J’accuse !

Je sais, avec un tel gros-titre, vous vous attendez à une nouvelle comme « L’ex de Justin essaye encore une fois de le mettre en prison ». (J’ai ma fille la moitié du temps ; s’il y avait la moindre chose contre moi, ce ne serait pas le cas. C’était quand même anciennement un de ses loisirs.) Mais non, ce blog reste sur la France, alors cette fois je parle du film de Roman Polanski, ce que j’ai vu ce soir avec l’OCA.

J’accuse par Émile Zola, Domaine public

Oui, ça fait six mois depuis la dernière fois. Et l’autre personne avait « RSVP’d » oui, mais n’a pas assisté à la séance. (RSVP est un mot anglais, une abréviation d’une phrase difficile à traduire en français, « Répondez s’il vous plaît ». Je sais, l’anglais est une peine.) Ce n’est pas mon vœu qu’elle se sente gênée, mais je m’attendais à un moment pénible, et rien de la sorte ne s’est passé. Alors, on passe au film.

On commence avec une scène bien connue. Après avoir été condamné, le capitaine Dreyfus a subi une dégradation militaire. La photographie est excellente, et la scène émouvante, parce que l’on sait déjà que c’est un escroc. Dreyfus crie, comme il est bien attesté, « On dégrade un innocent ! Vive la France ! Vive l’armée ! » On ne va pas voir beaucoup plus de Dreyfus lui-même ; ce film est plutôt l’histoire du lieutenant-colonel Picquart.

On passe donc vite à la présentation de Picquart dans le Bureau des Statistiques. Il découvre vite qu’un certain Esterhazy est espion pour les Allemands, et a probablement fait toutes les choses pour lesquelles Dreyfus a été condamné. Tout ça, c’est de l’histoire. Mais à partir d’ici, on passe à la fiction.

Il n’y a pas de question que le colonel Henry a produit de faux documents pour faire incriminer à Dreyfus. Mais je ne suis pas au courant d’épreuves que Picquart avait une liaison avec la femme du ministre de Guerre. Ce qui s’est passé en réalité, c’est que l’on lui a donné une poste en Tunisie pour lui faire se taire. C’est vrai que ça a marché ; il n’a rien fait lors de son séjour en Tunisie. Dans le film, il devient de plus en plus angoissé, mais continue de lutter. Ce n’est pas à dire que Picquart n’était pas un héros.

C’est vrai à la fin que Picquart a réçu ses promotions rétroactives mais Dreyfus pas. Mais encore une fois, je ne connais aucune preuve que Picquart lui-même a eu une réunion avec Dreyfus pour les lui nier personnellement. C’est vrai que les deux ont fini en rupture, mais je crois que cette scène est de la fiction. Si on me donne le titre d’une référence qui dit autrement, je le lirai avec plaisir.

Mais le vrai but du film, c’est les petits pogroms. Quand Zola — personnage mineur dans ce film — publie « J’accuse », on regarde des graffitis qui disent « Mort aux juifs » et un joli feu pour brûler le journal ainsi que ses livres. C’est une scène qui rappelle la Nuit de Cristal — et ça nous mène à ma plus grande question, si le film est vraiment le « Je m’excuse » de Polanski.

Il y a de nombreuses scènes dans un tribunal. Encore et encore, des officiers saupoudrent leurs témoignages avec « juif » et « juiverie internationale ». Pourtant, il saute complètement par-dessus de la réhabilitation de Dreyfus — ça ne reçoit qu’un gros-titre sur l’écran. Il me semblait que le message était juste « tous les procès sont injustes et antisémites en plus ». Et là, je ne le suis pas. Non, M. Polanski, il était finalement un procès juste, et ils ne sont pas tous des escrocs. Cette analyse n’est pas unique à moi — vous en trouverez beaucoup dans l’article de Wikipédia sur le film.

Puis-je le recommander ? Oui. La photographie est un chef-d’œuvre et les acteurs sont tous capables. En tant que film, il y a beaucoup à recommander. Mais on va parler la semaine prochaine d’un meurtrier que je connais personnellement (je ne plaisante pas), et je dois vous dire : je reconnais des paroles intéressées quand je les entends.

5 réflexions au sujet de « J’accuse ! »

  1. Avatar de Agatheb2kAgatheb2k

    J’aimais bien ses films à l’époque où je fréquentais les salles obscures et les accusations portées contre lui m’ont ébranlée, mais, comme je ne le connais pas personnellement (pas plus que les plaignantes) alors je lui accorde le bénéfice du doute. Je trouve lamentable que l’on fasse porter le chapeau à seulement des individus, mais que personne ne s’attaque directement à l’industrie du cinéma pornographique responsable de fausser les comportements amoureux. L’idée de ne pas faire un film en costume me plaît bien et je suis prête à visionner ce film (en dehors de la polémique) si l’occasion se présente…

    Aimé par 2 personnes

    Répondre
  2. Avatar de vanadze17vanadze17

    Polanski a sa personnalité et j’appréciais davantage ses films de sa première moitié. Maintenant, (suis-je devenue plus critique ou influencée par les « affaires »… va savoir !) je suis moins fan de ses réalisations. Sa vision de J’accuse est spéciale, il y a d’autres versions que je n’ai pas vues. Je vais essayer de le trouver !
    Et son dernier film tourné à Paris ne serait pas une réussite selon certains critiques spécialisés… je ne sais pas si j’irai le voir !

    Aimé par 1 personne

    Répondre
  3. Ping : Saison 2, Épisode 28 — Vive le Tour ! | Un Coup de Foudre

  4. Ping : 100 films français : À voir à la télé | Un Coup de Foudre

Répondre à Agatheb2k Annuler la réponse.