Adieu, Hollywood

Hier, ma fille et moi sommes allés au ciné pour regarder le dernier film d’Indiana Jones. C’était notre deuxième séance de ciné pendant le mois dernier, après Transformers : Rise of the Beasts. En fait, le nouvel Indiana Jones n’était pas du tout aussi mauvais que j’avais craint, mais je suis quand même tout à fait prêt à dire adieu aux films américains. Pour l’occasion de notre fête nationale, je déclare mon indépendance.

La liberté d’expression par Norman Rockwell, Domaine public

Je vais franchement faire la polémique ici, et j’ai des sentiments mitigés. Vous avez entendu mes plaintes contre de tels expatriés que Sebastian Marx, qui essayent un peu trop de faire plaisir à ceux qui détestent les américains. Moi, je plaisante sur nous parfois, mais j’essaye aussi de communiquer un sens de ce qui compte vraiment. Il s’avère que ces deux films expliquent parfaitement pourquoi j’en ai ras-le-bol quant à Hollywood.

Quand j’ai commencé à regarder les films français, on était 2020, et les États-Unis étaient en pleine crise sur notre identité. Je ne vais pas vous dire qu’il n’y avait pas de critiques légitimes, mais je dirais qu’il y avait une méchanceté derrière certaines critiques. Il y avait de nombreux émeutiers qui chantaient dans nos rues « L’Amérique n’était jamais grande ». Une partie de ça était un commentaire ironique sur le slogan de M. le Président Trump, mais je remercie mes con-citoyens de ne pas dire une telle chose sur le pays qui a construit les Liberty ships et mis un homme sur la Lune.

En regardant Rabbi Jacob — jamais critiqué ici en détail, car vu avant le lancement du blog — j’ai trouvé exactement ce que je cherchais en ce moment-là. Les Français ont un don pour se critiquer sans pitié alors qu’ils restent très fiers de l’être. Victor Pivert est raciste, sexiste, antisémite, quel que ce soit — et en même temps, ce film est une lettre d’amour à la France, et Pivert lui-même se révèle un chic type le temps que le film se termine. J’ai récemment fini le premier brouillon de mon classement de films — ce qui attend 7 films de plus pour atteindre 100 — et je remarque que cette tendance se répète encore et encore parmi la moitié supérieure. La Grande Vadrouille, La Traversée de Paris, L’Aile ou la cuisse, La Soupe aux choux — on peut dire la même chose de chacun. Et c’est exactement ici où Hollywood ne peut plus le faire.

Je ne vous dirais jamais que les films des Transformers sont des œuvres intellectuels, alors je ne veux pas surestimer l’importance de ce que nous avons vu. Pourtant, j’ai dû expliquer à ma fille à la fin qu’en fait, des commentaires racistes contre elle ne sont pas acceptables non plus. « N’oubliez pas de vous moquer de ses blagues — les blancs aiment ça » n’est pas une réplique que je veux expliquer ni défendre.

Pour sa part, Indiana Jones et le Cadran de la Destinée a évité ce genre de sentiment. Mais c’était le « Réveil de la Force » de la série — une revisite de tout ce qui marchait dans les vieux films car il n’y a rien de nouveau à dire. Je peux recommander ce film pour ses 20 premières minutes si vous êtes fan d’Indiana Jones, mais il ne mérite pas une place aux côtés de la trilogie. (Il n’y a pas de soi-disant « 4e film ». « Le Royaume du Crâne de Cristal » est un faux souvenir implanté par le Matrix.)

C’est exactement ici où j’ai décidé que le deuxième film d’OSS 117 est allé trop loin, alors que le troisième était un retour en forme. Je suis prêt à écouter des critiques, même des critiques sévères. Mais il faut qu’elles soient honnêtes, pas hypocrites et pas méchantes. Pour voir comment faire ça de nos jours en version française, regardez Jumeaux mais pas trop.

Je ne vais pas refuser à La Fille ses films de jeux vidéo, les Mario et les Sonic. Mais je ne me sens plus obligé de payer le faux choix de Hollywood : soit les insultes gratuites soit les énièmes reprises. En ce jour où on fête la liberté aux États-Unis, je fête donc la liberté de dire que mon budget de loisirs est réservé — à la FNAC.

9 réflexions au sujet de « Adieu, Hollywood »

  1. Avatar de scriiiptor (pour scriiipt.com)scriiipt

    Je n’ai pas encore vu le 5ème volet d’Indiana Jones. Donc, je réserve mes commentaires. En général je suis plutôt bon public, et je me laisse au moins le loisir de faire 2 ou 3 visionnages du film pour me faire une opinion définitive… Par exemple, je n’avais pas apprécié à sa juste valeur Indiana Jones et le Temple Maudit à sa sortie. Maintenant c’est mon préféré de la première trilogie…

    Pour revenir au reste de l’article :
    Sauf quelques rares cas de personnes qui voyagent vraiment, et savent vraiment s’immerger dans une nouvelle culture, la plupart du temps, nous n’avons qu’une image partielle de la culture d’un autre pays. En France (comme ailleurs je le suppose), le public en général ne connait les américains et les USA qu’au travers des séries TV et des films. Ces films et séries sont souvent formatés pour séduire un large public, jouant sur les clichés, et confortant le public sur ce qu’il pense savoir d’un autre pays, d’une autre culture. Hollywood (mais pas uniquement) ne prendra pas de risque en cassant un cliché ou une idée déjà fortement ancrée dans l’imaginaire collectif, car il risquerait de s’y perdre et d’y perdre le public.

    Les comédies françaises ne sont pas exemptes d’erreurs et de clichés. Parfois, c’est volontaire et c’est bien l’effet recherché, OSS 117 (les 3 volets) sont bien dans ce pari un peu risqué, de jouer avec les clichés. Il faut aller chercher au plus profond de notre culture cinématographique dans des films des années 50 et 60 multirediffusés à la télévision, pour y retrouver tous les clins d’œil d’OSS à ce genre passablement suranné.
    Racisme, sexisme, homophobie, anti-américanisme primaire, ou anti-communisme primaire, ou autre anti-quelquechose émaillent souvent des films à succès. Alors, parfois il faut recontextualiser, et parfois juste se dire, que c’était simplement une erreur malvenue d’une époque révolue. Quoi qu’il en soit c’est toujours d’intéressant d’en voir le contexte.

    L’impression de sentiment anti-américain qui transparait parfois dans les films les plus anciens vient-il de la posture de la France de de Gaulle au moment de la Libération ? La Guerre Froide a laissé des traces et des méfiances, la France et l’OTAN dans les années 50 et 60 c’était un peu compliqué aussi.
    Pour terminer le coté culturel, je ne peux que recommander le visionnage de « La Classe américaine : Le Grand Détournement » de Michel Hazanavicius et Dominique Mézerette. Un film ‘ovni’ qui joue terriblement sur les clichés et notre mémoire cinématographique…

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    1. Avatar de Justin BuschJustin Busch Auteur de l’article

      Ah oui, La classe américaine. « On va manger des chips ! » C’est un de mes films préférés depuis 2 ans. J’oublie comment je l’ai trouvé, mais j’étais absolument médusé par le film en tant que document culturel.

      Quant aux sentiments parfois anti-américains dans les films français, je reste bien surpris par le point auquel c’est beaucoup moins fort que ce à quoi je m’attendais au début. On a une impression de quelque chose d’agressif aux États-Unis, mais il me semble que ce soit exagéré. Le moment où Louis de Funès fait semblant d’être cow-boy dans L’aile ou la cuisse reste l’un de mes moments préférés, car je l’ai reconnu comme une critique de cette attitude, plutôt qu’une grossière parodie. Il y a un personnage dans Les Barbouzes qui aurait pu vraiment m’énerver de cette façon si je l’avais vu trop tôt, mais à ce point, je suis bien à l’aise avec ce que je vois.

      Sauf pour Kaamelott : Premier volet. Je pourrais le regarder une centaine de fois, et je n’aurai toujours pas la moindre idée de ce qui se passe !

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      1. Avatar de scriiiptor (pour scriiipt.com)scriiipt

        Pour l’Aile ou la Cuisse, dans cette scène, que l’on peut retrouver dans d’autres comédies françaises plus ou moins récentes, la satyre fonctionne a plusieurs niveaux. Elle moque gentiment le touriste américain, mais aussi le français qui accueille le touriste et le français qui se fait une image fausse de l’Américain. C’est un ressort comique qui revient assez souvent dans le cinéma français :  »le français qui se met a vivre comme il pense que les américains vivent, et qu’il ne connait qu’au travers des fictions ».

        Pour Kaamelott, je ne vais pas faire d’analyse trop profonde… On est nombreux à ne pas avoir la culture d’Alexandre Astier. Si Kaamelott est certes une comédie  »decallée », c’est aussi très très référencé historiquement. Et des fois, pas évident de comprendre les choix d’Alexandre Astier, mais il y a souvent une très bonne raison… A nous de creuser un peu nos références historiques sur les différentes version de la légende du Roi Arthur.
        Kaamelott plonge plus dans une vision d’un Arthur historique possible que dans la vision classique hollywoodienne que l’on connaît tous (le côté comique a part)

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