Je découvre Thomas Dutronc

On continue le Projet 30 Ans de Taratata avec un des musiciens qui a apparu sur scène avec Eddy Mitchell, Thomas Dutronc. Ça fait deux mois depuis notre dernière entrée dans cette série, pas du tout attendu !

(Attention aux lecteurs hors France : j’ai dû utiliser un logiciel VPN pour regarder la majorité des clips en me faisant passer pour un résident de France — non, encore plus que d’hab. Il y a un risque qu’ils ne soient pas disponibles dans votre région sans de l’aide.)

Thomas Dutronc (à droite), Photo par
Benoît Derrier, CC BY-SA 2.0

Thomas Dutronc est à une couronne près d’être de la noblesse dans la musique française, étant le fils de deux légendes, Françoise Hardy et Jacques Dutronc. On penserait que ses parents auraient tout préparé pour lui, mais en fait, il n’a pas appris la guitare, son instrument principal, jusqu’à ses 18 ans, inspiré non pas par ses parents, mais par Django Reinhardt.

J’étais absolument fixé par sa voix pendant « La Dernière Séance » des 30 Ans de Taratata, alors j’avais plus hâte d’écrire ce billet que les délais ne suggéraient. C’est intéressant à noter que ses premiers pas dans « l’industrie » ont été en tant qu’écrivain pour son père avec « À part ça » en 1995. Il me semble q’il n’a pas joué ni chanté pour l’enregistrement. Pendant la décennie à suivre, il a écrit de la musique pour plusieurs films, dont Toutes les filles sont folles en 2003 (gagnant du prix de meilleur bande originale au Festival de Paris-Île de-France, et Les Enfants en 2005. Il a aussi joué sur des albums de sa mère, notamment 4 pistes de l’album Tant de belles choses en 2004. Si j’ai bien compris les crédits, c’est Thomas en tant que soliste sur la guitare électrique de 1:00-1:20 dans « La folie ordinaire » :

Mais c’est seulement en 2007 où un album enregistré sous son nom voit le jour, Comme une manouche sans guitare. C’est une réussite absolue — 425 000 exemplaires vendus, 2 fois nominé aux Victoires de la musique en 2008, et gagnant d’une Victoire en 2009 pour la chanson du titre. La voilà :

J’adore. Si les choix de production me semblent un peu bizarres — il y a trop d’échos pour sa voix — la mélodie est séduisante et son travail avec sa guitare est de première classe. Écoutez son solo à partir de 0:50 — fortement dans la tradition du jazz et à haut niveau technique. J’aime aussi « J’aime plus Paris », qui n’a pas d’effets bizarres pour sa voix, et tous les mêmes points forts :

Il suit cet album en 2011 avec Silence on tourne, on tourne en rond. Si c’est moins d’une réussite que son début, il vend quand même 185 000 exemplaires. C’est un album un peu plus électrique, à ne pas dire électronique (on ne parle pas de synthétiseurs), que son prédécesseur.

Je n’ai absolument aucune idée de ce qui se passe dans le clip pour « Turlututu », mais la musique reste très agréable :

Par rapport aux deux premiers albums, son Éternels, jusqu’à demain doit être considéré un échec, même s’il reste quand même un disque d’or de 55 000 exemplaires. « Croc madam », écrit pour lui par Matthieu Chedid, est simplement bizarre :

Chez les yé-yé, une reprise d’une chanson de Serge Gainsbourg, est bien fait — et oh là là, mais la batterie sonne en direct des années 60 — mais ça ne sonne pas comme le Thomas Dutronc des deux premiers albums. Mais je suis paradoxalement fier de lui pour celle-ci ; on en reparlera à la fin.

Même quand il sonne comme lui-même, avec son titre original « J’me fous de tout », il y a un manque de l’énergie des deux premiers albums. C’est agréable, mais l’expression « je t’emmerde » n’est pas censée être aussi agréable que ça !

En 2020, il sort Frenchy, un album de reprises de chansons françaises, souvent en duo ou en trio avec des collaborateurs inattendus. Voici Iggy Pop et Diana Krall — les deux autrement déjà dans ma collection — avec lui pour « C’est si bon » :

J’ai halluciné « La Vie en Rose » avec Billy Gibbons, non ? Le M. Gibbons de ZZ Top qui a chanté La Grange :

Sur le même album, il fait pour Daft Punk ce que Paul Anka a fait pour Nirvana :

Je ne peux pas mentir, j’ai le même sentiment ici qu’ailleurs — à mon avis, vous avez les plus belles voix au monde, mais je préfère vous écouter en français.

Son dernier album est en duo avec son père, Dutronc et Dutronc, sorti en 2022. Je dois avouer que je me trompe depuis 4 ans déjà — je croyais que « L’opportuniste » était à Indochine ! Ça m’apprendra à lire les crédits !

Je n’ai pas envie de critiquer cet album, qui a vendu seulement 50 000 exemplaires aussi. Quand on voit les deux ensemble, comme sur Taratata, il est évident qu’ils ont dû le faire en ce moment-là ou jamais — Dutronc père n’a pas âgé comme Eddy Mitchell.

Mais c’est ça la raison pour laquelle j’ai dit que j’étais fier de Thomas Dutronc pour « Chez les yé-yé ». S’il voulait être l’enfant de népotisme, il aurait enregistré un album en 1995 intitulé « Yé-yé moderne », en duo avec chacun de ses parents, une chanson en trio, le tout aurait vendu 1 million d’exemplaires, et vous n’auriez plus jamais entendu parler de lui. Il a fait son tout pour gagner sa propre place, dans un style très différent de ses parents, et il n’a pas revisité leurs carrières jusqu’au moment où il a vraiment eu la sienne. J’ai tout le respect au monde pour son parcours.

Que dire enfin ? Si je suis honnête, sa voix est plus plaisante que puissante, mais en tant que guitariste et auteur, il ne doit d’excuses à personne. J’ai profité énormément de cette expérience, j’irais à ses concerts avec plaisir, et si « je ne prendrais pas l’avion », je serais ravi de le retrouver pendant un voyage d’une semaine.

Ma note : J’achète l’intégrale.

6 réflexions au sujet de « Je découvre Thomas Dutronc »

  1. Avatar de vanadze17vanadze17

    Un artiste et une personne que j’adore ! Je suis une grande fan de jazz, et du style Django Reinhardt entre autres.
    Ses musiques sont plutôt gaies, et comme ses parents, il ne fait pas parler de lui dans les médias, ce que j’apprécie.
    Pendant un voyage en Corse, je suis passée dans leurs villages respectifs (mais je ne les ai pas rencontrés 😂) !

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  2. Ping : Saison 3, Épisode 21 — À travers l’Atlantique avec Thomas Dutronc | Un Coup de Foudre

  3. Avatar de LadyButterflyLadyButterfly

    Thomas Dutronc et le jazz manouche, le top !

    L’album qu’il a fait avec son père est très bon ; pas loin d’être un coup de coeur, pour ma part.

    Pour « L’opportuniste », Indochine jouait la chanson sur scène à leurs débuts dans les années 80, avant d’avoir enregistré un disque. Donc, pour leur 1er album, vu qu’ils n’avaient pas beaucoup de titres, c’était une évidence de le placer. J’avais adoré cette idée à l’époque, connaissant la chanson de Dutronc.

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