Portrait de Molière par Nicolas Mignard

Ma toute belle

J’ai l’impression d’avoir parlé d’une partie de ce qui suit avant, mais vu que chercher un site en français pour le mot « tout » est inutile, et que je sais que j’ai quelque chose de nouveau, nous voilà. Aujourd’hui, Langue de Molière est surtout sur tout.

J’ai vu le graphique suivant sur Facebook hier :

Source

Je croyais pendant trop longtemps que « tout » s’accordait toujours avec le nom qui allait avec. On remarque dans les exemples en haut que l’on parle de « tout » comme pronom, déterminant, adverbe, etc. — mais ce que remarque l’élève pressé, c’est qu’il semble être une règle plus basique : « tout » s’accorde grosso modo avec le sujet :

Tous les enfants porteront un manteau.

Ne t’inquiète pas pour les valises ; toutes suivent.

Elles sont toutes contentes.

J’ai glissé sur plusieurs exemples, mais vous voyez sûrement ce que je vois ; il y a des noms et des « tout », et ce dernier mot accorde avec les noms, quel qu’il arrive. Facile, hein ?

Mais faux. La première fois où je me suis rendu compte que je faisais des erreurs, c’était grâce à ce tweet d’Aurore Ponsonnet :

Vous remarquerez que c’est à partir de cette date que j’ai arrêté d’écrire « toute autre chose », et que l’on voit maintenant « tout autre chose » ici. Mais j’ai certainement raté ce que voulait dire « il est invariable dans les autres cas ». Je ne suis pas sûr où trouver des exemples, mais je n’avais aucune idée que « Ils sont tout émus » était correct.

« Justin », vous me dites, « ça doit être la Langue de Molière la plus ennuyeuse de toutes. Tout ça juste pour nous dire que vous étiez tout perplexe, mais pas plus ? » Il faut me faire plus confiance que ça, les amis — si ce blog a un but au-delà d’écrire sur toute la France, c’est de tout cafarder sur moi-même. D’où tout l’humour, d’habitude.

Peut-être que vous vous souvenez que ma réplique préférée de tous les temps est le moment où Cruchot rencontre Josepha dans Le Gendarme se marie. On en a parlé dans une autre Langue de Molière en mai. Tout ça part du moment où Cruchot fait irruption dans le bureau de son chef en criant, « Alors, ma toute belle ! » Évidemment, tout doit accorder avec l’adjectif. Laissez tomber.

Mais ça nous amène à un souvenir tout Justin, que Facebook m’a récemment rappelé. Je ne veux pas partager une partie, mais je vais vous donner une capture d’écran ainsi que la photo qui est allée avec.

C’est la véritable photo de la viande qui m’a lancé dans cet épisode-là. Cependant, qu’est-ce que tout ça a à voir avec toutes mes bêtises en haut ? C’est tout simplement que ce qui était vraiment dans la tête en ce moment, c’était la réplique : « Alors, ma toute belle ! ».

Au fait, je vous rassure que ce que j’ai omis n’était pas plus grave. On ne s’est pas disputés, heureusement. Enfin, à haute voix.

Langue de Molière vous reverra la semaine prochaine pour parler d’autres règles que j’ai raté — trois groupes de ça, en fait.

12 réflexions au sujet de « Ma toute belle »

  1. Avatar de juliettejuliette

    Je suis toute époustouflée par ton article parce que je continue à me tromper avec tous ces « tout » et à chercher presque tout le temps la bonne orthographe de ce casse-tête français !
    Merci Justin pour le sourire avec ton anecdote sur la cliente pas marrante !
    Dis tu pourrais donner des cours de français à tes compatriotes ! encore un de tes atouts … à tout bientôt Justin , j’ai un accès de toux 🤧

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