Bienvenue encore une fois au billet de plus en plus bien nommé, Dimanche avec Marcel (maintenant avec des contenus 50 % parus le dimanche !). Cette fois, j’ai avancé de 50 pages ; on est maintenant fini avec le premier tiers de Du côté chez Swann, mais vu le manque de chapitres, ça ne veut dire absolument rien. On parle de plusieurs thèmes aujourd’hui, mais vu que la malheureuse cuisinière Françoise est le sujet de deux parties de cette tranche du livre, cette semaine est dédiée à elle. Encore une fois, mes citation en français viennent de la version trouvée chez Wikisource.
On commence avec une digression sur M. et Mlle Vinteuil. M. est le professeur de piano de Combray ; Mlle est sa fille. Je mentionne cette partie seulement pour les mettre en jeu, car Proust a l’habitude de présenter des personnages, ne rien faire avec, puis y revenir des dizaines de pages plus tard. M. est possédé de deux traits importants : une « pudibonderie excessive » qui le mène à éviter Swann à tout prix, et un esprit dont « il craignait de les ennuyer et de leur paraître égoïste s’il suivait ou seulement laissait deviner son désir », au point où il cache toutes ses compositions de ses visiteurs.
Mlle Vinteuil, pour sa part, n’entre dans l’intrigue que pour se faire remarquer à cause de son odeur de frangipane. La traduction anglaise le rend comme si c’était juste « amande amère » (mentionnée aussi en français). Comme la cyanure ? Je me demande si ce sera important plus tard.
On reprend les aventures de la monstrueuse Tante Léonie. Elle rêve apparemment d’un incendie tel que :
la maison était la proie d’un incendie où nous avions déjà tous péri et qui n’allait plus bientôt laisser subsister une seule pierre des murs, mais auquel elle aurait eu tout le temps d’échapper sans se presser
Puis on entend parler que la relation entre la visiteuse hebdomadaire Eulalie et Françoise est beaucoup plus toxique qu’imaginée. Eulalie met des idées dans l’esprit de Léonie que Françoise lui vole de l’argent. Pour sa part, Léonie se dit ces trucs à haute voix, comme ça :
elle se prononçait à elle-même les excuses embarrassées de Françoise et y répondait avec tant de feu et d’indignation que l’un de nous, entrant à ces moments-là, la trouvait en nage
Le narrateur est certain que Françoise entendait aussi ce théâtre : à sa place, j’aurais tout de suite quitté le boulot plutôt que subir ça. Mais Françoise répond par faire encore plus d’efforts pour se montrer fiable. On y reviendra.
Il suit un épisode ridicule, la question d’un certain M. Legrandin. Est-ce qu’il a insuffisamment rendu le bonjour du père du narrateur ? Est-ce que c’était pour montrer qu’il était fâché pour telle ou telle raison ? On y reviendra.
De nulle part, on revient à Françoise. On en a entendu parler à plusieurs fois à ce point, toujours de manière positive. Mais maintenant, on entend plutôt qu’elle fait son tout pour s’interposer entre tante Léonie et tout autre domestique de la maison, au point où :
si cet été-là nous avions mangé presque tous les jours des asperges, c’était parce que leur odeur donnait à la pauvre fille de cuisine chargée de les éplucher des crises d’asthme d’une telle violence qu’elle fut obligée de finir par s’en aller.
Quelle méchante ! Pourtant, je me doute que notre narrateur prend tout pour le pire ; tôt ou tard, la réputation de chaque personnage se noircit dans son récit.
C’est donc le tour de M. Legrandin pour y subir. Il s’avère qu’après tout, il est aussi faux. Il avait dit ailleurs qu’il avait une sœur à Balbec ; pourtant, quand la famille du narrateur mentionne un voyage à suivre à cette ville, il n’offre pas de faire une introduction.
On a enfin d’où le nom « Swann’s Way » en anglais :
Car il y avait autour de Combray deux « côtés » pour les promenades, et si opposés qu’on ne sortait pas en effet de chez nous par la même porte, quand on voulait aller d’un côté ou de l’autre : le côté de Méséglise-la-Vineuse, qu’on appelait aussi le côté de chez Swann parce qu’on passait devant la propriété de M. Swann pour aller par là, et le côté de Guermantes.
Pendant des décennies, je croyais que « way » ici voulait dire « sa façon de vivre ». Mais non, c’est juste littéralement le chemin qui passe par chez lui.
Et pourquoi est-ce que l’on apprend ça ? Le narrateur, son père et son grand-père prennent une balade par ce chemin. Il rencontre Gilberte, la fameuse Mlle Swann qui est amie de Bergotte, raison suffisante pour que le narrateur soit tombé amoureux d’elle sans la connaître. Alors, face à l’objet de sa passion, il dit quoi ?
Absolument rien.
Dites-donc, je lis un roman ou ma biographie ?
J’ai tout à coup tout genre de questions sur la relation entre Mlle Swann et Bergotte, car elle est mineure, et lui, il a au moins ses 30 ans. Et ils voyagent ensemble ailleurs en France ?!? Mais je sais enfin ce qui veut dire « Du côté de chez Swann » et il faudra que ça suffise pour l’instant.

J’aurais bien mangé une petite madeleine au déjeuner… 🙂 en lisant Proust !
J’aimeAimé par 1 personne
Curieux cett
J’aimeJ’aime
oups ! Cette odeur de frangipane, méfiance !😉
J’aimeAimé par 1 personne
Je vois d’un coup, cette fameuse madeleine de Proust d’un autre œil…
Murder party ?
J’aimeAimé par 1 personne
Peut-être ! Il reste plus de 3 000 pages, après tout !
J’aimeAimé par 3 personnes
Je suis désolé pour vous, mais votre interrogation finale m’a fait rire 😉
Attendons donc les prochains épisodes pour savoir ce qu’il y a de ce fameux côté !
J’aimeAimé par 2 personnes
Ce sont des surprises bien étalées dans le temps… Proust n’était sûrement pas L’homme pressé de Molinaro (ou la chanson de Noir Désir)!
Moi aussi, je suis surprise par cette odeur de frangipane.
Bon dimanche Justin.
J’aimeAimé par 2 personnes
J’ai pensé qu’à la place de Françoise j’aurais fait plus d’asperges pour me venger des accusations de vol. Quel choc d’apprendre qu’en fait c’était fait exprès!
J’aimeAimé par 1 personne
Ping : Saison 3, Épisode 46 — Un macaron géant pour Françoise | Un Coup de Foudre
Ping : Dimanche avec Gilberte | Un Coup de Foudre