Archives mensuelles : juin 2024

Le Collège Noir

J’ai eu une expérience complètement inattendue samedi matin. J’ai reçu l’un des nombreux courriels de France TV, sans lesquels je deviendrais fou. (Plus que d’hab, quand même.) Et en passant par ses suggestions, ça m’a attiré l’œil :

Avec un tel sous-titre que « Complainte d’Auvergne », il me semblait que ceci a dû être un dessin animé français, pas doublé de l’étranger. (Mais oui, Castlevania : Nocturne existe, et cette série américaine a lieu à Paris pendant la Révolution Française. Pourtant, il y a de nombreuses raisons pour lesquelles on n’en parlera pas.)) J’ai donc passé à sa page sur France TV pour y jeter un œil.

Je ne savais pas que c’était adapté d’une série de BD, mais dès que j’ai commencé à regarder le premier épisode (il y en a 6, de 15 minutes chacun), j’ai su que je n’allais bouger nulle part.

Après le générique, le premier épisode commence en plein milieu d’une bataille. Des jeunes, habillés en tenues de guerriers, sont en train de se battre contre des créatures démoniaques :

Il semble que la bataille va mal, mais ils sont sauvés par l’attaque magique d’une compagne sorcière :

Mais c’est à exactement ce moment où il s’avère que c’est un conte et non pas la réalité de la série, car la fille l’interrompt pour se plaindre qu’elle soit en bikini :

Son ami qui tient le livre répond que c’est une tenue de guerrière magicienne, mais à ce point, tous les enfants commencent à se plaindre de leurs représentations dans le livre et exigent des changements. Le garçon avec le livre, qui est le dessinateur, les fait :

Un nouvel enfant arrive, Oussama. Il est accueilli par Léna, la directrice, qui se montre plutôt ennuyée mais le dirige à rejoindre les autres :

C’est ici où on apprend les prénoms inhabituels de tous les enfants : Ulysse, Krum, Mei, et Step. Étant jeunes, la blague prévisible sur le nom Oussama est mise en jeu, mais heureusement, une fois fait, on ne revient plus vers le sujet. Il s’avère qu’ils sont tous collégiens, et le bâtiment est un collège dans le Cantal, mais on est hors de l’année scolaire.

Au fait, quant au nom Ulysse, la BD et la série sont également réalisées par un M. Ulysse Malassagne. Une voix off au début du premier épisode nous dit que ce sont ses souvenirs d’enfance. Moi, je ne le crois pas…trop. J’aimerais bien croire que sa directrice n’était pas aussi paresseuse que Léna. En ce qui concerne les monstres, je le crois absolument.

Je ne veux rien divulgâcher, alors je vais juste présenter quelques autres personnages qu’ils vont rencontrer.

On voit brièvement « la vieille » quand les enfants sortent du collège pendant la première journée pour explorer. Elle parle en occitan, un signe que quelque chose ne va pas. (Je plaisante, mais le cadre de l’histoire et ses monstres est clairement auvergnat et certaines choses en sont tirées, notamment le « maluelh », de l’occitan pour « mauvais œil ».)

Ce personnage n’est pas appelé « le monstre », mais tout ce que je peux en dire serait un divulgâcheur alors je ne dis rien. Mais remarquez les similarités avec Gollum du Seigneur des Anneaux.

On voit encore et encore un certain genre de croix unique au Cantal, les « croix de peur ». Je ne les ai pas croisées en écrivant sur le département, mais je vous ai trouvé une bonne explication du site Cantal Passion.

Les carrefours ont toujours fait l’objet d’une attention particulière. Il y a, en effet, un symbolisme de la croisée des chemins, et souvent les carrefours provoquent ce que l’on nomme chez nous une « peur ». La croix fait donc office ici de talisman. Il ne faut pas négliger pour autant un rôle plus prosaïque d’indicateur : quand le croisement est sous la neige, la croix continue d’indiquer sa position.

Enfin, un certain nombre de croix de chemin sont aussi des croix sur la voie des morts. De la maison du défunt à l’église paroissiale, le convoi funéraire s’arrêtait à toutes les croix et l’on récitait quelques prières appropriées.

Les Croix du Cantal

Le croque-mitaine n’est pas uniquement cantalien, mais son nom particulier de « Babau » vient de l’occitan, où selon le lien ci-dessus, ça veut dire soit une petite insecte soit un dragon qui mange des hommes. Puisqu’il y a beaucoup d’amis des chats ici, j’ajoute que l’on considère « mitaine » d’être venu de « mite », le Vieux Français pour un chat. Ici c’est un monstre venu en direct des films de Hayao Miyazaki, surtout Le Voyage de Chihiro (je pense à ce personnage).

Et vu que je parle de Miyazaki, le blaireau qui parle aurait pu en venir aussi :

La série se termine sur une note de suspense, bien que son histoire principale trouve sa fin. J’espère fortement qu’il y aura une suite, je lirai certainement les BD d’où elle vient, et je la recommande à tous les âges sans hésiter (sauf les moins de 10, comme dit la première capture d’écran). Encore une fois, je me trouve reconnaissant à la France pour ce cadeau complètement inattendu.

La terre qui tue

L’année dernière, j’ai eu deux occasions pour vous parler des tremblements de terre, avec « Mon guide aux tremblements de terre », ce que tous les californiens savent sur notre ennemi, le sol. Puis avec « Le hurriquake », mon compte rendu de l’événement météorologique le plus ridicule de ma vie.

Je suis ici pour vous dire : je ne savais pas de quoi je parlais.

Il y a une petite poignée de moments de la vie où j’ai cru que j’étais sur le point de mourir. La fois à Los Angeles où une personne « SDF » m’a agressé avec un couteau en dehors d’une station-service. La fois où mon canot a chaviré au milieu du fleuve Colorado sans personne pour m’aider. Janvier 2021, où j’ai développé une terreur absolue de manger à cause d’une maladie trop dégoûtante pour vous raconter (ça s’est terminé en avril de cette année-là, heureusement).

Puis, jeudi après-midi.

Je ne vous ai pas menti avec mon guide aux tremblements, quand je vous ai dit que les choses commencent à devenir intéressantes à partir des tremblements de niveau 4 sur l’échelle Richter. Mais voici des captures d’écran que j’ai pris du site de l’université Caltech, ce que j’ai mentionné dans l’article de l’année dernière :

Ce sont 2 tremblements de suite, le deuxième venant 12 minutes après le premier. Mais ce qui compte le plus, c’était que l’épicentre n’était qu’à environ 5 km de mon appartement. Voici une carte — j’ai ajouté un « X » pour Elbe-en-Irvine :

Pendant toute ma vie, les épicentres étaient presque toujours à 50 km (ou plus) de chez moi. Ça vaut une réduction considérable de l’intensité perçue. Alors déjà, l’expérience était bien plus inquiétante que d’habitude. Mais je n’ai jamais — même pas une fois de la vie — expérimenté deux tremblements de suite comme ça. D’habitude, quand il y a un tremblement de terre, il y a des soi-disant « aftershocks » (secousses secondaires selon mon dictionnaire Oxford), moins forts que le premier tremblement, mais vu le bas niveau et les distances typiques, en général on ne les remarque même pas. Mais en 6 % des cas, quand un tremblement arrive, c’est en fait un « foreshock« (lien en anglais) — Google donne « pré-choc » — et le pire est à venir. Alors quand j’ai senti le deuxième tremblement, j’ai cru que la fin était arrivée.

On nous dit de rester debout dans une porte si on est à l’intérieur quand un tremblement arrive. Mais dès que le deuxième a fini, j’ai quitté mon immeuble le plus vite possible. Je ne voulais plus être à l’intérieur de n’importe quel bâtiment. Et tout à coup, j’ai vu mon quartier avec de nouveaux yeux, de façon qui m’inquiète toujours.

J’ai pensé à conduire à quelque part de bien plat, sans rien pour me tomber dessus. Regardez des photos que j’ai prises de l’intérieur de ma voiture :

On peut estimer la taille de tous ces arbres. En général, on considère qu’une étage est environ 10 pieds — 3,3 mètres. Ces arbres font tous environ 4-5 étages de haut, alors 13-16 mètres. Il n’y a nulle part où se cacher.

Je me suis garé dans le « parking » (ne me faites pas parler comme ça, hein ?) du centre commercial le plus proche :

Ce n’est pas mieux. Les arbres sont plus courts — peut-être 8-10 mètres — mais ils couvrent presque toutes les places. Au moment où je ne voulais rien autant qu’un endroit sans risques, il n’y avait aucun endroit sans arbres.

Je ne suis pas sorti de cet épisode avec une nouvelle phobie des arbres. Ce serait ridicule. Je vous ai dit la vérité quand j’ai dit avant que nous ne vivons pas dans la peur qu’un tremblement soit sur le point d’arriver. Et vous voyez que sur mes photos, il n’y a personne sur les trottoirs — les distances de marche sont trop longues. Mais maintenant, il me semble que les arbres aux côtés des rues ne servent que pour bloquer le trafic et faire des dégâts aux voitures au cas où il y aurait The Big One.

Oui, ces tremblements de terre m’ont gravement secoué.

Mon dîner vosgien

Une semaine entre le « Je découvre » et le dîner, c’est le retour des bons vieux jours chez moi. J’espère finir le 90 avant la fin juin, et je vais rater une semaine, alors il faut que je me dépêche. Mais on ne sacrifie pas la qualité pour ça ! Voici la salade vosgienne et la glace de Plombières.

Je sais ce que vous pensez — je me soucie de la santé d’un côté, et je m’en fiche de l’autre. Absolument. Allons-y !

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Jeanne et moi

Je sais, c’est le Jour J et je n’ai rien préparé pour ça. Honnêtement : 1) la semaine dernière était un sacré travail, et 2) j’ai déjà dit tout ce dont j’ai envie sur le sujet (2021, 2023 — 1ère partie, 2023 — 2e partie). Un jour, il me faudra vous écrire une critique plus complète sur l’excellent livre que j’ai de Light&Smell (cliquez le deuxième lien ci-dessus). Mais aujourd’hui je vais juste vous parler de quelque chose de spécial qui m’est arrivé hier, et sa suite moins super.

Vous savez que je suis devenu grand fan de Jeanne Added après avoir écrit sur elle. Je ne suis prêt à prendre l’avion pour elle, mais si je pouvais planifier des vacances autour d’un concert, je le ferais avec plaisir. Alors, j’ai vu ce post sur Instagram hier avec ses prochains concerts, et j’ai fait ma tentative de fanboy :

Mais ce à quoi je ne m’attendais pas du tout ? Une réponse :

Je ne sais pas. Une telle star a probablement un assistant qui répond à sa place. Mais évidemment elle pensait à continuer la conversation, car quelques moments plus tard, voilà :

Elle me suit avec son compte hyper-secret ! Et vous savez ce qui arrive à chaque fois, dès que l’on suit l’autre compte en retour :

Ouaip. L’invitation à parler. Dites-donc, elle n’a que 4 ans de moins que moi, mais d’autre part, il me semble plutôt probable que ce n’est pas un escroc romantique. Au moins une fois de la vie, je suis tombé amoureux de quelqu’une qui…comment dire…a préféré « sortir du placard » au lycée pendant les années 90 plutôt que dîner avec moi une fois. Je ne sais pas reconnaître certaines choses. Certains me disent qu’en fait, je l’ai fait deux fois, mais la personne en question n’a jamais rien dit. Cependant, même moi, je crois que je sais cette fois. Peu importe. Elle se montre sincèrement intéressée à ses fans :

Vous savez, je me sens très coupable, car je lui ai fait une promesse de rester discret, et moi voilà en train de la briser. Moi con.

Elle m’invite à discuter ailleurs car elle veut que tout reste discret. Signal est censé être très sûr, vous savez :

C’est ici où j’ai tout gâché, comme d’hab. J’avais voulu lui partager « Je découvre Jeanne Added », mais en quelque sorte, j’ai envoyé un autre lien vers ce blog :

Oh, c’est si gênant ! Après ça, elle a complètement arrêté de me répondre. Je me demande toujours pourquoi j’ai fait une telle bêtise.

Je regrette de vous dire que je peux être un peu vindicatif quand on me traite de cette façon :

Évidemment, je sais que ce dernier n’était vraiment pas Jeanne Added. Mais j’aimerais bien croire que la première l’était !

De pire en pire

Je ne voulais pas écrire ce post. Je ne l’avais certainement pas planifié. Mais une nouvelle vient de frapper et je veux que vous compreniez exactement ce qui se passe ici.

Remontons le temps jusqu’aux années 80. En 1983, un jeune homme nommé Ralph Rubio a ouvert un petit resto, dit Rubio’s, qui sert quelque chose d’inconnu en Californie du Sud de l’époque, les tacos au poisson, façon Basse-Californie du Sud. (C’est-à-dire la Californie qui reste au Mexique.) Ces tacos contiennent 4 choses au-delà de la tortilla : du poisson frit, du chou râpé, de la « salsa fresca » (tomates et oignons émincés), et de la sauce blanche (à base de mayonnaise). Un jeune Justin allait souvent à Pacific Beach (un quartier de San Diego) avec ses parents, qui sont vite tombés amoureux de ces tacos, comme tout le monde dans la ville.

Je déteste ces tacos. La sauce blanche est parmi les pires choses au monde entier.

Mais Rubio’s a rapidement grandi, et adulte, je suis tombé amoureux de quelque chose d’autre à leur carte, les burritos aux crevettes. Plus important, j’ai découvert que l’on pouvait changer des ingrédients. Je commande mes burritos sans sauce blanche, et avec de la « sour cream » (similaire à la crème fraîche, mais plus liquide) au lieu du guacamole. Voici un exemple :

Mon amie rouennaise trouve ce plat dégueu pour des raisons différentes que le reste d’entre vous. (On en a déjà parlé.) Elle vous dirait qu’il ne faut pas le couper en deux car il faut verser de la salsa roja (sauce rouge) au-dessus puis y faire fondre du queso (fromage). Et elle a raison, mais en tant que diabétique, il ne me dérange pas que Rubio’s ne fait pas ça.

À de tels restos, il y a toujours un « bar à salsa », car tout le monde sauf moi veut ajouter plus des salsas épicées à leurs tacos et burritos.

En fait, ce genre de truc est devenu rare après le covid. Les salsas existent toujours, mais de nos jours, on n’a plus le droit de s’en servir. On demande aux caissiers qui lui donnent de tout petits échantillons. Rubio’s est parmi les derniers restos qui permettent aux clients de se servir de la salsa. Cette photo a un an déjà — je l’ai prise car je n’ai pas cru aux yeux quand la salsa est réapparue chez eux, mais rien n’a changé depuis ce temps-là.

Jusqu’à ce week-end. Il y avait 134 restos dans la chaîne la semaine dernière. Après le week-end, il n’en reste que 86. Selon nos journaux (lien en anglais), 48 restos ont fermé leurs portes, tous en Californie, tous pour la même raison — on a haussé notre SMIC par 25 % à partir du 1er avril, mais seulement pour les restos rapides et les infirmiers (chaque état a ses propres lois à cet égard). Et ils avaient déjà haussé leurs prix cette année pour la troisième fois en deux ans — croyez-moi, le même burrito et thé glacé qui me coûtaient 14 $ en 2022 sont maintenant 17 $ — alors voici ce que j’ai vu hier :

Et pour être clair, c’était le même endroit au début de cette vidéo tournée quand je vous ai récemment parlé du problème d’où manger ici — juste autour du coin :

Ce que vous ne saviez pas, c’est que Rubio’s était l’un des derniers restos rapides où je mangerais. Il en reste plusieurs en Californie, mais beaucoup moins qu’avant. Je n’aimerais pas parier sur le nombre qui restera en Californie fin 2024.

Je suis fier de ce que je cuisine pour ce blog. Mais je ne comptais pas sur devoir le faire tous les jours !

Le tourment

Langue de Molière apparaît un jour à l’avance cette semaine car je ne suis pas du tout prêt à faire mon dîner vosgien, parmi d’autres choses.

Alors, la semaine dernière, je vous ai promis que j’allais vous tourmenter cette fois. Commençons avec l’objet de nos recherches, un tweet de légende d’il y a 3 ans, en anglais :

L’idée, c’est que un auteur de romans de science-fiction dit qu’il a créé quelque chose dans son roman en tant qu’avertissement. Plus tard, une entreprise de technologie dit qu’elle a réussi à créer exactement la chose contre laquelle l’auteur essayait de prévenir le monde, car ils n’ont pas compris qu’il ne fallait pas faire exactement ça. Ce tweet a attiré des milliers de réponses malignes qui élaboraient sur l’idée originale. Mais le grand problème — au moins pour moi — c’est que traduire son sujet est un défi.

Alors, commençons par traduire juste la première phrase, sauf pour les mots difficiles.

Auteur de science-fiction : Dans mon livre j’ai inventé le « Torment Nexus » en tant que conte d’avertissement.

C’est donc « Torment Nexus » qui est le problème. Et en fait, la moitié de ceci n’est pas un problème. « Torment » se traduit soit par « tourment » soit par « supplice » en tant que nom, et « tourmenter » en tant que verbe. Ici, c’est un nom, et vu les choix. « tourment » nous convient assez bien. Mais « nexus », c’est difficile.

J’ai commencé, comme toujours, avec mon dictionnaire Oxford, mais je l’ai trouvé plutôt appauvri :

La « connexion de tourment » ou « le réseau de tourment » n’ont pas le sens que je cherche, surtout ce dernier. On dirait que « nexus » veut dire un point, un objet unique, et que réseau est le mauvais choix en tout cas. Mais un câble est un genre de connexion, et on ne trouverait que rarement un tel usage.

J’ai donc essayé Linguée pour voir ce qui arriverait avec l’expression complète. Comme prévu, les deux mots ne se produisent pas ensemble, mais on y trouve des résultats intéressants :

On aime apparemment nœud, lien, binôme, et même nébuleuse. « Lien » me rappelle trop « connexion » ; j’ai des liens dans cet article et ce ne sont sûrement pas ce que le tweet original voulait dire. Une nébuleuse est trop diffuse ; j’aime bien l’idée que l’on n’est pas sûr d’exactement ce qui est là-dedans, mais c’est enfin le mauvais choix à mes oreilles. « Binôme » est complètement le mauvais choix. Ça nous laisse « nœud », et en tant que quelque chose de plus compact, il me semble que ça marche. Alors ça donne enfin lieu à une traduction complète :

Auteur de science-fiction : Dans mon livre j’ai inventé le Nœud de tourment en tant que conte d’avertissement.

Entreprise de technologie : Après longtemps, nous avons créé le Nœud de tourment du classique de la science-fiction « Ne créez pas le Nœud de tourment ».

Parfait. Je suis bien satisfait. Il ne me reste qu’un petit souci.

Parmi les milliers de réponses, absolument personne, dont moi, n’a la moindre idée de quel est un Nœud de tourment.

Langue de Molière vous reverra la semaine prochaine pour affronter le cauchemar que j’évite depuis 3 1/2 ans déjà sur ce blog, les escargots.

Saison 3, Épisode 12 — Rockin’ avec Nicolas Moro et Eddy Mitchell

Cette semaine, c’est le retour de 5 Minutes Avec, et cette fois, notre invité est Nicolas Moro. Je l’ai contacté — et l’interview a eu lieu — avant que je n’aie publié mon article, alors il ne savait pas ce que j’allais écrire. Pourtant, il a dit quelque chose d’aussi drôle dans l’interview que sa parole sur « l’accent du Berry ». Il y a des fois où la balado n’est rien qu’un plaisir à produire, et cette semaine en est une !

Sauf pour une chose. Je vous offre mes excuses pour la qualité de ma voix ; je suis tombé malade il y a une semaine, et j’ai toujours du mal à la gorge. J’ai enregistré à nouveau mes questions de l’interview car il y avait d’autres bruits non-planifiés en arrière-plan (je remercie le propriétaire de mon immeuble), mais ma voix manque de quelque chose partout.

Je n’avais pas planifié d’abord une semaine aussi consacrée à la musique — je planifie beaucoup, mais moins que vous ne le pensez — cependant, il y avait trop de synchronicité (écoutez la balado de Carry the Beautiful sur ce sujet). La liste d’Apple est tombée à exactement le moment où j’avais planifié d’écrire sur Nicolas Moro, et de son tour, j’avais voulu le mettre aux côtés d’un autre artiste français qui parle « avec l’accent du Berry ». Au fait, j’ai conçu tout mon projet autour de Taratata afin d’écrire sur deux chanteurs en particulier. Eddy Mitchell en est un. Je vous ai laissé au moins deux indices pendant les 3 derniers mois quant à l’autre. Avez-vous deviné qui ?

J’ai dû me dépêcher pour publier sur les Vosges. Il reste mon but depuis longtemps de publier 2 départements le mois, et je le rate plusieurs fois depuis le bilan des trois quarts. Je vais bien rater mon but pour la date de la fin — j’avais voulu terminer le Tour avant le Tour de France cette année.

J’aimerais aussi diriger votre attention vers ce fil sur Twitter, par un homme qui a fait un séjour linguistique aux États-Unis en 1994. Il y a tout une histoire intéressante sur sa rencontre avec un ancien soldat du Jour J.

La Fille ayant bel et bien terminé son année scolaire, elle a décidé de se consacrer à nouveau à un jeu vidéo qu’elle avait déjà fini, Paper Mario : The Origami King (Le Roi de l’Origami).. Mais elle a fait un changement pour le rendre plus éducatif, en suivant quelque chose que j’ai faite plus tôt. Peut-être qu’une capture d’écran servira comme indice :

Disons qu’en tant que prof, mes méthodes sont loin d’être acceptées, mais elles sont efficaces.

Notre blague cette semaine traite de mauvaises nouvelles. Nos articles sont :

Les gros-titres sont : Merceries, Géographie, et Sucre.

Sur le blog, il y a aussi Le top 100 selon qui ?, ma critique de la liste sortie par Apple, C’est le 1er, version juin 2024, ma revue mensuelle de mes blogs préférés, et La légende. M. Eddy Mitchell, mon hommage au grand chanteur.

Si vous aimez cette balado, abonnez-vous sur AppleGoogle PlayAmazonSpotify, ou encore Deezer. J’apprécie aussi les notes et les avis laissés sur ces sites. Et le saviez-vous ? Vous pouvez laisser des commentaires audio sur Spotify for Podcasters, qui abrite la balado. Bonne écoute !

La légende, M. Eddy Mitchell

On continue le Projet 30 Ans de Taratata avec un des deux articles pour lesquels j’ai conçu tout le projet. D’habitude, j’intitule ces articles de même façon que le Tour des Départements, mais ce titre est lié à l’expérience de le découvrir. Revenons sur le plateau de Taratata ce soir-là :

©️France TV/Air Productions

Écoutez les introductions des 4 chanteurs. Les trois premiers sont les bienvenus, mais l’approbation de la foule dès qu’elle reconnaît Eddy Mitchell est tout autre chose. En général, si 40 000 Français se montrent enthousiastes pour quelque chose, je fais attention. (Il y a des limites. Si Jul remplissait le Stade de France, je secouerais la tête.) Mais les 8 minutes qui ont suivi, elles étaient magiques, et j’ai eu des larmes aux yeux durant toute la représentation.

©️France TV/Air Productions

Ce que j’ai vu ce soir-là a dépassé l’interprétation de deux chansons. Il faut vraiment écouter M. Mitchell quand il présente les solistes. Il a du charisme. À Hollywood, on parle d’une certaine qualité de présence sur scène qui commande l’attention au public, « it » (ça, mais non pas le clown de M. Stephen King). Le magazine Cosmopolitan l’a défini comme ça :

That quality possessed by some which draws all others with its magnetic force.

Cette qualité possédée par certains qui attire tous les autres avec sa force magnétique. (Ma traduction)

It, Wikipedia en anglais

Seulement 3-4 personnes m’ont frappé avec « it » dans toute ma vie. Nicola Sirkis, absolument ; Geddy Lee, le chanteur de Rush ; l’actrice américaine Miki Yamashita, peut-être. Puis, Eddy Mitchell.

Passons à la musique. Eddy Mitchell, de son vrai nom Claude Moine, est né en 1942 à Paris. Jeune, il travaillait pour une agence de Crédit Lyonnais près du célèbre club Golf-Drouot (mentionné dans Les 7 Jours de Pékin). C’est là où il lance sa carrière de chanteur, avec un groupe dit Les Chaussettes noires. Il adopte son nom de scène d’après l’acteur Eddie Constantine, et l’idée que Mitchell sonne plus américain que Moine (quoi, il n’a jamais entendu parler de la capitale de l’Iowa ?) Et pourquoi avait-il besoin d’un tel nom ? Parce qu’à l’époque, en 1961, il chantait du rock américain traduit en français, tel qu’Eddy sois bon, traduction hyper-littérale de Johnny B. Goode par Chuck Berry :

Il serait impossible de passer par chacun de ses 39 albums de studio, peu importe ses 16 albums en live. J’ai essayé de sélectionner des chansons représentantes, mais à vous de me corriger.

Ses premières années en tant que soliste, 1961-64, voient la sortie de 3 albums de reprises de la musique d’artistes américains, les Gene Vincent et les Elvis du monde. Même avec son 4e album, Toute la ville en parle…Eddy est formidable, où il y a enfin plusieurs de ses propres textes, son plus grand tube est une reprise de Burt Bacharach :

En 1966, il sort enfin un album qui est largement de sa propre musique. Perspective 66. Voici un de ses singles de l’album, écrit par Eddy lui-même. En tant qu’anglophone qui a grandi avec les versions originales de ses albums précédents en boucle grâce à deux parents qui ne connaissaient que la radio nostalgique, je me sens quand même tout à l’aise avec celle-ci — il comprend très bien le style et n’a plus besoin de copier :

Fin 1966, Eddy Mitchell sort un des plus grands tubes de sa carrière, J’ai oublié de l’oublier. La représentation ici est de 2000, et montre exactement pourquoi je suis tombé amoureux de lui aussi vite — il n’a pas la voix la plus spectaculaire, mais il a de l’autorité :

Au début des années 70, on le retrouve pleinement dans le style de l’époque ; C’est facile, son tube de 1971 sonne comme une centaine d’autres choses, Soulful Strut avec des paroles. Je regrette de vous dire que « Le coup de foudre » ne m’en a pas donné un. Mais le meilleur est à venir.

En 1974, il sort Rocking in Nashville, selon Rolling Stone le 59e meilleur album de rock français, même si c’est largement des reprises de Chuck Berry. 1976 voit Sur la route de Memphis, ce que Rolling Stone met à la 18e place. Avec de telles chansons que Je suis parti de rien, celle du titre, et Je me fais mon Western, il adopte pleinement le style du genre country.

Je dois vous dire, cet album est en français, mais c’est peut-être la chose la plus américaine que j’aie entendu. Je n’ai pas parfaitement compris les paroles — j’ai toujours besoin de l’aide pour ça, même en anglais — mais je ne les ai pas cherchées. Pas besoin. Eddy, où étiez-vous toute ma vie ?

En 1977, il sort son plus grand tube, La dernière séance, ce qui deviendra le générique d’une émission à la télé pendant 17 ans. J’aime bien la version originale. Mais avec sa voix âgée, accompagnée par Personne, Bauer et Dutronc, cette chanson frappe avec le son de l’expérience, de la vraie nostalgie — et j’ai été fixé pendant le tout. Voici un extrait, ou vous pouvez tout regarder sur le site de Taratata à partir de 27:25.

Après son tour vers la télé, il continuait d’enregistrer de nouvelle musique. Happy Birthday Rock’n’Roll, de 1981, me rappelle énormément Old Time Rock & Roll de Bob Seger, Mais ce n’est pas du tout une reprise. Et je l’adore autant que son équivalent américain :

On va sauter par le reste pour conclure avec quelque chose d’extraordinaire, La même tribu, sorti en 2017. 17 artistes, dont Johnny, Laurent Voulzy, Pascal Obispo, les Dutronc, et Alain Souchon, l’ont rejoint pour une chanson qui est un résumé de sa carrière, et même de la chanson française pendant les 50 dernières années. Très peu de monde auraient pu attirer la participation de ce groupe de légendes.

Je vous ai dit avant qu’il y avait deux chemins que j’aurais pu suivi, celui des bilingues, la France qui est tellement influencée par le monde anglophone, ou un autre — j’hésite à dire plus pur — inaccessible aux étrangers sans se donner corps et âme au projet. Sur le premier chemin, on trouve Paris, Pierre Hermé, La classe américaine, et Johnny. Sur le deuxième, on trouve la Lozère, Maïté, Ni vu ni connu, et Georges Brassens. Eddy Mitchell est le symbole ultime du premier chemin — la langue est différente, mais j’y reconnais mon passé plus que nulle part ailleurs. Pourtant, quand il ne copie pas, sa musique escalade les hauteurs, et il commande tout le respect dû à une légende.

Ma note : JE PRENDS L’AVION ! (Au moins, je l’aurais fait s’il n’avait pas déjà pris sa retraite.)

C’est le 1er, version juin 2024

Je continue de copier Light & Smell avec des listes de mes articles préférés au premier du mois. Ça vient d’Allez vous faire lire, mais je ne suis pas exactement ses règles.

Mon amie F m’a écrit hier pour me rappeler qu’aujourd’hui, c’est la Saint-Justin. ([PAS CHEZ MOI ! Ici, on suit le calendrier d’avant 1969 aujourd’hui, et le calendrier actuel tous les autres jours. De cette façon, il n’y aura JAMAIS une Saint-Justin ! — Mon ex])

Je note que Shannyshou a supprimé son site, ce qui me rend triste. Il y a ceux que je suis car ils me suivent, puis ceux où nous avons un vrai échange et elle faisait partie du dernier groupe.

Nouveaux à moi :

  • Bibliofeel est un blog littéraire qui se concentre sur des livres liés à l’histoire et aux idées. Sa dernière critique Refuge au crépuscule, par Grégoire Domenach, qui se déroule en Asie centrale et part « des tentatives d’approche en Ouzbékistan…effectuées en 1838 et 1841 par l’armée anglaise ».
  • Old Tracks & Stories est impossible à classer, mais il n’y a pas autant que deux blogs dans cette liste qui racontent également leurs souvenirs du carburateur de la Renault 9 ainsi que de la poésie sur les parfums de coriandre et de menthe.

Les habituels :

Actif ailleurs :

Mathilde’s little things nous fait découvrir les Jardins botaniques du Bronx ainsi que les concerts de l’été dans le Central Park de New York.

À encourager :

Rien de nouveau chez Je suis sur la route, Carnets d’une plume, Équine Harmonie, Bonheur des yeux et du palais, L’Atelier du Phoenix, La bibliothécaire, Un déjeuner en Provence, Manonpatis, Bessie’s Bazaar, Planète Vegas, Grain de Sable, Bonheurs culinaires, Les souris de Paris, Soigner l’esprit — Guérir la Terre, et Le journal des Jum’s. Laissez-leur de gentils commentaires pour les encourager à reprendre !