Brian was in the kitchen

Aujourd’hui, je vais vous raconter une histoire choquante. La bonne nouvelle, c’est que le méchant ne va déranger plus personne. La mauvaise nouvelle, c’est qu’il a rendu une vingtaine de victimes innocentes sans abri.

Notre histoire se déroule à Boston. Là, mon frère — qui me tuerait si je faisais même un seul résultat apparaître sur Google avec son nom — vivait dans un immeuble avec une trentaine d’appartements dits « studios » en anglais. Ça veut dire en général 10-40 mètres carrés selon l’endroit, sans une chambre dédiée, juste une cuisine, un salon et une salle de bain. Si on est vraiment « chanceux », la cuisine et les toilettes sont partagées dans le couloir. Typiquement, on y vit seul ou avec une autre personne, pas plus. Mais dans une grande ville comme Boston, louer même un si petit appartement peut être très cher. Pensez aux loyers parisiens.

Alors, un des voisins de mon frère s’appelait Brian Brandt. Et Brian, comme vous allez voir, was in the kitchen. (Comment fais-je ça ?)

Brian vivait dans le même couloir, mais heureusement, pas dans l’appartement d’à côté. Un jour en janvier 2023, mon frère m’a appelé pour me dire qu’il a reçu une lettre bizarre de ce type. Je vous montrerai un peu juste pour prouver que c’est réel — il n’y a pas de noms dans cet extrait :

Vous pouvez voir qu’il utilise des caractères gras pour souligner exactement les moments où des choses sont alléguées d’avoir eu lieu. Et quelles sont-elles ? Le 1 janvier, coupé ici, que mon frère lui a demandé trop de questions en disant bonjour à l’extérieur de l’immeuble. (Ça, je crois, car je le connais.) Le 2 janvier, qu’il est censé avoir poussé Brian contre une balustrade pour se venger du manque d’enthousiasme de la part de Brian. Je doute fortement que ce moment se soit produit de cette façon. Finalement, qu’à 11h25 le 19 janvier, mon frère a lâché prise de la porte de l’immeuble afin de frapper Brian. Il a ajouté que mon frère a regardé derrière lui pour se rassurer que son action avait eu le résultat souhaité. Certainement pas qu’il n’avait pas remarqué Brian et a tourné la tête en entendant un cri. Ça, je trouve trop con pour le croire.

Brian lui a envoyé une autre lettre deux mois plus tard, ainsi que des lettres à des voisins pour se plaindre d’eux aussi. Mon frère a contacté la police pour porter plainte de harcèlement de la part de Brian, puis a quitté l’immeuble à la fin de son bail, en août. (Hihihi, en anglais, « bail » veut dire une caution, l’argent que l’on paye pour sortir d’une prison après avoir été arrêté.)

Je n’ai donc plus entendu parler de Brian…jusqu’à la semaine dernière. Mon frère m’a appelé pour me dire que Brian a été retrouvé mort par la police. Dans son appartement. Après une explosion qui a mis le feu à l’immeuble. Je ne plaisante même pas un peu :

Source

Mais qu’est-ce qui s’est passé ? Les journaux ne disent pas tout. Mon frère est passé par l’immeuble pour prendre des nouvelles de ses anciens voisins. Et ce qu’ils disent, c’est que la moitié des habitants ne peuvent pas y revenir à cause des dégâts. Mais aussi que selon la police, ce n’était pas un accident complètement par hasard. L’enquête continue, mais sachez que l’immeuble n’est pas servi par un service de gaz. L’explosion est donc presque certainement la faute à Brian.

Que faisait-il ? Préparer des drogues, façon Breaking Bad ? Une tentative de suicide ? On ne sait pas. Pourtant, il n’est qu’une pièce dans un appartement « studio » où on peut faire exploser quelque chose. Comme je vous ai dit, Brian was in the kitchen.

Photo de la couverture prise par Cambridge Fire Department, Domaine public (car toutes telles archives publiques le sont aux États-Unis)

11 réflexions au sujet de « Brian was in the kitchen »

  1. Avatar de C'est en lisant...les2olibrius

    Je ne clique pas sur like car c’est flippant de se dire que pas loin rôdait… Mais il est rassurant de savoir que maintenant au moins un zinzin est parti seul en fumée sans faire plus de mal. Ouf.

    Aimé par 4 personnes

    Répondre
  2. Ping : Des malentendus | Un Coup de Foudre

  3. Ping : Saison 2, Épisode 44 — Tarn-et-Garonne au Téléphone | Un Coup de Foudre

Répondre à Bernard Bel Annuler la réponse.