Archives mensuelles : septembre 2024

Mon dîner guadeloupéen

Il y a des fois où il faut sauter d’un avion en hurlant « Geronimo » et en espérant que tout ira pour le mieux. Puis il y a des fois où on fait la même chose en cuisine — je n’avais aucune expérience de préparer la cuisine antillaise — et ça marche à merveille. Voici le bokit et le flan coco :

Ce dîner est l’une des grandes réussites du blog. Je l’adore et les deux recettes feront désormais partie de ma quotidienne. Allons le préparer !

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Je découvre la Guadeloupe

On continue maintenant le Tour avec le 971, la Guadeloupe. C’est le département le trente-huitième moins peuplé et les habitants se nomment guadeloupéens. C’est notre premier séjour dans l’Outre-mer, où chaque département est aussi sa propre région.

Comment est-ce que la Guadeloupe est devenue une partie de la France ? C’est Christophe Colomb qui a découvert l’île nommée Basse-Terre en 1493, pendant son deuxième voyage. Il l’a nommée « Santa María de Guadalupe de Extremadura », d’après un monastère en Espagne. En 1635, la Compagnie des Îles d’Amérique, fondée par le cardinal Richelieu, a établi la colonie française. Pendant les deux siècles à venir, la Guadeloupe passera entre les mains des britanniques et des suédois, mais sera définitivement rattachée à la France à partir du deuxième traité de Paris, la fin des guerres napoléoniennes.

Il y a cinq régions de la Guadeloupe : la Basse-Terre, la plus grande île de l’archipel ; la Grande-Terre, son voisin assez proche pour les connecter par deux autoroutes ; la Désirade, une île-commune de 1 500 personnes juste à l’est de la Grande-Terre ; la Marie-Galante, 3e plus grande île des Antilles françaises ; et Les Saintes, deux petites îles au sud de la Basse-Terre, avec des villages pêcheurs. Il y a beaucoup plus que ce que je peux couvrir ici ; consultez le site officiel de tourisme, mais pas ce lien nauséabond.

On commence sur la Basse-Terre, au Jardin botanique de Deshaies (3 étoiles Michelin), plein d’espèces locales — nénuphars, orchidées, flamants et perroquets, même des cactées (je me sens sur terre-bien-connue, tout à coup). La plage de Grande-Anse (2 étoiles) est le plus long de l’archipel et tout ce que vous imaginez des tropiques. Le Grand Cul-de-sac marin (2 étoiles) à Sainte-Rose est un parc naturel plein de forêts marécageuses et plus de 250 espèces de poissons, de coquillages et d’autres animaux protégés. À Pointe-Noire, on visite le Saut d’Acomat (1 étoile), une chute à la fin d’une belle randonnée.

Il faut absolument monter sur le volcan de La Soufrière (3 étoiles), plus haut sommet des Antilles, pour ses vues panoramiques. On finit sur la Basse-Terre devant les Chutes du Carbet (2 étoiles), 3 cascades exceptionnelles aux bouts de 3 sentiers plein de vues. L’autoroute N1 nous amène sur Grande-Terre et la ville de Pointe-à-Pitre. Ici, on visite le Marché Saint-Antoine (1 étoile), où on trouve tout genre d’épice et produits artisanaux. L’un de seulement deux musées de la visite, le Mémorial ACTe (2 étoiles) est consacré à l’histoire de l’esclavage.

On prend maintenant un bateau du port de Saint-François pour aller sur La Désirade, très petite île avec de nombreux trésors naturels. La plage de Beauséjour est notre point de départ pour découvrir la phare, les cactus « tête d’anglais », et les iguanes de l’île. Puis on prend un autre bateau pour visiter les Îles de la Petite-Terre (2 étoiles), joignables uniquement de Saint-François. L’îlet Terre-de-Bas est parsemé d’agaves et de reptiles ; une croisière autour du lagon en bateau au fond de verre permet aussi la découverte des tortues et des coraux.

Notre prochain arrêt est l’île de Marie-Galante. L’Habitation Murat (1 étoile), anciennement une plantation de canne de sucre, abrite l’écomusée des arts et traditions de l’île. La maison du maître abrite l’exposition en permanence, mais on peut aussi visiter les cuisines, les moulins, et la sucrerie. On va aussi faire une balade près de l’océan dans le village de Capesterre-de-Marie-Galante, peut-être en passant par le moulin Bézard, monument historique de l’industrie du sucre.

Nos derniers arrêts sont au sud de la Basse-Terre, sur l’île des Saintes dite Terre-de-Haut. Faut pas rater la plage Pain de Sucre (2 étoiles), avec un rocher de 52 mètres duquel on peut surveiller les sables et les vagues. On finit dans un autre monument historique, le Fort Napoléon (3 étoiles), où en plus d’expositions sur l’histoire des Saintes, il y a un jardin botaniques et les meilleures vues panoramiques de l’île.

Qui sont les personnages les plus connus de la Guadeloupe ? Le footballeur Lilian Thuram est né à Pointe-à-Pitre. Arthur Apatout, fondateur de La Compagnie créole, est aussi né à Pointe-à-Pitre alors que Guy Bevert, batteur du même groupe, est né à Basse-Terre. Le général Charles Bégin, grand-croix de la Légion d’honneur, est né à Marie-Galante. Le général révolutionnaire Claude Aubert est mort en service (le terme « pour la France » ne s’appliquait pas à l’époque) aux Îles Sous-le-Vent.

Que manger en Guadeloupe ? Il faut dire qu’il serait plus logique de parler d’une cuisine antillaise — certains plats et accompagnements se trouvent partout entre la Guadeloupe, la Martinique, et un peu la Guyane. Des sites de référence — Tatie Maryse, Je cuisine créole, Mamie Simone — partent de ce point de vue. C’est une cuisine qui tire des inspirations de la française, de l’indienne, de l’amérindienne, et de l’Afrique — je ne pourrai pas épuiser le sujet dans mon format.

Les ingrédients phares de cette cuisine sont le bois d’Inde (nom antillais du piment de Jamaïque), la poudre à Colombo, la goyave, la noix de coco, et la banane plantain. (C’est très similaire à la cuisine cubaine — j’adore !) Le piment antillais aussi, duquel je suis terrifié moins fan. En plats principaux, on y trouve le bokit, sandwich phare de Guadeloupe pour son pain frit, souvent garni de morue, de poulet ou de jambon ; le colombo, une sorte de curry antillais ; les accras, des beignets remplis de morue et de légumes ; la fricassée de lambi, un coquillage local ; et le bébélé, une soupe à base de tripes et de fruit à pain. En dessert, il y a le flan coco, un flan fabriqué avec soit du lait de coco soit de la noix de coco râpée ; le tourment d’amour, une tarte avec un fond de pâte brisée, garnie de confiture et d’une génoise ; la cassave, une galette à base de farine de manioc ; et le caca de bœuf, une pâtisserie de Marie-Galante en forme de vous-savez-quoi, avec un cœur de coco, et fait avec du sirop de batterie (faut cliquer pour en savoir plus !). Pour boire, il y a le ti-punch, trouvé partout aux Antilles, un cocktail à base de rhum blanc et de jus de citron vert, et huit marques de rhum fabriquées sur l’archipel.

Portrait de Molière par Nicolas Mignard

Zaphod est juste un type, tu sais ?

Je ne sais pas combien d’entre vous sont fans de l’auteur britannique Douglas Adams et sa série « Le guide du voyageur galactique ». Pour une chose, l’humour des livres est si britannique qu’il n’a guère du sens pour d’autres sortes d’anglophones. Autre chose, ses jeux de mots comptent extrêmement sur une bonne compréhension de l’anglais, au point où je ne suis pas sûr si les livres sont vraiment traduisibles.

Pourtant, l’une des premières choses que je voulais savoir — et je n’ai toujours pas la réponse « officielle » — est comment se traduit une citation en particulier. Faire le bilan des livres est impossible, alors je dirai juste qu’il y a un homme à deux têtes, Zaphod, qui vole un vaisseau spatial, et son psychologue est interviewé à propos de lui. Le psychologue termine l’interview en disant « Zaphod’s just this guy, you know? » Je mets les mots qui m’intéressent en gras, mais ce n’est pas le cas dans l’original.

Duolingo m’a dit que « type » était la bonne traduction de « guy », avec des exemples comme « Un type m’a frappé dans la rue ». J’en ai donc tiré la traduction, « Zaphod est juste un type, tu sais ? » (Veuillez rappeler qu’à mon avis, « tu » est la seule et unique traduction de « you » en anglais, à moins que ce soit la reine Elizabeth II qui parle.) « Type » est aussi un mot en anglais, qui veut dire tout autre chose, et certainement pas cette signification. Il m’était donc difficile à adopter cet usage. Pourtant, je l’aime mieux que « mec » dans ce cas ; il me semble plus ce que dirait un britannique qui parle français.

J’étais donc étonné récemment à apprendre qu’en fait, « type » veut aussi dire beaucoup des mêmes choses qu’en anglais. Je cherchais le bon mot pour ce que l’on appelle en anglais « font » ou « typeface » — on dit habituellement « police de caractères » sur un ordinateur, mais je voulais l’objet physique pour les imprimer. Et ça, c’est apparemment « type ». Ce n’était pas complètement choquant en soi ; nous disons tous les deux « typographie » (juste avec un -y en anglais).

Mais c’est tellement pire que ça. C’est un synonyme de « sorte » ou « genre » :

Ouais, on utilise « type » exactement comme ça en anglais. Et il y a une version plus spécifique, pour un modèle ; il s’avère que ça existe aussi en français :

J’aurais dû savoir ça — certains avions de Breguet se nommaient « Type (nombre) ».

Mais on utilise aussi « type » pour dire des caractéristiques personnelles que l’on trouve attirant. Le français dit ça avec « type » en plus :

Les deux sont de si parfaits synonymes qu’il ne me reste qu’une question :

COMMENT EST-IL ARRIVÉ QUE VOUS DITES AUSSI UN MEC INCONNU AVEC CE MOT ?

Nan, mais sérieusement, cette signification ne tient pas du tout avec toutes les autres que la version française partage avec la version anglaise !

Langue de Molière vous reverra la semaine prochaine avec une belle dose de quoi que ce soit.

Une note sur l’Outre-mer

On arrive enfin dans les départements de l’Outre-mer. Si un américain est censé croire que la France n’est que le 76, on est particulièrement loin de la France de mes compatriotes. À propos de ça, quelques observations.

Carte de toutes les départements et collectivités, Graphique par Superbenjamin, CC BY-SA 4.0

Le temps que j’aie publié le premier post du blog, je savais deja que le Tour comprendrait l’Outre-mer. Cependant, j’ai eu quelques conversations avec des américains avant le lancement qui m’ont dit que je devrais gagner du temps et l’ignorer. C’est fou de penser à « gagner du temps » pour un travail de 4 ans, même si je pensais à 2 ans à l’époque. Cependant, ce que j’ai dit en réponse était « Ce serait comme écrire sur les États-Unis sans l’Alaska et Hawaï. Ridicule. » Et pour être clair, il ne m’est jamais venu dans l’esprit de faire autrement. Or, je dirais maintenant qu’il y a un sens où mon analogie était fausse.

Il ne m’est pas difficile de voir le point de vue d’un américain, pour qui la France et Paris sont à peu près la même chose. Toute l’idée du Tour part du propos qu’il me fallait découvrir tout le pays pour moi-même, afin de prouver que je ne suis pas « comme ça ». Il s’est avéré que le trajet valait le coup en soi, même si mes sentiments sur le but sont encore plus compliqués qu’au début. Mais je crois que je ne dis rien de choquant si j’ajoute que jusqu’en 2020, j’avais la tête pleine de châteaux, de Jeanne d’Arc et de rois et non pas des Caraïbes (Bob Morane a vite réglé ça). Que même la Corse n’était qu’un détail historique sur la naissance de Napoléon.

Mais la Guadeloupe, la Guyane, La Réunion — il y a un sens où ce ne sont pas les Hawaï français. J’avais l’impression que l’Outre-mer n’était pas très visible dans mes lectures ; j’ai donc fait une expérience. J’ai vérifié les 8 derniers numéros du Canard enchaîné, du 24 juillet jusqu’au 11 septembre. 4 des 8 ne mentionnent aucun département de l’Outre-mer. Celui du 14 août mentionne la Guadeloupe et La Réunion, mais seulement en tant que lieu de naissance d’un musicien et lieu de résidence d’un couple qui visitait pendant les JO. Deux numéros mentionnent seulement La Réunion, une fois dans chacun. Un numéro mentionne la Guyane et la Mayotte, une fois chacune. Ce n’est pas le cas aux États-Unis en ce qui concerne l’Alaska et Hawaï. Ce n’est pas à dire que les départements de l’Outre-mer sont moins valables, seulement que (par exemple), il est peu probable qu’il y ait un président de la République martiniquais ou mahorais comme on a eu un président hawaïen et un sénateur chargé du budget alaskain. Ils participent à l’Assemblée nationale, bien sûr, mais ça ne fait même pas deux décennies depuis la dernière fois où il y a eu des référendums sur l’autonomie (Guyane, Martinique). (Il reste une question de droits spéciaux pour les hawaïens autochtones — lien en anglais.)

Il y a d’autres différences, même si on n’a pas trop de raisons pour y penser quotidiennement. Les 5 départements de l’Outre-mer ne font pas partie de l’espace Schengen ; un visiteur européen va montrer son passeport en atterrissant, tout comme moi. Le traitement des langues régionales est très différent qu’aux États-Unis — il n’y a pas de langue officielle chez moi, et il n’y a pas officiellement d’autres langues officielles en France que le français. Mais les martiniquais ont adopté une loi pour reconnaître le créole de cette façon. Pour sa part, en Guyane, il y a une quarantaine de langues et environ 20 % des habitants font leur quotidienne en créole guyanais.

Pourtant, il y a des limites aux exceptions. J’ai fait des efforts pour découvrir si on pouvait passer un examen de permis de conduire dans une langue autre que le français — je n’arrive pas à trouver une preuve de ça, et je vous ai dit avant que je suis très admiratif à cet égard. Si on vérifie le site de France TV pour des chaînes spécialisées, celle dite « France 1 » est différente pour chaque département et territoire — et le reste sont les mêmes. « Meurtres à » a lieu uniquement en France, que ce soit à Lille ou sur la Basse-Terre. (Je m’attends à ce que l’intrigue reste exactement aussi prévisible. On appelle ça « l’égalité ».)

Je n’ai rien dit sur les collectivités à ce point. Évidemment, elles sont aussi la France, et je serais menteur si je disais que je les avais pris en compte quand le Tour a été conçu. Mais je considérerais qu’un Tour des États-Unis serait complet avec les 50 États et non pas le Porto Rico ou les Îles Mariannes du Nord. Rassurez-vous que j’ai des plans à cet égard. Ici, je me sens en territoire inconnu, de façon différente du Territoire de Belfort, mais je vous promets que dans la pleine mesure de mes moyens, les 5 départements de l’Outre-mer seront traités exactement comme tous les autres.

Saison 3, Épisode 27 — Mieux vaut en rire

Je suis content de vous dire que l’analgésique pour M. Descarottes a déjà commencé à améliorer sa qualité de vie. Il court beaucoup plus qu’avant pour m’éviter quand j’ouvre sa cage ces derniers jours. J’en suis ravi. C’est un niveau d’activité que je n’ai pas vu depuis longtemps. Qu’il se batte contre moi pendant des années à venir ! Euh…vous savez ce que je veux dire.

En parlant de bonne nouvelles, j’ai dit que j’allais tenter l’expérience des Bonnes Nouvelles françaises pendant un mois. Ça a fini la semaine dernière, mais il s’avère que j’aime les chercher. Alors ça continue. L’histoire cette fois est mignonne !

Je vous demande parfois de faire des choses, mais jamais pour moi-même. Hier, j’ai vu un post sur Instagram qui m’a brisé le cœur, d’amie du blog Audrey L., des Dédexpressions. (Rappelez notre interview.) Comme moi, elle ne publie pas pour l’argent. Mais ses dessins sont de plus en plus piratés sans attribution. C’est…pas bon pour le moral. (J’ai dû dire ça, on part pour la Guadeloupe cette semaine.) Il serait super de lui écrire des notes de soutien, soit sur Insta, soit sur son blog, soit sur sa chaîne YouTube.

Un humoriste de Twitter a remarqué que Mme Harris a subi autant d’interviews de notre presse que M. Trump a subi des tentatives d’assassinat. Avec la deuxième tentative dimanche, c’est malheureusement la vérité (un lecteur du Monde n’aurait aucune idée à quel point ce gros-titre chez eux est devenu un scandale aux É-U — cette interview reste sa seule diffusée nationalement). Je n’ai pas décidé si j’écrirai sur la présidentielle, mais si je le faisais, ce billet apparaîtrait fin octobre. Je vous rappelle un dicton américain : les avis sont comme les trous-du-cul, tout le monde en a un. C’est pour ça que j’essaie de râler sur des nouvelles personnelles plutôt que nationales.

Peut-être que vous avez entendu parler que la NFL est de retour. Je ne vais pas mentionner les Chargers dans cet espace comme l’année dernière, car…euh…ils ont enfin embauché un bon entraîneur et je crains que l’équipe connaisse du succès cette saison. Mon vœu pour toute la NFL reste que The Dark Knight Rises devienne un documentaire.

Au fait, je vous ai tous laissé ce que je croyais une blague de qualité dans mon post sur M. Descarottes ; or, personne n’a mordu à l’hameçon. Il y avait un lien sur les mots « je voudrais juste vous rassurer », vers le clip officiel d’Alice et June, au moment où Nico chante ces paroles. Personne ne l’a même cliqué ! Est-ce que vous êtes tous de si grands fans d’Indochine que tout le monde l’a reconnu ? Ou est-ce que vous vous doutiez tous que c’était une blague pourrie de ma part ?

Notre blague traite d’une bonne question. Les Bonnes Nouvelles traitent d’un biscuitier pas comme les autres. Nos articles sont :

Les gros-titres sont : Finlande, Facture, et Entraîneur.

Sur le blog, il y a aussi Mon dîner valdoisien, la penne au thon et julienne de courgettes et la crème caramel, Le projet de La Fille, son Paris en Legos, et J’abandonne, où je quitte à jamais mon dernier compte sur un site de rencontres américain.

Si vous aimez cette balado, abonnez-vous sur AppleGoogle PlayAmazonSpotify, ou encore Deezer. J’apprécie aussi les notes et les avis laissés sur ces sites. Et le saviez-vous ? Vous pouvez laisser des commentaires audio sur Spotify for Podcasters, qui abrite la balado. Bonne écoute !

J’abandonne

Il y a 6 mois, je vous ai parlé d’une déception après une erreur stupide de ma part — je me suis laissé croire que quelqu’une qui m’intéressait sur une appli de rencontres répondrait si j’ai payé afin de lui écrire. D’habitude, je ne suis pas aussi arrogant que ça, mais je me suis dit, « Peut-être qu’une Française apprécierait un type qui parle sa langue et cuisine sa cuisine. » J’ai oublié que le type en question était moi, alors elle préférerait mourir plutôt que répondre. Je ne la blâme pas pour ça, même si j’étais contrarié qu’après plusieurs années sans payer un abonnement à Match.com, l’une des plus grande applis de ce genre aux États-Unis, j’aie eu un abonnement non désiré qui durerait 6 mois de plus.

Caïn venant de tuer son frère Abel, de Henri Vidal, Jardins des Tuileries à Paris, France, Photo par Alex E. Proimos, CC BY 2.0

On est ici pour la même chose que quand je vous ai montré une vidéo où j’ai supprimé Duolingo, pour la mettre derrière moi. Cette fois, voici une vidéo où je supprime mon compte Match avant de supprimer l’appli ; la musique est celle de « Partie terminée » de Final Fantasy VII Remake :

Avec ça, je dis adieu à tout espoir d’avoir une relation romantique aux États-Unis. Il est impossible depuis longtemps de faire une demande de sortir à quelqu’une en live. Il faut utiliser les applis, où tous les problèmes de « la règle de 6-6-6 » s’imposent, et les chances sont très, très faibles.

Le truc le plus drôle, c’est qu’un observateur neutre aurait dit que les choses avaient finalement commencé à s’améliorer. En 2013, et vous n’êtes pas obligé de me croire, car je ne peux vous montrer aucune preuve, j’avais l’habitude d’ajouter certains profils à mes favoris, ce qui n’était pas un moyen de contact en soi. L’autre personne apprendrait que vous l’aviez fait, mais aucun message n’était échangé, et c’était différent d’une mention j’aime. Une seule personne m’a écrit après avoir vu que j’ai fait ça — et c’était pour me faire honte, car elle avait dit dans son profil qu’elle cherchait seulement des hommes sans enfants. Cette fonction n’existe plus — maintenant, il faut contacter quelqu’un dès que l’on le voit ou perdre l’opportunité. Quand je contactais d’autres personnes, je n’ai jamais une fois reçu une réponse.

De toute façon, je me suis retrouvé face à pas moins de 7 mentions j’aime à la fin cet abonnement. Pas besoin de me croire sur parole, mais j’ai caché les visages :

« Justin », vous me dites, « vous con ! Ça s’appelle une amélioration ! » Ce que vous ne pouvez pas voir de cette façon, c’est que toutes ces personnes ne parlent guère l’anglais et aucune ne parle le français. Je le sais par deux moyens. D’abord, il y avait très peu écrit dans leurs profils, et ce qui était là était horriblement mal écrit, façon « pas ma langue maternelle » plutôt que « j’écris comme dans un SMS ». L’autre, c’est que j’ai écrit au début du profil que je cherchais quelqu’une qui parle français, car je vous ai déjà dit il y a deux ans que personne n’a lu ça placé à la fin. Et pour être clair, j’avais déjà jeté tout autre demande.

Une fois pendant cet abonnement, j’ai répondu à un message qui a dit seulement « Hi » avec la question (en anglais), « Bonsoir, je ne le vois pas sur votre profil ; parlez-vous français ? » On a eu une conversation bizarre, car c’était surprenant pour elle — personne n’a rien lu, mais elles voulaient toutes les pâtisseries dans mes photos, j’en suis sûr. Il ne vous surprendra pas qu’elle a fini par me bloquer. Mais le lendemain, j’ai reçu cette note du site :

Après du bla-bla sur leurs travaux pour garantir la sécurité, ça dit « Nous venons de résilier l’abonnement de Lisa à cause de ce qui semble être du comportement frauduleux. » Oh super, la seule fois où je réponds, et c’est une arnaque ! Si la malchance n’existait pas, je n’aurais pas de chance.

La pire chose — et pas besoin de me croire car je ne fournirai jamais plus de détails — c’est que l’année dernière, la femme de mes rêves (oui, on se connaît) m’a demandé dans la vraie vie si j’aimerais l’épouser. Et j’ai dû mentir car elle était déjà mariée et je ne suis pas du tout ce genre d’homme, même s’il me semble que l’on taquine. Mais ça, c’est une autre histoire.

Le projet de La Fille

Ma fille est chez sa mère en ce moment (c’est comment j’ai pu faire mon dîner valdoisien il y a deux jours), mais juste avant de partir, elle a construit quelque chose et m’a dit de vous la montrer. Voilà :

Ah, cette scène vous est familière ? Voyons de plus près :

C’est l’Arc de Triomphe, avec plus de détails que ce qui restait visible pendant le temps de Christo. L’autre chose me semble juste un bâtiment haussmannien.

Ça, c’est le Grand Palais, ce que je n’ai toujours pas visité. Il faudra régler ça.

C’est assez le Louvre. Je ne m’en plaindrai pas. Avant qu’elle n’ait installé la pyramide, je pensais que c’était le Panthéon.

Pas besoin d’expliquer cette partie !

Une vue plus proche du bas.

Et Paris ne serait pas Paris sans le bâtiment préféré des habitants, n’est-ce pas ? Je ne comprends pas la polémique — Indochine y a joué la première fois où je les ai écoutés, et ça, c’est suffisant !

Il y a 649 Legos en total. Voici les instructions pour le bas :

La Tour Montparnasse est beaucoup plus compliqué qu’elle n’apparaisse :

Le Grand Palais était plutôt facile :

Mais c’est la Tour Eiffel qui exige les efforts, même juste en maquette.

Naturellement, elle m’avait fait promettre de vous montrer ses efforts. Comme si ça allait être difficile !

Du franc-parler sur M. Descarottes

Vieillir, c’est embêtant, mais c’est la seule façon de vivre longtemps.

Félix Leclerc, auteur québécois

Je ne m’attendais pas à écrire ce billet. Du tout. Mais il a eu ses 5 ans avec nous en août (alors il est probablement né en avril ou mai 2019), et les cobayes ont une espérance de vie entre 5 et 8 ans. D’abord, je voudrais juste vous rassurer, il est toujours avec nous, et je ne pense pas à autre chose.

Je l’ai emmené chez la vétérinaire pour son examen médical annuel hier. Au passé, il y allait deux fois par an pour se faire couper les ongles, et l’une de ces fois était aussi un examen. J’aurais pu vous dire qu’il se bat de moins en moins quand je dois l’enlever de sa cage afin de la nettoyer. Je croyais que c’était à cause de son âge. Ce à quoi je ne m’attendais pas du tout, c’était les raisons. Et les autres choses.

Quand l’infirmière l’a mis sur la balance, je m’attendais à un poids d’environ 3,5 livres. C’est son poids depuis le temps qu’il a atteint son âge adulte. Alors 2,8 livres était choquant. La vétérinaire a ordonné une radiographie pour vérifier s’il avait des calculs urinaires. Ce n’était pas le cas, mais il s’est avéré qu’il souffrait d’arthrite. C’est ça la raison pour laquelle il ne fait plus beaucoup d’efforts pour m’éviter dans sa cage. Il doit désormais prendre ces médicaments :

Celui de gauche est un complément alimentaire, avec un ingrédient, glucosamine, souvent donné aussi aux êtres humains avec l’arthrite. Celui de droite est un analgésique car pas comme les êtres humains, les animaux peuvent toujours recevoir de tels médicaments aux États-Unis. (Ben, ce n’est pas un opioïde, et ça, c’est ma vraie plainte.)

Mais on n’a pas fini avec les mauvaises nouvelles. La vétérinaire me dit qu’en plus de l’arthrite, ses dents du bas sont trop gros, et il lui est difficile de manger. Apparemment, plus que les rongeurs vieillissent, plus ça leur arrive. Il va donc subir une intervention chirurgicale le 23 septembre.

Tout ça va coûter cher. Pour être très clair, malgré tout ce que vous avez lu ici, M. Descarottes est un membre de la famille, et si je devais manger moins pour payer ses traitements, je le ferais sans hésiter. On n’est pas là. Mais la radiographie et les médicaments d’aujourd’hui m’ont coûté 400 $, et la chirurgie fera pareil. Je ne m’attendais pas à ces dépenses, alors s’il vous vient dans l’esprit que ça vient de faire un trou en forme d’Indochine dans mon portefeuille, merci de me donner vos choix pour la prochaine loterie Mega Millions. Si vous avez raison, je vous enverrai des macarons sur demande pour la vie.

Ne pleurez pas pour moi à cet égard. M. Descarottes n’est pas notre premier animal de compagnie, mais il sera le dernier. Nettoyer sa cage me fait mal au dos. Mais vu notre relation compliquée, je vous raconterai la véritable histoire.

Quand La Fille avait ses 6 ans, elle était dans ce que l’on appelle « kindergarten », la maternelle grande mais typiquement dans le même bâtiment que l’école primaire ici. La prof avait un cobaye dit « Clover » (Trèfle), et chaque week-end, un enfant pouvait le prendre en charge à sa maison. Clover avait déjà ses 5 ans à l’époque, mais il était habitué à être entouré par beaucoup de monde, alors il était très sympathique. Nous l’accueillions le plus de toutes les familles, et j’ai fait une promesse à La Fille que nous achèterions notre propre cobaye. On l’a fait pour Noël après son 7e anniversaire, et il s’est nommé Clover, d’après l’ancien. Voici le Clover de l’école, puis le nôtre :

Clover de l’école
Notre premier Clover

Notre Clover est mort à l’âge de 18 mois. Je ne le savais pas, mais il avait une malformation congénitale de ses intestins. Ils étaient tordus de mauvaise façon, et un jour, ils ont explosé. Je l’ai retrouvé mort dans sa cage — la vétérinaire a dû faire une autopsie pour me dire ça. Clover et moi ne nous entendions pas hyper-bien, mais je me sentais coupable bien que le docteur m’ait dit que ce n’était pas de ma faute. Des mois plus tard, on a acheté un autre cobaye, aussi nommé Clover — et non pas « Clover II ».

Quand je vous ai présenté M. Descarottes pour la première fois, je cherchais un nom bien français. J’allais le surnommer « M. Cobaye », car je manque d’imagination, puis j’ai lu qu’en français, les noms de famille qui commencent par « Des » sont souvent liés à la noblesse (c’est apparemment plus compliqué que ça ). C’était assez pour moi, et si je peux me vanter un peu, je crois que c’est l’un des trucs dont vous profitez le plus sur ce blog.

Les origines censées du nom lui conviennent très bien — il se comporte, surtout envers moi, grosso modo comme vous le connaissez. Je n’ai jamais, même pas une fois, ressenti la moindre affection venant de son côté, mais je sais qu’il aime ma fille. Malgré ça, même si je savais que ce jour arriverait, le jour où il nous quittera sera l’un des pires de ma vie.

Mon dîner valdoisien

J’ai recherché beaucoup de restaurants dans le Val-d’Oise avant de choisir mon dîner. J’ai même trouvé une blogueuse valdoisienne qui est plutôt célèbre en France, avec plusieurs livres, Mimi Cuisine, mais elle n’est pas spécialisée dans sa région (# de résultats de sa moteur de recherche pour « valdoisien » ? Zéro.) Enfin, j’ai trouvé une brasserie de qualité près de l’aéroport, Le Grand Charles, et je vous présente une sélection de leur carte, la penne au thon et julienne de courgette, et la crème caramel :

Vous savez ce qui suit. Allons préparer le dernier dîner hexagonale du Tour !

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Portrait de Molière par Nicolas Mignard

Vaut mieux m’en vouloir

Il y a deux semaines, j’ai écrit dans un billet, « Pour ce qu’il vaut, elle est d’origine niçoise » en parlant de la prof de français de La Fille. Agnès de LeyArts, qui laisse souvent des commentaires ici, m’a corrigé sur BlueSky :

Source

Pour vous rappeler, il ne me dérange jamais quand vous corrigez ma grammaire. C’est comment on apprend. Mais à son tour, ce…euh… « skeet », comme dit les utilisateurs de BlueSky (sky + tweet), m’a rappelé quelque chose qui me rend perplexe depuis deux ans déjà.

Quand j’étais en France en 2022, j’ai acheté un numéro du magazine Marianne. Vers l’arrière, il y a une colonne intitulée « Mieux vaut en rire ». Je ne peux plus trouver le magazine, mais c’est assez facile de rechercher sur Google avec l’expression « mieux vaut en rire Marianne » et beaucoup de liens comme celui-ci se trouveront parmi les résultats. L’important, c’est qu’il n’y a pas de sujet.

Plus tard, j’ai trouvé l’opposé. En particulier, ce podcast a croisé mon chemin :

Source

Il n’y a pas de sujet ici non plus. Mais vous voyez sûrement que j’ai désormais deux problèmes : quel est le sujet, et quel est le bon ordre ? Et vous connaissez encore plus sûrement assez de vos concitoyens pour savoir que l’histoire ne se termine pas ici.

Naturellement, j’ai recherché le problème. Ça m’a mené à une page du Projet Voltaire, ce qui m’a expliqué qu’il ne faut pas écrire « il faut mieux » pour « il vaut mieux ». Super, je n’étais pas perplexe sur la question de falloir ou valoir. Avant. Mais peut-être que je ratais quelque chose ? Je dirai que ceci est une fausse piste, car on n’a pas épuisé les chemins du verbe « valoir ».

Dans le magazine Cerveau & Psycho, on trouve le gros-titre « Mieux vaut en rire qu’en pleurer », censé être un proverbe. Pourtant Le Parisien et Ouest France le rendent également « Mieux vaut rire que pleurer ». Mieux faut garder l’objet ou pas ? C’est comment on joue à ce jeu ? Pour sa part, Radio France le rend « Il vaut souvent mieux en rire qu’en pleurer »

Mais cette enquête s’est lancée sur un coup de « ça vaut », n’est-ce pas ? Et si Faustine Bollaert me disait que « Ça vaut le coup », qui serais-je pour ne pas être d’accord ? Cependant, Lawless French, un site bien réputé parmi les élèves anglophones, dit qu’en fait on peut dire « il/elle vaut », mais seulement dans des cas personnels et avec le subjonctif, donc :

Il vaut le coup que tu le lises. 

Athènes est une ville intéressante, elle valait le coup que nous y allions.

D’autre part, Reverso, un site qui collectionne des exemples d’usage partout sur le web, offre plusieurs exemples d’un « il vaut » impersonnel :

Source

Mais j’ai gardé le pire exemple pour la fin. Le site « La langue française », parfois cité ici, explique ainsi le proverbe « Mieux vaut tard que jamais » :

On peut remonter la piste du proverbe « Mieux vaut tard que jamais » jusqu’au lointain XVe siècle, mais il faut attendre Les Curiosités françoises d’Antoine Oudin, en 1640, pour en lire la première définition, sous la forme « Il vaut mieux tard que jamais »

« Mieux vaut tard que jamais » : signification et origine du proverbe

Chouette, « mieux vaut » descend de « il vaut mieux » sans la moindre remarque !

D’habitude, j’aime tirer une leçon de mes explorations linguistiques. Mais cette fois, vous m’avez bel et bien battu. J’ai de bonnes sources pour « mieux vaut » et « vaut mieux », et pour des formes personnelles et impersonnelles. S’il y a une règle, je suis la mauvaise personne pour la discerner.

([C’est pourtant évident. La règle est « Quel que dise Justin, il a tort ». — M. Descarottes])

Langue de Molière vous reverra la semaine prochaine pour parler d’un type.