Maladroit

Dans les commentaires de Le théorème de Thévenin, j’ai fait une promesse que j’allais raconter l’histoire de mon cours d’électrotechnique. C’est plutôt lié au blog, pas de façon directe, mais vous reconnaîtrez certainement la même personnalité derrière les deux.

Verre brisé, Photo par Ladon, CC BY 4.0

Pour le Saint-Valentin, je vous ai raconté l’histoire de mon saladier, utilisé dans presque toutes mes recettes pendant 27 ans déjà. En même temps que cette histoire se déroulait, j’étais toujours élevé ingénieur. Et je suivais 6 classes ce semestre-là, dont un cours d’électrotechnique. Dès que j’ai décidé d’abandonner mes études d’ingénieur, j’ai aussi décidé de quitter ce cours pour souffrir moins pendant le reste du semestre. Mais c’était une décision difficile. Je voulais devenir ingénieur électricien pendant des années, et travailler dans les équipements de son — d’où mon loisir qui continue.

Alors, une fois transféré à la fac en face de la rue, je me suis fait une promesse. J’allais reprendre ce cours — et seulement ce cours — pour me prouver que je ne l’avais pas abandonné à cause d’être bête, mais parce que je ne voulais plus le faire.

Être ingénieur n’a jamais été une bonne idée pour moi, parce que je suis un danger pour moi-même avec les mains. Quand j’étais au lycée, j’ai cassé plus de verrerie au labo de chimie que n’importe quel élève d’autre dans l’histoire du lycée. Sur le terrain de baseball au même lycée, les entraîneurs ont décidé de me faire le gérant de l’équipe parce que je ne pouvais pas attraper le ballon. À la fac, j’ai dû suivre un cours de construction mécanique, dont construire mes propres outils (un tournevis et un marteau, ainsi qu’une boîte à outils) avec des machine-outils. Il fallait payer 1 $ pour chaque pièce gaspillée si on faisait des erreurs. J’étais le première élève de l’histoire de la fac de payer plus de 100 $.

Vous ne voulez pas savoir combien d’écrans de portables que j’ai brisés. Je ne sais même pas quel est le nom de ce numéro en anglais, mais il faut l’exprimer avec la fonction d’Ackermann.

Je serais probablement mort d’un choc électrique si j’avais continué de travailler avec des tensions élevées. Mais il n’y avait pas besoin d’aller dans un labo pour ce cours, alors il n’y avait pas de risque. Or, j’ai dû patienter. Malgré le fait que j’ai transféré du troisième meilleure école d’ingénierie au pays, je n’ai pas pu suivre plus de 4 cours pendant mon premier semestre, et ils devaient tous être sur place, pas aux écoles voisines (il y en a 5 aux « Claremont Colleges« , ou à mon avis, 4 ainsi qu’une maternelle pour les plus gros bébés de l’état). Ce premier semestre a été le plus ennuyeux de ma vie.

Dès que le deuxième semestre est arrivé, j’ai demandé le droit de suivre encore une fois le cours. La responsable du bureau de la scolarité m’a dit « Vous êtes fou ; vous venez d’y quitter et vous voulez y retourner ? » Mais j’ai réussi à la convaincre que le regretterais pendant le reste de ma vie si je ne l’ai pas fini. J’ai fini le cours avec une note de B-, dans un cours où la note moyenne était un B. Je ne sais pas comment la convertir à l’échelle de 20 points utilisée en France, mais les notes à Harvey Mudd sont beaucoup plus basses que le reste du pays. Ça aurait été un A à n’importe quelle université de l’Université de Californie.

L’année suivante, j’ai reçu un diplôme « magna cum laude », la deuxième des trois mentions honorifiques que l’on peut recevoir aux États-Unis, « summa cum laude » étant la plus haute. J’ai raté une mention summa par 0.02 points dans la moyenne de mes notes. Si j’avais eu un B, ou n’a pas suivi le cours, j’aurais eu la plus haute mention possible. Je m’en fiche. J’ai dû le faire.

Tout à coup, tout ce que je fais ici, c’est logique, hein ?

10 réflexions au sujet de « Maladroit »

  1. Avatar de jeanlouispaulmarchaljeanlouispaulmarchal

    Tout ce qui est identifié comme un point faible pour un objectif est un point fort sur un autre objectif. Par ailleurs, nous vivons en société et nous nous rendons mutuellement service. Il est utile de bien identifier ce que nous n’aimons pas faire et faire autre chose en le réussissant est positif, épanouissant. Votre blog est absolument remarquable…

    Aimé par 1 personne

    Répondre
  2. Ping : Saison 2, Épisode 33 — Mes 3 ans (de blogueur) | Un Coup de Foudre

Laisser un commentaire