Archives mensuelles : juillet 2025

Le magasin Nintendo

Je dois avouer quelque chose de surprenant. Alors que j’étais au courant du fait que Nintendo allait ouvrir une boutique à San Francisco en mai dernier (lien en français, comme tous les liens suivants !), je ne savais pas qu’elle se trouverait dans notre hôtel ! En fait, je n’avais aucune idée jusqu’au moment où nous y sommes arrivés. Quel fan je suis !

Puisque nous devions partir lundi matin pour Berkeley, et nous sommes arrivés très tard samedi soir (vers 22h), nous avons dû y aller après notre balade autour de l’Embarcadero et de Ghirardelli Square. Et quand nous sommes arrivés devant la porte, la queue était énorme — presque toute la longueur de la façade de l’hôtel ! Heureusement, la queue bougeait vite et nous avons fini par la faire pendant seulement 15 minutes. Commençons donc par l’extérieur, où des personnages des séries Mario, Zelda et Splatoon se côtoient dans les fenêtres :

Une fois admis au paradis, la première chose que l’on voit est une statue de Mario. Il n’y a pas d’autre choix possible :

Il y a de nombreux produits dérivés de cette série, mais La Fille vous dira que j’ai pleuré à voire des boites de rangement en forme de bloc ? et de briques. Je suis trop vieux pour décorer ma chambre avec ces choses, alors je n’en ai pas acheté — mais j’y pensais :

Si je ne gardais toujours pas un peu d’espoir de trouver une partenaire, il y aurait un oreiller bloc ? sur mon canapé déjà. ([À sa place, j’en aurais donc acheté deux — M. Descarottes])

Ou peut-être une carapace de Koopa Troopa rouge :

La Fille a besoin de plus gros sacs à dos de nos jours, ou elle aurait un sac Bowser pour la rentrée :

J’adorais aussi les casquettes de baseball Mario :

Un de ces quatre, nous parlerons de mes deux peluches. Bowser les a failli rejoindre !

Je ne suis pas fan de la série Animal Crossing, mais il y a une statue des personnages les plus connus :

Il y a aussi de nombreux produits dérivés de la série Donkey Kong, dont ces tonneaux :

On peut aussi trouver des pulls avec le logo du magasin, mais je n’ai pas l’habitude de porter des pubs :

Puis on descend sous terre, pour trouver les séries un peu moins iconiques que Mario (les connaisseurs comprennent que Donkey Kong fait partie de Mario). Là, c’est Link de la série Zelda qui nous attend :

Les produits dérivés sont similaires à ceux de Mario — des oreillers, des t-shirts, des portefeuilles, etc. — mais en forme de Réceptacles de Cœur ou de Bouclier Hylien :

La série Pikmin — dont La Fille a fini le jeu Pikmin 4 en français pendant ses vacances d’hiver ! — est là, représentée par les petites plantes ambulantes dites Pikmin, ainsi que le monstre qui est la mascotte de la série, les Bulborbes. La trousse à crayons, avec son bulborbe affamé prêt à manger des pikmin, c’est hilarant !

Les Pikmin ont aussi leurs statues :

On penserait que le magasin serait à moitié consacré à la série Pokémon, qui gagne encore plus d’argent que Mario, mais heureusement, c’est loin de la vérité. Les Pokémon n’ont qu’un coin du sous-sol :

Si vous connaissez la série Kirby, son personnage éponyme s’y trouve aussi sur des t-shirts :

Malheureusement, j’étais déçu par le choix faible de produits dérivés de la série Metroid. J’aurais payé un t-shirt avec l’héroïne Samus Aran dans son armure, mais le seul disponible la montre en maquette filaire, ce qui donne l’impression d’une paire de seins, et je ne veux pas avoir des problèmes à cet égard. C’est dommage — pour autant que j’aime Mario et Zelda, j’ai l’impression que c’est Metroid le plus acceptable pour un homme d’âge moyen.

Je sais, vous êtes curieux de nos achats : un t-shirt Zelda pour La Fille, et un t-shirt Bowser pour moi. Cependant, ils restent emballés pour plus tard.

Après le magasin Nintendo, nous étions épuisés, et avons dîné chez McDo pour terminer la journée. Demain, je publierai C’est le 1er, puis on aura la visite de UC Berkeley, et on finira avec deux derniers billets : le retour et mes pensées sur ce qui est arrivé à San Francisco. (Dimanche avec Marcel reviendra la semaine prochaine.) Après tout, je termine chaque voyage en France avec mes plaintes — pensiez-vous que je serais moins sévère envers la Californie ?

Ghirardelli Square et les quartiers ethniques

On reprend notre séjour à San Francisco avec Ghirardelli Square. À moins que ce soit votre première visite chez Un Coup de Foudre, vous savez déjà que Ghirardelli est mon chocolat habituel quand j’ai besoin d’un chocolat noir de qualité sans payer Valrhona. C’est le chocolat californien depuis 1852, quand un immigré italien, Domenico Ghirardelli a ouvert ses portes à San Francisco avec 91 kg de fèves de cacao. Ça fait déjà 60 ans que les bâtiments que vous allez voir ne sont plus l’usine de Ghirardelli, mais c’est un endroit classé monument historique. La Fille et moi sommes pleinement d’accord : sauf peut-être Boudin, rien n’est plus important à l’histoire californienne.

Ghirardelli Square vu d'en bas -- le nom du commerce est en lettres géantes en haut du bâtiment
Ghirardelli Square vu d’en bas

« Square » en anglais se traduit par « carré » pour la forme géométrique, et « place » pour l’endroit. Mais en anglais, le double sens fait un calembour, parce qu’au-delà des tablettes pour la pâtisserie, le produit phare de la marque est une série de chocolats en forme de carrés, emballés individuellement. Puisque l’ancienne usine est si bien connue, c’est logique. Et quand on visite cet endroit, on peut commander des coupes glacées ainsi que toute la gamme Ghirardelli, dont des « squares » disponibles uniquement ici.

Malgré l’histoire, Ghirardelli s’adapte aux tendances, alors voici la nouvelle coupe glacée — façon Dubaï :

Pub avec une photo d'une coupe glacée à la pistache et au chocolat, comme le chocolat de Dubaï

Pas là la dernière fois, un trône pour se prendre en photo ([La folie des grandeurs ! Il se croit un roi ! — M. Descarottes]) :

Moi assis sur un trône en forme de coupe glacée devant la boutique

Comme tout à San Francisco, les prix sont montés en flèche : notre commande aurait coûté 24 $ il y a une décennie. Nous avons payé 40 $. Oui, pour deux coupes glacées et rien d’autre. Celle avec la fraise était à La Fille ; celle au caramel au beurre salé était le mien.

Deux coupes glacées

Ne le dites pas à La Fille, mais elle a commandé exactement la même coupe à ses 5 ans. J’ai la photo en preuve.

Il reste de vieilles machines, mais elles ne servent plus à rien :

Ancienne machine pour broyer les fèves

Dans la boutique, on peut acheter des sacs géants de Ghirardelli Squares : le panneau dit « 2 sacs achetés, le troisième offert ». Mais c’était trop pour nous.

Étagères pleines de sacs de chocolat

Quelque chose d’effrayant, c’est que la ville est infestée par des voitures « Waymo » de Google — des taxis sans voiture. Pendant notre balade, près de Ghirardelli Square, j’ai réussi à prendre des photos d’une Waymo arrêtée à un feu rouge. Il n’y a personne derrière la volante.

En marchant le long de l’avenue Colombus, on arrive dans le quartier de North Beach, le quartier italien. Aucune minorité est plus persécutée en Californie que les italiens : on détruit des statues de Colomb et l’État est unique en remplaçant son jour férié par un autre au nom du syndicaliste César Chavez (car les mexicains sont les descendants des amérindiens, tant mieux pour fomenter le désaccord entre ces groupes). Je m’identifie aux Italiens : vous lirez plus sur le couple Frank et Dotty DeVita dans mon livre, car Frank était décerné Chevalier de la Légion d’honneur. C’était sa femme Dotty qui a tout appris sur la cuisine italienne à ma mère, qui a grandi dans un quartier italien sans l’être. Pour moi, les quartiers dits « Little Italy » — la Petite Italie — sont chez moi partout aux États-Unis, que ce soit à San Diego, à New York City, ou à San Francisco.

Panneau qui dit en italien « Bienvenue dans la Peite Italie »
Bienvenue dans la Petite Italie

On peut passer par les épiceries et voir la fabrication des pâtes fraîches :

À chaque fois où je suis à San Francisco, je fais un pèlerinage chez Victoria Pastry Company, la pâtisserie avec les meilleurs cannolis de l’État. Mais après la coupe glacée chez Ghirardelli, c’était juste pour les prendre en photo afin de vous les montrer :

Entre Little Italy et notre hôtel se trouve Chinatown, le quartier chinois. J’ai pris quelques photos pour vous donner un goût de l’ambiance, ainsi que des pattes de poulets.

Je croyais que ce serait le dernier post sur la journée à San Francisco avant de passer à UC Berkeley, mais le magasin de Nintendo, notre dernier arrêt ce jour-là, mérite vraiment son propre post, j’ai tant de photos !

Fisherman’s Wharf

Hier, nous étions en fait à notre dernière fac, mais nous n’avons pas encore fini notre récit de San Francisco. Il faut ajouter qu’après avoir marché plus qu’un marathon depuis jeudi, je suis aussi rouge qu’un homard après cuisson.

Après le Ferry Building dimanche, nous sommes partis pour Fisherman’s Wharf (Le Quai des pêcheurs, selon Wikipédia), une distance de 2,6 km à pied. Le port de San Francisco se trouve le long de cette route, et est connu sous le nom de « The Embarcadero », un mot espagnol qui veut dire « lieu d’embarquement ».

En marchant le long de la route, on peut voir deux des joyaux architecturaux de la ville : la Tour Coit, le mémorial d’une citoyenne riche, Lillie Coit, qui voulait faire quelque chose pour embellir la ville, et la pyramide Transamerica, l’ancien quartier général du nommé compagnie d’assurance :

De l’Embarcadero, on peut voir l’île d’Alcatraz, le Château d’If américain, avec une prison anciennement utilisée pour les pires criminels — de nos jours, c’est un musée.

Île d'Alcatraz

Fisherman’s Wharf est l’endroit où de nombreuses familles de pêcheurs vendent leurs pêches dans des restos. Malheureusement, à cause du virus, plusieurs des noms les plus célèbres sont définitivement fermés : Alioto’s, celui d’une famille de gangsters dont un qui est devenu maire ; Fisherman’s Grotto ; Castagnola’s ; Tarantino’s. Anciennement, chaque resto avait un petit kiosque à emporter devant le bâtiment. Depuis Covid, les kiosques ne sont que des terrasses où il faut s’asseoir, et les prix sont montés en flèche en résultat. En 2013, on pouvait acheter la moitié d’un homard avec de petites crevettes pour 10 $ — le même plat coûte 37 $ maintenant.

Je vous parle parfois du pain levain Boudin, l’autre grand réussite de la Ruée vers l’Or de 1849 (les jeans Levi’s sont de loin la plus grande réussite). À l’époque, un immigré français, Isidore Boudin a fondé la maison, mais ça fait déjà un siècle que l’entreprise appartient à une famille d’origine italienne (qui sait quand même conserver l’héritage). Chez moi, Boudin est un resto rapide et boulangerie. À Fisherman’s Wharf, c’est un temple consacré au pain californien, avec un vrai resto très proche du style des autres sur Fisherman’s Wharf.

Notre dernier arrêt sur Fisherman’s Wharf est le Musée Mécanique — ce n’est pas ma traduction, c’est le nom sur l’enseigne ! C’est une salle d’arcade consacrée aux jeux mécaniques du début du XXe siècle, ainsi que les jeux vidéo des années 80. C’est le seul endroit où je peux trouver mes jeux préférés de l’époque Avant Nintendo : Moon Patrol et Spy Hunter. Il n’y aucun souvenir plus traumatisant pour mon pauvre père que la musique très répétitive de Moon Patrol, La seule qu’il peut toujours fredonner de cette époque !

Un trajet de 10 heures nous attend, alors je coupe notre récit ici. Demain, on reprend San Francisco.

San Francisco sans Maxime Le Forestier

Il n’y a pas d’épisode de la balado cette semaine ; je l’enregistre avec application, mais pas à ce niveau. Mais je vous raconterai notre jour à San Francisco. En deux parties, ou peut-être trois, car c’est longue.

Je sais qu’il y avait une chanson très populaire sur la ville en 1972, par M. Le Forestier. En fait, si on recherche l’adresse sur Google Maps, l’appli indique que c’est la maison de la chanson. Mais c’était dans la mauvaise direction, alors nous n’aurons rien à dire sur le sujet :

En anglais, c'est l'adresse, avec une note qui dit « la maison bleue de Maxime Le Forestier »
Capture d’écran de Google Maps

Sachez que nous avons marché comme rien d’autre hier. Vous pouvez voir que je n’ai pas quitté mon bureau lundi ni mardi cette semaine, pour faire autant de travail que possible :

Graphique qui montre le nombre de pas par jour : 24 360 pas dimanche !

D’abord, parlons de l’hôtel. Le Westin St. Francis existe depuis 1904, mais était anciennement indépendant. Il y a une petite salle qui sert en tant que musée de l’histoire de cet hôtel mythique. À gauche sont les machines pour laver les monnaies au début du XXe siècle, afin que rien ne salisse les gants blancs des clientes riches. Je ne plaisante même pas. À droite, des briques et des pubs de cette époque.

Le hall contient une horloge comtoise qui a plus d’un siècle, et le décor est joli :

Juste à côté de l’horloge, il y a un petit café avec de bonnes pâtisseries, avec des prix presque identiques à ceux de Moulin, près de chez moi. Le café a un thème italien, alors il y a de nombreuses affiches italiennes sur les murs :

Les vues même de notre chambre en arrière sont assez belles, et il y a une fresque qui raconte l’histoire de l’hôtel de façon humoristique dans le hall :

Demain, nous parlerons du Nintendo Store dans l’hôtel, le seul aux États-Unis en dehors du New York — et mes nombreuses plaintes. Ce n’est plus le Westin St. Francis de mes voyages avec ma grand-mère pendant les années 80, ni celui de mon dernier voyage pour les affaires en 2013. J’ai décidé que nous allions y séjourner avant de partir pour notre dernière fac car j’avais économisé le prix de deux billets d’avion (pour être clair, tous les hôtels de la semaine coûtaient ensemble le prix d’un billet sur Air France). Mais la chute de cette institution est honteuse, même si certaines choses sembleront tout un fromage sur rien. Disons qu’il y a des attentes qui vont avec un hôtel de première classe, et la gestion a tout raté à cet égard.

Je vous ai dit que l’hôtel était à Union Square, très proche du site d’un cambriolage choquant en pleine journée. J’essaye de toujours vous dire la vérité, et la vérité est que certaines choses étaient meilleures, et d’autres pires. Je dirais toujours que San Francisco est une ville en déclin, mais peut-être que le pire est en arrière-vue.

Voici Neiman-Marcus, le site du cambriolage.

Neiman-Marcus, vu de l'extérieur. Le coin du bâtiment est en verre.

Cette partie en verre au coin comprend la coupole, la plus belle de tous les magasins que j’ai jamais vus au-delà des Grands Magasins parisiens :

Vue de l'intérieur vers la coupole

Vous voulez la voir de plus proche que le rez-de-chaussée, je le sais. Votre souhait, ma commande :

Oui, il y a un resto là, The Rotunda. C’est merveilleux, mais nous y sommes arrivés après la fermeture (c’est seulement ouvert pour le déjeuner) — l’équipe m’a permis d’entrer pour prendre des photos. Afin que vous compreniez mieux quel genre de magasin est Neiman-Marcus, voici les vêtements vendus là — des créateurs, et rien d’autre :

Comprenez-vous maintenant pourquoi je m’en soucie de ce magasin, pourquoi c’est si personnel ? C’était anciennement un lieu de pèlerinage. Et maintenant je vais vous montrer la chute d’Union Square, le saccage de ce quartier.

Voici les concurrents autour de la place, Saks Fifth Avenue et Barney’s New York. Barney’s était la seule chaîne autorisée de vendre Goyard, le nec plus ultra de la maroquinerie française, aux États-Unis :

Oups, les enseignes ont été enlevées, et les deux sont définitivement fermés ! Je déteste quand ça arrive ! Il faut ajouter que Louis Vuitton reste sur la place :

Louis Vuitton au coin de la rue face à Neiman-Marcus

Ailleurs, un bâtiment dans ce quartier d’ultra-luxe est complètement vide sauf pour un magasin Ross au rez-de-chaussée. C’est quoi Ross ? Imaginez qu’Emmaüs n’acceptait pas de dons, mais était autrement pareil :

Ross, l'Emmaüs américain, mais pas à buts non-lucratifs

À côté d’Union Square se trouvait Westfield San Francisco. Je sais que vous avez Westfield en France, car l’entreprise gère Les Halles à Paris — c’est l’une des deux plus grandes chaînes de centres commerciales aux États-Unis. Westfield a rendu ce centre aux banquiers il y a deux ans. C’est plus qu’à moitié vide, et Bloomingdale’s, l’une des plus granées des grandes surfaces, a quitté le centre. À gauche, la chaîne de pharmacies Walgreens a quitté le centre, parce que… vous souvenez-vous des rasoirs derrière les vitrines fermées à clé chez moi ? À San Francisco, même ça ne suffisait pas, et vous voyez que ce quartier était riche.

Malgré toutes les fermetures, la ville est plus propre que l’on dit. Il y a plus de SDFs que dans mes photos, car j’évite de les faire honte, mais il n’y a pas de seringues dans les rues comme on disait. Voici le métro, dit BART : les voitures et les stations sont propres — mais vides. Et je ne veux pas dire car on est dimanche dans ces photos — il n’y a plus de commerces ni de distributeurs, même de sodas.

Mais je veux vous laisser avec un meilleur goût que ça. Notre premier arrêt après avoir quitté BART, c’était le Ferry Building. Rien à voir avec Jules ; on parle d’un bâtiment anciennement utilisé pour lancer les bateaux dits ferries. De nos jours, c’est un marché de producteurs.

Il y a des producteurs là comme vous ne croyez pas existent aux États-Unis. Voici une boulangerie :

Boulangerie et caissier

À côté, il y a une pâtisserie nommée Miette, car toutes les bonnes pâtisseries portent des noms français :

Il y a des producteurs d’huile d’olive et de champignons, même de poteries :

Mais le roi des rois, c’est le meilleur chocolatier californien, et à mon avis, du pays entier, Recchiuti. Oui, j’ai acheté des chocolats en cadeaux pour mes parents — et pour nous :

Pour vous donner une idée de ce que l’on trouve chez Recchiuti, une « Key Lime Apple », (pomme aux citrons verts) est une pomme tranchée par mandoline, aussi fine qu’une feuille de papier, marinée pendant des heures dans du jus des citrons verts de Floride dits « Key limes », les meilleurs du pays, puis trempée dans du chocolat noir. Elles sont vendues uniquement emballées, alors pas de photos, mais M. Recchiuti ne doit aucune excuse aux Pierre Marcolini et aux Robert Linxe du monde !

UC Riverside

Nous avons roulé plus de 820 km aujourd’hui, alors ce billet sera plutôt court. Avant de partir pour San Francisco, notre destination du soir, nous sommes allés à Riverside, à 110 km à l’est de Los Angeles pour voir une autre université publique, l’Université de Californie à Riverside. Suivant le nom commun ici, j’écrirai juste UCR.

UCR ne nous intéresse pas trop, si je suis honnête. Je vous ai dit plus tôt que c’est comme la Lozère avec plus de vaches et moins d’histoire. Mais cette fac a quand même un atout important : où UCLA n’accepte que 8 % des candidatures, UCR accepte 25 %, et avec une moyenne plus basse. Rien n’est garanti de nos jours — à mon époque, je savais que j’allais être accepté, rien qu’en cochant la case (il y a une candidature pour toutes les universités dites UC) — mais c’est un meilleur pari que nos autres.

L’architecture d’UCR n’a rien d’européen, à moins que vous soyez fan du style du Corbusier :

Bâtiment typiquement moderne en béton de UCR

Il y a 100 ans, le terrain était utilisé uniquement pour faire des recherches sur comment pousser les agrumes. Cette histoire est reconnue par une statue d’une orange :

Moi avec une sculpture d'une orange qui fait environ 1,5 m.

L’un des premiers bâtiments là était une grange, convertie en théâtre de nos jours :

L'ancienne grange

UCR abrite le bâtiment le deuxième plus haut de Riverside, un clocher de 49 m :

Clocher en béton

Ils nous ont dit que ce bâtiment, dit le HUB, est le centre de la vie sociale. Voici la vie sociale active — et pour être clair, en fait tous les campus du système UC offrent des cours pendant l’été :

"The HUB", un bâtiment avec de nombreux restos rapides, tous fermés

Un élément bien français, quelque chose que j’ai remarqué dans de nombreuses villes (Orléans, Veretz en Indre-et-Loir), mais rarement chez moi, c’est une sculpture du nom, dans ce cas de la fac :

Sculpture des lettres U, C et R, les initiales de la fac

La Fille a pris une photo de moi avec la mascotte de la fac, un castor :

Moi avec une sculpture d'un castor assis sur un banc

Il n’y a rien à voir à Riverside — c’est identique à Elbe-en-Irvine, n’étant qu’une collection de centres commerciaux avec toutes les mêmes chaînes. Alors nous sommes partis directement pour San Francisco, 650 km du trajet.

Nous sommes passés par de nombreuses aires d’autoroute très rurales comme celle-ci à Laval — je ne plaisante pas — une petite commune à Kern County au nord de LA. La commune est grosso modo juste l’aire d’autoroute et quelques hôtels.

Extérieur de l'aire d'autoroute

Vous aimez les Bibles dans nos hôtels ? Voici la table juste devant les caisses, avec des livres consacrés à la Bible — c’est ça la vraie culture paysanne, même si on ne verrait jamais pareil à LA ou bien Irvine.

Table avec de nombreux livres sur la Bible

Nous sommes passés par un petit marché à Bakersfield. Harris Ranch est le producteur célèbre de bœuf californien. Je ne pouvais rien acheter de frais ; sinon, j’aurais nettoyé les frigos dans cette photo :

4 frigos pleins de viande de bœuf

Aux alentours de Bakersfield se trouve une statue, Otis le Bouvillon. La Fille m’a pris en photo avec :

Moi avec une statue géante d'un bouvillon

Nous sommes passés par des centaines de fermes avant d’arriver à San Francisco, mais n’avons arrêté qu’une fois. Voici des photos de la ferme « Del Bosque » (espagnol pour Du Bois) :

Il était déjà 22h30 le temps que nous soyons enfin arrivés, alors ça suffit pour cette fois !

UCLA

Le tour des universités continue, cette fois à l’Université de Californie à Los Angeles. Selon le classement le plus connu aux États-Unis, celui du magazine US News and World Report (lien en français), c’est la meilleure université publique du pays, pas seulement en Californie. Et grâce au fait que c’est toujours moins cher d’aller aux universités publiques de son propre État, ça nous coûterait beaucoup moins cher que les universités publiques de l’Illinois ou au Texas, pour choisir deux des meilleurs systèmes.

Pour info, mon ex passait trois ans à UCLA pour son internat en médecine. Quand je vous parle de mon temps à LA, c’était pendant ces trois années-là. Ça ne m’influence pas trop ; le rapport qualité-prix est beaucoup plus important que mes trois années en enfer. Cependant, la probabilité d’être admis est encore plus faible qu’à USC : seulement 8 % des candidatures sont acceptées, et la moyenne au lycée pour les élèves admis est 3,95 sur 4,0. En fait, La Fille est là maintenant, mais il nous reste 2 1/2 ans de notes qui feront partie de sa candidature. Harvard était plus facile à entrer à mon époque (UCLA aussi ; ma candidature a été acceptée).

Mais on parlera plus du quartier, Westwood. La chute de ce que je connaissais est grave, mais ce quartier est beaucoup mieux que celui d’USC. De plus, UCLA est plus proche de Surfas, l’un de mes fournisseurs les plus importants ces dernières années. Nous y sommes allés avant de partir pour UCLA :

Enseigne de chez Surfas

Comme d’hab, il y avait de nombreux produits français — mais des chocs aussi :

Je suis parti avec une boîte de moutarde Fallot en graines, ma préférée de toute la France. Je ne pouvais pas acheter de produits frais, mais j’étais heureux de voir beaucoup de purées de Boiron. Cependant, le chocolat de Valrhona est monté en flèche. Quand j’ai fait mes macarons crème brûlée pour mon dîner parisien en 2023, le chocolat Dulcey coûtait 24 $/454 grammes (1 livre). C’est maintenant 32 $. Et l’Ivoire, anciennement aussi environ 24 $, coûte maintenant 40 $. Pour autant que j’aime les expatriés de l’OCA, ils peuvent désormais se débrouiller avec du chocolat Ghirardelli.

Alors, Westwood. Voici des photos de l’avenue Broxton, fermée aux voitures. C’est toujours joli, mais j’étais déçu de voir que presque tous les restos là sont maintenant asiatiques : anciennement, il y a de la diversité, avec du grec, une pizzeria, et du mexicain dans ces mêmes endroits :

Nous avons déjeuné dans une brasserie au bout de Broxton. C’était excellent, si plutôt cher, mais on ne verra jamais un établissement pareil dans le quartier d’USC :

Brasserie dans un vieux bâtiment

Autre chose que l’on ne verra jamais près d’USC, une bijouterie (là depuis des décennies) :

La bijouterie Sarah Leonard

Les bâtiments sont beaucoup plus beaux à Westwood, mais souvent pas plus occupés :

Vieux bâtiment en forme d'église avec un clocher

Autre chose pas comme Elbe-en-Irvine ? Les rasoirs ne sont pas derrière des vitrines fermées à clé. D’autres produits, oui, mais c’est mieux que chez moi :

Des produits pour se raser

Le tour des biscuiteries continue. Je vous ai montré Diddy Riese au passé. Insomnia, celle d’hier, est meilleure — mais les cookies chez Diddy Riese coûtent 1/4 ceux d’Insomnia :

Vous souvenez-vous de l’histoire de Stan’s Donuts et de son successeur, Primo’s ? Un a plus tard, il n’y a toujours rien là. Moins de SDFs dans la rue, mais la situation reste trop floue pour un nouveau commerce :

Alors, c’est Westwood. Maintenant, la fac. Ils font quelque chose que je déteste avant de commencer les réunions — même USC l’a laissé juste dans les documents imprimés. Ça s’appelle une « land acknowledgement » — et c’est l’une de nombreuses raisons pourquoi je ne m’intéresse pas à vivre au Canada, parce qu’ils sont pareils — selon les Québécois, une « reconnaissance foncière » (exemple). C’est de l’autoflagellation, selon laquelle nous sommes censés pleurer y vivre, et dire que la terre est vraiment aux amérindiens. Leurs descendants sont toujours vivants — si on dit ces choses sans rendre la terre, c’est de l’hypocrisie selon moi. Une autre fois, nous en parlerons plus.

Texte de la reconnaissance foncière en anglais

Une fois que c’est fini, il y a une présentation d’une demi-heure sur les statistiques de l’université, puis le tour. Pas comme USC, UCLA a été construite sur un terrain montagneux, et j’étais horriblement épuisé à la fin. Tout comme USC, l’architecture imite l’Europe :

UCLA prend souvent la place des universités de la Côte Est dans les films — nous sommes à 30 km de Hollywood, après tout. Alors, le logo de Harvard apparaît toujours sur un bâtiment utilisé dans le film La Revanche d’une blonde (l’un de mes préférés). C’est au centre de la photo :

Les bâtiments pour les sciences ne sont pas beaux ni de style européen, comme partout chez moi :

Un autre exemple d’une bibliothèque censée ressembler à un château :

Et voici un bâtiment — j’oublie ce qui est là-dedans — avec beaucoup d’erreurs faites exprès pour briser la symétrie. Peut-être que vous en trouverez plusieurs :

Finalement, je sais que ça fait longtemps depuis ma dernière apparition dans ces pages. Me voilà :

Photo de Justin avec un ours géant en peluche

USC

Hier, La Fille et moi étions à l’Université de Californie du Sud, comme dit Wikipédia en français. Je ne comprends pas pourquoi l’on ne dit pas « la Californie du Sud ». Mais je le connais sous le nom « University of Southern California », alors c’est « USC » que je vais écrire.

Et c’est important d’expliquer ce nom ; sinon, vous ne comprendrez la meilleure blague racontée sur cette fac par la concurrence à l’Université de Californie à Los Angeles (UCLA). USC est privée, tandis que UCLA est publique. Et c’est UCLA la plus prestigieuse. Alors ils disent de leurs rivaux que c’est la « University of Spoiled Children », l’Université d’enfants gâtés.

Par hasard, c’est aussi d’où j’ai mon master en linguistique, mais en fait, je ne pousse pas La Fille à y aller. C’est aussi la fac de mon ex-beau-père et ex-belle-sœur. Je ne suis pas fan, mais c’est bien réputé, et c’est assez pour moi.

Malheureusement, en partant de mon immeuble, nous étions les victimes d’un accident de voiture. Aux États-Unis, on peut tourner à droit aux feux rouges, sans attendre qu’ils deviennent verts. La femme qui roulait derrière moi n’a pas remarqué que j ‘ai arrêté de nouveau en voyant une autre voiture, et m’a percuté. Voici les dégâts :

Photo du pare-chocs endommagé de ma voiture

Il y a un risque que ça coûtera cher, car on parle d’un caméra derrière ce trou. Mais c’est son assurance qui devrait payer. On verra.

C’est vraiment cher d’aller à l’université d’enfants gâtés. Nous y avons déjeuné avant le tour, et ce sandwich de beurre d’arachide et de confiture de framboises m’a coûté 13 $ :

Photo du sandwich, emballé en plastique

L’université s’imagine les héritiers de la tradition romaine, alors voici le hall d’où notre tour a commencé :

Un accueil qui ressemble à l'intérieur du Panthéon à Rome

L’art public là manque quelque chose, à moins que vous soyez grand fan de cuillères :

Une sculpture moche en forme de cuillère à deux têtes

Mais c’est aussi l’université la plus liée à Hollywood. Peut-être que vous avez entendu de John Williams, le compositeur des bandes-sonores de Star Wars et d’Indiana Jones ? Voici qui a payé leur école de composition :

Bâtiment nommé pour John Williams

Et qui a dirigé les films d’Indiana Jones ? Pas surprenant de trouver son nom sur un autre bâtiment !

Bâtiment nommé pour Steven Spielberg

Aux États-Unis, les facs ont des équipes pour tous les sports : le football, le baseball, etc. USC a une longue histoire de réussites, et montre les trophées aux visiteurs :

Salle pleine de trophées

Parmi les trophées sont le Heisman, décerné au meilleur joueur de football chaque année. Ils se vantent avec fierté du trophée Heisman du meurtrier, O.J. Simpson, le Dupont de Ligonnès américain. Mon test pour la santé mentale est de demander aux autres américains si OJ a tué son ex et son copain. Si on dit non, on est fou.

Comme beaucoup d’universités à la Côte Ouest, USC aime faire semblant de croire qu’elle est européenne. Regardez ces bâtiments :

Celui à droit a été bâti il y a moins de 20 ans !

Mon vieux bâtiment pour la linguistique est toujours là :

Vieux bâtiment avec des salles de classe

L’université est dans un mauvais quartier. Après mes années là, ils ont acheté le centre commercial en face de la rue et la remplacé par de nouveaux bâtiments avec des boutiques ainsi que des dortoirs. Nous avons tester cette boulangerie consacrée uniquement aux cookies. Ils étaient excellents :

À l’hôtel, il y avait un accueil dans notre chambre qui a énervé La Fille. Faut payer la chambre toi-même, ma grande ! BWAHAHAHA !

La télé dit « Bienvenue, Justin »

Le dernier pain au chocolat

D’abord, une dernière demande liée au manuscrit, et après, je vous promets, rien de plus. Comme vous pouvez imaginer, j’ai étudié une vingtaine de sites d’astuces sur comment écrire ma lettre d’introduction. Mais une lettre est uniquement la plus importante : il y a une maison d’édition en particulière qui est mon rêve, car elle a sorti un livre sur les États-Unis tellement comme le mien sur la France. J’ai exactement les infos du bon éditeur, alors une opportunité de le soumettre à exactement la personne la mieux placée au monde entier pour comprendre mon projet. Il ne faut pas faire Justin-er cette chance, et ça veut surtout dire ne rien mettre ici pour garder la confidentialité de la personne en question. Si vous seriez content de lire une lettre d’un peu moins d’une page pour évaluer si ça répond à ma rubrique, merci de me signaler dans les commentaires ou par courriel.

Alors, certains d’entre vous, étant liés à moi personnellement sur Facebook savent deja où nous irons. Vous savez tous à quel point je profite de la vie californienne, uniquement chère. Mais rien ne m’a préparé pour hier.

Ça fait trop longtemps depuis ma dernière visite chez Moulin, la boulangerie qui joue un si important rôle dans mon parcours. Après littéralement 7 ans sans goûter même un seul croissant — parce que Pascal Épicerie avait définitivement fermé et le tribunal à La Haye existe exactement pour punir ceux qui servent les croissants de nos supermarchés aux autres — ils n’existaient plus pour moi. Puis avec le Confinement et mes nouvelles études, j’étais désespéré, un ami local m’a parlé de Moulin, et en plus des croissants, j’y ai découvert les Chamonix, les madeleines de Proust de cette histoire. Mais j’y allais de moins en moins parce que des croissants à 4 $ et des pains au chocolat à 4,50 $ étaient des luxes.

J’étais là hier matin pour la première fois depuis presque un an entier (j’étais là en février pour leur resto, Bouillon, sans aller dans la boulangerie). Sans jeter un œil sur les étiquettes, j’ai commandé un pain au chocolat. J’ai presque fait une crise cardiaque en voyant l’addition — pour un sac à emporter avec un seul pain au chocolat. 6,30 $.

À Newport Beach, les loyers sont chers, mais pire qu’à Paris ? Je le doute. Pourtant, qu’est-ce que l’on paye pour un pain au chocolat dans les boutiques parisiennes de Yann Couvreur ?

Pain au chocolat à 2 €
Capture d’écran

2 € fait environ 2,50 $ après les frais de conversion en ce moment. C’est 2,5x plus cher ici ! Pensez-vous que Moulin est mieux que Yann Couvreur ? Ouais, moi non plus.

À vrai dire, c’est Carrefour la bonne comparaison, avec ses pains au chocolat au beurre de Charentes-Poitou, 90 centimes chacun. 6 fois ça, c’est dingue.

C’est donc la fin des pains au chocolat pour moi. Je ne m’intéresse même pas un peu à payer ce prix. Dit autrement, l’inflation a atteint un taux de 33 % pendant cette année dernière. Imaginez-vous que j’ai eu une augmentation de salaire pareille ? Nope.

En fait, c’est pareil pour toute alimentation dans un resto en Californie. Il y a un an, la commande typique de La Fille et moi chez McDo — 10 McNuggets, 1 burger dit « Quarter Pounder », 1 paquet de frites, et deux boissons — ça nous coûtait 15,25 $. Ça nous coûte 19,30 au même McDo de nos jours. Pourquoi ?

La Californie fait deux choses qui rend nos restos plus cher que tous les autres États. Nous avons de loin le SMIC le plus haut, 20 $ par heure, ce qui a augmenté de 15 $ il y a 3 ans. Et avec nos impôts sur l’essence les plus hauts du pays, ça nous coûte beaucoup plus cher pour transporter les ingrédients. Ne me croyez pas sur parole : du site GasBuddy, voici les deux années dernières d’essence pour tout le pays, en bleu, et la Californie, en rouge. C’est environ 4,30 $ le gallon (4 litres) en Californie, contre 3,15 $ le gallon au reste du pays.

Graphique avec les prix d'essence
Capture d’écran

Croyez-moi, le reste du pays ne paye pas 6 $ le pain au chocolat dans leurs boulangeries françaises. Et c’est pareil pour les autres pâtisseries chez Moulin : les éclairs et les Paris-Brests individuels, anciennement 6 ou 6,50 $ chacun, sont tous maintenant 8 ou 8,50 $. C’est moins insupportable — on s’attend à des prix encore plus élevés pour les desserts aux restos — mais 6 $ pour un pain au chocolat ?

Hier, j’en ai mangé mon dernier, jusqu’au moment où je peux quitter définitivement la Californie.

Portrait de Molière par Nicolas Mignard

Langue du livre

J’ai décidé qu’au lieu de ce que j’avais planifié pour Langue de Molière cette semaine, quelque chose qui énerve La Fille, je vais fêter l’achèvement du manuscrit avec une collection des erreurs les plus souvent remarquées par les lecteurs. J’étais déjà au courant de certaines, mais j’ai appris des choses en lisant ce que les autres ont trouvé.

Il faut commencer avec une faute assez remarquée que dans ma note pour remercie les lecteurs, j’ai mentionné que « je n’écrirai plus jamais ‘aux deux côtés’». J’ai écrit ça 24 fois dans le manuscrit original (non, je n’ai pas gardé de statistiques à cet égard ; c’était juste facile de chercher le document corrigé). Il est facile de dire d’où vient cette erreur : c’est de l’anglais, si de façon un peu indirecte. Au passé, je vous ai dit — dans la deuxième Langue de Molière ! — qu’en général, « à » se traduit par « to » et « de » par « from ». Mais on peut rendre les choses de façon encore plus générale en disant que ces mots se traduisent par une variété d’autres mots qui indiquent une direction. Et là, « à » veut souvent dire « envers » son objet, et « de » signifie que l’on s’éloigne de son objet. C’est donc très bizarre pour moi de penser que l’on dirait jamais « des deux côtés ». Mais je peux vous rassurer que c’est bien pris en compte.

Une autre erreur avec une longue histoire sur ce blog, ainsi que dans mon manuscrit, c’est de confondre « dans l’esprit », ce qui est une traduction très exacte de l’anglais « in the spirit », et pleinement correct dans une phrase tel que « dans l’esprit de ses autres films », avec « venir à l’esprit », ce qui se traduit par « comes to mind ». (Voilà, encore une fois l’équivalence entre « à » et « to ».) Je doute que j’aie jamais lu « venir dans l’esprit » écrit par un Français. Et pourtant, il était une fois, c’était correct. Le Robert cite une ancienne définition de pensée, datant du XVIIe siècle :

Tout ce qui vient dans l’esprit, dans l’imagination, dans la memoire.

Définition de pensée

Voulez-vous un exemple plus concret ? Voilà, d’un sermon de Bernard de Clairvaux :

Il me vient dans l’esprit quelque chose de semblable dans l’Evangile.

Sermon LVIII

Bien sûr, il a prêché au XIIe siècle ; l’accueil du site au lien dit que c’est une traduction de 1866, plus récent que le XVIIe siècle. Peut-être que La Fille n’a pas tort de dire que je viens de l’époque des dinosaures et de George Washington.

Et en parlant de cette dernière phrase, quelque chose que je remarque en tant que linguiste depuis très longtemps : l’usage de « de » dans « l’époque des dinosaures et de George Washington » ou de « en » dans « en marchant et en prenant le métro » n’est pas toujours cohérent. En anglais, on ne répéterait presque jamais les mots équivalents : on pourrait écrire « the time of the dinosaurs and of George Washington », mais répéter « of » comme ça a l’air ringard. Je vois souvent des Français qui font pareil à l’anglais, mais vu les retours, je dirais que c’est probablement une faute. Au maximum, j’ai corrigé ça pour répéter les prépositions comme vous voyez ici.

La dernière chose que j’évoquerai, c’est plus une question de style qu’une erreur en soi. Je connais, et j’utilise parfois moi-même, des phrases qui commencent par « Inutile de » ; en parlant du ciné, j’ai écrit : « Inutile de me citer des exceptions ; nous parlons de tendances. » Mais autrement, il me semblait qu’il fallait en général utiliser un verbe avec ces choses : « Il est impossible de… », etc. Ça dérange mes oreilles, mais j’ai reçu un nombre de commentaires pour me dire d’écrire plutôt « Impossible de… ». Je l’ai fait autant que possible, mais dans une langue qui ne laisse pas tomber les prépositions comme ci-dessus, ça m’étonne.

Langue de Molière vous reverra la semaine prochaine pour parler enfin des plaintes de La Fille.

Au lieu de la France

Mercredi était censé être le jour de notre départ pour la région niçoise. Censé, je vous dis. Au lieu de ça, La Fille et moi allons prendre des vacances d’une forme très commune aux États-Unis, mais je soupçonne est inconnue en Europe. C’est le « college trip », le voyage pour voir des universités.

Carte postale d’une ville sur notre route, Photo par Steve Shook, CC BY 2.0

Ici, même s’il y a un examen, le SAT, que tout le monde prend pour montrer ses compétences, ça n’a presque rien à voir avec la question de si on sera admis à telle ou telle fac. Je ne vais pas faire la polémique ici sur pourquoi, mais disons que c’est l’une de mes plus grandes sources de colère. Mais même une élève avec des notes parfaites et un score très élevé sur le SAT ne sera admis à l’université de Californie à Riverside — loin d’être prestigieuse — qu’une fois sur 4. Et pour les facs de Los Angeles et de Berkeley, les chances sont encore plus faibles.

Alors, on visite de nombreuses facs avant d’atteindre l’année terminale, afin de décider où soumettre des candidatures. Il est fort probable que La Fille envoie une vingtaine en 2027 pour obtenir 2-3 opportunités.

Au lieu d’aller en France, nous allons donc visiter 4 facs pendant les 6 jours de jeudi à mardi prochain : l’Université de la Californie du Sud (d’où j’ai mon master), l’Université de Californie à Los Angeles, l’Université de Californie à Riverside, puis l’Université de Californie à Berkeley. Pour ce dernier, nous allons faire un sacré aller-retour en voiture.

Si vous me demandez, « Mais Justin, c’est quoi un « Riverside » ? » je vous dirai la vérité. Imaginez la Lozère. Maintenant, triplez le nombre de vaches et soustrayez tous les points forts, comme l’histoire de Bertrand du Guesclin et les lieux de tournage de La Grande Vadrouille. Ouaip. Si c’était à moi uniquement, La Fille ne se soucierait pas de cet endroit. Mais sa mère insiste, et au nom de la coopération, nous y jetterons un œil.

Cependant, vous allez avoir une opportunité unique à cause de ce voyage. Je vous dis depuis longtemps que la ville de San Francisco connaît une chute depuis une décennie. Nous allons passer par beaucoup des endroits touristiques de la ville, et vous aurez un compte rendu d’exactement à quel point je suis sérieux. Je vous ai montré une vidéo l’année dernière d’une grande surface en train d’être cambriolée — notre hôtel à San Francisco sera à environ 300 mètres de ce magasin.

N’imaginez pas que c’est mon idée des vacances. Mais on fait ce que l’on peut, et vous allez au moins voir beaucoup de la vraie Californie, car je prendrai des photos partout.