On reprend maintenant « À l’ombre des jeunes filles en fleurs ». Cette fois, j’ai avancé de 22 pages.
La dernière fois, c’était au tour de Mlle Simonet d’attraper l’œil du narrateur. Enfin, presque :
Je ne savais pas laquelle de ces jeunes filles était Mlle Simonet, si aucune d’elles s’appelait ainsi, mais je savais que j’étais aimé de Mlle Simonet et que j’allais grâce à Saint-Loup essayer de la connaître.
Mais Saint-Loup ne s’intéresse pas à l’aider, de peur que ça embête sa propre copine. Alors le narrateur tourne vers une direction familière — penser à son avenir littéraire, d’où sort ce joyau :
Peut-être certains chefs-d’œuvre ont-ils été composés en bâillant.
Peut-être certains chefs-d’œuvre ont-ils été lus en bâillant aussi. Je dis ça, je dis rien.’
Saint-Loup et le narrateur dînent enfin à Rivebelle, où ce dernier fait la comparaison entre les tables et « autant de planètes », disant des serveurs :
leur course perpétuelle entre les tables rondes finissait par dégager la loi de sa circulation vertigineuse et réglée.
Encore une fois, il essaye trop :
ce restaurant de Rivebelle réunissait en un même moment plus de femmes au fond desquelles me sollicitaient des perspectives de bonheur que le hasard des promenades ne m’en eût fait rencontrer en une année
Mais exceptionnellement pour Proust, ce dîner ne s’étend que sur 8 pages, après lesquelles Saint-Loup s’excuse pour aller avec d’autres amis dans un casino. Le narrateur revient au Grand-Hôtel en pensant que
Je ne faisais, du reste, en somme, que concentrer dans une soirée l’incurie qui pour les autres hommes est diluée dans leur existence entière… quand est encore lié à la fragilité de leur cerveau le livre dont la prochaine mise au jour est la seule raison de leur vie.
Comme je comprends ! Nous les auteurs doivent faire attention à être prétentieux sur le processus d’écrire ! #DesSubventionsPourLesCerveaux (L’incurie en question, c’est qu’il a bu un peu plus que d’habitude, dont des verres de porto. On dirait que sa voiture était un Uber à cheval.)
Être un peu ivre a d’autres conséquences :
Je dois du reste dire que cette insignifiance où tombaient les choses les plus graves… finissait par comprendre même Mlle Simonet et ses amies.
Elle s’échappera peut-être à son sort ?
Je ne connaissais aucune des femmes qui étaient à Rivebelle, et qui, parce qu’elles faisaient partie de mon ivresse comme les reflets font partie du miroir, me paraissaient mille fois plus désirables que la de moins en moins existante Mlle Simonet.
Dites-donc, on a une expression pour exactement ce phénomène en anglais, les « binocles de bière » (« beer goggles »). Faites pas ça, Marcel, vous avez des fantômes à poursuivre !
Il nous dit qu’en fait, ces mêmes femmes du resto connaissaient toutes Saint-Loup, qui était sorti avec pas mal d’entre elles. Et il imagine les potins de la soirée, surtout sur sa maîtresse actuelle :
Il faut qu’il soit tout de même une fameuse truffe. Elle a des pieds comme des bateaux, des moustaches à l’américaine et des dessous sales !
Miaou, dirait-on.
M. Gueule de Bois passe quelques pages en décrivant le fait de s’endormir, puis se réveille à quelque chose de familier après une nuit d’ivresse :
Enfin je voyais clairement : « deux heures de l’après-midi ! »
Ouaip, ça arrive, mon gars. Même moi, je le sais.
Avec ça, l’aventure du dîner et de ses suites se termine. Mais non sans une dernière pensée prévisible :
Tout à coup je me rappelai la jeune blonde à l’air triste que j’avais vue à Rivebelle et qui m’avait regardé un instant… Il me semblait qu’elle m’avait remarqué, je m’attendais à ce qu’un des garçons de Rivebelle vînt me dire un mot de sa part… Il serait bien difficile de la voir, de la voir sans cesse. Mais j’étais prêt à tout pour cela, je ne pensais plus qu’à elle.
Qui est-elle ? Aucune idée. Est-ce que l’on fera sa connaissance prochainement ? Exactement autant que pour la fille de la gare, Mlle de Stermaria et Mlle Simonet, j’espère !

C’est vrai que la lecture de proust fait bailler !!🌸
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C’est vrai aussi qu’autrefois les chevaux connaissaient le chemin du retour…
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Je suis admirative. Proust a fait bailler plus d’un étudiant Français. Quant au lycée, s’il nous fallait lire et analyser 20 pages, ça ressemblait à la corvée du weekend.
Mais les chevaux connaissent toujours le chemin du retour 😉
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❤
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Bonne nuit JB les fleurs de Décembre sont rarement ouvertes .La page du coup de foudre devient mon livre virtuel , bien narré , sans faute , un plaisir de lire enfin avec des caractères adéquat pour mes quinquets fatigués ,ce qui n’est pas le cas des livres papiers où par soucis d’économie les lettres sont devenues fines à s’arracher les globes oculaires pour une bonne lecture avec accessoires : lunettes vue de près , loupe .J’ai parlé du coup de foudre chez mes contacts culinaires .
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