Portrait de Molière par Nicolas Mignard

Molière au Japon

À moins que l’on soit employé de Facebook, on n’a aucune idée de ce qui se passe vraiment avec leurs algorithmes. Et franchement, si vous comprenez comment marche l’IA de nos jours, peut-être même pas eux. Il y a des millions de variables dans les réseaux neuronaux ; impossible pour n’importe quel être humain de garder tous les calculs dans la tête. Mais ils savent que je prétends parler le japonais (enfin, juste les prépositions — lien hilarant en anglais), ainsi que le français, et ça commence à avoir des conséquences.

Facebook, et Instagram, me montrent souvent des clips des japonais — bon, franchement, des japonaises (on en parlera plus ailleurs) — qui veulent apprendre la langue à d’autres personnes. En général, en anglais. Mais récemment, les deux ont commencé à me montrer de tels clips :

En soi, ce n’est pas choquant. Je connais un gars anglophone qui enregistre des trucs en français toutes les semaines pour un public francophone. Pourquoi pas des japonais aussi ?

Alors, je reçois tout à coup plein de suggestions comme celle-ci, qui veut apprendre le japonais aux français :

Mais ça arrive de plus en plus, et je dois avouer que c’est dépaysant. Le système japonais est très loin du français, et je l’avais bien associé avec l’anglais en plus. Par exemple, tout comme en anglais, tous les jours de la semaine finissent par « -yōbi », qui veut dire « -day », ou « jour ». Je suppose que tous les « -di » — lundi, mardi, etc. — viennent de la même origine, mais d’où donc cette espèce de « di-manche » avec son ordre pourri ?

Le Trésor de la Langue française dit que « di » vient du latin « dies », jour, et « manche » de « Dominicus », Seigneur. Mais en japonais, pour dimanche on dit « nichiyōbi », c’est à dire « soleil-jour », exactement comme l’anglais « Sunday ».

Mais ce n’est pas juste la langue. Voilà, elles veulent aussi apprendre la cuisine japonaise aux francophones. Vous remarquerez quelque chose de hyper-japonais dans le texte qui accompagne cette vidéo. Malgré le fait qu’il faut parler le français pour comprendre la vidéo, il y a quand même une petite description en anglais. Ne me croyez pas sur parole :

Ma bataille contre les anglicismes en français est bel et bien perdu en japonais depuis longtemps. Pour « à plus tard », ils disent « bye bye ». Pour ordinateur, « pasokon », une contraction des mots anglais « personal computer », mais avec une prononciation plus naturelle pour eux. Il y a des milliers de mots comme ça. Mais on dit en japonais « arubaito » pour le boulot, d’après l’allemand « arbeit ». (Savez-vous où on trouve ce mot ? Je dis ça, je dis rien.) Et comment dit-on « pain » en japonais ?

Pan. Je vous laisse à deviner à qui ils l’ont emprunté. (Ne soyez pas surpris — il n’y a aucune tradition de pains comme nous les connaissons dans la cuisine japonaise traditionnelle.)

Mais j’ai quelque chose de nouveau pour me faire inquiéter. En préparant cet article, Instagram a décidé que je veux aussi apprendre l’espagnol…en français !

Langue de Molière vous reverra la semaine prochaine avec une colonne histoire d’histoire.

7 réflexions au sujet de « Molière au Japon »

  1. Avatar de Agatheb2kAgatheb2k

    Il ne faut pas t’étonner, seul un océan te sépare du Japon… mais pour les algorithmes, je préfère ne pas savoir… parce que si je savais, je jetterais mon ordinateur et partirais dans une cabane perchée dans les bois jusqu’à la fin de mes jours ! Par chance je ne fréquente pas les réseaux sociaux ! 😉

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