San Francisco sans Maxime Le Forestier

Il n’y a pas d’épisode de la balado cette semaine ; je l’enregistre avec application, mais pas à ce niveau. Mais je vous raconterai notre jour à San Francisco. En deux parties, ou peut-être trois, car c’est longue.

Je sais qu’il y avait une chanson très populaire sur la ville en 1972, par M. Le Forestier. En fait, si on recherche l’adresse sur Google Maps, l’appli indique que c’est la maison de la chanson. Mais c’était dans la mauvaise direction, alors nous n’aurons rien à dire sur le sujet :

En anglais, c'est l'adresse, avec une note qui dit « la maison bleue de Maxime Le Forestier »
Capture d’écran de Google Maps

Sachez que nous avons marché comme rien d’autre hier. Vous pouvez voir que je n’ai pas quitté mon bureau lundi ni mardi cette semaine, pour faire autant de travail que possible :

Graphique qui montre le nombre de pas par jour : 24 360 pas dimanche !

D’abord, parlons de l’hôtel. Le Westin St. Francis existe depuis 1904, mais était anciennement indépendant. Il y a une petite salle qui sert en tant que musée de l’histoire de cet hôtel mythique. À gauche sont les machines pour laver les monnaies au début du XXe siècle, afin que rien ne salisse les gants blancs des clientes riches. Je ne plaisante même pas. À droite, des briques et des pubs de cette époque.

Le hall contient une horloge comtoise qui a plus d’un siècle, et le décor est joli :

Juste à côté de l’horloge, il y a un petit café avec de bonnes pâtisseries, avec des prix presque identiques à ceux de Moulin, près de chez moi. Le café a un thème italien, alors il y a de nombreuses affiches italiennes sur les murs :

Les vues même de notre chambre en arrière sont assez belles, et il y a une fresque qui raconte l’histoire de l’hôtel de façon humoristique dans le hall :

Demain, nous parlerons du Nintendo Store dans l’hôtel, le seul aux États-Unis en dehors du New York — et mes nombreuses plaintes. Ce n’est plus le Westin St. Francis de mes voyages avec ma grand-mère pendant les années 80, ni celui de mon dernier voyage pour les affaires en 2013. J’ai décidé que nous allions y séjourner avant de partir pour notre dernière fac car j’avais économisé le prix de deux billets d’avion (pour être clair, tous les hôtels de la semaine coûtaient ensemble le prix d’un billet sur Air France). Mais la chute de cette institution est honteuse, même si certaines choses sembleront tout un fromage sur rien. Disons qu’il y a des attentes qui vont avec un hôtel de première classe, et la gestion a tout raté à cet égard.

Je vous ai dit que l’hôtel était à Union Square, très proche du site d’un cambriolage choquant en pleine journée. J’essaye de toujours vous dire la vérité, et la vérité est que certaines choses étaient meilleures, et d’autres pires. Je dirais toujours que San Francisco est une ville en déclin, mais peut-être que le pire est en arrière-vue.

Voici Neiman-Marcus, le site du cambriolage.

Neiman-Marcus, vu de l'extérieur. Le coin du bâtiment est en verre.

Cette partie en verre au coin comprend la coupole, la plus belle de tous les magasins que j’ai jamais vus au-delà des Grands Magasins parisiens :

Vue de l'intérieur vers la coupole

Vous voulez la voir de plus proche que le rez-de-chaussée, je le sais. Votre souhait, ma commande :

Oui, il y a un resto là, The Rotunda. C’est merveilleux, mais nous y sommes arrivés après la fermeture (c’est seulement ouvert pour le déjeuner) — l’équipe m’a permis d’entrer pour prendre des photos. Afin que vous compreniez mieux quel genre de magasin est Neiman-Marcus, voici les vêtements vendus là — des créateurs, et rien d’autre :

Comprenez-vous maintenant pourquoi je m’en soucie de ce magasin, pourquoi c’est si personnel ? C’était anciennement un lieu de pèlerinage. Et maintenant je vais vous montrer la chute d’Union Square, le saccage de ce quartier.

Voici les concurrents autour de la place, Saks Fifth Avenue et Barney’s New York. Barney’s était la seule chaîne autorisée de vendre Goyard, le nec plus ultra de la maroquinerie française, aux États-Unis :

Oups, les enseignes ont été enlevées, et les deux sont définitivement fermés ! Je déteste quand ça arrive ! Il faut ajouter que Louis Vuitton reste sur la place :

Louis Vuitton au coin de la rue face à Neiman-Marcus

Ailleurs, un bâtiment dans ce quartier d’ultra-luxe est complètement vide sauf pour un magasin Ross au rez-de-chaussée. C’est quoi Ross ? Imaginez qu’Emmaüs n’acceptait pas de dons, mais était autrement pareil :

Ross, l'Emmaüs américain, mais pas à buts non-lucratifs

À côté d’Union Square se trouvait Westfield San Francisco. Je sais que vous avez Westfield en France, car l’entreprise gère Les Halles à Paris — c’est l’une des deux plus grandes chaînes de centres commerciales aux États-Unis. Westfield a rendu ce centre aux banquiers il y a deux ans. C’est plus qu’à moitié vide, et Bloomingdale’s, l’une des plus granées des grandes surfaces, a quitté le centre. À gauche, la chaîne de pharmacies Walgreens a quitté le centre, parce que… vous souvenez-vous des rasoirs derrière les vitrines fermées à clé chez moi ? À San Francisco, même ça ne suffisait pas, et vous voyez que ce quartier était riche.

Malgré toutes les fermetures, la ville est plus propre que l’on dit. Il y a plus de SDFs que dans mes photos, car j’évite de les faire honte, mais il n’y a pas de seringues dans les rues comme on disait. Voici le métro, dit BART : les voitures et les stations sont propres — mais vides. Et je ne veux pas dire car on est dimanche dans ces photos — il n’y a plus de commerces ni de distributeurs, même de sodas.

Mais je veux vous laisser avec un meilleur goût que ça. Notre premier arrêt après avoir quitté BART, c’était le Ferry Building. Rien à voir avec Jules ; on parle d’un bâtiment anciennement utilisé pour lancer les bateaux dits ferries. De nos jours, c’est un marché de producteurs.

Il y a des producteurs là comme vous ne croyez pas existent aux États-Unis. Voici une boulangerie :

Boulangerie et caissier

À côté, il y a une pâtisserie nommée Miette, car toutes les bonnes pâtisseries portent des noms français :

Il y a des producteurs d’huile d’olive et de champignons, même de poteries :

Mais le roi des rois, c’est le meilleur chocolatier californien, et à mon avis, du pays entier, Recchiuti. Oui, j’ai acheté des chocolats en cadeaux pour mes parents — et pour nous :

Pour vous donner une idée de ce que l’on trouve chez Recchiuti, une « Key Lime Apple », (pomme aux citrons verts) est une pomme tranchée par mandoline, aussi fine qu’une feuille de papier, marinée pendant des heures dans du jus des citrons verts de Floride dits « Key limes », les meilleurs du pays, puis trempée dans du chocolat noir. Elles sont vendues uniquement emballées, alors pas de photos, mais M. Recchiuti ne doit aucune excuse aux Pierre Marcolini et aux Robert Linxe du monde !

12 réflexions au sujet de « San Francisco sans Maxime Le Forestier »

  1. Avatar de biche*biche*

    Bonjour Justin, comment expliqueriez vous cette chute de San-Francisco ? Des quartiers semblent s’être vidés de leurs habitants, des magasins et pharmacie ont fui. L’insécurité, les vols (rasoirs sous vitrine ?), la drogue ? Ce n’est pas très clair pour moi.

    Le métro ressemble à un métro de ville fantôme.

    Sinon, j’ai bien aimé la machine à laver l’argent ! L’argent sale ?! 😉

    Et puis il y a un peu d’espoir dans cette ville avec le marché de producteurs.

    Existe-t-il encore à San-Francisco des quartiers où il fait bon vivre ?

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    1. Avatar de Justin BuschJustin Busch Auteur de l’article

      Comment l’expliquer, il me faudra un bon billet de 1 000 mots pour ça. Mais la version la plus courte, c’est que la Californie contient trop de monde qui nie la réalité, peu importe les preuves, et c’est à son pire à SF et LA.

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  2. Avatar de Martine DardenneMartine Dardenne

    La dernière fois que j’ai visité SF, en 2019, il m’a semblé que la ville était encore très agréable. Je prévoyais y retourner passer plusieurs jours. Mais depuis la pandémie, on entend des avis très négatifs sur cette ville, alors je ne sais pas que penser. Justement, hier, des amis de retour des USA m’ont dit qu’ils avaient été cambriolés près de Union Square, en plein jour. On a cassé les vitres de leur voiture de location et volé toutes leurs affaires. Jamais je n’ai vu ça lors de mes visites là-bas !!! C’est tellement triste. Espérons que les choses s’arrangeront….Intéressant ton article, Justin 🙂

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  3. Avatar de FilimagesFilimages

    Tu viens de brûler la carte postale !
    L’insécurité fait des ravages partout. Le pire étant ceux qui nient le problème ou minimisent en parlant d’un « sentiment d’insécurité ». Ils contribuent tout autant à inciter les gens qui subissent ces violences quotidiennement à se tourner vers les politiques populistes.

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  4. Avatar de vanadze17vanadze17

    Dans les années 80 ou 90, cette ville avait une belle réputation me semble-t-il…
    Des amis y étaient allés et étaient revenus enchantés ! J’avais pu voir leurs photos.
    Ici aussi, dans les villes même moyennes, il y a des quartiers tristes, et je crois que cela s’est accentué depuis le covid !

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