Portrait de Molière par Nicolas Mignard

Le Tour des endroits malchanceux

C’est enfin le retour de Langue de Molière, et je suis heureux de vous dire que j’ai gardé tout un fichier d’idées pendant son absence. Alors, il me faudra des mois pour l’épuiser.

Quelque chose qui m’étonne, c’est la quantité et variété de mots en français pour exprimer l’idée de séparer quelqu’un de leur travail. J’ai hâte d’ajouter que je n’ai rien appris à cause de mauvaises nouvelles chez moi ou parmi mes amis. Non, mon intérêt date aux bons vieux jours de Duolingo, quand j’ai appris « licencier » ainsi que « virer ».

« Licencier » a attiré mon attention parce que c’est un faux ami d’un mot anglais. Ou probablement anciennement un synonyme. En anglais également qu’en français, une licence est un genre de diplôme. Mais c’est aussi ce que l’on appelle un permis de conduire, ainsi que le document dont on a besoin pour ouvrir un magasin. Quand on dit « licence » en tant que verbe, ça veut dire recevoir un tel document ou donner permission, jamais perdre le boulot !

Je me suis rappelé tout ça en lisant cette pépite dans Le Canard enchaîné du 28 juin :

Ça parle d’un monsieur Geoffroy Lejeune, inconnu chez moi, dans cette interview du Figaro avec son nouveau chef du groupe Lagardère. Je n’exprime aucun avis sur le sujet ; ici, je note juste qu’il a été « remercié » en voyant la porte.

Ah mince, je remercie des gens tout le temps ! Typiquement comme ça :

Si seulement j’avais su ! Pas étonnant que les offices de tourisme n’apprécient pas mes « remerciements » !

Mais en fait, cet usage de « remercier » prend sa place à côté d’autres synonymes inattendus. L’année dernière, j’ai vu ces deux parodies dans mon groupe (privé, pas de liens) de blagues de Martine :

Mon dictionnaire Oxford dit que « lourder » est de l’argot, mais « limoger » est bien normal. Avec de telles images dans la tête, moins envie d’y aller !

J’étais apparemment à quelques kilomètres d’être « Viré ». Il y a une ville de Vire dans le Calvados. Mais le tout pire endroit de toute la carte française doit être dans le Tarn, toujours pas visité par notre Tour :

Ville de Castres, CC BY-SA 4.0

Savez-vous ce que les gens s’appellent ? Les Castrais. Je ne plaisante même pas ! Google ne les prononce pas d’exactement la même façon, « -ais » étant une voyelle lâche, et « -és » étant tendue. Je m’en fouche, comme La Fille et moi disons. (C’est quand on s’en fiche et s’en fout en même temps.)

Langue de Molière vous reverra la semaine prochaine, quelque part très loin du Tarn. Au cas où.

9 réflexions au sujet de « Le Tour des endroits malchanceux »

  1. Avatar de Light And SmellLight And Smell

    Grâce à toi, on réalise que ce qui coule de source ne l’est pas tant que ça ! Et le pire, c’est qu’on ne prête pas attention à l’emploi de tout cet argot qui peut laisser sceptique quand on n’est pas natif… Heureusement que tu as l’oeil et que tu es curieux 🙂

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  2. Avatar de vanadze17vanadze17

    Une des difficultés de la langue de Molière ! Il s’agit bien sûr de tenir compte du contexte de la phrase. Je pense que c’est la même chose en anglais mais pour le moment, je ne trouve pas d’exemple à te donner…
    Et pour ton malheur, il y a d’autres mots en français qui ont plusieurs sens !
    Le sens = la direction
    Le 5ème sens = l’intuition
    Le sens = la signification…
    Le mieux est de posséder un bon dictionnaire de français.
    Bon courage !

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