temps des Cerises soit de chez Levi’s. C’est moi. On parle de moi.
Wikipédia élabore :
Pour les prénoms, un certain classicisme se retrouve : prénoms issus de la culture catholique, prénoms anciens, antiques ou d’autres composés.
Et moi, je me suis vanté au passé de trouver mon prénom dans les listes de la loi du 1er avril 1801, et j’ai choisi un prénom composé exprès pour mon poisson d’avril… En anglais, ça se dit « dorer le lys » (gilding the lily) — continuer à ajouter à quelque chose quand ça ne sert plus à rien. C’est bien établi.
Mais le son de l’expression, avec sa répétition de « bon », m’a rappelé une autre expression, les « bobos ». Wikipédia dit ce que je savais déjà, que l’usage moderne vient d’un journaliste américain, David Brooks :
Ce mot-valise a été popularisé par le journaliste américain David Brooks, dans son livre Bobos in Paradise: The New Upper Class and How They Got There, publié en 2000.
Bourgeois-bohème
Je n’ai jamais lu le livre — mais j’ai lu l’article original qu’il avait écrit dans le magazine « The Weekly Standard » pour proposer l’idée avant d’écrire le livre. (Le magazine n’existe plus.) Je soupçonnais même à l’époque qu’il l’avait piqué des Français, sans crédit, et Wikipédia cite plusieurs exemples des XIXe et XXe siècles, dont « cette petite bourgeoise bohème et bon enfant » dans un roman de Guy de Maupassant. Brooks est le genre de personne qui connaîtrait une telle référence et aussi la cacherait.
Et de son tour, « bobo » fait aussi partie d’un titre qui me rend perplexe depuis longtemps, d’un morceau d’Alain Souchon. J’avais suivi un cours chez l’Alliance française sur lui, mais on n’avait pas discuté celui-ci. Lire les paroles ne m’avait pas aidé du tout. J’apprends enfin qu’il manque des mots ; il devait dire « Allô maman, j’ai un bobo » :
Au cours d’un séjour à la montagne, Alain Souchon, âgé de 27 ans, chute à ski, pris dans une avalanche. Son frère, guide de montagne, le rejoint alors et lui fait remarquer qu’il a « crié maman».
Allô maman bobo
S’il s’était habillé en polo de Ralph Lauren, il ne se serait jamais retrouvé dans une telle situation, si seulement car pas assez chaud pour skier.
Langue de Molière vous reverra la semaine prochaine avec une histoire d’aveugle.

Bonjour Justin, les BCBG sont souvent très critiqué car ils ont la grosse tête ! Perso je ne porte aucune fringue de mar
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de marque , ne suis jamais la mode et m’habille en solderies, le contraire des BCBG ! Bonne journée 😉
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Aujourd’hui, les « bobos » désignent l’élite urbaine. Tantôt des anciens soixante-huitards devenus riches ou retraités (oui, moi), tantôt des jeunes qui « réussissent » mais qui votent plutôt à gauche. Ces derniers sont souvent traités d' »écolo-bobos » pour leur engagement écologiste. J’entends parfois aussi « écolo-biobio » puisqu’ils sont clients d’aliments biologiques.
Dans l’ensemble, ces désignations sont péjoratives. On est loin de la description de Guy de Maupassant.
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J’ai lu le titre et j’ai de suite pensé à la chanson! Le mot « bobo » me pose souci car ma première interprétation va pour « blessure » (et parfois/souvent ce n’est pas le sujet).
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Idem, vu le titre j’ai de suite penser à la chanson d’Alain Souchon qui pour moi, est l’expression d’un enfant qui appelle sa maman car ça ne va pas – physique ou mentale –
Le BCBG … Bon Chic Bon Genre! Pour moi c’est plus une expression ironique qui désigne une catégorie sociale élevée et genre habillés aux normes de la bourgeoisie !
Une personne un peu « too much » 😅
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Ceux (et celles) qui portent le pull de marque, sur les épaules, bien plié, les manches nouées négligemment sur le devant… qui arrivent au resto entre 14 h et 15 h, et qui ont du mal à accepter d’être refoulés par le serveur !
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Je peux au moins me vanter de ne pas faire ça aux restos !
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Il existe une variante moins policée de BCBG : Beau Cul Belle Gueule.
Probablement pour faire contre-pied à l’autre BCBG trop bourgeois (?).
Mais c’est une autre histoire… 🙂
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