Je ne m’attendais pas à écrire ce billet aujourd’hui, mais après une conversation avec Oth dans les commentaires de son blog, je me suis rendu compte qu’il y a des choses à propos de la vie à l’américaine que je dois vraiment vous expliquer. On va régler des comptes.

Ça fait maintenant 3 ans où j’essaye de vous expliquer que je compatis avec vos plaintes sur l’attitude parisienne. On ne peut pas lire « Je découvre Paris » ou « Mon dîner parisien » et pense que je n’ai pas de sentiments affectueux envers eux. Mais — et si ça les dérange, c’est leur problème — un parisien vaut exactement autant qu’un lozérien chez moi. En vous expliquant l’origine de mon Tour, je vous ai montré la frustration de vos compatriotes, qui croyaient que j’étais un étranger de plus qui pensait que Paris était toute la France. Mais je comprenais leurs plaintes beaucoup plus qu’ils ne pouvaient comprendre.
Avant de continuer, je vous rappelle que je n’ai jamais, même pas une fois, utilisé l’expression « en province » pour parler de quelque chose en dehors de Paris. Ce qui suit est la véritable histoire derrière ce choix.
Je suis né et grandi à San Diego, à 50 km au nord de la frontière mexicaine. Pas comme le comté d’Orange, où je suis emprisonné à Elbe-en-Irvine jusqu’en 2028 (je suis obligé de vivre à pas plus de 22 km de chez mon ex), San Diego avait ses propres chaînes de télévision, mais on recevait quand même des pubs d’entreprises de LA. Alors j’entendais parler de ce que les habitants de LA appelaient « Greater Los Angeles », J’aurai un peu de mal à vous donner une traduction exacte. Vous connaissez l’idée d’un aire d’attraction d’une ville — la région autour d’une ville, les communes ont leurs propres mairies, ouais, mais on « sait » qu’elles font quand même partie de ladite ville, n’est-ce pas ? Alors, « plus grand » est littéralement « greater », et à leur avis, San Diego — à l’époque une ville de plus de 1M d’habitants, avec ses propres équipes dans 3 des 4 grandes ligues professionnelles du pays (basket-ball, football américain, baseball) — n’était qu’une partie de leur aire d’attraction. En plus, ils appellent leur comté, également au nord d’Orange que de San Diego, « the Southland » — le Pays du Sud — ce qui nous rend quoi exactement ? Le Mexique ?
Vous commencez à comprendre pourquoi je déteste leur attitude, comme si mon ancienne ville ni mon comté actuel n’existent pas.
Maintenant vous avez le contexte, et je peux vous expliquer la situation actuelle. Toute cette saison, je vous ai parlé des Los Angeles Chargers à chaque fois où cette équipe perd. Pendant 50 ans, ils étaient les San Diego Chargers. J’ai été abonné pendant 17 de ces années-là. Et franchement, pour la grande majorité du temps, ils étaient horribles. J’allais au stade tous les deux dimanches pendant qu’ils avaient des records de 1-15, 2-14, 5-11, etc. Il n’y a aucun système de relégation aux États-Unis, et les ligues partagent leurs revenus entre les propriétaires, alors si un propriétaire s’en fout, il peut gérer l’équipe pour des cacahuètes (comme on dit ici), bien profiter, et se moquer des fans. J’ai supporté ça pendant des décennies.
En 1984, notre équipe de basket-ball, les Clippers, a quitté ma ville. Malgré le fait que les Lakers étaient déjà à LA, ils y ont déménagé — et ils étaient horribles, mais le propriétaire s’en fichait, car être à LA était quand même plus rentable. En 2016, les Chargers ont suivi son chemin.
Mais je n’ai pas souffert seul. Ici dans le comté d’Orange, il y a une équipe de baseball, les Angels. Ils jouent à Anaheim, ce que je surnomme « Chez Mickey » sur ce blog, parce que c’est où se trouve Disneyland. Quand leur propriétaire actuel les a achetés en 2005, il a changé leur nom officiel de « Anaheim Angels » à « Los Angeles Angels of Anaheim ». Pourquoi garder le nom d’Anaheim tout court ? Parce que le stade appartient à la ville et le contrat exigeait qu’Anaheim faire partie du nom. Mais le propriétaire, un M. Moreno, s’en fout des fans locaux et préfère être associé à LA — à 40 km de leur stade. En 2016, avec le fin du contrat, il a laissé tomber tout lien avec Anaheim, et l’équipe est maintenant les « Los Angeles Angels » — bien qu’ils jouent toujours à Anaheim !
Seulement l’équipe de hockey sur glace, qui joue dans une arène en face d’Angels Stadium, garde un nom local — les Anaheim Ducks. Comme vous pouvez imaginer, ils sont très populaires ici, parce que nous apprécions que son propriétaire ne se fout pas des gueules de ses fans.
Au fait, n’imaginez pas que les Angels sont uniques à cet égard. Il y a deux équipes de la NFL, les New York Giants et les New York Jets, qui font semblant d’être new-yorkais. Les deux partagent un stade — dans le New Jersey. (Moi, je n’avouerais pas non plus avoir des liens avec le New Jersey — où mes parents et grands-parents sont tous nés. Oups.)
J’espère que ça vous aidera à mieux comprendre le point de vue de ce blog. L’attitude « les grandes villes über alles » — ouais, je l’ai dit — existe aux deux côtes du pays, et à leurs yeux, le reste de nous n’existent pas. « En province », mon œil.

Tu m’as un peu perdue, mais ce n’est pas grave, je ne comprends toujours pas pourquoi tous ces gars courent derrière un même ballon alors que chacun pourrait avoir le sien, chinois bien entendu ! 😉
Ceci dit, être provincial n’est pas une insulte pour moi, j’ai été très contente après les longues années de ma vie parisienne de reprendre mon accent du sud de la Loire et de pouvoir acheter, si j’en ai envie, une chocolatine plutôt qu’un pain au chocolat comme il fallait les demander ! 😉
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Il y a une expression que les habitants de nos côtes utilisent pour parler du reste du pays — « flyover country » (le pays sur lequel on vole). L’idée est qu’il n’y a rien de valeur entre New York et LA ; c’est juste un obstacle à un plus court vol. Alors tout ce qui sert à renforcer de telles distinctions me dérange.
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Je comprends. Il n’y a pas un peu de pétrole et le Delta Queen (et ses superbes roues) sur le Mississippi (et sûrement d’autres choses encore qui font quand même vivre les citadins) entre les deux côtes ?
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À ne pas mentionner presque à tout la blé et le maïs du pays, et le bœuf et le porc aussi ! D’où mon bonheur que la France est fière de ses producteurs plutôt que les mépriser.
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Fière… je n’en suis plus si sûre… nous ne sommes plus autosuffisants pour beaucoup de choses, le mauvais état de nos sols (suite à l’agriculture intensive et aux intrants chimiques) y est pour beaucoup, et il ne serait que le fruit de l’absence de reconnaissance de leur travail par l’industrie agroalimentaire… 😦
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A Québec, nous utilisons les expressions Québec et sa banlieue ou Québec métropolitain pour traduire Greater Québec.
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Mais tu râles Justin ! Devient tu un peu frenchy ?
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Un peu ? Je n’ai jamais nié être râleur !
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Ici, les Parisiens (pour la plupart, ils sont nés en province) n’aiment pas trop les provinciaux mais apprécient de passer leurs vacances sur la Côte d’Azur ou Arcachon (où certains sont très impolis dans les restaurants ou magasins).
Les journalistes de télévision font souvent des commentaires sur la vie à Paris, c’est un peu leur nombril…
Bien sûr, il ne faut pas généraliser, mais pour moi, ce sont les « Bo.bos » qui sont le plus détestables. Je suis dans une région touristique et en août, on sait quel comportement adapter avec eux !!!
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Ben, quelle histoire !!! Allez, pour te changer un peu les idées, je te propose un challenge culinaire 🙂 Je te donne rendez-vous le 19 janvier.
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Pour les habitants de mon village, être né à plus de 10 km signifie être « un parisien » – ce qui se prononce « parisiyen » ! 🙂
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Dans les villages du canton de Vaud (Bassin lémanique helvétique) un personnage du village adjacent est un étranger. Un habitant d’un patelin à 10 km est un étranger du dehors. Comme quoi…
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