Archives mensuelles : novembre 2025

Comment marche le monde

Dimanche, j’ai mentionné une loi des jeux vidéo pour expliquer quelque chose chez Proust. Ça vient de l’un de deux sites qui, pris ensemble, suffisent pour expliquer tout ce que l’on a besoin de savoir. Le premier, malheureusement uniquement disponible en anglais, est la liste de 100 conseils pour les suzerains maléfiques. Datant des années 90, c’est un regard humoristique sur les bêtises des méchants dans la science-fiction et la fantasy. Par exemple :

L’un de mes conseillers sera un enfant lambda de 5 ans. Tout défaut dans mes plans qu’il remarquera sera corrigé avant de commencer. (#12)

C’est drôle, mais il y a parfois de vraie sagesse cachée là-dedans. Je prends cette astuce complètement au sérieux (au moins la première phrase) et la considère une partie importante de ma personnalité depuis 25 ans déjà :

Je maintiendrai une estimation réaliste de mes qualités et défauts. Même si ça rend le boulot moins marrant, au moins je ne dirai jamais : « C’est pas possible ! JE SUIS INVINCIBLE ! » (La mort a tendance à le suivre directement.) (#24)

Cependant, cette liste souffre de deux défauts. Premièrement, comme je l’ai déjà dit, elle n’existe qu’en anglais. Deuxièmement, elle est écrite du point de vue d’un méchant, alors ce n’est pas forcément objectif. Heureusement, le remède parfait existe pour ces deux problèmes, le meilleur guide à la réalité au-delà du Guide du voyageur galactique de Douglas Adams.

Le parti en haut d'une tour dans Final Fantasy V. Le personnage principal, Bartz, dit « Du gâteau ! ». Immédiatement après, la tour s'effondre.

Je parle, bien sûr, de La longue liste des clichés dans les RPGs sur console. Écrit une décennie après notre première liste, c’est une liste de 192 « lois » tirées des jeux vidéo tels que Final Fantasy ou Dragon Quest, des clichés qui arrivent encore et encore. Mais si on sait la lire, il y a un vrai profondeur ici qui dépasse les blagues sur ses sources.

Commençons avec la règle que j’ai citée avant :

Règle de Nostradamus
Toutes les légendes sont des vérités historiques. Toutes les rumeurs sont des faits. Toutes les prophécies s’accompliront (et pas dans un avenir indéterminé;, hein ! Tout de suite !).

Qu’est-ce que ça veut dire vraiment ? À la surface, il s’agit d’un cliché où chaque fois où on entend parler d’une rumeur dans un jeu vidéo, quelle coïncidence, c’est rien que la vérité. Mais il y a deux bonnes raisons pour ça.

La première raison, c’est qu’à l’époque, on parlait de logiciels écrits largement entre 1987 et 2003. Et pendant la grande majorité de cette époque, le mémoire était cher. Un jeu de la NES devait utiliser moins de 1 Mo de mémoire en général, alors il n’y avait pas beaucoup d’espace pour de fausses pistes. Mais l’autre raison, importante peu importe la quantité de mémoire disponible, c’est la psychologie — un joueur qui ressent qu’il vient de perdre du temps sera probablement mécontent. Peut-être qu’il s’en plaindra à d’autres joueurs et la suite ne se vendra pas. Voilà, Nostradamus n’est pas si bête après tout.

Un autre exemple de comprendre les limites :

Loi de l’Elégance Cartographique
Les terres émergées sont placées de manière à parfaitement tenir dans un rectangle.

C’est encore plus bizarre que ça ! Il y a exactement 128 écrans dans le rectangle qui fait la carte du premier Legend of Zelda. Je vous donnerai exactement 1 octet pour deviner pourquoi. Et si je vous disais qu’il y avait 128 pièces dans les donjons ? Peut-être qu’il y a un maximum de 256 adresses gérés par 1 octet, et on a besoin d’un bit pour être soit positif (sur sol) soit négatif (sous sol), alors il ne reste que 7 bits pour l’adresse de chaque rectangle, donc 128 lieux possibles.

Ce n’est pas à dire que tout cliché cache des complexités. Parfois, il s’agit juste de l’écriture paresseuse :

« Oh non ! Mon village de paysans ! »
La/le ville/village/hameau/planète du héros est généralement anéanti(e) d’une manière spectaculaire avant la fin du jeu, et souvent même durant la séquence d’ouverture.

Ça pourrait décrire Final Fantasy II, Secret of Mana… une centaine, vraiment. Pourquoi faire comme ça ? Il faut chasser l’oisillon du nid, et détruire le nid est certainement une façon efficace pour réussir ce but.

Il y a beaucoup de choses marrantes à trouver dans cette liste, et je vous rappelle, vous pouvez la lire en français. Mais il y a des vérités aussi : sur l’économie, l’écriture, même la gestion du temps :

Compression du Temps
A mesure que vous vous rapprochez de la confrontation finale, les évènements deviendront de plus en plus gauches, invraisemblables et sans lien les uns avec les autres. Comme si un quelconque Auteur Cosmique devait rendre sa copie dans quelques instants, et qu’il était en train de rassembler maladroitement toutes les pièces du puzzle dans l’urgence pour finir à temps.

Je vous rassure, l’Auteur Cosmique dont il parle n’est pas un personnage. Encore une fois, c’est une observation incisive sur comment les choses se font en réalité.

Saison 4, Épisode 32 — Impostures blogesques

Je me demande si on connaîtra la référence derrière le gros-titre pour cet épisode. Il y en a une. Je dis ça, je dis rien.

Je veux partager quelques photos du marché de Noël de samedi, en partie pour me vanter de mes efforts, en partie pour éclaircir une correction fait trop tard à la recette de biscuits de Péla. Voici tout ce que j’ai apporté :

Et voici le contexte de la table entière, pour voir que je ne triche pas avec une photo de chez moi :

Photo beaucoup plus large que haute avec, de gauche à droite : des financiers, des macarons, des madeleines aux amandes, des nougatines, des biscuits en forme de Tour Eiffel, et des chocolats. Un panneau derrière les biscuits de Péla indique que toute la table est dispo pour 2 $ la pièce.

J’avais dit que j’ai fini par ne pas apporter les biscuits de Noël ; je voulais dire uniquement ceux où j’avais raté le glaçage. J’ai quand même apporté 16 biscuits de Noël d’après Péla, emballés sans glaçage. Ils étaient très bien accueillis ; je regrette d’avoir donné une fausse impression autrement.

C’est avec une certaine horreur que je dois vous dire que la lumière de mon nouvel appartement vient directement d’un roman de HP Lovecraft. Hier, La Fille a décidé de préparer des macarons au chocolat elle-même comme cadeau pour une amie qui vient de subir une rupture. Oui, c’est seulement la deuxième fois pour elle. C’est moi qui a décidé où arrêter en mélangeant les poudres avec la meringue : tout le reste est à elle. Pourtant, ils sont presque parfaits, non ? Cependant, la couleur de cette photo est complètement fausse — et c’était encore pire dans la salle à manger que dans la cuisine ! Ses macarons étaient aussi marron foncé que les miens, faits avec la même poudre de cacao — mais ont un aspect bizarrement pâle, sous deux genres d’ampoule complètement différents. Je ne sais pas pourquoi.

J’adore « La couleur tombée du ciel » ; je n’ai aucune envie de le vivre !

Avez-vous entendu parler du détective très chic au Louvre ? Ça doit être la nouvelle la plus française de l’année — il n’était pas détective du tout, juste un lycéen qui s’habille comme si on est toujours les années 40, surtout à cause du chapeau Jean Moulin. Franchement, je souhaite que je puisse réussir son « look », mais sur moi, je suis sûr qu’il ne serait que démodé.

J’ai lié à un article de Libé dans le paragraphe précédent. Ils se trompent gravement sur le discours aux États-Unis autour de cette photo. Tout le monde ici parlaient de Jacques Clouseau, l’inspecteur de la série de comédies américano-britannique, La Panthère rose. Je ne sais pas si cette série est bien connue en France. C’est…euh… un sujet que j’évite soigneusement ici depuis des années, au cas où ce serait scandaleux !

La semaine dernière, j’ai commandé 4 tourillons en bois de chez IKEA pour réparer une étagère endommagée pendant mon déménagement. Tout était gratuit — mais ils me les ont envoyés par DHL, de la Slovaquie ! Malheureusement, il s’est avéré impossible d’extraire les tourillons cassés, et j’ai fini par en acheter une nouvelle samedi. Il m’étonne qu’IKEA soit rentable quand ils font comme ça !

Notre blague traite des pneus. Nos articles sont :

Il n’y a pas de Bonnes Nouvelles cette semaine. Les gros-titres sont Montreux et Existence.

Sur le blog, il y a aussi Autopsie d’Halloween, sur les soldes de l’après-Halloween, Imposture, sur ce qui est arrivé quand on a mal compris que je ne viens pas de l’Hexagone, Ici et là, des nouvelles personnelles et Les biscuits de Noël de Péla, sur une recette vendue au dernier marché de Noël.

Si vous aimez cette balado, abonnez-vous sur AppleGoogle PlayAmazonSpotify, ou encore Deezer. J’apprécie aussi les notes et les avis laissés sur ces sites. Et le saviez-vous ? Vous pouvez laisser des commentaires audio sur Spotify for Podcasters, qui abrite la balado. Bonne écoute !

Dimanche avec la princesse de Luxembourg

On reprend maintenant « À l’ombre des jeunes filles en fleurs ». Cette fois, j’avancé de 36 pages.

La dernière fois, notre narrateur avait soudainement conçu, sans l’expliquer, un plan pour utiliser la marquise de Villeparisis pour s’approcher de Mlle de Stermaria. Vous vous attendez donc à entendre comment ce plan s’est déroulé, la suite logique de cette déclaration. Avez-vous oublié de qui on parle ?

Car la toute première chose qu’il fait, c’est de se plaindre de sa grand-mère pour ne pas s’être lancée dans une conversation avec la marquise :

Malheureusement, s’il y avait quelqu’un qui, plus que quiconque, vécût enfermé dans son univers particulier, c’était ma grand’mère… je n’osais pas lui avouer que si ces mêmes gens l’avaient vue causer avec Mme de Villeparisis, j’en aurais eu un grand plaisir, parce que je sentais que la marquise avait du prestige dans l’hôtel et que son amitié nous eût posés aux yeux de M. de Stermaria.

Proust évoque souvent une idée comme ça juste pour faire une comparaison avec une autre chose qui suit, alors peu après, c’est l’un des habitués de Balbec qui utilise le maître d’hôtel pour établir sa place auprès des Stermaria :

— Aimé, vous pourrez dire à M. de Stermaria qu’il n’est pas le seul noble qu’il y ait dans cette salle à manger. Vous avez bien vu ce monsieur qui a déjeuné avec moi ce matin ?… Eh bien, c’est le marquis de Cambremer.

Le lendemain, monsieur a hâte de se présenter audit habitué. Le narrateur voit ça, et maintenant qu’il est dans la même pièce avec mademoiselle et son père est distrait, il en profite pour se présenter à elle. Hahaha, non. Ce serait logique. Au lieu de ça, il construit des fantasmes sur une vie avec mademoiselle :

je croyais sentir qu’elle eût facilement permis que je vinsse chercher sur elle le goût de cette vie si poétique qu’elle menait en Bretagne… Et, un mois où elle serait restée seule sans ses parents dans son château romanesque, peut-être aurions-nous pu nous promener seuls le soir tous deux… il me semblait que je ne l’aurais vraiment possédée que là…

Tout ça en pensant à une fille qu’il a vu pour la première fois pas plus que deux jours plus tôt, avec qui il n’a même jamais dit bonjour. Au moins on sait qu’il n’a pas été kidnappé par les profanateurs de sépultures.

Proust remarque un parallèle avec la vie des domestiques. Françoise est enfin arrivée, et a vite fait des amitiés avec le personnel de l’hôtel, et ne veut pas les déranger, ce qui a pour conséquence :

De sorte qu’en somme nous ne pouvions plus avoir d’eau chaude parce que Françoise était devenue l’amie de celui qui la faisait chauffer.

Les hiérarchies et les protocoles se reproduisent peu importe le niveau !

Naturellement, après tout ce drame, la grand-mère et la marquise se rencontrent et deviennent amies. Ça énerve Françoise, qui :

trouvait à tout moment qu’on nous avait « manqué », conclusion à laquelle l’amenait facilement, d’ailleurs, autant que son amour excessif pour nous, le plaisir qu’elle avait à nous être désagréable.

Est-ce que je suis le seul qui se souvient des louanges pour Françoise au début du premier tome ? Qui veut une domestique qui aime être désagréable envers ses clients ? De toute façon, elle change d’avis car la marquise est sympa envers elle.

Je pause pour noter que Proust et moi partageons autre chose en commun :

la chair vivante des huîtres me répugnait encore plus que la viscosité des méduses ne me ternissait la plage de Balbec

D’accord, Marcel. Les moules sont délicieux, et les palourdes aussi, mais les huîtres, beurk.

Après l’obsession du narrateur pour Mme Guermantes dans le premier tome, la grand-mère dit un jour :

— Il faudra que je pense une fois à lui demander si je me trompe et si elle n’a pas quelque parenté avec les Guermantes

Comme dit une loi des jeux vidéo, « Toutes les rumeurs sont des faits. » Le fait d’être mentionné suffit pour l’établir. Nous parlerons de la source de cette loi la semaine prochaine, car une fois évoquée, il faut en parler.

Il suit un autre épisode tout comme celui de la marquise avec son amie, la princesse de Luxembourg. Sauf qu’elle est apparemment une arnaque. Ou pas. C’est ce qui croient les « habitués » :

— Si, j’ai fait semblant de me tromper, j’ai pris la carte, elle a comme nom de guerre la princesse de Luxembourg ! Avais-je raison de me méfier !

Mais Proust nous rassure qu’il ne s’agit que de la jalousie de la bourgeoisie, qui ne comprend pas que l’aristocratie n’est pas toujours aussi riche que les bourgeois, mais a d’autres façons de reconnaître ceux de sa classe.

Le narrateur tombe malade — encore, je le sais — et c’est le prétexte pour arrêter d’aller à la plage et partir en balade avec la marquise autour du paysage. Au-delà de ses avis particulièrement républicains, étonnant pour une marquise aux yeux du narrateur, nous pouvons en passer. Mais je conclus avec un autre exemple du narrateur en train d’être lui-même :

alors nous croisions, la montant à pied, à bicyclette, en carriole ou en voiture, quelqu’une de ces créatures — fleurs de la belle journée, mais qui ne sont pas comme les fleurs des champs… quelque fille de ferme poussant sa vache ou à demi couchée sur une charrette, quelque fille de boutiquier en promenade, quelque élégante demoiselle assise sur le strapontin d’un landau, en face de ses parents. 

Restez dans la voiture de la marquise, Marcel. Sans même connaître leurs prénoms, je sais déjà que chacune d’entre elles ne mérite pas vos drôles de jeux d’esprit !

Les biscuits de Noël de Péla

Aujourd’hui, c’est le Marché français de Noël de l’OCA, ou comme disent eux les anglophones, « French Market ». Ne me croyez pas sur parole, voici l’affiche distribuée ici et là à Irvine :

French Market
November 8th, 2025 9am to 3pm
ARTS, CRAFTS, FASHION, JEWELRY, HOME DECORATION, GOURMET FOOD AND HOMEMADE FRENCH PASTRIES MADE BY ARTISANS FROM FRANCE & FRANCOPHONE COUNTRIES.

WOODBRIDGE VILLAGE ASSOCIATION
31 CREEK ROAD, IRVINE
2ND FLOOR - FREE ADMISSION
EVENT ORGANIZED BY OCA

D’habitude, chaque année je fais des macarons pour cet événement. Mais à partir de l’année dernière, afin de augmenter les stocks, j’ai commencé à faire un deuxième genre de biscuit. En 2024, c’était les schwowebredele. Cette année, j’ai choisi de faire ces biscuits de Péla.

Assiette de 16 biscuits en forme de la Tour Eiffel
Haute résolution en cliquant

Allons les préparer !

Lire la suite

Ici et là

Alors, quelques nouvelles personnelles pour cette semaine.

J’ai commandé un nouveau microphone d’un site dit Reverb, une sorte d’Ebay consacré aux équipements pour les musiciens. C’est un AKG Lyra exactement comme avant — il m’étonne que ça coûte 219 € en France (c’est le PDSF, quand même). Quand j’ai acheté le mien en 2023, le PDSF était 99 $ (mais j’ai payé 5 $). Cette fois, j’ai payé 49 $ — mais 15 $ en frais d’expédition, ce qui est ridicule. Je ne peux pas trop m’en plaindre, car le micro me coûterait 99 $ partout si n’avais pas trouvé le bon magasin.

Il faut que je règle la balado, car les Blagues de la Semaine sont devenues le moteur de la croissance ici. Hier, j’ai gagné une « réussite » de Google :

Ça dit « Félicitations ! Votre site a enregistré 3.5K
clics dans la recherche Google au cours des 28 derniers jours. »

1/3 du traffic est juste pour les blagues. Sans blague. Je vous rappelle que j’ai lancé cette page-là pour aider une abonnée sourde. En anglais, on a une expression pour ça : « Doing well by doing good. » (Réussir en faisant du bien.) Et oui, je fais du bien de cette façon : j’épargne aux francophones la peine de m’entendre !

Mais j’ai une autre raison pour laquelle il fallait remplacer le micro. Peut-être que vous vous souvenez de Podcasthon, l’événement caritatif où nous les podcasteurs enregistrent des thons. Non, je plaisante : c’est pour soutenir des associations à buts non-lucratifs. Plus tôt cette année, j’ai soutenu la Fédération française de cardiologie. L’année prochaine, je compte sur le refaire pour une association différente, et j’espère avoir un invité.

Hier après-midi, j’ai eu une réunion avec l’ancienne responsable du « Guide Pratique » de l’OCA, le manuel de l’association pour aider les nouveaux expatriés. C’est moi qui sera désormais le nouveau responsable. Il y a certaines choses pour lesquelles je suis bien placé à reprendre cette tâche — je sais très bien où faire les courses pour des ingrédients français, où manger, etc. Mais il y a d’autres choses où je ne sais rien — je n’ai jamais essayé de trouver un médecin qui parle français ici ! Et il s’avère que pour autant que j’ai appris, il y a plein de vocabulaire qui a des secrets pour moi après tout. Par exemple :

TV CORNER toutes les chaînes gratuites de la TNT par satellite.

Je n’ai absolument aucune idée de ce qui veut dire TNT. C’est le nom d’une chaîne américaine, mais je suis sûr qu’elle n’a rien à voir. J’ai visité les liens dans le document, j’ai recherché TNT sur Google, et il me semble que tout le monde croit que vous êtes juste censé savoir de quoi il s’agit.

Un autre exemple ?

Lors de l’achat de votre véhicule vous recevez la registration card, équivalent de la carte grise, à garder dans le véhicule en cas de contrôle.

Ravi que mon prédécesseur ait déjà écrit ça, car je n’ai jamais entendu parler d’une carte grise ! Ce n’est pas que l’idée est compliquée, c’est juste qu’il y a beaucoup de noms que l’on ne croise jamais sans vivre dans le bon endroit.

Mais ils sont quand même chanceux de m’avoir. Le Guide Pratique existe comme fichier MS Publisher. Devinez quel logiciel ne sera plus disponible à partir d’octobre 2026 ? Si vous avez dit « MS Publisher », ayez un Bon Point façon Coup de Foudre :

C'est « 1 point Schtroumpf à lunettes », décerné à ceux qui répondent sérieusement aux posts dans un groupe humoristique.

Ma première tâche est donc de migrer vers un autre logiciel. C’est la deuxième fois où je dois faire ça pour l’OCA — je vous rassure, étant très au courant du problème, je ne laisserai rien comme ça pour mon successeur.

Je vais terminer sur une nouvelle qui concerne La Fille. Tout comme en Europe, ici nous fêtons le 11 novembre pour des raisons militaires. Mais ici, la fête s’appelle Veterans’ Day, la Journée des anciens combattants, et a la même origine. Cependant, après la Guerre de Corée, nous avons étendu la fête pour se souvenir de toutes les guerres. De toute façon, la fanfare de La Fille a joué un concert hier pour l’occasion. Je vais partager trois enregistrements avec vous.

D’abord, « Stars and Stripes Forever » est la marche nationale :

Il y a des années, je vous ai raconté l’histoire de « Over There« , une chanson patriotique de la Première Guerre mondiale. Voici la version de la fanfare :

Et pour finir, la fanfare a joué les hymnes des 4 forces armées traditionnelles : l’Armée, la Marine, le Corps des Marines, et l’Armée de l’air :

Portrait de Molière par Nicolas Mignard

Dites pas ci, dites pas ça

Il y a un mois, juste avant de mettre Langue de Molière en pause pour mon déménagement, j’ai intitulé un billet « À plus dans le bus » pour parler des problèmes de prendre un bus à Los Angeles. Dans les coulisses, alors que je connaissais déjà cette expression, je l’avais recherchée pour voir si je pouvais en dire plus. Ça m’a mené à un article d’Elle par Camille Anseaume, « Les expressions tue-l’amour », qui n’a pas beaucoup ajouté (« ça veut dire « à bientôt » — super, comme si je ne connaissais pas « à plus »).

Mais franchement j’étais plus intéressé par l’expression « tue-l’amour ». J’ai donc consulté mon dictionnaire Oxford. Rien. Le Robert ? Pas non plus. Larousse ? Voilà :

Familier. Ce qui fait qu'une personne cesse d'en aimer, d'en désirer une autre : Les habitudes sont des tue-l'amour.
Dictionnaire Larousse en ligne

Le site La langue française offre des données sur la fréquence de l’expression : rien avant 1980, et même après, ce n’est pas très commun. Donc probablement pas trop accepté :

Graphique intitulé : « Évolution historique de l’usage du mot « tue-l'amour » depuis 1800 ». La ligne est plate sur 0 jusqu'en 1980, puis monte jusqu'à 6 x 10^-8, une fréquence très basse.
Capture d’écran

Mais je dirais que j’ai l’idée. Alors on va me quitter pour avoir dit « À plus dans le bus » ? Hihihi, il faudrait que l’on existe d’abord !

Quelles autres choses sont censées vous rendre radioactif ? Pour une chose, d’autres expressions qui relient le sentiment d’à bientôt avec une forme de transport : « A bientôt dans le métro ! » et « A demain dans le train ! » Ah, je comprends le jeu. À vendredi sur un grand bi, les amis.

On continue avec quelque chose que je déteste dans n’importe quelle langue, les expressions prénom. L’autrice en mentionne plusieurs, dont « Tranquille Émile ! » et « A l’aise Blaise ! » Je suis beaucoup trop habitué à ça en anglais, à cause de « Just in time » (juste à temps) et « Just in case » (au cas où). La seule fois où on m’a fait rire avec une telle chose a eu lieu fin 2022. Je me suis présenté à quelqu’un avec « Je suis Justin » et sans hésiter, elle a répondu « Juste un, pas deux ? » J’ai ri comme jamais de la vie — il m’a fallu des décennies pour entendre quelque chose de nouveau. Puis elle a fini par me détester. Mais c’était un bon moment.

L’autrice n’est pas fan des répliques cultes utilisées dans une conversation et critique certaines comme : « (Au moment où vous tendez un objet) Merki ! » Je n’ai aucune idée d’où ça vient et autant envie de régler la situation. Mais quand elle se plaint des publicitaires, c’est le pas trop loin. Maurice le poisson rouge ? Il vous faudra me l’arracher des mains froides et mortes, comme on dit en anglais. Même chose pour « C’est pas Versailles ici ». Loin d’être tue-l’amour, la personne idéale me dira qu’elle a bien profité de la blague au début de « Je découvre les Yvelines ».

Il y a même certaines expressions qui n’ont rien en commun, sauf peut-être des fautes de grammaire ou de prononciation, que l’autrice qualifie d’être « les horripilantes ». Elle n’aime pas du tout « Je dis ça, je dis rien », utilisé 18 fois sur ce blog avant cet article (par exemple, Alphaville et Les Schtroumpfs de Landerneau). Tant pis, je ne l’abandonne pas. Mais je suis d’accord, « Au jour d’aujourd’hui » fait mal aux oreilles.

Il s’avère qu’elle a une dent contre le français de M. Jours d’humeur aussi. Sa dernière plainte concerne les calembours sur la technologie, à partir de dire « face de bouc », exactement ce qui dit le mystérieux Gifnem29. Pas grand fan de dire « LOL » à haute voix au lieu de rire, et encore une fois, là nous sommes d’accord.

Mais je vois le vrai problème ici. En anglais, nous avons toute autre expression pour ce genre d’humour qu’elle appelle tue-l’amour. Ce sont des « Dad jokes ». C’est-à-dire « blague de papa ». Et je n’ai aucune intention d’arrêter !

Langue de Molière vous reverra la semaine prochaine pour se plaindre de M. et Mme, qui ont une fille.

Imposture

Langue de Molière reviendra cette semaine, mais un jour plus tard que prévu, car quelque chose est arrivé hier. Je dirai pour commencer que tout s’est terminé sans problème, mais c’était un moment que je redoutais depuis des mois.

Alors, mettons la scène. C’est probablement la chose la moins surprenante au monde que je fasse des efforts pour m’intégrer à la communauté francophone depuis longtemps. Et ça veut dire souvent que je rejoins des groupes sur Facebook avec de tels noms que « French & Francophones of Orange County » et « French in Los Angeles and in Southern California ». Pour être clair, ces groupes sont publics et n’importe qui peut les rejoindre. Cependant, il y a une supposition implicite dans les noms de ces groupes que l’on ne vient pas de French Lick, Indiana ou de Paris, Texas. Je ne suis pas très actif dans ces groupes — je les lis comme consommateur, pour entendre des nouvelles. Parfois j’offre des conseils à des Français qui souhaitent déménager dans ma région quand ils posent des questions dans ces groupes. Mais je ne poste rien au-delà de quelques commentaires.

C'est une photo de la réplique de la Tour Eiffel à Paris, Texas. Ça fait 1/16 de la hauteur de la vraie tour, et il y a un chapeau de cow-boy rouge au-dessus.
Tour Eiffel à Paris, Photo par PLBthetoonist, CC BY-SA 4.0

Il est important de préciser que je ne cache rien. J’utilise mon profil réel, avec mon vrai nom, pas celui du blog, et il y a assez de données là pour voir que j’habite ici au moins depuis le lycée. Si on me pose des questions, je suis honnête ; cependant, c’est également vrai que je ne fais pas d’efforts pour publier : « Allez, je ne suis pas de l’Hexagone ».

Un jour, il y a des mois, j’ai vu un post dans l’un des deux groupes liés ci-dessus, une annonce pour un nouveau groupe privé, qui invitait tous ceux qui pouvaient le voir de le rejoindre. Puisque c’est privé, je ne donnerai pas de nom, mais l’important, c’est que je n’ai pas menti pour le rejoindre. Comme dans de nombreux groupes privés, il y avait quelques questions d’adhésion, afin de filtrer les arnaqueurs. Les questions étaient :

1) Que recherchez-vous dans ce groupe que vous n’avez pas trouvé ailleurs ?

2) Si vous avez été invité par un membre, qui ?

3) Dans quel État des US ou du Canada habitez-vous ?

(Je les ai vérifiées sur les infos du groupe.)

Vous pouvez donc voir qu’aucune question n’a demandé : « D’où venez-vous ? » Je me suis donc senti à l’aise en répondant honnêtement, et je n’aurais pas essayé de rejoindre le groupe si c’était un problème.

De toute façon, ce qui s’est passé, c’est qu’après un certain temps, l’admin m’a envoyé une demande d’ajout, je l’ai acceptée et avec ça, elle pouvait voir les posts que je partage avec mes connaissances francophones, car je l’ai ajoutée à la bonne liste. (Si on vérifie mes posts publics, il semble que je suis mort depuis des années, un effort de ne pas attirer l’attention de Celle-Dont-On-Ne-Doit-Pas-Prononcer-Le-Nom.) Et ça s’est passé crème jusqu’au moment où j’ai publié une photo de quelque chose que vous allez tous voir une fois que le déballage a fini. Ça a suscité une question des minutes plus tard dans Messenger :

Hello, tu es de quel coin de la France ?

J’ai répondu avec la vérité, et offert mes excuses si c’était un problème. Il ne l’était pas, selon elle, mais

Il y a deux expressions anglophones pour cette situation : 1) There’s nobody here but us chickens (Il n’y a personne que nous, les poulets, ici) et 2) When the cat’s away, the mice will play (Quand le chat n’est pas là, les souris joueront). Les deux veulent dire la même chose, que l’on se comporte de façon différente quand tout le monde est homogène que quand d’autres personnes sont présentes.

La personne en question s’est sentie obligée d’offrir des excuses pour un post mécontent des États-Unis qu’elle ne savait pas a été lu par un citoyen de naissance. Je n’étais pas dérangé — je vous ai parlé en décembre dernier d’un moment où on a dit pire directement devant moi sans y penser — mais il n’est jamais mon but que l’on se sent obligé de s’autocensurer sur mon compte. Et s’il y avait un malentendu là, la faute était certainement à moi.

À vrai dire, nous avons eu une bonne conversation après ça. Il s’est avéré qu’elle m’avait vraiment pris pour un concitoyen. D’une part, ça me dit que je fais certaines choses correctement ! D’autre part, ça veut aussi dire que dans l’avenir, peut-être qu’elle se souciera plus de ne pas offenser, et vraiment, je reconnais qu’il y a des fois où on a envie de ne pas devoir se soucier d’exactement ça.

Autopsie d’Halloween

Alors que tout le monde fête Halloween le 31 octobre, pour moi la fête arrive vraiment le 1er novembre. Pendant des décennies, les magasins offrent des réductions, souvent entre 25 et 50 %, sur les stocks de bonbons qui y restent. Après tout, ils sont emballés dans des sacs avec des dessins de chauve-souris, de vampires, même de moi sur un sac particulièrement effrayant. (Je plaisante. Pour autant que vous sachez.)

Je regrette de vous dire, que tout comme dit Bane dans « The Dark Knight Rises » (son titre français ; au Québec, c’est « L’Ascension du Chevalier noir ») : « L’heure n’est pas à la peur. Cela viendra plus tard. » (Le clip est en VF ; ce n’est pas ma traduction.) On est plus tard.

D’abord, je veux que vous voyiez comment fait Ralphs le lendemain d’Halloween. Il y a des cochons qui seraient plus gênés que les employés de Ralphs, si vous voyiez leur porcherie dans un tel état. C’est honteux :

Étagères d'Halloween : le stock qui reste est très mal rangé, et il y a de nombreux sacs de bonbons sur le sol. Pas dans des boîtes, juste éparpillés ici et là.

Vous pouvez voir qu’il y a des tickets jaunes avec les prix, et des barres rouge au-dessus de chacun. Cette photo n’a pas assez de résolution, mais je vous dirai que chaque barre rouge est imprimé avec soit « prix bas » ou « en promotion ». (Ben, leurs équivalents en anglais. Arrêtez de imiter La Fille.)

Ces prix sont exactement ceux disponibles en juillet ou en août. Au début, je pensais que les paresseux qui « travaillent » chez Ralphs n’avaient pas mis à jour les tickets. J’ai choisi deux sacs, et les ai apportés à la caisse automatique pour les scanner. J’avais raison. Les prix étaient faux — mais dans le mauvais sens ! Les « réductions » mentionnées sur les tickets n’étaient plus valables : un sac qui se vendait pour 21 $ depuis son apparition en juillet coûtait désormais 25 $ ! Un autre sac coûtait même 28 $, du jamais vu de ma vie pour ces produits de chez Hersheys et Mars. (Il y a une boutique suisse ici, Läderach, ou 28 $ ne vaut que peut-être 250 grammes. Un sac de Hershey’s pour 28 $ fait au moins plus d’un kilo.)

C’est la première fois de ma vie où le lendemain d’Halloween ne voit aucune réduction, et même une augmentation pour certaines choses. J’étais si choqué que j’ai visité un autre Ralphs, ainsi qu’un concurrent, Stater Bros. (BAS de gamme), et une pharmacie, CVS, qui vend largement tout sauf les médicaments. Même chose partout.

Pour être clair, il s’agit uniquement des bonbons. Voici une décoration d’une pierre tombale, inutile jusqu’en octobre prochain. Le ticket montre clairement que le prix a été réduit de 20,99 $ à 10,49 $. Moins 50 %, comme toujours.

J’ai eu un peu de succès chez Walmart, où j’ai honte de faire mes achats (car ils prennent le clientèle, malheureusement pas sans raison, pour des criminels). Les tickets n’indiquent aucune réduction ; pourtant, tout a été réduit de 25 % à la caisse automatique :

À noter, ces produits, les Skittles et les Tootsie Pops, ne contiennent pas de chocolat (dans le dernier cas, un peu de poudre de cacao, mais pas de solides). Je vois que seulement les Skittles sont disponibles chez Carrefour ; dommage si vous ne connaissez pas les produits Tootsie. Les Tootsie Rolls sont grosso modo comme des Carambar mais au goût de chocolat, et sans blagues pourries. Une Tootsie Pop est une sucette avec un petit bout d’un Tootsie Roll au centre.

J’ai l’impression qu’une fois disparu, on ne reverra plus jamais de soldes après Halloween. Probablement pareil pour la Saint-Valentin, qui a aussi des bonbons emballés uniquement pour la saison. Mais est-ce vraiment trop demander qu’un magasin soit propre si on va payer comme ça ?

Saison 4, Épisode 31 — Bon 5e anniversaire au blog

Quelque chose est arrivé il y a deux jours qui est soit gênant soit touchant. ([Ou les deux. — M. Descarottes]) J’avais hâte de sortir « C’est le 1er » et j’ai complètement oublié que le 1er novembre fait exception à l’horaire, car c’est l’anniversaire du blog. Bien sûr, quelque chose devait bouger, car le 1er était suivi directement par Proust et cette balado. Vous voyez où étaient mes priorités ; comme je dis à la fin de chaque épisode, je vous adore tous.

Alors, chaque année, ou maintenant presque, je publie de réflexions sur l’état du blog pour son anniversaire (2021, 2022, 2023, 2024). Comme toujours, je prendrai un moment pour reconnaître les réussites depuis la dernière fois. Octobre vient de voir une étape dont je n’aurais jamais osé rêver au début :

Capture d'écran des statistiques mensuelles du blog -- 7 001 vues en octobre (j'ai fin avec 7 071 sur 4 382 visites.

À vrai dire, 2025 n’est pas du tout allé comme prévu. Le lancement de Dimanche avec Marcel est certainement un succès — et la vérité, c’est que je n’avais pas la moindre idée de comment ça se déroulerait au début. Je savais que j’allais passer du temps pour finir mon manuscrit, un projet lancé début 2023 mais pas vraiment en cours jusqu’à la fin du Tour. Je reste reconnaissant à tous ceux qui m’ont aidé à le finir. Je regrette de vous dire que la prochaine date limite approche dans deux semaines ; j’imagine que c’est déjà sa propre réponse.

J’ai annoncé beaucoup de plans pour l’évolution du blog après le Tour, et jusqu’à ce point, très peu d’entre eux ont commencé. C’est une déception, même si le manuscrit et le déménagement étaient les priorités. J’avais espéré finir au moins les « 5 Premiers, revisités » — seulement l’Ain est apparu à ce point.

Une partie de ça, c’est la vie. Mais une autre partie, c’est l’épuisement duquel j’ai parlé l’année dernière. La passion pour la France est toujours là, aussi forte que jamais. Mais je m’inquiète de plus en plus que septembre 2028 arrivera, La Fille partira comme prévu, mais moi, je ne serai pas du tout prêt pour le déménagement qui est mon espoir depuis le début. Je veux être là pour travailler, et il me semble que ces plans auraient déjà dû commencer. Je me sens perdu, et quand ça arrive, il devient de plus en plus difficile de me concentrer. Avec ce post, ça fera 1 223 jours de suite de posts, avec 1 828 posts et 1,1 million de mots au total depuis le début. C’est une drôle de façon de perdre sa concentration, je le sais, mais je suis quand même honnête sur la différence entre les coulisses et la scène.

L’anniversaire du blog est 3 semaines avant celui de l’auteur, alors on en parlera plus assez bientôt. Mais j’essaie de toujours vous faire rire avec les nouvelles autour des épisodes, alors voici l’histoire le plus Justin que vous entendrez cette année.

Je croyais que j’avais laissé ma poubelle dans l’ancien appartement. La taille de sac poubelle la plus commune pour les cuisines est 13 gallons, environ 49 litres. J’ai donc acheté une telle poubelle pour aller dans le placard sous le robinet dans la cuisine. Mais le truc était trop grand pour y rentrer ! « Saloperie de propriétaire ! », me suis-je dit, en pensant que l’Irvine Company (qui contrôle la moitié d’Orange County) était trop radin pour construire un assez grand placard. Je l’ai rapportée au magasin, et j’ai acheté une poubelle de 10 gallons, ayant mesuré la hauteur pour être sûr.

Et qu’est-ce qui s’est passé ? La plomberie au-dessous du robinet l’a bloqué ! Je me suis donc dit : « Allez, en acheter une qui sera au milieu de la cuisine. » Je l’ai rendue, puis payé cher pour une poubelle en métal pour être plus « décorative ».

Puis mon père m’a appelé hier : « Dis-donc, tu vas récupérer ta poubelle ? » J’avais laissé beaucoup de trucs chez mes parents, car je n’en pouvais plus à cause de mes genoux, et j’avais complètement oublié que c’était là. J’ai donc rendu la troisième poubelle au magasin. Et c’est comment j’ai découvert qu’en fait, j’avais acheté une poubelle de seulement 6 gallons afin qu’elle rentre sous le robinet de l’ancien appartement. Pourtant, pendant 15 années, j’ai acheté des sacs de 13 gallons sans jamais penser : « Les sacs, pourquoi sont-ils si grands par rapport à la poubelle ? »

Il faut être un vrai génie pour être aussi bête !

Notre blague traite du complotisme. Nos articles sont :

Il n’y a pas de Bonnes Nouvelles cette semaine. Les gros-titres sont Énergie et Artichaut.

Sur le blog, il y a aussi Le plus grand match de tous les temps, sur le 3e match de la Série mondiale, La ca-thé-strophe, sur une mauvaise nouvelle concernant ma boisson préférée, Trick-or-treat, sur les prix de bonbons pour Halloween, et C’est le 1er, version novembre 2025, ma revue mensuelle de mes blogs préférés.

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Dimanche avec les de Stermaria

On reprend maintenant « À l’ombre des jeunes filles en fleurs ». Cette fois, j’ai avancé de 25 pages.

La dernière fois, notre héros et sa grand-mère faisaient leur tout pour me faire appeler le 119. Puis je me suis souvenu du fait que tout ça s’est déroulé il y a un siècle et en plus, mon portable est dans la mauvaise zone. Mais ne vous inquiétez pas, il s’est tout de suite replongé dans de nouvelles bêtises !

Sa première nuit dans une nouvelle chambre ne passe pas très bien, et ses pensées vont en direction de Nopeistan de l’Est :

Peut-être cet effroi que j’avais…de coucher dans une chambre inconnue…n’est-il que la forme…de ce grand refus désespéré qu’opposent les choses qui constituent le meilleur de notre vie présente…que les nécessités de la vie pourraient m’obliger à vivre loin de Gilberte…

Nonononon. Ça fait deux ans depuis le moment où vous avez quitté Gilberte de votre propre volonté, vous. Je ne veux entendre même pas un mot de plus à propos de « cet effroi ». Et pour info, je viens de déménager dans une toute nouvelle chambre où le seul problème la première nuit était le fait que j’avais laissé ma couverture dans mon ancien appartement, alors j’ai eu froid (je l’ai récupérée le lendemain). Pourtant, personne ne dira que mon compte rendu de ces faits est de la grande littérature.

Mais en fait, il y a un point important qu’il soulève ici, qu’un déménagement loin d’où nous sommes habitués à vivre peut être un vrai traumatisme, même si ça réussit des buts importants :

Certes ces amitiés nouvelles pour des lieux et des gens ont pour trame l’oubli des anciennes… Et la crainte d’un avenir où nous seront enlevés la vue et l’entretien de ceux que nous aimons et d’où nous tirons aujourd’hui notre plus chère joie… ce serait donc une vraie mort de nous-même, mort suivie, il est vrai, de résurrection, mais en un moi différent…

Je pense souvent à exactement cette question : j’ai enfin trouvé une communauté chez moi — pourquoi est-ce que j’ai envie de tout plaquer et recommencer à nouveau loin d’ici en 2029 ? Carrefour. C’est largement Carrefour. Et des stations-service pleines de nougat de Montélimar. Non, mais sérieusement, c’est parce qu’ils sont tous à des étapes de la vie trop différentes de la mienne, et si je veux avoir la moindre opportunité de vivre la vie dont j’ai envie, ça doit être dans une plus grande communauté avec plus de monde comme moi. Mais ce sont des réflexions face à l’idée de croiser un continent et un océan et y rester pour toujours. Pas de partir en vacances une semaine dans une station balnéaire à 200 km de chez moi. Notre narrateur a des idées beaucoup trop extravagantes pour les circonstances.

Cependant, même dans ce nouveau milieu, certains faits de la vie bourgeoise restent les mêmes. Il s’avère que tout comme le salon des Verdurin, il y a les habitués de Balbec :

ils se composaient de personnalités éminentes des principaux départements de cette partie de la France, d’un premier président de Caen, d’un bâtonnier de Cherbourg, d’un grand notaire du Mans… venaient se concentrer dans cet hôtel.

Comme les Verdurin, il faut avoir quelqu’un à exclure, afin de se sentir supérieur, et dans ce cas, il s’agit d’une petite vieillarde :

D’autre part, le bâtonnier et ses amis ne tarissaient pas de sarcasmes, au sujet d’une vieille dame riche et titrée, parce qu’elle ne se déplaçait qu’avec tout son train de maison.

Il y a d’autres personnages qui séjournent à Balbec sans faire partie de cette communauté. Les de Stermaria, une famille bretonne, ne passent guère de temps dans l’hôtel, mais quand monsieur voit le narrateur et sa grand-mère à « sa » table, il faut les remettre dans leur place :

À peine commencions-nous à déjeuner qu’on vint nous faire lever sur l’ordre de M. de Stermaria, lequel venait d’arriver et, sans le moindre geste d’excuse à notre adresse, pria à haute voix le maître d’hôtel de veiller à ce qu’une pareille erreur ne se renouvelât pas, car il lui était désagréable que « des gens qu’il ne connaissait pas » eussent pris sa table.

Charmants, eux. Je me suis dit : « Je crois que nous les reverrons ; sinon, je les laisserais tomber. » 4 pages plus tard, voilà :

Hélas, d’aucune de ces personnes le mépris ne m’était aussi pénible que celui de M. de Stermaria.

Car j’avais remarqué sa fille dès son entrée, son joli visage pâle et presque bleuté…

Vraiment, ce gars est le type le plus prévisible au monde, non ? Et si je vous disais que la prochaine chose qu’il faisait, c’était d’utiliser la vieillarde pour faire la connaissance de mademoiselle ? Exactement comme il a utilisé Mme Swann pour faire la connaissance de Gilberte, afin de s’approcher de Bergotte ?

le directeur se pencha vers ma grand’mère… il lui coula dans l’oreille : « La Marquise de Villeparisis »…

On peut penser que l’apparition soudaine, sous les traits d’une petite vieille, de la plus puissante des fées ne m’aurait pas causé plus de plaisir, dénué comme j’étais de tout recours pour m’approcher de Mlle de Stermaria… Tandis que cette Mme de Villeparisis était bien la véritable, elle n’avait pas été victime d’un enchantement… mais était capable au contraire d’en mettre un à la disposition de la mienne qu’il centuplerait, et grâce auquel… j’allais franchir en quelques instants les distances sociales infinies, au moins à Balbec, qui me séparaient de Mlle de Stermaria.

C’est comme regarder un accident de train au ralenti. On sait ce qui arrivera à chaque fois, mais impossible de détourner le regard quand même. La prochaine fois, on regardera l’accident de près !