Portrait de Molière par Nicolas Mignard

Dépanné

Je vous ai promis une autre histoire de dépannage, et nous voilà. En écrivant sur le jour où ma voiture est tombée en panne il y a des semaines, j’ai appris que ça veut dire tout autre chose au Québec.

Voici un dépanneur à la québécoise :

Couche-Tard, Photo par Patrick Le Barbenchon, CC BY-SA 3.0

Bienvenue chez Couche-Tard, où on peut acheter des sodas, des bonbons, et toutes les autres choses auxquels on s’attend chez les épiceries. Il n’y a pas de remorquage disponible chez eux ; pourtant, selon l’Office québécois de la langue française, le mot privilégié pour ce genre de magasin est « dépanneur ».

Je sais, au-delà des québécois qui liront cet article, vous êtes tous tout à coup curieux — comment appelle-t-on le type qui conduit la dépanneuse s’il n’est pas le dépanneur ? C’est le conducteur de dépanneuse. Très logiques, ces québécois.

Mais il s’avère qu’il y a d’autres significations pour ce mot au Canada, qui traitent d’expressions en anglais que je ne connais pas. Ils disent dépanneur aussi pour quelque chose en anglais dit « fault finder« . Selon leur dictionnaire, c’est quelqu’un qui règle des problèmes dans les chaînes de télévision (aux studios, j’imagine). Peut-être que c’est l’argot des employés dans ce secteur. Mais il me semble que c’est de l’anglais canadien ou britannique quand on parle de ce domaine. Tout ce qu’il me dit est une personne qui cherche des fautes chez les autres afin de s’en plaindre, et j’ai vite trouvé un dictionnaire d’anglais qui est d’accord. ([Je ne le suis pas, les ennemis. Ses fautes sont si nombreuses qu’il n’y a pas besoin de les chercher. — Mon ex])

Il y a d’autres dépanneurs inattendus au nord-est de chez moi. Qu’est-ce que c’est qu’un dépanneur-biériste ?

Dépanneur-biériste

Je ne sais pas vous, mais je ne me souciais pas de faire cette distinction. Un dépanneur ordinaire vend plutôt de la Molson ou de la Budweiser, je suppose.

Et c’est quoi un chariot dépanneur ? Ce truc :

Charrette à bras, Photo par MarkusHagenlocher, CC BY-SA 3.0

C’est plutôt logique aussi. Les dépanneurs-biéristes en ont certainement besoin. Pourtant, encore une fois, j’ai eu du mal à trouver le bon mot en français hexagonal, parce qu’ici, les canadiens parlent anglais plutôt comme moi, pas les britanniques. Le dictionnaire de l’Office québécois rend l’anglais comme « dolly », le même mot que chez moi. Mon dictionnaire Oxford ne sait pas quel est un « dolly ». L’autre mot que l’on utilise, « hand truck » ? Pas non plus. Il s’avère que les britanniques — donc mon dictionnaire aussi — disent « pushcart ». Je dois vous dire, si j’ai entendu un britannique dire ça, j’aurais cru qu’il voulait dire le chariot d’un supermarché, pas le truc en haut. Ils parlent tout autre langue au Royaume-Uni, vous savez.

Un dépanneur de plus ? Au Québec, les mécaniciens qui travaillent pour les chemins de fer sont des « visiteurs dépanneurs ». Je trouve ça un peu mystérieux. Ils visitent qui ou quoi exactement ? En France, on dit plutôt « dépanneurs de maintenance » (lien vers la SNCF) pour le même poste.

La France et le Québec, deux pays séparés par une langue en commun. (Remarque sur les États-Unis et le Royaume-Uni souvent attribué soit à Oscar Wilde soit à George Bernard Shaw.)

Langue de Molière vous reverra la semaine prochaine en quête. Peut-être même une Dragon Quête.

16 réflexions au sujet de « Dépanné »

  1. Avatar de Agatheb2kAgatheb2k

    Ton dépanneur, c’est tout à fait ce que fait à Paris (et autres grandes villes) l’épicier du coin de la rue, ouvert tous les jours de l’année jusqu’à 22h, mais il ne va peut-être pas chez ses clients.

    Ta charrette à bras s’appelle un diable chez moi, quant aux visiteurs dépanneurs, je suppose que c’est parce qu’ils parcourent des kilomètres de voies ferrées (qu’ils visitent, comme le médecin qui va voir ses malades) pendant la nuit où il y aurait une baisse de trafic. 😉

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  2. Avatar de Bernard BelBernard Bel

    Le terme « dépanneur » est générique en français hexagonal, mais il désigne toujours une personne, à la rigueur un groupe de personnes.

    Quant à la « charrette à bras » (j’adore les expressions québécoises !) effectivement je l’ai toujours appelée un « diable » (http://stella.atilf.fr/Dendien/scripts/tlfiv5/visusel.exe?47;s=785503020;r=2;nat=;sol=2;). Sans la photo, j’aurais imaginé que la charrette à bras désignait plutôt une brouette.

    Les Québécois disent aussi un « char » pour parler d’une automobile. Ce mot est aussi utilisé dans l’hexagone en argot moderne. On dit : « Va chercher ton char », ou « ta bétaillère », un peu comme “clunker” en anglais…

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  3. Avatar de vanadze17vanadze17

    Oh, ces subtilités de langage qui peuvent nous faire rire quand on n’est pas concerné !
    Il existe plusieurs sortes de dépanneurs ici : le dépanneur automobile, le dépanneur électro-ménager, un voisin qui vous dépanne en bricolage…
    Il est bien stipulé dans le dico qu’au Québec, il s’agit uniquement d’une épicerie qui ouvre jusque tard le soir.

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  6. Avatar de Marie-Luce, miaougrapheMarie-Luce, miaougraphe

    Le dépanneur, ça dépannait quand on manquait de lait le week-end ou tard le soir quand les épiceries fermaient tôt en semaine et étaient pas ou peu ouverts le week-end. 😉
    Au Québec, le marché des microbrasseries a pris un grand essor dans les dernières dix années, au point où des dépanneurs en ont fait une spécialité. La grande variété de bières disponibles les distinguent d’un dép’ ordinaire. Je ne connaissais pas l’appelation dépanneur-bièriste cependant.

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