Astrid et Raphaëlle

Ce soir, suite à un billet très enthousiaste de La lectrice en robe jaune, j’ai regardé la pilote de la série Astrid et Raphaëlle. Au début, je vais vous dire que ce ne sera pas du tout la seule fois. Mais commençons ailleurs avant de plonger dans l’épisode.

Je m’intéresse depuis longtemps aux séries qui se traitent des enquêteurs autistes ou autrement « différents », à partir de devenir fan de Monk en 2002. Ça part d’une base d’intérêt personnel. Si vous connaissez assez d’ingénieurs et d’informaticiens, vous savez que la ligne de démarcation entre l’intelligence et l’autisme est plutôt floue. Être cinglé et être autiste ne sont pas les mêmes choses du tout, et je crois que certains à mon école d’ingénieur aimaient faire excuser leur comportements inadaptés en disant qu’ils étaient « sur le spectre ». Mais il y a aussi des liens indéniables.

Peut-être que quelqu’une qui est médecin a essayé de profiter de cette ligne floue au passé. Je dis ça, je dis rien.

Mais je connais aussi ce monde de façon personnelle, ayant passé du temps toutes les semaines pendant 3 ans autour d’enfants qui avaient d’autisme profond. On ne trouve pas trop d’Adrian Monk ni de Morgane Alvaro parmi ces personnes. Idéaliser ce qui arrive est une honte — ne pas regarder des gens aux yeux est loin d’être le véritable problème. Les cris, le manque de contrôle de leurs corps — c’est lamentable et pas une « superpuissance ».

J’étais tout de suite hypnotisé par cette émission parce qu’il y a toujours des moments humouristiques, mais je trouve les tribulations d’Astrid beaucoup plus réalistes que ce que l’on trouve chez Monk, House, ou HPI. Il n’y avait qu’un faux pas que je ne suis pas prêt à accepter, mais il est arrivé après le moment où ma critique se terminera.

On commence au milieu d’une scène bizarre. Un homme bien habillé retire 8 000 € d’une banque, le met dans une enveloppe, jette l’enveloppe dans une poubelle, puis se suicide en se mettant le feu.

Puis on rencontre Astrid, le personnage autiste, pour la première fois. Cette scène ne met pas toutes les cartes sur la table. Elle est draguée par un homme qui demande — et reçoit exactement — une minute. On pourrait trouver son comportement soit marrant soit autiste. Chez les ingénieurs, je dois vous dire que cette attitude littérale est exactement ce que j’ai dans la tête en parlant de la ligne floue.

Puis on rencontre Raphaëlle. Je préfère de ne pas lui désigner « la neurotypique », comme fait la série. C’est un mot des militants, avec lequel je ne suis pas d’accord. Je comprends qu’ils ne veulent pas stigmatiser des comportements involontaires, mais je m’arrête là. De toute façon, elle est là pour motiver les enquêtes, mais aussi pour être le personnage humoristique. On peut mettre des clins d’œil dans sa bouche que l’on ne peut pas faire avec Astrid, comme celui-ci :

Les deux femmes se rencontrent enfin dans les archives policiers où travaille Astrid. Raphaëlle comprend vite que quelque chose ne va pas, mais pas quoi exactement. Le directeur lui explique la situation et essaye d’empêcher Raphaëlle de demander de l’aide à Astrid, car il sait à quel point des situations inattendues lui posera des problèmes.

J’aimerais bien regarder une telle série où l’enquêteur n’est pas divorcé ni veuf, mais celle-ci ne l’est pas. On apprend que Raphaëlle est divorcée et il y a des conflits avec son ex à propos de la garde des enfants. Cependant, je félicite les producteurs pour ne pas avoir simplement rendu l’homme le méchant. Raphaëlle a de vrais problèmes à gérer son horaire.

Astrid découvre vite des choses sur une drogue impliquée dans un meurtre que les autres ont ratée. Mais ça l’amène à être soupçonnée d’avoir commis le crime et Raphaëlle doit lui en sortir. La scène de l’interrogatoire est un chef-d’œuvre du réalisme quant aux comportements autistiques. Parmi les bruits et les questions stressantes, Astrid s’effondre et se retire dans sa propre tête.

Une fois libérée, Astrid découvre que le tueur a une signature : il laisse toujours une fleur Cattleya sur la scène du crime.

Deux moments où je n’étais pas convaincu : quand Astrid prépare un organigramme géant pour un coup de fi, mais ne sait pas que l’on peut répondre de plusieurs façons, dont « allô » et « ouais » :

L’autre,chose, c’était qu’Astrid s’est fait flippée quand Raphaëlle offre de « prendre un verre et parle de tout et rien ». Soit elle est aussi lettré pour savoir qu’on ne mange pas un verre (et devrait s’en faire plaindre), soit elle ne comprend pas l’idée d’un métaphore.

Je vous laisse ici quant à l’histoire. C’est un meilleur mystère que « Meurtres à », au moins aussi bon que « Capitaine Marleau ». Je suis impressionné. Il y a de l’espace pour les personnages d’apprendre à s’entendre. Je suis bien au courant que je suis en retard, que le monde est en plein milieu de la 4e saison. Je ne l’attraperai pas, je crois. Mais j’ai hâte de regarder plus !

10 réflexions au sujet de « Astrid et Raphaëlle »

  1. Avatar de JulieJulie

    Coucou Justine. J’ai vu quelques épisodes de cette série que j’ai découvert grâce à mon père. Cela me touche car c’est aussi une façon de sensibiliser à l’handicap et peut être de casser certains préjugés

    Aimé par 1 personne

    Répondre
  2. Avatar de vanadze17vanadze17

    J’adore cette série et le personnage d’Astrid ! Je trouve que ce duo de filles fonctionne bien (il faut savoir que Raphaëlle- Lola Dewaere- est la fille d’un grand acteur, Patrick Dewaere, trop tôt disparu ).
    On constate les comportements différents des gens face à l’autisme et les enquêtes sont bien menées (je suis assez difficile dans ce domaine) !

    Aimé par 1 personne

    Répondre
  3. Avatar de Agatheb2kAgatheb2k

    Une série que j’adore… J’ai toujours pensé que les génies en un seul domaine spécifique étaient presque fous et totalement inadaptés pour la vie au quotidien ! Concernant Astrid, elle n’est atteinte que d’un syndrome d’Asperger (SA), une forme plus légère d’autisme, et au fil des saisons elle arrive à évoluer même si la communication entre les 2 mondes reste difficile…
    Là, je me revois en train d’essayer d’expliquer à un petit voisin Asperger que je ne pouvais pas lui donner les limaces et escargots de mon jardin en hiver parce qu’ils hibernent dans la terre et ne ressortent qu’au printemps… mais quand j’ai pu enfin lui déposer un bocal de bestioles devant sa porte, il est venu me remercier, j’avais tenu ma promesse et me retrouvais subitement avec une auréole sur la tête, dans un monde d’adultes qui mentent tout le temps !
    Par contre, depuis toujours, on m’a cataloguée comme originale, et je devrais me méfier, parce que, depuis les confinements, je suis accro au Takuzu, un jeu aussi appelé Binairo, qui consiste à remplir des grilles avec uniquement des 1 et des 0… la limite à ne pas franchir est très mince… heureusement que je sais aussi compter jusqu’à 9 et que j’alterne avec celles de Sudoku ! 😉

    Aimé par 2 personnes

    Répondre
  4. Avatar de JustineJustine

    Oh je suis ravie que tu aies regardé ce pilote et que tu aies apprécié ! 🙂
    Je suis curieuse d’avoir ton avis sur la suite de la série (et à part la saison 1 qui sera enlevée d’ici quelques jours, tu as vraiment toutes les saisons sur le Replay pendant encore un an à peu près ;))

    Aimé par 1 personne

    Répondre
  5. Ping : Saison 2, Épisode 39 — Des bêtises naturelles | Un Coup de Foudre

  6. Ping : Le bilan de l’année 2023 | Un Coup de Foudre

  7. Ping : Astrid et Raphaëlle : L’Étourneau | Un Coup de Foudre

Répondre à Justine Annuler la réponse.