Vous alliez avoir tout autre article aujourd’hui, quelque chose d’attendu depuis longtemps. Cependant, j’essaie sincèrement de finir le livre cette semaine, pendant que La Fille n’est pas à la maison. Il me faudra 3 heures pour finir ledit article, et je ne les aurai pas jusqu’à ce que je finisse.

D’abord, j’aimerais dire deux choses.
En premier, je suis toujours prêt à me blâmer pour tout. La Fille et moi avons même une chanson sur ce sujet, sur l’air d’une chanson des années 70. En anglais, le titre dit « Tout est beau », mais nous chantons plutôt « Tout est la faute à Justin » (croyez-moi, en anglais ça convient mieux aux paroles originales).
L’autre chose, la faute pour tout malentendu lié au livre est la mienne. Par exemple, il y a une métaphore que j’ai inventée ici en juin 2024 qui forme une partie importante du récit. Ça se trouve vers la fin de mon article sur Eddy Mitchell, et je l’ai adoptée partout — l’idée étant qu’il y a deux France, la moderne, symbolisée par Eddy Mitchell, et la traditionnelle, symbolisée par Maïté. J’aurais dû envoyer une copie de ce chapitre à chacun de mes bénévoles. Je regrette la confusion exprimée par chaque personne qui s’en est plainte. Je crois sincèrement que tout s’accorde très bien quand on lit le livre en entier, mais sans contexte, je comprends le problème.
J’ai passé du temps avec 2 retours hier soir, l’un reçu il y a deux semaines, pas d’un lecteur habituel, et l’autre, reçu très récemment. Jusqu’à ce point, je n’ai jamais expérimenté vraiment ce que j’appellerais un « choc culturel ». Des différences, bien sûr, mais un moment où je me suis dit « Est-ce que j’ai tout mal compris ? », jamais. Maintenant, ça fait deux, peut-être trois fois.
J’entends souvent des Français qui ont étudié aux États-Unis que notre système de notes est trop gentil, qu’une « A », la note la plus haute possible chez moi, ne vaut qu’un 15/20 en France. J’entends parfois que j’exprime plus de fierté envers La Fille que ce qui est normal en France, et que les parents américains ne sont pas assez stricts par rapport aux parents français.
Disons que je comprends maintenant. Je m’inquiète que mes propres habitudes me mènent à voir des choses qui ne sont vraiment pas là, et je ne cafarderai sur personne. Mais je dirai que le français est une langue très nuancée, alors des mots comme « rien » et « aucun », pour décrire le sens d’une phrase, frappent comme des masses. Chez moi, ces mots ne seraient pas utilisés à moins que le texte soit du vrai n’importe quoi. J’ai pourtant l’impression que ce n’est pas l’intention, mais je suis mal placé pour faire moi-même les distinctions.
Mais l’autre critique est venue de quelqu’une que je considère une chère amie, qui m’a dit « ton experience pourrait intéresser des américains plutôt que des français. Pourquoi ne pas l’écrire aussi en anglais ? » J’espère que j’ai mal compris. « Plutôt » se traduit toujours par « rather », ce qui veut dire « au lieu de », pas « ainsi que ». Alors la première phrase me semble dire que j’aurais dû écrire en anglais au lieu de français, et que le sujet n’intéresse pas les Français. Cependant, la deuxième phrase dit clairement « aussi », et il me semble que ça ne veut pas dire ce que je craignais. Je ne crois pas du tout que cette personne veuille me blesser, mais je galère sincèrement à lire la première phrase d’autre façon.
Un troisième lecteur m’a dit quelque chose que je ne comprends même pas. Il s’agit des césures. Apparemment, je devrais les faire à la main, car selon cette personne, à chaque fois où le logiciel ajoute une césure, il faut mettre un trait d’union à la fin d’une ligne, où le mot est coupé, puis un autre au début de la ligne suivant, où le mot se reprend. Pourtant, quand je lis Le Canard enchaîné ou des livres sur Kindle, je ne vois que des traits à la fin des lignes, comme ici :

J’ai passé une heure en recherchant comment faire ça automatiquement dans LibreOffice, mon logiciel de choix, sans succès. Est-ce que vous ajoutez vraiment les césures à la main ?
Je me demande donc en ce moment si je viens de perdre des mois d’efforts. Mon idée fixe la plus durable, c’est qu’en fait je suis très faible, et que vous êtes tous trop gentils avec moi. J’ai entendu de nombreux commentaires enthousiastes, mais l’un de mes thèmes, c’est exactement que tout ça me semble incroyable. Je m’attendais à une crise de confiance tôt ou tard, parce que je me connais. Mais je m’attendais à ce que ce soit fait maison !

❤
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Il me semblait que les textes écrits à l’ordinateur ne coupaient plus les mots trop longs et les renvoyaient à la ligne, non-coupés? Pourquoi s’ennuyer avec les césures au lieu d’utiliser la fonction « justifier » qui répartit les mots dans la ligne afin que le paragraphe ait des bords alignés?
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Je peux justifier le texte de cette façon, mais je remarque que même avec des colonnes justifiées, Le Canard a quand même des césures. Je vois la même chose dans mon exemplaire de « Dossiers froids », le premier roman de Jours d’humeur. Je reste donc perplexe sur le sujet.
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Dans la grammaire que j’ai apprise à l’école et enseignée le fait de remettre un tiret en début de ligne n’existe pas. Cela correspond à la façon de faire de ton journal de référence.
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Peut-être une histoire de configuration des fins de ligne dans le logiciel de PAO (la mise en page du Canard ne découle pas d’un simple traitement de texte)…? J’avoue n’avoir jamais creusé ce sujet…
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L’appli du Canard provient des PDFs qui sont des reproductions fidèles des pages imprimées (j’ai deux vieux numéros du Canard à la maison pour faire la comparaison). Mais ce que je n’avais jamais remarqué au passé, c’est qu’il y a UNE colonne, au centre de la une, où ils font différemment — c’est justifié de façon qu’il n’y a pas de tirets nulle part !
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Je suppose que leur PAO leur permet de générer le PDF en plus du fichier à envoyer aux rotatives — après tout, le PDF est dérivé du PostScript. Un logiciel de PAO sérieux se doit de permettre ce genre de subtilités, et je ne doute pas que le Canard utilise un tel logiciel.
Voir aussi le commentaire de Bernard, mon expérience de ces logiciels remonte à la fin des années 90, et elle est très indirecte (j’ai participé pendant un an à la rédaction du journal de mon école, mais je ne faisais pas la mise en page).
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Un conseil : à moins de chercher un effet très particulier, surtout, ne faites aucune césure à la main, jamais, jamais, c’est la pire des idées. C’estb peut-être raisonnable pour un texte tapé à la machine, mais sur un traitement de texte, où on peu ajouter des mots, des phrases, déplacer du texte, c’est un coup à se retrouver avec une césure en milieu de ligne, ce qui pour le coup ferait vraiment bizarre.
À ma connaissance la césure prend un tiret à la fin de la ligne (je ne sais plus trop s’il doit être cadratin, semi-cadratin ou court, intuitivement je verrais bien le premier) mais je n’ai jamais vu de tiret au début de la ligne suivante. Laissez votre logiciel gérer ces détails, ça fait partie de la mise en page, un traitement de texte est fait pour ça.
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Entièrement d’accord ! C’est le logiciel qui effectue les césures en suivant les règles de la langue française (coupure selon les syllabes), qui sont différentes de celles de l’anglais. Il n’y a jamais de tiret au début de la ligne suivante !
Même en cas de justification totale (ce qui est recommandé), un logiciel bien configuré peut couper certains mots afin d’homogénéiser la densité du texte sur la page. Il faut le laisser faire. Un logiciel comme InDesign le fait excellemment, mais même Word ou TextMaker s’en sortent bien. Il doit y avoir un réglage dans votre logiciel permettant, par exemple, de ne faire la césure qu’après un certain nombre de caractères, et donc, par exemple, de ne pas couper « établissement » après « é » mais plutôt après « a ».
Mais surtout, ne faites jamais de césure à la main !
En ce moment, je travaille sur les maquettes d’un livre qui sera publié en français et en anglais au format UK, et j’ai dû indiquer les styles de la langue dans chaque maquette.
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Je n’ai jamais entendu parler de faire ça à la main avant, mais le lecteur m’a dit que j’avais commis des fautes en ne mettant pas de tirets au début de la ligne suivante. L’idée de devoir faire ça à travers 260 pages m’a mis mal à l’aise. Mais j’allais toujours prendre mes bénévoles au sérieux ; sinon, je n’aurais pas demandé de l’aide !
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La marque d’une césure est le trait d’union, que l’on place en fin de ligne mais jamais au début. 😄
Je n’ai jamais mis de trait d’union en début de ligne 😉
Ce cher Robert donne quelques conseils utiles : https://dictionnaire.lerobert.com/guide/comment-couper-un-mot-en-fin-de-ligne
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« Alors la première phrase me semble dire que j’aurais dû écrire en anglais au lieu de français, et que le sujet n’intéresse pas les Français. »
Je suis à peu près certain qu’elle s’est trompée en écrivant « plutôt », et la preuve est qu’elle a utilisé « aussi » dans la phrase suivante.
Je suis convaincu que votre livre intéressera des Français·es — et des francophones en général…
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C’est un soulagement — j’ai tendance à voir la catastrophe partout, et il me semblait peu probable, mais il y a des fois où je dois vraiment l’entendre de quelqu’un d’autre, surtout quand il s’agit de choses écrites en français.
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Cool Justin …
Pas de césure à la main… et tout ira bien 👍
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Intéressantes réflexions que tu fais là. Tout le monde devrait se poser les mêmes questions, peu importe la langue.
Je précise donc : on peut être français, avoir étudié et parlé français toute sa vie et malgré tout faire des erreurs d’emploi de mots. Le français parlé est fortement influencé par celui que l’on entend autour de nous et il est plein de subtilités parfois liées a une région ou un quartier.
Tout cela pour dire, qu’il est très très facile de mal interpréter un mot ou une phrase. Encore plus à l’écrit qu’à l’oral.
Il s’agira probablement d’un contexte culturel différent qui va créer un décalage, mais ce décalage existe aussi entre personnes du même pays.
Pour la césure, c’est une horreur, je désactive toute césure automatique quand je peux.
Et surtout parce je ne me souviens plus trop des règles de césure de certains mots. La césure a des règles de pratique et des règles esthétiques aussi, mais même les journaux avec leurs colonnes très serrées font ce qu’ils peuvent.
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Je rejoins tout les commentateurs qui disent ne jamais mettre de tiret en début de ligne. Je n’ai d’ailleurs jamais vu ça nulle part. Et évidemment, il ne faut pas faire les césures manuellement car tu seras obligé de tout refaire si ton texte change.
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D’accord ! Pour ce qu’il vaut, mon logiciel est configuré pour utiliser le français partout dans le fichier. En jetant un œil sur quelques pages, il me semble qu’il suit la règle mentionnée par d’autres personnes, de couper les mots par syllabes. Je suis de plus en plus perplexe.
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Ne te poses pas tant de questions. C’est la règle à suivre ! Tout le monde ici te le dit et ton logiciel le confirme. 😉
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En lisant tes doutes exprimés dans ce billet, je me félicite de ne pas m’être portée volontaire pour lire ton manuscrit, je n’aurais pas voulu t’induire en erreur tellement mon quotidien professionnel était éloigné des problèmes de mise en page de l’édition…
La césure, j’y faisais attention quand je faisais joujou avec ma machine à écrire, les rares fois où je tapais un courrier, plus du tout avec les logiciels actuels.
Bon courage à toi !
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Au cas où ce ne serait pas clair, je ne m’en prends pas à ceux qui ne faisaient pas partie. J’aurais cru que la mise en page finale serait le travail de l’édition, mais apparemment, je me trompais.
Ça dit, n’imagine pas que tu t’es complètement échappée — l’expression « pas super-marché » y apparaît, et est attribuée !
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MdR ! Sauf que je dis volontairement « pas supermarket », en employant le terme en polonais. C’est la faute à la moitié de palette de farine de là-bas, à 3 mois de sa date de péremption, arrivée pendant les années Covid qu’ils ont essayé de vendre sans préciser que c’était de la farine de blé de type T45 pour les brioches,. Je dois être la seule que cette apparition (avant la moutarde polonaise et les surgelés Ajinomoto) ait fait rire au point d’en acheter 1kg ! 😉
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En fait ce que je voulais dire dans mon commentaire, c’est que j’estime ne pas avoir les compétences pour la relecture de ton manuscrit (je laisse moi-même passer trop de fautes dans ce que j’écris, même en me relisant x fois) et de plus, je n’ai pas suivi un cursus littéraire mais scientifique, pas plus que je n’ai fais de longues études dites classiques, mais des modernes qui te préparaient plus rapidement (mais avec de grosses lacunes) à une vie active… Mes parents m’ont appris à rester à ma place, tu as des professionnels de la chose dans ton lectorat à qui je suis ravie de laisser cet honneur ! 😉
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Oh Justin 🫣 non 😪
Déjà, je pense que tu auras beaucoup d’avis différents sur tel ou tel point, avec autant de « correcteurs ». Mais je comprends ton idée ! Reste vaillant, l’histoire continue 😊
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Ah mon fils a lu ton post, je t’envoie un mail de ce sa part demain 😉
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