Sur la route vers Las Vegas

(Pas de Langue de Molière cette semaine ; j’ai trop d’autres choses à écrire.)

Ça fait deux ans où je dis à La Fille « Je veux que l’on parte sur l’autoroute vers Las Vegas, car je veux que tu voies comment vit la vraie Amérique, pas les grandes villes. » Il y avait donc un sens dans lequel la destination n’était que la carotte pour la convaincre. ([Attention, les amis, en anglais on utilise souvent les carottes comme métaphore. C’est une blague cruelle. — M. Descarottes]) Je vous dirai tout d’abord que ça fait 14 ans depuis la dernière fois où j’ai fait ce trajet en voiture — et des choses ont changé. (En fait, cette dernière fois, c’était mon dernier voyage avec mon ex, juste avant la naissance de La Fille.)

Il y a environ 430 km entre chez moi à Elbe-en-Irvine et l’Hôtel Flamingo dans le « Strip » comme Las Vegas Boulevard est connue. (J’ai vérifié chez Planète Vegas ; c’est le Strip, pas la.) Mais presque tout le trajet se déroule dans un seule comté, San Bernardino, le plus grand du pays. Quand je dis que c’est grand, on parle d’une superficie de presque 52 000 km carrés — environ 90 % de la taille du Grand Est. Il y a environ 2,2 millions d’habitants du comté, mais ce n’est pas du tout dense.

Notre premier arrêt a été Oak Hills, à environ 125 km de chez moi :

Il n’y a que 9 000 personnes là, sur 60 km carrés. Ça semble abandonné en traversant l’autoroute :

Pourtant, même cette station-service veut se distinguer d’une façon ou autre. Comment ? Avec un rayon énorme consacré à jerky, le bœuf séché si populaire en Amérique du Nord. Je n’ai jamais rien vu comme ça — en plus de tout le bœuf, il y a du saumon, de l’espadon, même du yak.

30 km plus au nord le long de l’autoroute 15, on est à Apple Valley (la Vallée des Pommes). Il n’y a rien. Quand Véronique Sanson chante « Il est de nulle part », je me demande si elle connaît cette région :

50 km plus tard, on est à Barstow. Barstow est un centre important pour les transports par rail, mais seulement des marchandises.

C’était dimanche, alors ce centre commercial n’était pas encore ouvert, mais même avec les employés, c’était vide. On verra que presque tout l’industrie le long de la route s’est effondrée.

Juste après Barstow, il y a Yermo, un village presque détruit par l’arrivée de l’autoroute 15, car ça a remplacé l’ancienne route entre Californie du Sud et Las Vegas. En 2018, un entrepreneur y a construit « EddieWorld », une station-service énorme avec des milliers de choix de bonbons. Voici leur château d’eau, une photo prise par La Fille :

J’ai tourné un petit clip à l’entrée pour vous donner un goût de la taille :

Il y a plus de jerky, fait dans la région :

Des exemples des bonbons, dont des boules de gomme de taille effrayante :

De Yermo, on continue 84 km de plus le long de la 15, jusqu’à Baker, un village de 400 personnes aussi tombé dans la désuétude au-delà de ses stations-service et restos rapides.

Baker est célèbre pour « le plus grand thermomètre au monde » :

Il y avait 3 hôtels dans le village qui servaient les voyageurs, tous définitivement fermés. Le dernier était le Bun Boy (Garçon aux petits pains ; Baker étant l’anglais pour boulanger), toujours ouvert la dernière fois où j’ai passé par le village :

Mais il reste certaines attractions. The Mad Greek (Le Grec fou) est un resto célèbre pour son décor ridicule plus que sa cuisine :

Alien Fresh Jerky (Le jerky frais extra-terrestre) tire son thème du célèbre Area 51 et les OVNIs censés être là. Ils sont en train de construire un hôtel en forme de soucoupe volante :

Ils ont aussi des vidéos amusantes :

Dans nos campagnes, on trouve des magasins dits « country store », qui vendent un peu de tout. Voici celui de Baker, qui se vante de 400 sortes de sodas :

Mais attention, les prix sont en flèche à Baker. Dairy Queen, une chaîne de glaciers, est connue pour leurs sundaes dits Blizzards (Tempêtes de neige). Ils coûtent plus de 2x leurs prix près de chez moi !

À 60 km de Baker, toujours sur la 15, on atteint enfin le Nevada. À la frontière, il y a une ville dite Primm, à 60 km de Vegas. Leur plus grand hôtel est fermé ; je ne comprends pas pourquoi les portes étaient ouvertes :

À côté, Buffalo Bill’s reste ouvert, mais sa montagne russe est fermée. Il y a très peu de monde là-dedans :

Il y avait un autre village, Jean, à 20 km de Primm, anciennement ancré par 3 hôtels. Il ne reste rien sauf une station-service, et personne n’y habite plus. Le seul hôtel qui reste a été condamné il y a plusieurs ans, mais personne ne se dépêche pour finir le travail. Terrible’s est le nom de la station-service ainsi que l’hôtel disparu ; vous pouvez voir une pub pour la station dans la première photo :

J’étais bien dérangé par l’état de tous ces villages sur la route. Anciennement, la 15 était une autoroute pleine de vie, et même si les espaces entre les villages étaient aussi vides que gros, une fois arrivé au prochain village, c’était joyeux. Ce n’était pas ce que j’avais espéré montrer à La Fille, mais c’était une bonne leçon sur l’état du pays. Quand vous ferez la comparaison avec ce que je vous montrerai demain, vous serez bouches bées.

11 réflexions au sujet de « Sur la route vers Las Vegas »

  1. Avatar de LadyButterflyLadyButterfly

    Merci de nous faire voyager !

    Ce qui m’avait marquée lorsque j’étais allée aux USA (dans les années 90, oui, ça fait longtemps), c’est l’immensité des paysages (impressionnant) et le nombre de kilomètres qu’on parcourt en voiture ! Pffff… Pas grand chose à voir avec la France, je trouve.

    Aimé par 1 personne

    Répondre
  2. Avatar de C'est en lisant...les2olibrius

    Mon impression première, en regardant ces photos, est que c’est vraiment le pays des grands espaces. Ici tout est plus étroit et donc plein de monde. Passe une excellente soirée après ce périple. 🌈☀️

    Aimé par 1 personne

    Répondre
  3. Ping : Saison 3, Épisode 20 — Vive Las Vegas | Un Coup de Foudre

Répondre à Julie Annuler la réponse.