Je ne vais pas vous dire que l’histoire ici est la pire chose que j’aie lu. Ce n’est pas vrai — notamment, personne n’est mort. Mais il y a du monde qui souffrent au sud-ouest de France en ce moment, et j’ai eu le cœur brisé en lisant celle-ci.
Notre histoire se déroule dans les Landes, plus connus sur ce blog comme le site de Notre-Dame des Cyclistes. Le gros titre de France 3 Nouvelle-Aquitaine a attrapé mon œil car je le croyais une blague : « « On ne leur achète même plus, c’est aberrant » : un agriculteur donne 70 tonnes de pommes de terre, faute de pouvoir les vendre ». Ça me semblait impossible : quoi, personne ne mange plus d’aligot ou de frites là ?

Qu’est-ce qui s’est passé ? Selon France 3 :
La question a été posée au secrétaire général adjoint de la FDSEA des Landes. « Le cas de Pissos n’est pas le seul dans le secteur, assure Denis Labri, j’ai beaucoup de collègues aussi qui ont des pommes de terre à ne plus savoir quoi en faire…
Le marché 2024 a explosé avec des prix importants et une récolte importante. Dans le nord du pays, les agriculteurs ont des moyens de stockages et donc ils ont stocké leur production, poursuit-il. Dans les Landes, les pommes de terre sont précoces (juin à début juillet)…
Le problème des patates produites dans les Landes, c’est qu’elles sont destinées à l’industrie et doivent être traitées dans les 48 heures, sans quoi elles ne restent pas fraîches très longtemps et pourrissent vite.
L’article raconte comment un producteur, pas nommé, se débrouillait face à la situation de pommes de terre sur le point de périmer :
Au lieu de détruire sa production, il préfère la donner, sachant que ces pommes de terre, une fois récoltées, ne peuvent pas se conserver très longtemps.
Alors, les gens viennent de partout pour prendre les pommes de terre, jusqu’à 70 tonnes. Impossible qu’il se débarrasse de tout avant qu’elles ne périment. Je voulais mieux comprendre combien d’argent il perd de cette façon, alors j’ai fait le calcul selon quelques hypothèses :
Aux États-Unis, les producteurs reçoivent 31,9 % du prix en détail dans la catégorie de légumes frais, selon le gouvernement. Puisque je ne suis pas expert en statistiques économiques françaises, je ne chercherai pas le pourcentage exact, mais j’estimerai qu’un tiers du prix en détail va aux agriculteurs. Quant au prix en détail, il y a des pommes de terre disponibles chez Carrefour de 0,60 €/kg à 7,99 €/kg. J’imagine que les industriels ne payent pas le haut de gamme, alors j’estimerai un prix en détail de 1 €/kg, donc un prix en gros de 0,33 €/kg. Avec ces chiffres, 70 000 kg de pommes de terre valent 23 000 € au producteur. Ce n’est pas rien !
Le problème, c’est que l’année dernière, selon France 3, le prix en détail était environ 2 €/kg. Alors, il s’est effondré de 50 %, et en quelque sorte, la demande est encore plus faible que ça suggère. Ces chiffres nous disent que l’année dernière, le producteur aurait espéré des revenus de 46 000 €. C’est un changement de presque 70 000 € d’une année à la prochaine — un vrai coup dur. Et comme nous avons entendu, c’est arrivé à beaucoup de producteurs landais.
Je n’ai pas de solutions. Mais si je peux me citer dans un livre que très peu d’entre vous ont lu, « la réalité des producteurs n’est pas L’amour est dans le pré. » Complètement par hasard, ça venait de mon essai pour les Landes. Peut-être que j’ai appris quelque chose pendant ces dernières années après tout !

Je ne sais pas comment ça se passe dans le marché de la pomme de terre, mais ce que vous dites me rappelle une anecdote que m’avait racontée il y a une grosse vingtaine d’années un ami dont les parents, vivant à Sète, connaissaient bien un viticulteur de Frontignan.
Chaque automne, ce producteur leur donnait des raisins, par caisses entières. Du muscat, bien sûr, c’est le cépage principal là-bas. Excellent, cela va sans dire.
La raison : sa production dépassait les quotas autorisés pour le vin. Il utilisait ce qu’il avait le droit d’utiliser pour le vin, le reste, soit il le mangeait, soit il le donnait, en tant que viticulteur il n’avait pas le droit de vendre sa production comme raisin de table.
Je connais mal le sujet, mais je ne serais pas surpris que ces agriculteurs soient plus ou moins piégés par une norme ou une réglementation quelconque, il y en a énormément dans l’agriculture et si certaines ont de bonnes raisons d’être là, bon nombre d’entre elles ne servent qu’à donner du travail à une noria de fonctionnaires chargés de contrôler leur application…
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Il y a eu un célèbre procès aux États-Unis, Wickard vs Filburn, très similaire à cette histoire de raisins. Pendant la Grande Dépression, un agriculteur cultivait son propre blé pour donner à manger à ses animaux. Cependant, le gouvernement Roosevelt (Franklin, pas Theodore) avait adopté une loi pour limiter les quantités de blé que l’on pouvait cultiver, afin de réguler le prix. Le gouvernement avait donc poursuivi M. Filburn, l’agriculteur, pour s’être mêlé dans le commerce entre les États (le seul dont le gouvernement fédéral a le pouvoir de réguler). La Cour suprême a trouvé que cette situation était logique, ce qui a fini par imposer l’histoire du viticulteur comme loi aux États-Unis.
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Apparemment, les prix ont chuté cette année parce que l’an dernier en 2024, les prix pour les agriculteurs avaient augmenté de façon significative.
En 2025, les agriculteurs ont voulu augmenter les cultures de pommes de terre pour gagner un peu plus, et bizarrement les prix ont chuté…
On peut se poser la question de savoir qui fait la pluie et le beau temps sur les prix en France ? Mais on laisse faire…
https://www.franceinfo.fr/economie/emploi/metiers/agriculture/pomme-de-terre-recolte-record-et-prix-en-baisse_7468645.html
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Depuis que le commerce existe et dans tous les pays du monde, il n’y a qu’une seule loi qui régule les prix. Elle est complètement naturelle, régie par personne, implacable et incontournable : C’est la loi de l’offre et la demande.
Le seul système politique qui a tenté de la contourner (le communisme) a échoué.
Cette loi est tellement puissante qu’elle s’applique aussi à de nombreux secteurs de la vie, notamment la régulation des populations (animales et humaines), le monde du travail, etc…
La seule attitude à avoir, c’est s’adapter, même si ce n’est pas facile.
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Absolument, mais c’est quand même très difficile quand il y a une source d’offre complètement imprévisible, dans ce cas les entrepôts du nord. J’imagine que les agriculteurs landais planteront tout autre chose après ça.
Mon plat principal pour les Landes était le hachis Parmentier, parce que les produits phares du département étaient le bœuf Chalosse et les pommes de terre. Au futur, ce sera probablement le mauvais choix !
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Les conditions redeviendront peut-être plus favorables dans le futur. Qui sait ?
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Dans l’agro alimentaire rien n’est naturel, tout est artificiel, malheureusement ! Surtout ce que l’on appelle « l’offre et la demande ».
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C’est un autre sujet.
Les produits bio subissent aussi cette loi.
Les populations de proies et de prédateurs en Afrique, en Antarctique et ailleurs sont aussi régies par la loi de l’offre et la demande.
L’offre et la demande ne s’appliquent pas qu’au strict domaine commercial. Cette loi existait bien avant le commerce et l’apparition de l’homme sur Terre.
La loi de Darwin en est une des déclinaisons dans le monde des vivants.
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Il faudrait donc cultiver autre chose….🍒🥝🍅🍆
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Comme une envie de pommes de terre pour ce midi, elles cuisent ! 🙂
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Moules frites maison chez nous ce midi 😁
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C’était des pommes de terre à l’eau tout simplement, des moules frites, j’en rêve !!! 🙂
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La vache, je ne savais même pas que c’était possible. C‘estst bien moche.
Petit point de correction (je suis vraiment désolée, j’estime que je ne suis pas la mieux placée pour ça): « monde » c’est au singulier. C’est étrange car ça englobe plein de gens (plein de monde) mais du coup c’est pas au pluriel: « il y a du monde qui souffre ». Je ne connais pas le pourquoi de cette règle!
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Oups, je suis au courant de cette règle — je me souviens de rechercher tous les exemples de « monde » dans mon manuscrit exactement pour vérifier l’accord des verbes — mais j’ai quand même oublié cette fois. Ça m’apprendra de ne pas écrire ces articles dans les tribunes d’un stade au milieu d’un match de football américain ! (J’étais là parce que La Fille joue dans la fanfare de son lycée.)
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Oh, et j’ai oublié de le dire, mais tout le monde est le bienvenu de me corriger quant à la grammaire. Ma regrettée amie Pascale avait aussi l’habitude d’offrir ses excuses chaque fois, mais ça n’a jamais été nécessaire. Je sais très bien qu’il n’y a pas de méchanceté derrière ça, même si j’appartiens à deux groupes sur Facebook qui existent exactement pour être méchants envers les autres pour leurs fautes !
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Pour le Nord, j’ai entendu dire autre chose par quelqu’un qui suit l’actualité anxiogène bien mieux que moi : les pommes de terre ne sont pas stockées pour être vendues, mais pour être converties en trucs comestibles pour les vaches tellement le prix qu’on leur donne est ridicule cette année. Le surplus n’est pas ramassé et pourrira dans les champs.
Ma question : est-ce que les vaches nourries aux pommes de terre donneront directement de la purée à la traite ? Les fabricants de flocons ont du souci à se faire ! 😉
Autre chose, on nous annonce une énième pénurie de beurre, ce n’est pas nouveau, on a trafiqué génétiquement les vaches pour qu’elles donnent du lait 1/2 écrémé, les producteurs de crème et de beurre ont donc des difficultés d’approvisionnement.
Comme on a aussi appris aux populations d’extrême-orient qu’il n’y avait rien de meilleur qu’une tartine beurre + confiture au petit déjeuner alors qu’ils n’en consommaient pas (intolérance au lactose due à un déficit d’une enzyme pour le digérer) la demande en beurre a donc augmenté alors que le production est en baisse !
Mais nous allons être sauvés, des chercheurs canadiens ont trouvé une solution en prélevant des cellules directement sur le pis des vaches, et ils auraient réussi à initier une production laitière, mais je n’ai pas su avec combien de crème par litre !!!
Je ne sais pas si c’est du lard ou du cochon, mais comme il n’y a pas de fumée sans feu, je dirai simplement que notre époque est fantastique ! 😦
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Je suis bien au courant de l’intolérance au lactose de ces populations — j’habite dans un quartier à moitié coréen et chinois, et toutes les boulangeries près de moi sont asiatiques et utilisent du soja pour tout !
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L’intolérance au lactose se trouve chez nous aussi, à l’âge adulte, si on ne boit plus de lait de manière régulière, la présence de la fameuse enzyme diminue et finit par disparaître…
On nous console en nous disant que nous ne sommes pas des veaux et que les bovins adultes ne boivent pas de lait ! 😉
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Pour la première fois je vais acheter des pommes de terre la raison canicule a brûlé les feuilles de pdt puis pluies intenses , froidure en Août ont fait le reste .Seules les cucurbitacées ont données courgettes butternut potirons Fin Août les solanum lycopersicum ont rougies , les poivrons aussi plus petits que ceux des commerces surement plus naturels
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