Je découvre la Vendée

On continue maintenant le Tour avec le 85, la Vendée. C’est le département le trente-cinquième plus peuplé et les habitants se nomment vendéens. C’est notre cinquième, et dernier séjour dans le Pays de la Loire, et si les larmes coulent plus que d’habitude en achevant cette région, c’est parce que dans le pays le plus spécial au monde pour moi, on est quelque part un peu plus spéciale que le reste. J’attends ce moment depuis longtemps, pour deux raisons.

Je vous ai récemment parlé des niveaux d’amitié. Si je suis complètement candide — taisez-vous, Voltaire, je n’ai pas aimé le livre — il y a trois personnes en France où les perdre me blesserait comme rien d’autre. On en a déjà visité deux dans ce Tour, en Seine-Maritime et en Somme. Bienvenue chez la troisième. On y reviendra. Mais mon autre raison pour avoir hâte d’y visiter ? Il y a longtemps, je vous ai dit qu’il y a seulement trois départements connus à chaque lycéen aux États-Unis : Paris, Gironde, et Vendée, à cause de la Révolution et la Guerre de Vendée. Nous voilà.

Il nous faut commencer à La Roche-sur-Yon, la préfecture. Cette ville, agrandie à sa taille présente par les ingénieurs de Napoléon, a changé son nom huit fois pendant le XIXe siècle, étant aussi connue sous les noms Napoléon, Bourbon-Vendée et Napoléon-Vendée. Plus récemment, La Roche est connue pour avoir été la maison du soldat Pithivier (Jean Lefebvre) dans les films de la 7e Compagnie.

Avec toute cette histoire impériale, il faut se lancer sur la Place Napoléon, au cœur de la ville. Un jardin à quatre bassins, le spectacle à voir est Les Animaux de la Place, une collection d’animaux mécaniques construits par le même ingénieur derrière les Machines de l’Île à Nantes. Il faut attendre 2028 pour la réouverture du Musée de La Roche-sur-Yon, mais pour l’instant, à quelques pas de la Place, on trouve l’Espace Malraux, une petite collection consacrée à Paul Baudry et à Benjamin Rabier, artistes yonnais du XIXe siècle. Puis on marche 1 km jusqu’au Haras de la Vendée (1 étoile Michelin), construit pendant les années 1840, où on trouve des animations et des concours équestres.

Aux alentours de La Roche-sur-Yon, on trouve L’Historial de la Vendée (2 étoiles), qui raconte l’histoire du département de la Préhistoire jusqu’à nos jours. Il y a 7 espaces qui couvrent 6 époques, notamment la Guerre de Vendée. On passe aussi par les villages d’Apremont et La Chapelle-Palluau où le le film Les Vieux de la Vieille — un autre classique Audiard/Gabin — a été tourné. Le château d’Apremont abrite de nos jours la mairie, et vaut la visite pour ses tours de la Renaissance.

Notre prochain arrêt est Montréverd, pour visiter le Logis de la Chabotterie (2 étoiles), nommé pour ses propriétaires du XIIe siècle, mais surtout un musée consacré au général Charette et la vie quotidienne à la fin du XVIIIe siècle. Très proche, on visite le Refuge de Grasla (1 étoile), où en 1794, des citoyens opposés à la conscription et la Terreur ont construit un village insolite au milieu d’une forêt de 600 hectares.

Puy, on visite le joyau de la Vendée, le renommé Puy du Fou (3 étoiles), avec 4 villages et 19 spectacles qui racontent l’histoire de la France. Il ne faut absolument pas rater La Cinéscénie (2 étoiles), un spectacle présenté la nuit dans un espace de 23 hectares pour raconter 700 ans d’histoire vendéenne. Regardez la bande-annonce ; il n’y a rien comme ça au monde entier.

Près de Fontenay-le-Comte, on trouve deux abbayes importantes fondées au XIe siècle, Nieul-sur-l’Autise (1 étoile), abbaye royale d’Aliénor d’Aquitaine, et Maillezais (1 étoile), maison pendant les années 1520 d’un certain François Rabelais. Dans cette région, il nous faut visiter un des 15 embarcadères pour voir le Marais poitevin par bateau.

On retourne vers l’ouest jusqu’aux Sables d’Olonne, de nos jours une station balnéaire, mais on est là pour Les Salines (1 étoile), le musée-parc des marais salants régionaux. Ici, je peux enfin vivre le rêve de faire récolter du sel à ma fille (en fait, je menace plus habituellement de lui envoyer dans une mine de sel, mais ceci suffit). Notre dernier arrêt se trouve vers le nord le long de la côte, à l’Île de Noirmoutier, que l’on atteint en traversant le Passage du Gois (2 étoiles), une chaussée submersible qu’il faut traverser à marée basse. L’Île elle-même offre des plages, des campings, et le Bois de la Chaise (1 étoile), une forêt de pins le long d’une plage.

Qui sont les personnages les plus connus de la Vendée ? Le pirate des Caraïbes François l’Olonnais est né aux Sables-d’Olonne (je sais, inattendu !), anciennement la maison de l’ornithologue Jean-Jacques Audubon ainsi que le couturier espagnol Paco Rabanne. Paire de lunettes Jamy Gourmaud est né à Fontenay-le-Comte, où romancier Georges Simenon a vécu pendant la Second Guerre mondiale (Maigret a peur s’y déroule). Héros de la Révolution américaine et général vendéen — un de très peu nés en Vendée ! — Gaspard de Bernard de Marigny est né à Luçon, où le cardinal de Richelieu était évêque. Charles de Royrand, commandant de l’Armée du Centre pendant la Guerre de Vendée, est né à Saint-Fulgent, et son remplacement, Charles Sapinaud de La Rairie, est né à La Gaubretière.

Que manger en Vendée ? Peut-être que vous vous souvenez de notre brioche de Pâques il y a deux ans, la gâche — c’est une spécialité vendéenne. Parmi les produits locaux, on trouve les huîtres Vendée-Atlantique, le jambon de Vendée IGP, même des producteurs du beurre Charentes-Poitou AOC. En plats principaux, il y a le farci de jottes, des feuilles de bettes farcies de légumes, la potironée, une soupe aux potirons, et la pintade au chou vendéen, élaborée de préférence avec une pintade de Challans. En dessert, il y a le gâteau minute, un peu similaire à un quatre-quarts, le foutimasson, une sorte de beignet à l’eau de fleur d’oranger, et le fion, comme un flan pâtissier, mais avec beaucoup plus d’œufs entiers dans l’appareil, non pas seulement des jaunes. Pour boire, il y a le Kamok, une liqueur de café, et le troussepinette, une liqueur fabriquée de vin rouge, d’eau de vie, de sucre, et de pousses d’épine noire.

21 réflexions au sujet de « Je découvre la Vendée »

  1. Avatar de NáriëlNáriël

    La Vendée… Un département cher à mon cœur puisque je suis 50% vendéenne 😄 Personne n’est parfait 😂 Mais j’ai toujours une bouteille de Troussepinette à la maison, parce que voilà quoi 🙃
    Si je m’y rends moins maintenant, j’y ai passé énormément de temps enfant et adolescente. La première fois que j’ai été au Puy du Fou, il n’y avait que La Cinéscénie, c’est dire 🤭.
    Je suis une accro au fion, bon maintenant, plus personne n’en fait dans la famille, la recette et le savoir s’est perdu avec les anciens… Je me souviens d’avoir cassé quelques petites cuillères avec la croute 🤪 Maintenant, ma mère se contente d’en acheter en boulangerie à la période de Pâques quand elle va en Vendée.

    Côté monument, j’ai un souvenir bien particulier du Sanctuaire de Salette où mes grands-parents m’emmenaient souvent et moins connu que le Puy du Fou, j’aime beaucoup de la château de Tiffauges dont les démonstrations des machines de guerre plaisent énormément aux enfants.

    Je pourrais rajouter dans les spécialités culinaires, la fressure vendéenne et surtout la mogette… Avec le grand classique, la tartine à la mogette accompagnée de sa tranche de jambon.

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    1. Avatar de Justin BuschJustin Busch Auteur de l’article

      Ah, il s’avère que les mogettes viennent de l’Amérique du Nord ! (Ben, je ne vais pas trouver la version IGP vendéenne, mais au moins leurs cousins sont faciles à trouver.) En fait, je ne sais toujours pas quel serait mon plat principal d’ici, juste mon dessert, alors ça m’aide !

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      1. Avatar de NáriëlNáriël

        Alors, si jamais tu as l’intention de te lancer dans la préparation d’un fion en dessert, c’est d’une galère sans nom d’après mon oncle et il a abandonné… J’adore ça mais je ne lancerais jamais dans cette expérimentation culinaire 🤭
        Et je suis trop bête, j’ai complètement oublié le préfou dans les spécialités culinaires… C’est pourtant, la base de la base de l’apéro 🤣

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  2. Avatar de vanadze17vanadze17

    Belle synthèse sur la Vendée, département qui touche le mien.
    J’ai pu visiter La Roche Sur Yon, jolie petite ville napoléonienne et son haras (j’adore les chevaux). Visité aussi le Logis de la Chabotterie et ses jardins, de nombreuses églises (département très religieux), le port de St Gilles Croix de Vie.
    Sans oublier l’île d’Yeu, petit joyau à 30 mn de Beauvoir (éviter d’y aller l’été, les touristes à vélo y sont fous- 500 fractures chaque saison ! conseil donné par un sapeur-pompier)
    Je connais presque toutes les spécialités culinaires mais pas le fion (attention Justin ce mot a une autre signification vulgaire…)
    Il y a également le château de Terre-Neuve près de Fontenay le Comte du XVIème siècle, très belle visite.
    N’oublions pas Georges Clémenceau qui a séjourné en Vendée (né à Mouillerons-en-Pared ).

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    1. Avatar de Justin BuschJustin Busch Auteur de l’article

      Je viens de vérifier mon dictionnaire quant au fion. Il me dit qu’en Suisse, ça veut dire un commentaire méchant. Mais c’est tout. En revanche, c’est un dictionnaire presque aussi « tous publics » que moi !

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    2. Avatar de NáriëlNáriël

      Le fion n’est pas connu dans toute la Vendée même s’il s’est beaucoup démocratisé ces dernières années 😉
      L’appellation « fion », c’est du côté d’Aizenay… Plus au nord-ouest, on dit flan maraîchain… Et pour avoir goûté les deux, ils n’ont rien à voir en terme de goût et de texture.
      J’ai une large préférence pour le fion mais c’est la nostalgie de l’enfance qui parle 😅

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      1. Avatar de Agatheb2kAgatheb2k

        J’en avais fait une au pruneau parce que je n’avais pas trouvé d’angélique. Celle que j’ai trouvé sur un site pour pâtissiers professionnels était juste une imitation filandreuse fortement colorée chimiquement en un vert très bleu (un colorant allergisant), avant de pouvoir enfin goûter la vraie, mais je n’ai pas refait la fameuse galette ! 😉

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