Quand j’écris les posts « Je découvre », j’essaie de présenter les départements selon leurs meilleures qualités. Mais l’histoire a aussi des ombres, et aujourd’hui, on parle d’un chapitre malheureux de l’histoire nantaise. Cette fois, je parle d’une histoire dont j’ai entendu parler d’un ami il y a longtemps, l’histoire de Jean-Baptiste Carrier et les noyades de Nantes. Je suis ici la narration du site France Pittoresque et de Wikipédia.

Je vous ai dit en Gironde que les deux départements que tout le monde connaissent aux États-Unis sont la Gironde et la Vendée, à cause de leurs rôles pendant la Révolution. On parle des révoltes vendéennes, mais cet épisode est un moment de la Terreur qui est peu connu chez moi car il s’est passé en dehors de Paris. (L’histoire de la Terreur aux États-Unis est plus ou moins : les États-Généraux arrêtent le roi, la Montagne devient de plus en plus sanguinaire, Marie-Antoinette mange de la brioche, M. Robespierre prend la parole, puis tout le monde est guillotiné, le homard Thermidor est créé et le mot « tricoteuse » entre la langue anglaise à cause du livre « Le Conte de deux cités » par Charles Dickens. On passe directement à Waterloo pour reprendre ce qui compte, la glorieuse histoire anglophone.)
D’abord, on doit établir pourquoi Carrier voulait tuer des prêtres en plus que les rebelles vendéennes. C’est à cause de la Constitution civile du clergé de 1790, selon laquelle il fallait que les prêtres abandonnent l’Église catholique pour une nouvelle Église constitutionnelle. Les prêtres qui ont refusé étaient labellisés réfractaires ; c’est-à-dire des ennemis de la Révolution et du pouvoir séculaire.
Les rebelles vendéennes ont formé une armée catholique et royale ; les prêtres étaient donc pire que juste des hérétiques qui n’étaient pas d’accord avec les révolutionnaires — ils étaient les symboles d’une cause opposée. En octobre 1793, le Comité révolutionnaire de Nantes a rendu 90 prêtres sur un bateau ancré dans la Loire, pour servir en tant que prison. Mais Carrier est arrivé pour se charger des affaires et il veut écraser complètement la révolte. Il décide donc de les tuer tous. Mais sans un procès, il ne veut pas de témoins, alors il ne dit pas au commandant du bateau qu’il va noyer les prêtres. Il leur dit qu’ils seront transférés à un autre prison.
Mais son adjutant, Lamberty, demande aux prêtres de lui rendre leurs objets de valeur. Puis, les prêtres sont attachés deux par deux et mis dans une gabare avec des trou en bas. Selon France Pittoresque :
L’eau envahit la cale, où les prêtres, commençant à se rendre compte qu’ils vont bientôt rencontrer le Créateur, se mettent à hurler de désespoir, à supplier pour qu’on leur porte secours. Un des bourreaux a l’idée de leur faire une bonne blague, il grimpe sur le chaland en train de couler pour faire semblant de vider l’eau au moyen d’une poêle à châtaignes percée de trous. Que c’est amusant ! Mais les prêtres, qui ont déjà de l’eau à mi-cuisse, ne goûtent pas la plaisanterie.
Mais c’est une façon efficace de tuer un grand nombre d’hommes en même temps. Carrier, qui a un sens de l’humour vraiment macabre, appelle ça « la déportation verticale » dans la « baignoire nationale » ; c’est-à-dire, la Loire. Il profite tellement de cette expérience qu’il a fait noyé entre 1 800 et 4 800 victimes — les historiens ne sont pas d’accord sur un chiffre exact.
En plus des noyades, Carrier a ordonné des fusillades qui ont tués environ 3 000 prisonniers, dont des civils, des femmes, et des enfants. Carrier est un homme impitoyable ; selon Wikipédia :
Francastel, Tréhouart et Prieur de la Marne, membre du comité de salut public, sont dénoncés par Jean-Baptiste Carrier pour leur modérantisme. Il exhortait à la répression la plus féroce : « Il vous est ordonné, écrit-il au général Haxo, d’incendier toutes les maisons des rebelles, d’en massacrer tous les habitants et d’en enlever toutes les subsistances ».
Carrier fait partie de la chute de M. Robespierre. Mais après l’acquittement d’une centaine de nantais, il y a de nombreux témoins contre lui et il est mis en accusation. Il est un criminel sans doute, mais peut-être qu’il n’avait complètement tort quand il a dit :
« Tout est coupable ici, jusqu’à la sonnette du président. Vous serez tous enveloppés dans une proscription inévitable »
Il est guillotiné le 16 décembre 1794, mettant fin à la Terreur de Nantes.
Ping : Épisode 10 | Un Coup de Foudre