Le Roman d’un tricheur

On reprend notre chemin vers la Semaine de la Centaine avec mon 98e film français, Le Roman d’un tricheur, commandé de la FNAC. Il m’était important d’avoir un film de Sacha Guitry dans la liste, surtout si j’allais en avoir 8 avec Christian Clavier. Il faut équilibrer le niveau de qualité en quelque sorte (M. Clavier apparaîtra…plus souvent vers le bas que le haut.) J’ai cherché « Si Versailles m’était conté » pendant longtemps, mais c’est indisponible pour moi.

(Si vous pensez à le rechercher sur le site de la FNAC, n’oubliez pas que je ne peux acheter que les trucs vendus par la FNAC elle-même, car les autres vendeurs ne livreront pas aux États-Unis.)

Heureusement, on a plutôt l’un des meilleurs films français que j’ai vus. Il prendra une place plus basse dans mon classement que vous ne le penseriez vu cette approbation, mais je vous rassure, ça ne parle qu’à la taille de mon panthéon. Je vous recommande ce film sans aucune réservation.

Le Roman d’un tricheur n’est comme rien d’autre dans notre collection. Pour une chose, il n’y a presqu’aucun dialogue, mais ce n’est pas un film muet. La grande majorité des images sont accompagnées par la narration du personnage principal (dont on n’entend jamais son nom). Mais attention, il est bien clair que notre narrateur est tout sauf fiable. Tout genre de chose lui arrive, pourtant en quelque sorte, rien n’est sa faute à lui, le pauvre. Au fait, vous avez eu 88 ans pour voir ce film avant ma critique, alors je ne me soucierai pas des divulgâcheurs.

Après une scène très inhabituelle au début ou M. Guitry présente les responsables du film, l’équipe et les acteurs, on le voit (car il joue le personnage principal) en silhouette dans un café :

Notre histoire tourne à l’enfance du narrateur, à Pingolas, dans le Vaucluse. C’est notre prochain département, mais je vous jure, je n’ai rien su en achetant le film, et c’est par hasard.

Gamin, le narrateur vole quelques francs de sa famille pour acheter des billes. Il est puni par ne pas avoir le droit à dîner en famille ce soir-même, ce qui lui sauve la vie quand il s’avère qu’ils ont cueilli les mauvais champignons :

Après des funérailles surréalistes — 11 cercueils en même temps ! — un cousin arrive d’un autre village. Ce monsieur est avocat, et prend en charge l’héritage du narrateur. Ce dernier nous dit que le cousin est voleur et c’est pour ça qu’il n’a jamais touché son héritage — mais il a aussi enfui la maison et n’est jamais revenu.

Enfin, il revient juste assez longtemps pour que la famille l’envoie dans un resto où il prend un boulot en tant que chasseur (de tables, pour être clair). Cette vie est ennuyeuse et il déménage à Paris, vers 1900.

Là, il devient colocataire d’un certain Serge, immigrant russe, qui se mêle dans un complot contre le tsar pendant une visite à Paris. Mais le narrateur ne veut vraiment pas en faire partie et signale le complot à la police :

Pouvez-vous croire à quel point la rue autour de l’Arc de Triomphe est différente de celle de nos jours ?

Le narrateur quitte Paris pour Monaco, où il se fait embauché en tant que liftier dans un casino. Il nous mentionne que les monégasques sont nés des croupiers, et reçoivent leurs râteaux en tant que bébés.

Je pause pour noter une technique intéressante. Le narrateur nous parle des soldats qui gardent le palais royal monégasque. Il dit que ce serait plus marrant s’ils reculaient ainsi qu’avançaient. Pendant ça, le film est évidemment joué à l’envers pour créer cet effet :

À Monaco, il fait la connaissance d’une comtesse, qui a 20 ans de plus. Les deux se couchent ensemble (pas montré), et elle lui donne une montre, à laquelle on reviendra.

Tout à coup, on revient au présent. Une vielle femme s’assied à côté du narrateur. C’est la comtesse ! Il dépose la montre dans son sac afin de ne pas être reconnu par madame.

Après d’autres aventures, à Angoulême et Toulouse, il revient à Monaco. Il se fait naturaliser afin de devenir croupier et reçoit son propre râteau. J’ai RI !

Là, il rencontre une femme qui le séduit, une voleuse. Après l’avoir aidé dans un cambriolage, il la quitte. (Il me semble que la vérité est plutôt qu’elle l’a trompé.) Puis, la Première Guerre mondiale arrive, pendant laquelle il est sauvé par un M. Charbonnier. Ce dernier perd un bras pendant une bataille.

Après la guerre, le narrateur revient encore une fois à Monaco, où il rencontre Henriette, une autre voleuse. Les deux se marient dans un mariage blanc afin de faire des escrocs en jouant à la roulette. Le narrateur est enfin viré et les deux se divorcent.

Le narrateur adopte une vie de tricheur, où il se déguise en bougeant de casino à casino autour de France. À Deauville, il se retrouve enfin avec ses deux voleuses, devenues partenaires en crime. Il se couche enfin avec son ex-femme qui ne le reconnaît pas. (Encore une fois, pas montré, mais la narration est hilarante.)

Il se retrouve avec M. Charbonnier, lui-même devenu tricheur dans les casinos. Les deux font un partenariat, mais après un certain temps, le narrateur perd son argent et les deux se séparent.

Tout à la fin, la comtesse retourne à la table du narrateur. Elle a reconnu la montre. Avec ça, elle propose que les deux travaillent ensemble pour cambrioler un hôtel particulier. Je cacherai sa réponse. Allez voir ce film afin de la découvrir.

J’ai énormément profité du Roman d’un tricheur. L’histoire est drôle, il y a encore plus de rebondissements que ceux dont j’ai parlé, et M. Guitry a fait tout ce que l’on pouvait avec une caméra en 1936. C’était un film bien en avance de son temps, et toujours bon pour le nôtre !

11 réflexions au sujet de « Le Roman d’un tricheur »

  1. Avatar de vanadze17vanadze17

    J’ai vu ce film il y a très longtemps et j’avoue que ton résumé était le bienvenu.
    Sacha Guitry fut un grand acteur et réalisateur, un grand nom du cinéma.
    En espérant que le film français « Anatomie d’une chute » de Justine Triet soit récompensé aux Oscars ce soir !

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