Les frites de Berto

Je n’ai rien préparé pour aujourd’hui parce que j’ai assisté à la dernière soirée de jeux de plateau de l’OCA jusqu’en automne, et je ne voulais pas la rater. J’ai fait des kouign-amanns pour l’événement, et on m’a dit que c’était mon meilleur travail depuis qu’elle me connaît. C’était très gentil. Mais complètement par hasard, un ami américain m’a envoyé quelque chose liée à une anecdote qui se trouve dans le livre. Alors je vais la divulgâcher.

En vérifiant mes recherches pour le Pas-de-Calais, j’ai découvert qu’il y a quelque chose sur les cartes des friteries là qui me dérange. Apparemment, on peut acheter des burgers soit « seul » soit « américain ». Et c’est quoi « américain » dans ce contexte ? Ça veut dire que l’on met des frites directement dans le burger. Je ne vais pas dire que ça n’existe pas tout court aux États-Unis, car c’est un grand pays et on peut trouver toute bêtise imaginable quelque part. Mais disons que je ne connais nulle part pour commander une telle chose. J’allais écrire que c’était une autre parodie française de la « malbouffe » telle qu’elle existe dans vos têtes. Et rien n’est arrivé pour changer cet avis quant aux burgers. Mais il s’avère que la réalité, c’est encore pire.

Mon ami habite au Texas. Oui, vous en avez entendu parler avant. De toute façon, il m’a appelé pour me demander si je connaissais le « California burrito ». Dites-donc, j’habite en Californie du Sud toute ma vie — ça doit être de très mauvais karma — mais je n’ai jamais entendu parler de ce burrito. C’est apparemment un burrito — c’est-à-dire de la viande, du fromage et de la salsa emballés ensemble dans une tortilla — auquel on ajoute des frites. Dit autrement, c’est exactement ce que vous pensez que nous mangeons, sauf à partir de la cuisine mexicaine, pas les burgers. Voici un exemple :

California burrito coupé en deux, Photo par RightCowLeftCoast, CC BY-SA 4.0

Ne me dites pas que de tels trucs ne se trouveraient jamais en France. Ça ne rappelle fortement ce qui s’appelle un « French taco ». Je ne veux ni l’un ni l’autre. Mais on n’a toujours pas atteint la partie la plus gênante.

Pendant les années 80s, il y avait une explosion de restos rapides mexicains dans ma ville natale, San Diego qui avaient une propriété curieuse. Ils servaient tous grosso modo le même menu, et les noms se terminaient toujours par « -berto’s ». Ça a commencé avec Roberto’s et Alberto’s, mais il y avait aussi Adalberto’s, Aliberto’s, Humberto’s, Filberto’s, et ainsi de suite. Tout le monde, dont moi, voulait savoir pourquoi personne n’a lancé des processus pour défendre la marque originale.

Il s’avère, et je ne le savais pas jusqu’à hier, qu’ils étaient presque tous gérés par des membres de la même famille, dont le plus vieux était un certain Roberto Robledo. Il n’allait pas poursuivre ses cousins. Voici un clip du resto original, toujours ouvert.

Apparemment, Roberto’s n’a pas inventé le « California burrito » — mais la chaîne a fait plus que n’importe qui pour le rendre populaire. Enfin, parmi ceux qui le connaissent. Ça fait au moins 27 ans depuis la dernière fois où j’ai mangé chez n’importe quel Berto. Ces restos sont hyper-bas-de-gamme même parmi les restos rapides, et ne se trouvent pas dans de bons quartiers. Le plus proche de chez moi est à 80 km. Et apparemment ça date à mes années à la fac, loin des Berto’s de tout genre. C’est plutôt incroyable à mes yeux que je n’en ai jamais entendu p arler, mais ça appartient vraiment à tout autre monde, même si j’habitais dans le bon endroit.

Je ne sais plus quoi faire quant au Pas-de-Calais. Je trouve le « burger américain » largement un fruit de votre imagination — mais la réalité est pire ! Je ne veux pas aller trop loin de l’histoire dans le livre. Mais maintenant, vous savez autant que moi sur notre pire habitude culinaire.

20 réflexions au sujet de « Les frites de Berto »

  1. Avatar de AnagrysAnagrys

    Le “burger américain” est peut-être dérivé de ce qu’on appelle un “sandwich américain” ici : une baguette coupée en deux, dans laquelle on met un (ou deux) steak hachés, des frites et du ketchup.
    Pour la petite histoire, j’ai mangé une fois de ce truc, et j’ai passé tout l’après-midi à la digérer. C’était dans les premiers mois de mon premier boulot, l’expérience m’a marqué !

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      1. Avatar de AnagrysAnagrys

        Je dois avouer que je n’ai pas gardé le souvenir de la sauce. Quant à aller vérifier sur place… tout ce que je peux dire, c’est que c’était une sandwicherie dans une banlieue de Grenoble (à Meylan…?), entre fin 2001 et début 2002. Ils ne doivent plus être là depuis belle lurette 😅

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    1. Avatar de Justin BuschJustin Busch Auteur de l’article

      À propos de ça, c’est plutôt drôle qu’un burrito s’appelle « California » quand il y a une autre recette qui est de loin la mieux connue, mais venant de San Francisco, en particulier le quartier dit « Mission District ». Quand la plupart d’Américains dit juste « burrito », ils veulent dire ce genre — du riz, des haricots noirs, de la viande, du fromage, et du guacamole. Si un burrito méritait le nom « California », il me semble que ce serait le bon choix !

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  2. Avatar de BillieBillie (IEQH)

    Je pense que le « burger américain » ou le « burrito californien » (hahaha) c’est purement pour faire vendre. On met au point un plat et il lui faut un nom, tiens on va coller « américain » derrière car ça va parler aux gens qui savent bien qu’en amérique on aime saupoudrer des frites dans assiette (en plus on dit French fries en anglais, non?).
    Quand j’étais à la fac il y avait un sandwich chaud dit « un américain » à la cafétéria. C’était une baguette de pain coupée en deux avec, entre autres, du steak dedans (et peut-être de la sauce barbecue, et une barquette de frites, oui désolée j’en ai acheté un une fois et c’est pour ça que je m’en souviens). Il y avait aussi des sandwichs froids aux noms géographiques: Paname (le fameux Parisien), Norvégien (pain viennois et saumon fumé, celui que je prenais), Atlantique (au thon), Romain (tomate, mozzarella, salade frisée). Des noms qui jouent sur les clichés mais comme ça les gens se font une idée du produit assez vite.
    Rien à voir: ce que je fais est super honteux et ne reprend pas du tout votre recette mais mon petit plaisir du moment c’est de mettre des morceaux d’asperges à cuire dans les pâtes. J’aime beaucoup, ça change de l’asperge froide entière mangée avec de la vinaigrette et je n’aurais jamais eu l’idée de les préparer comme ça.

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    1. Avatar de Justin BuschJustin Busch Auteur de l’article

      À propos des « French fries » — oui, c’est le nom commun en anglais américain, mais les britanniques disent plutôt « chips » pour la même chose — les soi-disant connaisseurs aiment corriger tout le monde en disant qu’elles viennent de la Belgique. Cependant, de nos jours les historiens sont d’accord qu’en fait, les frites telles que nous les connaissons ont été inventées à Paris au milieu du XIXe siècle. Alors quand on trouve une personne qui se plainte que l’on devrait dire « Belgian fries », c’est un prétentieux qui ne sait pas de quoi il parle !

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  3. Ping : Saison 4, Épisode 10 — La figure de La Berma | Un Coup de Foudre

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