Il y a deux insultes en anglais que je voulais récemment chercher en français. Ni l’un ni l’autre est trop sévère pour ce blog ; c’était juste une recherche de la part de M. Descarottes pour assurer qu’il n’épuiserait pas son stock. Il s’agissait de deux façons de dire que quelqu’un vient de remarquer l’évident. ([Vous voyez déjà d’où mon intérêt. — M. Descarottes])
Appeler quelqu’un « Captain Obvious » (le capitaine Évident, mais certains le traduisent Évidence, ce qui comprend mal que « obvious », c’est un adjectif, pas un nom), c’est à dire qu’il dit des choses non pas seulement évidents, mais que tout le monde sait bien déjà. Il y a un site de voyage aux États-Unis qui a une série de pubs autour d’un tel personnage. Un exemple vous donnerez le goût de l’affaire :
L’autre expression, « master of the obvious », se traduit (à mes yeux, mais je n’ai pas trouvé d’exemples) par « maître de l’évident ». C’est très similaire à « capitaine Évident », mais peut-être un peu moins agressif, parce qu’il n’y a pas de titre, alors pas d’aller aux injures personnelles.
Mais ce que j’ai découvert en faisant ces recherches, c’est que la traduction d’évident est…moins qu’évident. ([BRAVO, mon capitaine ! — M. Descarottes]) Certains choses sont aussi simples qu’attendu ; en ce qui suit, je suis largement mon dictionnaire Oxford.
Dire que quelque chose est évident est « il est évident », bien sûr. Mais dire la chose en question, c’est « enfoncer les portes ouvertes ». On dit ça en anglais — « push on an open door » — mais ça veut dire que quelque chose est facile ! Et le fait d’avoir dit la chose évidente, c’est une « lapalissade » Au moins là, j’ai une excuse pour ne pas le connaître — ça vient d’un Jacques de Chabannes, seigneur de La Palice au XVe siècle, qui avait l’habitude de dire des choses comme « s’il n’était pas mort, il serait encore en vie ». Ne me croyez pas sur parole, il y a une chanson qui l’a rendu immortel :
Quand une grimace rend ses sentiments évidents, on dit qu’ils sont « écrits sur son visage ». On utilise exactement cette expression en anglais (« written on one’s face« ), mais nous disons aussi que ça « se voit dans ses yeux » (« seen in one’s eyes »).
Pourtant, quand un choix est évident, on ne dit pas qu’il est évident ni écrit quelque part, mais plutôt qu’il « s’impose ». Ou pire, que l’on n’utilise même pas un mot pour ça — mon dictionnaire Oxford dit que la chose qui s’impose est simplement « la chose à faire », ce qu’il donne également pour « the thing to do » et « the obvious thing to do ». Il n’y a donc pas de mot pour évident dans ce contexte. ([Oui, mon Seigneur de La Palice, car c’est évident. — M. Descarottes])
Un dernier exemple ? Un comportement qui rend ses intentions évidentes, c’est soit « manquer de finesse » soit « le voir venir avec ses gros sabots ». J’aurais pensé que l’on entend quelqu’un venir avec ses gros sabots, car comme note Wiktionnaire, les sabots (des chaussures en bois) sont connus pour être bruyants. Le choix de verbe n’est pas… ([NE FINISSEZ PAS CETTE PHRASE ! — M. Descarottes])… évident.
Langue de Molière vous reverra la semaine prochaine pour remonter le temps jusqu’aux années 70 et des chaussures à semelles compensées au lieu de sabots.

Quand on « a des lettres », on dit, pour « exprimer une évidence », c’est « un truisme » ( https://www.cnrtl.fr/definition/truisme#:~:text=V%C3%A9rit%C3%A9%20trop%20%C3%A9vidente%20pour%20devoir%20%C3%AAtre%20%C3%A9nonc%C3%A9e.)… Mais je reconnais que la plupart des gens ignorent ce qu’est un truisme 🤣
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Chez nous on dit une “vérité de la palice “ mais je ne connaissais pas l’origine de cette expression. Merci Justin de bien nous éduquer!
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Ah, ce Monsieur de La Palice !
Je rigole, mais ça m’arrive de sortir des choses évidentes. Et comme on en plaisante pas mal entre nous, j’ai un magnifique Tshirt avec « captain Obvious » inscrit dessus (en France, ce n’est pas très connu et certainement pas une insulte).
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J’ai lu quelque part, il y a longtemps, que « s’il n’était pas mort, il serait encore en vie » n’était pas une phrase attribuée à La Palice, mais plutôt la déformation d’un poème écrit après sa mort. Il était de forte taille, il « faisait envie », comme disait ma grand-mère. Le poème disait quelque chose comme :
« Hélas, s’il n’était pas mort, il ferait encore envie ! »
Mais en français ancien le « f » et le « s » avaient des graphies très ressemblantes. Donc le « ferait » était devenu « serait », d’où cette réputation à laquelle il ne devait rien ! 😉
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Même dans les journaux imprimés en anglais pendant le 18e siècle, on voit souvent le « f » utilisé pour ce qui est clairement censé être « s » !
https://www.americanrevolutioninstitute.org/discover-the-collections/newspapers/
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Sur ces vieux journaux anglo-américains, je suis surpris par la longueur des phrases qui découragerait nos jeunes lecteurs d’aujourd’hui ! Et aussi par la mise en page très compacte où seules les lettrines permettaient de localiser le début d’un article.
Les gens n’avaient pas du tout le même rapport à la lecture, ce qu’on peut encore remarquer sur des lettres manuscrites écrites par nos ancêtres au début du 20e siècle… Des personnes qui pour beaucoup n’allaient à l’école que jusqu’à 14 ans !
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