À la fin du dernier épisode de la balado, j’ai dit « et avec ça, on se lance dans la Semaine annuelle de la dépression nerveuse ». Si vous pensez que je plaisante, à la même époque l’année dernière, j’ai écrit « L’histoire d’un bol » et « L’impôt célibataire », et tout ce qui a changé depuis la dernière fois c’est que des Français m’ont fait honte d’être célibataire.
Alors, commençons avec quelque chose de ridicule, que j’ai mentionné hier. Je viens d’aller à Los Angeles ; j’y reviendrai dans une semaine. La deuxième fois, je n’aurai pas d’opportunité pour passer par chez Surfas, alors les deux trajets ne sont vraiment pas liés, mais c’est quand même presque le même voyage. Ce sera pour un projet du blog, mais laissez tomber pour l’instant.
Je ne veux pas divulgâcher ce que j’y ferai, mais il y a un mois, j’avais demandé dans le forum privé de mon association d’expatriés si on aimerait faire du covoiturage ce jour-là. Je n’ai reçu aucune réponse. Jusqu’à vendredi dernier, quand on m’a enfin écrit pour me dire qu’elle m’accompagnerait.
Il faut comprendre que les trajets vers LA sont LONGS. Il faut en général 2 heures pour conduire de chez moi jusqu’à notre destination, à cause du traffic — le retour prendra la moitié du temps car il sera tard. Vu où j’habite et où habite l’autre personne, il est bien plus logique que je conduis ; sinon, il faudrait qu’elle retrace une belle distance de 20 km très tard, et je ne veux faire de tels problèmes pour personne.
Pourtant, nous ne nous sommes jamais rencontrés. C’est une chose d’embaucher un chauffeur de taxi, ou Uber, ou quel que ce soit — on s’attend à ce que les entreprises auront vérifié l’histoire du chauffeur à l’avance. Mais je suis un parfait inconnu,
Revenons à une autre situation récente. En décembre, six mères d’amies de ma fille ont laissé leurs filles sous ma garde tout seul. Pendant des années, j’ai entendu encore et encore, « Un homme célibataire qui essaye d’arranger un rendez-vous pour que son enfant puisse jouer avec un ami, c’est un type qui veut draguer les mères pendant qu’ils soient ensemble. » Une mère, la seule qui a acceptée un rendez-vous dans un parc pour nos filles pendant les 5 dernières années, m’a dit exactement ça quand nous nous sommes enfin rencontrés. Cette même mère m’a laissé prendre sa fille à Disneyland avec ma fille, juste nous trois sans elle, une autre fois. Alors, on ne peut pas faire confiance à un homme inconnu avec des enfants présents, mais on peut lui confier tout seul la garde des mêmes enfants ?
Vous voyez où je vais. Mais étant un homme, je ne peux pas expliquer mes sentiments sans l’aide des films de gangsters, alors écoutons la question d’Eliot Ness dans Les Incorruptibles : « Où est-ce qu’on a pêché leurs flics dans cette ville ?…Vous avez tourné le dos à un homme que vous savez armé ? »
Ce qui arrive dans cette scène est que le policier Malone vient de remarquer que Ness portait un revolver sous sa veste. Mais dès que Ness dit — sans montrer aucune insigne — qu’il s’intègre à la brigade financière, Malone lui fout la paix. Alors qu’est-ce que Ness demande vraiment ? Au fond, ce n’est pas une question sur son fusil. C’est plutôt qu’en raison de ce qu’il est — policier — on s’attendrait à seulement un comportement de Malone : enquêter plus ou même arrêter Ness tout court. Faire autrement est surprenant, même déroutant.
Qu’est-ce que tout ça a à voir avec la Saint-Valentin ? À la fin de l’année dernière, je vous ai parlé de comment presque toutes les rencontres aux États-Unis (enfin, 3/4) sont par le moyen des applis parce que personne ne fait confiance à personne, et que même quand on a déjà vu que je me comporte comme un gentilhomme, mon caractère a été vite remis en question pour une simple demande d’ajoute. Si être homme célibataire est la même chose qu’être l’homme avec le fusil sous la veste… quelque chose ne va pas, et je ne l’aime pas du tout.

Une situation pour le moins paradoxale, à terme, la perpétuation de l’espèce humaine sera uniquement médicalisée et les futurs déviants qui ne cocheront pas toutes les cases définies par l’IA seront euthanasiés dès la conception… et nous n’aurons plus que de la viande de synthèse et quelques souvenirs d’un vieux jardin d’Éden sur terre ! 😦
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Je pense que le politiquement correct est d’un niveau assez élevé par rapport à nos coutumes d’ici.
Nous faisons davantage confiance à des voisins, ou parents d’élèves (mon expérience date un peu !), après une période intermédiaire où l’on apprend à se connaître.
Je trouve les Américains un peu trop rudes par rapport à un papa célibataire.
Mais les femmes seules parfois, ne sont pas toujours invitées à des dîners où il n’y a que des couples…
C’est complexe et variable Et je comprends ton désarroi.
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Ahh la confiance… J’avais échangé avec un collègue Québécois (Canadien) il y a quelques années à ce sujet. Il était étonné de la différence qu’il avait ressenti entre la France et Quebec… Il disait : au Quebec, par défaut on fait confiance aux gens, mais en France, c’est différent, par défaut on ne fait pas confiance, la confiance se gagne après quelques temps.
Alors, est-ce que c’est culturel, est-ce que vraiment on peut généraliser ? C’est comme laisser la porte de sa maison toujours ouverte, sans crainte que personne ne vienne voler, ou les clés sur la voiture. Il peut ne jamais rien se passer, ou alors il suffit d’une seule fois pour qu’un drame arrive… Seul l’instinct, les expériences (mauvaises) d’une personne vont lui mettre en tête tous les scénarios les pires et donc, cette personne n’aura pas systématiquement confiance.
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