D’abord, une dernière demande liée au manuscrit, et après, je vous promets, rien de plus. Comme vous pouvez imaginer, j’ai étudié une vingtaine de sites d’astuces sur comment écrire ma lettre d’introduction. Mais une lettre est uniquement la plus importante : il y a une maison d’édition en particulière qui est mon rêve, car elle a sorti un livre sur les États-Unis tellement comme le mien sur la France. J’ai exactement les infos du bon éditeur, alors une opportunité de le soumettre à exactement la personne la mieux placée au monde entier pour comprendre mon projet. Il ne faut pas faire Justin-er cette chance, et ça veut surtout dire ne rien mettre ici pour garder la confidentialité de la personne en question. Si vous seriez content de lire une lettre d’un peu moins d’une page pour évaluer si ça répond à ma rubrique, merci de me signaler dans les commentaires ou par courriel.
Alors, certains d’entre vous, étant liés à moi personnellement sur Facebook savent deja où nous irons. Vous savez tous à quel point je profite de la vie californienne, uniquement chère. Mais rien ne m’a préparé pour hier.
Ça fait trop longtemps depuis ma dernière visite chez Moulin, la boulangerie qui joue un si important rôle dans mon parcours. Après littéralement 7 ans sans goûter même un seul croissant — parce que Pascal Épicerie avait définitivement fermé et le tribunal à La Haye existe exactement pour punir ceux qui servent les croissants de nos supermarchés aux autres — ils n’existaient plus pour moi. Puis avec le Confinement et mes nouvelles études, j’étais désespéré, un ami local m’a parlé de Moulin, et en plus des croissants, j’y ai découvert les Chamonix, les madeleines de Proust de cette histoire. Mais j’y allais de moins en moins parce que des croissants à 4 $ et des pains au chocolat à 4,50 $ étaient des luxes.
J’étais là hier matin pour la première fois depuis presque un an entier (j’étais là en février pour leur resto, Bouillon, sans aller dans la boulangerie). Sans jeter un œil sur les étiquettes, j’ai commandé un pain au chocolat. J’ai presque fait une crise cardiaque en voyant l’addition — pour un sac à emporter avec un seul pain au chocolat. 6,30 $.
À Newport Beach, les loyers sont chers, mais pire qu’à Paris ? Je le doute. Pourtant, qu’est-ce que l’on paye pour un pain au chocolat dans les boutiques parisiennes de Yann Couvreur ?

2 € fait environ 2,50 $ après les frais de conversion en ce moment. C’est 2,5x plus cher ici ! Pensez-vous que Moulin est mieux que Yann Couvreur ? Ouais, moi non plus.
À vrai dire, c’est Carrefour la bonne comparaison, avec ses pains au chocolat au beurre de Charentes-Poitou, 90 centimes chacun. 6 fois ça, c’est dingue.
C’est donc la fin des pains au chocolat pour moi. Je ne m’intéresse même pas un peu à payer ce prix. Dit autrement, l’inflation a atteint un taux de 33 % pendant cette année dernière. Imaginez-vous que j’ai eu une augmentation de salaire pareille ? Nope.
En fait, c’est pareil pour toute alimentation dans un resto en Californie. Il y a un an, la commande typique de La Fille et moi chez McDo — 10 McNuggets, 1 burger dit « Quarter Pounder », 1 paquet de frites, et deux boissons — ça nous coûtait 15,25 $. Ça nous coûte 19,30 au même McDo de nos jours. Pourquoi ?
La Californie fait deux choses qui rend nos restos plus cher que tous les autres États. Nous avons de loin le SMIC le plus haut, 20 $ par heure, ce qui a augmenté de 15 $ il y a 3 ans. Et avec nos impôts sur l’essence les plus hauts du pays, ça nous coûte beaucoup plus cher pour transporter les ingrédients. Ne me croyez pas sur parole : du site GasBuddy, voici les deux années dernières d’essence pour tout le pays, en bleu, et la Californie, en rouge. C’est environ 4,30 $ le gallon (4 litres) en Californie, contre 3,15 $ le gallon au reste du pays.

Croyez-moi, le reste du pays ne paye pas 6 $ le pain au chocolat dans leurs boulangeries françaises. Et c’est pareil pour les autres pâtisseries chez Moulin : les éclairs et les Paris-Brests individuels, anciennement 6 ou 6,50 $ chacun, sont tous maintenant 8 ou 8,50 $. C’est moins insupportable — on s’attend à des prix encore plus élevés pour les desserts aux restos — mais 6 $ pour un pain au chocolat ?
Hier, j’en ai mangé mon dernier, jusqu’au moment où je peux quitter définitivement la Californie.

J’ai essayé de regarder le salaire moyen par mois en Californie : environ 6 000 €, ce qui est énorme par rapport à la France où nous serions à 2600 € en 2024. Le chiffre français ne me paraît pas très réaliste…. Comme une impression que c’est beaucoup moins en réalité… Ici en France, la classe moyenne s’appauvrit à vitesse grand V, enfin c’est ce que je ressens personnellement.
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Attention tout de même, en France on a le net (ce qu’on touche), le brut (ce qu’on négocie) et le « super brut » (ce que le patron paie pour nous faire travailler). Schématiquement, le coût d’un salarié français (dans le privé) est à peu près égal au double de son salaire net. D’après l’INSEE ces 2600€ sont un net, donc ils coûtent 5200€.
La différence ? Les charges (patronales et salariales, en pratique c’est pareil), qui financent notre modèle social. Modèle social qui est, si je ne me trompe pas, entièrement au choix et à la charge du salarié en Californie (Justin, si je dis une bêtise, n’hésitez pas !).
Tout ça pour dire : la différence est plus à mon humble avis entre $6000 et 5200€. 5200€ qui, au taux de change actuel, valent… $6100.
Notez que ma remarque est purement factuelle, je ne pose pas ici la question de qui doit payer quoi, et est-ce que c’est trop cher ou autre — là, on entrerait dans la politique, ce qui n’est pas souhaitable ici.
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Il y a une grosse différence entre le brut et le net chez moi, aussi. Un qui reçoit 6 000 $ par moi payera entre 25-30 % juste pour l’impôt dit « income tax », 15 % pour l’assurance sociale et le programme dit Medicare (auquel il ne touchera pas ; c’est pour les retraités), et l’employeur est aussi obligé de payer 15 % au gouvernement pour ces mêmes programmes. Grâce à M. Obama, on paye cher si on n’achète pas son assurance médicale directement par l’employeur, alors c’est entre 5-10 % du brut, mais on peut soustraire ce coût du brut pour calculer le taxe sur les revenus.
À cause d’autres dépenses, on estime en général qu’en employé coûte aussi environ 2x son salaire, mais l’État voit moins de cette coûte qu’en France. Cependant, entre tous les impôts, le net que l’employé reçoit lui-même est souvent entre 50-60 % du brut.
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TOTALEMENT ! 2000 euros !? 🤣 Dites ça aux aides soignantes, femmes de ménage on va rire ! 😂😬😣
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De mon côté, j’achète les pains au chocolat, quand j’en achète, dans les boulangeries. En général ils sont vendus par chez moi entre 1,30€ et 1,50€ — les premiers sont à ce que je considère comme un prix correct, plus cher j’estime qu’on se moque de moi. Pour l’instant, la tendance est à la hausse…
J’accepte de mettre un peu plus pour mon pain au chocolat du bistrot de mon marché, où je passe le samedi matin après mes courses, mais c’est parce-que c’est un bistrot.
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Tant que les commerçants auront des clients prêts à payer ce prix-là, ils ont raison d’en profiter. C’est la loi de l’offre et la demande. Par contre, s’ils ne trouvent plus personne pour acheter leurs produits, les prix descendront. Et si les coûts de production (transport, salaires, matières premières, taxes…) ne permettent pas de baisser les prix, alors le commerce fera faillite et fermera définitivement.
Petite correction : On ne dit pas « Je le doute », mais « J’en doute ». 😉
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Bien sûr, la demande joue un rôle important ici, mais on sait en général dans la restauration que les marges sont entre 1-5 %. Je ne dis pas du tout que Moulin s’engorge à ces prix — s’ils ne peuvent pas trouver assez de demande, ils fermeront, car les coûts sont trop chers pour baisser les prix. Et la vérité, c’est qu’à Newport Beach, il y a assez de monde qui peuvent payer — les tables à l’extérieur sont toujours occupées. Mais pour moi, la différence entre 4,50 et 6 $ le pain est que ma demande, déjà faible, atteint le zéro.
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Justin, je suis employée familiale pour une vieille dame sur un fauteuil roulant et payée 13, 86 net de l’heure avec 10 % de congés payés inclus, car je ne travaille que 5 mois dans l’année (un peu plus que le Smic) et heureusement que mon mari gagne plus vu l’augmentation infernale de tout : eau, électricité, loyers, bouffe … Je me demande comment font les smicards pour survivre ???
PS : Achète donc des pains sans chocolat 😉
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À vrai dire, ce n’est pas les smicards qui achètent leurs viennoiseries à Newport Beach. C’est à 5 km de chez moi, mais un quartier très riche. Le problème, c’est qu’au nom d’un coût de la vie abordable, le gouvernement californien hausse le SMIC bien au-delà des autres États, et tous les commerces qui payent le SMIC doivent hausser leurs prix en résultat. Donc le vrai résultat est que personne ne gagne.
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C’est vraiment cher ! Je m’imagine pas les autres dépenses. Bel article ! ❤️💗😄 J’ai aimé
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Et bien j’espère qu’il était bon, voir très bon ! Si c’est celui de la photo, le feuilletage est très beau. Mais 6€, c’est pas possible en effet !
Il ne te reste que à les faire ! 😁
Bon, après les pains au chocolat de carrefour, c’est pas cher, mais ce n’est pas pareil du tout. Ils les reçoivent congelés, les cuisent et voilà ! Et puis ça n’a pas le même goût… ( mon mari travail chez Carrefour).
Et pour ce qui est de ta lettre d’introduction, on a commencé ensemble, on finit ensemble avec plaisir 👌
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