Archives pour la catégorie Langue de Molière

Portrait de Molière par Nicolas Mignard

Aller vous faire baigner

Comme arrive souvent cette année, Langue de Molière tire son inspiration de quelque chose lu chez Il Est Quelle Heure. Afin de rendre évident ce qui a attrapé mon œil, voici les dialogues en question ; j’ai mis les mots importants en gras et en italique.

Moi: Je trouve qu’elle cocotte

Père: Oui, elle pue. Je voulais l’emmener au toilettage hier mais il fallait prendre un rendez-vous 15 jours à l’avance. 

Moi: Je vais la brosser, ça suffira peut-être. 

Père: Non mais elle shlingue, là. 

Manille: C’est faux, je sens bon la rose des bois!

Dialogue de l’espace avec Père #41

C’est une collection impressionnante de synonymes pour ce que l’on fait avec le nez, dont deux qui ne m’étaient pas familiers avant. Et tous les deux sont intéressants !

Commençons par « elle cocotte ». Il y a un an, la seule signification que j’avais pour « cocotte », c’était un produit du Creuset pour cuisiner. Puis j’ai commencé à lire la Recherche, et tout à coup, c’était aussi Mme de Crécy. Mais cette fois, c’est évidemment un verbe. Alors, le Trésor, que dites-vous ?

COCOT(T)ER1,(COCOTER, COCOTTER) verbe intrans.

A.− [P. réf. au caquetage continu de la poule en basse-cour]

− Rare. [En parlant d’une femme] Bavarder inlassablement. Synon. caqueter.Les poules de la maison se promenaient et cocottaient comme chez elles (Léautaud, Amours,1906, p. 257).

B.− [P. réf. à cocot(t)e1B 2] Se conduire en femme légère.

Cocot(t)er

Curieux ! Ni la première ni la deuxième signification semble être la bonne vu que la réponse à « elle cocotte » était « oui, elle pue ». M. Le Robert ?

Définition de cocotter ​​​  verbe intransitif

familier Sentir mauvais. ➙ puer.

Cocotter

Voilà, exactement ce à quoi nous attendions. Mais qu’est-ce qui s’est passé chez le Trésor ? Il s’avère que si on recherche « puer », la toute première entrée dit :

PUER, verbe intrans.

A. − Exhaler une odeur nauséabonde, très désagréable. Synon. empester, empuantir; sentir* mauvais; pop. ou arg. cocotter2, schlinguer.

Puer

Et là, on trouve non seulement cocotter et sentir mauvais, mais aussi d’autres synonymes : empester, empuantir, et le mot que nous avions pas encore recherché, schlinguer. C’est dingue, le nombre de façons de dire ça ! Mais à vrai dire, la relation entre les sens de bavarder et de puer m’échappe.

Cependant, ce « schlinguer », c’est aussi un mot curieux. Franchement, l’orthographe ne me semble pas typiquement française. Plutôt germanique, ces mots qui contiennent « sch ». Et avec un nom tel que Busch, je le saurais ! Et en fait, c’est exactement ce qui dit le Trésor :

SCHLINGUER, verbe intrans.Arg., pop. Puer.

empr. à l’all. schlingen « avaler », d’où, par un contresens volontaire, « exhaler (une odeur)

empr. à l’all. schlagen « frapper », « fouetter (en parlant de la pluie) », « repousser (en parlant du fusil) », d’où « sentir mauvais » (de même que cingler, cogner, fouetter, taper signifient « sentir mauvais » dans la lang. fam. ou arg., v. Esn.

Schlinguer

Ces deux histoires sont un peu trop ! Si on croit la première, c’est un peu un jeu de mots où on a adapté un contresens. Mais l’autre propose que beaucoup plus d’autres verbes veulent aussi dire « puer », dont cogner et fouetter. Et en fait, l’entrée pour fouetter est d’accord.

Ça suffit ! Il me semble tout à coup que presque tout verbe français peut signifier « sentir mauvais » — la liste gonfle sans cesse ! Ça fouette ! J’imagine que le chien de Billie, Manille, est bien d’accord. Mieux vaut porter notre attention sur les croquettes.

Langue de Molière vous reverra la semaine prochaine pour reprendre un thème qui dérange La Fille, la tricherie à l’école.

Portrait de Molière par Nicolas Mignard

Embouteillé

Depuis peut-être 26 ans déjà, je lis de temps en temps une économiste française expatriée, qui écrit toujours en anglais, Véronique de Rugy. Elle travaille à George Mason University, une fac en Virginie qui est du troisième rang sauf en deux sujets — le droit, et l’économie, avec deux prix Nobel en ce dernier sujet. Le fait qu’elle y travaille parle très bien de ses compétences. Cependant, vu tout ce que je viens de dire, vous serez bien surpris à savoir qu’elle a inspiré Langue de Molière aujourd’hui.

Vers la fin d’un billet où elle exprime sa vue que le gouvernement américain ne devrait offrir des subventions ni à Tesla ni à l’industrie de pétrole, elle mentionne un dicton français :

If policymakers genuinely care about a cleaner environment and more efficient markets, their solution should be simple and nonpartisan: eliminate subsidies entirely. But as we say in France, “with ifs, you could put Paris in a bottle.”

Si les fonctionnaires se souciaient sincèrement d’un environnement plus propre et d’un marché plus efficace, leur solution devrait être simple et impartiale : supprimer complètement les subventions. Mais comme on dit en France : « Avec des si on mettrait Paris en bouteille. » [Ma traduction]

Véronique de Rugy

Il serait très difficile pour moi de chercher ses publications pour des expressions françaises en traduction. Mais je dirais que je doute que j’y trouve beaucoup. Je m’en souviendrais. Cependant, c’est bien évident que j’ai dû tout de suite rechercher cette expression !

Ce que j’ai trouvé n’était pas exactement éclaircissant. Beaucoup de sites donnent un sens — pour en donner un de L’Internaute, « A force de suppositions, tout est possible. » Mais ce que je cherche vraiment, c’est « pourquoi est-ce que l’on aimerait mettre Paris en bouteille ? ». Et là, je n’ai rien trouvé — sauf pour une bonne leçon en pourquoi il faut faire attention à ses sources !

J’imagine que ça a quelque chose à voir avec la pratique de construire des maquettes de bateaux dans des bouteilles, comme ça :

Voilier en bouteille, Photo par Remi Jouan, CC BY-SA 3.0

Wikipédia nous dit que ces choses sont souvent repliées sur eux-mêmes ; cependant, sans sources fiables, je ne sais pas si c’est la vérité :

Le voilier est assemblé à l’extérieur, tous les mâts et les haubans sont repliés horizontalement. La coque et son gréement sont introduits dans la bouteille, et déployés à l’intérieur à l’aide d’une ficelle reliée à la mâture.

Bateau en bouteille

Cependant, et je veux être bien clair, je n’ai absolument rien trouvé qui dit que ma conjecture a des racines historiques. Dire ça me rend beaucoup plus prudent que d’autres personnes ! Wiktionnaire donne un exemple d’une professeure qui note que les auteurs d’Astérix l’a utilisé pour un effet comique :

« Un des effets comiques récurrents dans Astérix est le recours à des expressions figées dont les termes sont adaptés à l’époque de référence. C’est le cas de dictons.
. Avec des si on mettrait Lutèce en amphore ; R. Goscinny, A. Uderzo, op. cit., 1999, p. 28. 
Ce pseudo‐dicton en rappelle un autre utilisé couramment à l’heure actuelle : « avec des si on mettrait Paris en bouteille ». 

Chrystelle Burban

Mais un autre type, un prof de français langue étrangère, semble prendre ça au sérieux !

Quant au sens de l’expression, eh bien l’origine de cette expression n’est pas très claire. Pour certains, elle viendrait d’un ancien adage romain « avec des si, on mettrait Lutèce en amphore ». Lutèce était l’ancien nom pour Paris et amphore était un vase antique utilisé à l’époque romaine.

Français authentique

Parce que je suis égalitariste en ce qui concerne les bêtises, je note que ce site anglophone proclame aussi la même hypothèse.

Je fais des efforts pour ne jamais me faire avoir comme ça — quand je cite les origines de choses, je cherche toujours des références de qualité. Astérix l’est pour Astérix uniquement !

Alors, pas pour la première fois, Langue de Molière se termine sans avoir trouvé la bonne réponse à la question originale — pourquoi est-ce que les Français pensent à mettre Paris en bouteille ? Mais vous avez maintenant les bonnes ressources pour faire une sacrée farce à vos amis !

Langue de Molière vous prévient que la semaine prochaine risque de puer.

Portrait de Molière par Nicolas Mignard

Monstre gavé

Cette semaine est peut-être la Langue de Molière la plus difficile que j’ai écrite. Pourquoi ? Parce que c’est la première fois où je ne comprends même pas les données. Pourtant, je fais absolument confiance à ma source.

Il y a des semaines, j’ai vu cette carte publiée sur Instagram. C’est une carte de mots intensifieurs, comme très et trop :

Ça vient de l’excellent site Français de nos régions, cité ici parfois pour les noms des escargots ou la question éternelle chocolatine/pain au chocolat. Mais voici le problème — j’ai trouvé cette carte dans mon flux Instagram, et n’ai d’expérience avec aucun de ces mots, au moins dans ce contexte.

Alors, si je la comprends bien, dans l’Eure ou en Seine-Maritime, je pourrais dire « C’est rien beau » et il y a des gens qui le comprendraient comme si j’avais dit « C’est très beau ». Mais quelqu’un venant du Doubs ou du Jura dirait, « Keske ce n’importe quoi, c’est monstre beau ! » Ai-je bien compris ça ?

Au moins je peux voir un certain logique dans les variantes attribuées à la Saône-et-Loire (vrai), Rhône (cher) et Loire (franc). Ce sont tous des adjectifs. Le « paquet » drômoise-ardéchoise me rend perplexe, en revanche. « C’est paquet beau ? » On prend une croisière, quoi ? Les petites phrases du Sud ne me parlent pas non plus — « C’est au taquet beau » et « C’est taille de beau » font mal aux oreilles parce que je m’attends à d’autres choses autour de ces mots — « taille de » devrait être suivi d’un article et d’un nom, n’est-ce pas ? Il n’y a qu’un participe entre tout ça, mais « gavé » fait mal aux oreilles aussi — « C’est gavé beau » manque d’un nom quelque part !

Je soupçonne que un nordiste a peut-être gâché ma compréhension quelque part. Je suis 100 % certain que j’ai entendu « fort » utilisé comme synonyme de « fortement », et dans cette carte, ça me semble très familier. Je crois que « C’est fort beau » est pareil à des choses que j’ai écrites ailleurs. Alors j’ai dû tirer la mauvaise leçon de quelque chose, mais je n’ai aucun espoir de trouver la source originale.

Il me semble que j’ai aussi vu « vlà » quelque part, mais seulement comme contraction de voilà ; dans un texto, peut-être. Jamais dans ce sens de très ou trop. Comme ça « Alors vlà, j’ai épuisé les exemples ».

J’ai des amis de partout et peut-être qu’ils essayent tous de ne pas me rendre perplexe ; c’est tout inconnu pour moi, avec une possible exception. Mais je ne saurai měme pas où les chercher, vu que tout ça ressemble à d’autres usages plus typiques. Alors, mes excuses si j’ai mal utilisé tel ou tel exemple ; nous avons une carte, mais je ne sens plus perdu que jamais !

Langue de Molière vous reverra la semaine prochaine avec de mauvaises nouvelles pour les parisiens.

Portrait de Molière par Nicolas Mignard

Les flammes de l’amour

Si j’ai une plainte sur la langue française, au-delà du fait qu’elle n’est pas celle de ma ville, ça doit sûrement être qu’il y a trop de mots presque identiques qui ne signifient pas les mêmes choses. Même pas proche. Bien sûr, il y a la blague sur l’accent circonflexe :

A : Le circonflexe est inutile.

B : T’es sur ?

A : Un canapé, pourquoi ?

Récemment, La Fille m’a apporté cette même plainte, parce qu’attendre et atteindre se ressemblent. Je l’entends des bilingues déjà : et « through » et « thorough », Justin, ça vous parle ? Ouais, et c’est exactement ça l’une des choses les plus énervantes en anglais !

Alors, j’ai vu un gros-titre de France 3 il y a des semaines, et le croyais une grosse blague, quand en fait, c’était tout au sérieux :

Le gros-titre de cette capture d'écran de France 3 Normandie dit « Un jeune homme monte sur un wagon de la SNCF pour retrouver son ballon et s'embrase »
Capture d’écran

Bien sûr, je n’avais jamais vu « embraser » avec un « s » avant, et croyais que c’était censé être « embrasser ». J’avoue, ça donne un sens plutôt incompréhensible au gros-titre, mais il me semblait que ça voulait dire une espèce d’exhibitionnisme. Honnêtement, le mot « jeune » a beaucoup fait pour baisser mon niveau de scepticisme à cet égard.

Je n’ai pas d’excuses. Selon le Trésor, embraser dans le sens de « mettre en feu » date du XIIe siècle :

Étymol. et Hist. 1. Ca 1135 adj. embrasé « allumé, qui brûle » (Couronnement Louis, éd. E. Langlois, 290); ca1160 embraser « brûler » (Eneas, éd. J.-J. Salverda de Grave, 9633)…Dér. de braise*; préf. em-(en-*); dés. -er.

Embraser

Et il y a un mot anglais, « brazier« , un genre de poêle à charbon, qui trouve ses origines dans le vieux français « braise » ; c’est-à-dire, exactement la même racine qu’embraser. Mais je dois vous dire, de nos jours, en anglais « braise » ne veut dire qu’une viande cuite d’une certaine façon, pareil qu’en français, alors j’étais bien perplexe quand Boby Lapointe a chanté des « yeux de braise » d’une certaine Françoise !

Alors, en cliquant, j’ai lu l’histoire et vite reconnu mon erreur. Puis j’ai lu qu’il « a été grièvement blessé ». Grièvement ? C’est mal écrit pour gravement ? Il s’avère que non, et en fait, alors que les deux sont des synonymes de nos jours, encore une fois on parle d’un mot dont l’origine se trouve dans le vieux français exactement où l’anglais se trouve aussi. Les racines de grièvement sont comme ça :

Ca 1175 grivement « fortement » (Horn, éd. M.K. Pope, 4733); 1457 griefvement « gravement » (Arch. Nord, B 1687, fo21 vods IGLF), ne subsiste que dans cet emploi. Dér. de grief1*; suff. -ment2*

Grièvement

Et ce mot « grief », d’où il vient ? Ça veut dire douloureux ou pénible, jusqu’au temps de la Chanson de Roland :

Ca 1100 gref « dur, pénible à supporter, douloureux » (Roland, éd. J. Bédier, 1687)

Grief

« Grief » en anglais de nos jours veut dire « deuil ». Mais le mot anglais se trace au vieux français, et les deux trouvent une racine en commun dans le verbe latin « gravare », ce qui veut dire « peser sur ». Vous reconnaîtrez sûrement un autre dérivé de gravare dans « gravité ».

Tout ça, c’est à dire que si j’ai mal compris cet article au début, c’est largement parce que je ne pense pas assez à l’anglais de l’époque de Guillaume le Conquérant. Et mes amis expatriés disent que je reste un peu trop bloqué dans le passé avec mes films de Louis de Funès. Ils n’ont aucune idée de ce qui veut dire « le passé » chez moi !

Langue de Molière vous reverra la semaine prochaine avec une histoire de trop.

Portrait de Molière par Nicolas Mignard

Le Justin se marie

Malheureusement, mon gros-titre est trompeur de façon importante. Je n’ai pas de bonnes nouvelles à cet égard, juste l’envie de faire du parallélisme avec l’un de mes films préférés, car ça évoque le bon sujet pour cette tranche de Langue de Molière. Mais pour évoquer un autre de mes films, voici la mairie du 13e arrondissement de Paris. « Pas mal, non ? C’est français. », comme disait Orson Welles dans La classe américaine, devant un château. (J’explique dans le livre pourquoi ça porte une signification sûrement inconnue aux réalisateurs, mais connue à mes lecteurs.) Et de son tour, l’adresse de la mairie est 1 Place d’Italie, ce qui se trouve dans les paroles des 7 Jours de Pékin d’Indochine. Il n’y a jamais de coïncidences, et tout se relie, chez Un Coup de Foudre !

Mairie du 13e arrondissement de Paris, un bâtiment de 3 étages dont le rez-de-chaussée, de style haussmannien.
Mairie du 13e arrondissement de Paris, Photo par LPLT, CC BY-SA 3.0

Alors, pourquoi s’intéresser à cette mairie ? Il y a des semaines, j’ai vu ce clip sur Instagram :

Il s’agit de l’expression « se marier à la mairie du 13e », une expression uniquement parisienne. Mais pourquoi est-ce qu’il y a quelque chose d’inhabituel si on s’y marie ? Est-ce à cause de la réputation malchanceuse du numéro 13 ?

En fait, rien à voir. Avant 1860, Paris ne comptait que 12 arrondissements, alors si on se mariait à une mairie inexistante, c’était à dire que l’on vivait dans une situation de concubinage, sans être marié. Cette année-là, Paris s’est agrandi, de 12 arrondissement jusqu’à 20, et selon l’ancien système de numérotation, allant du nord au sud et de l’ouest à l’est, ce qui est de nos jours le 16e aurait dû être le 13e. Pour mieux comprendre la situation, voici une carte avant 1860 : les 7e, 6e et 5e modernes étaient anciennement les 10e, 11e et 12e.

Carte qui montre l'ancien département de la Seine avec les 12 arrondissements originaux, un cercle en rouge qui montre les communes qui feraient partie de Paris à partir de 1860, ainsi que les communes qui feraient plus tard la Petite Couronne.
Carte de l’ancien département de la Seine avant 1860, Dessin par Gundan, CC BY-SA 4.0

Mais les bourgeois d’Auteuil et de Passy n’allaient jamais accepter devenir le 13e vu l’existence de cette réputation. Alors le baron Haussmann a proposé le numérotation moderne en forme d’escargot, ce qui donna le numéro 13 aux quartiers de la Gare et de la Maison-Blanche.

L’expression est donc tombée en désuétude depuis très longtemps, et il n’y a jamais eu un lien entre la mairie à la Place d’Italie et le concubinage. C’était plutôt comme d’autres expressions pour dire que quelque chose est de jamais vu, comme « quand les poules auront des dents » ou « quand on acceptera une invitation au resto de la part de Justin ».

Comme je vous ai dit, un gros-titre trompeur.

Langue de Molière vous reverra la semaine prochaine avec une leçon sur l’importance de l’orthographe.

Portrait de Molière par Nicolas Mignard

Go figure

Langue de Molière tourne souvent autour de faux amis, et il y a des semaines, j’ai eu un sacré malentendu à cet égard. Heureusement, j’avais le bon sens de le rechercher avant de poser des questions gênantes.

On revient encore une fois sur le blog Il Est Quelle Heure, devenu source inestimable pour cette série. En écrivant sur certaines mésaventures dans sa ville, elle a dit :

Ainsi, sur la même semaine j’ai marché dans une crotte de chien, j’ai pris des branchages de haie dans la figure et j’ai été confrontée à des (oui, pas UNE mais DES) voitures garées sur le passage piéton.

Civisme

J’ai lu « dans la figure » et ça m’a arrêté net. (Je crois que c’est la première fois où j’utilise « net » comme ça ; est-ce correct ?). « Figure » veut dire une poignée de choses en anglais, mais la seule dont il s’agit du corps humain, ça veut dire tout autre chose que le français.

En anglais, « figure » en tant que nom veut dire plus souvent des chiffres. Où le français dirait, par exemple « taux de chômage/inflation/etc », en anglais on dirait « the unemployment/inflation/etc. figure« . C’est plus informel que la traduction habituelle de taux, « rate », mais assez commun en soi. Il y a un verbe lié à ce sens, « to figure », réfléchir sur quelque chose où penser particulièrement à un problème de maths. C’est ça le sens de mon gros-titre, « Allez réfléchir ».

Il y a trois autres sens en tant que nom qui sont pareils entre le français et l’anglais. De mon dictionnaire bilingue :

Ça dit « personnalité, comme dans "les grandes figures de l'Histoire", schéma, comme dans "figure géométrique", et art, comme dans "figure équestre" ».

Il y a un sens complètement inconnu à moi en français, un jeu de cartes que le dictionnaire traduit comme « court card ». Je ne connais aucun jeu en anglais sous ce nom, mais je sui loin d’expert dans ce domaine. ([Plutôt comme tous les autres, poseur. — M. Descarottes])

Mais le premier sens dans la liste de mon dictionnaire bilingue venant du côté français, c’est mine. Visage. Tout autre partie anatomique par rapport à l’anglais. Vous voyez, le dictionnaire est un peu malhonnête venant du côté anglophone. Là, on trouve :

Ça donne ligne ou silhouette en français à la place de "figure" en anglais.

À lire cette entrée, on penserait que ça voulait dire la silhouette du corps entier, et que ça s’appliquait également aux hommes qu’aux femmes. Et ce n’est pas complètement faux. On pourrait dire d’un homme qu’il a « a slim figure », « une silhouette mince ». Mais là où le dictionnaire donne « avoir une silhouette sensationnelle » pour « to have a great figure », non, on ne dirait pas ça également. Le dictionnaire fait ici un détour autour de l’usage courant. Ça s’utilise seulement pour parler des femmes, et là, seulement du torse. De la poitrine, en particulier.

Et voilà, pourquoi je ne voulais pas demander à madame ce qui voulait dire cette phrase sans faire mes propres recherches.

Langue de Molière vous reverra la semaine prochaine parce qu’il a enfin trouvé la bonne mairie pour son mariage. QUOI ? Il faudra faire attention !

Portrait de Molière par Nicolas Mignard

Camper dehors

Ça fait belle lurette depuis la dernière fois où j’ai mentionné un fait divers venant de Mme Karine Dijoud, connue sur Instagram sous le nom d’Internet « Les Parenthèses Élémentaires », même si elle devrait être l’une de mes meilleures sources. J’avoue, c’est largement parce qu’elle est aussi la plus grande réussite d’une tendance que j’ai dénoncée dans cette même série, qu’il y a une opportunité pour se faire connaître sur l’Internet francophone juste en parlant de la grammaire si on est une jolie femme. En revanche, il faut ajouter que pas comme les autres, Mme Dijoud semble particulièrement bien éduquée dans ce domaine, et mérite son succès. Mais je doute qu’elle ait plus de 430 milliers d’abonnés en me ressemblant, c’est certain.

De toute façon, elle m’a appris une expression très intéressante il y a des mois. Selon elle, il était une fois, « il fallait énoncer son nom » afin d’être admis dans les auberges. Ceux qui avaient des noms trop difficiles pour les aubergistes se retrouvaient dans les écuries ou en dehors tout court. Ça a donné lieu à une expression toujours courante de nos jours, « avoir un nom à coucher dehors ».

Mais elle n’offre pas de sources pour cette histoire au-delà de dire que ça vient du Moyen-Âge, et il s’avère que l’Armée française a toute autre version de son origine en ce qui concerne l’époque et la raison :

En effet, au début du XIXe siècle, l’armée napoléonienne recrutait à tour de bras des soldats venant de la campagne mais aussi de pays étrangers. Extrêmement mobiles et parcourant toute l’Europe, les troupes rencontraient parfois des difficultés pour se loger. Lorsqu’elles s’arrêtaient dans des villes où il n’y avait pas de caserne, les habitants avaient l’obligation d’offrir l’hospitalité aux hommes. Le maire établissait alors un billet de logement. Mais parfois, l’hôte refusait d’accueillir chez lui les militaires portant des noms étrangers : ils étaient soupçonnés d’être des espions ou des ennemis. Les malheureux étaient alors contraints de coucher dehors, d’où l’expression « avoir unnom à coucher dehors avec un billet de logement ». Au fil des années, elle fut raccourcie jusqu’à devenir « unnom à coucher dehors ».

Ministère des Armées

Mais ça pose ses propres problèmes. Comme ils disent, les armées parcouraient partout en Europe ; cependant, les noms français auraient l’air étranger partout en dehors de France ! Pour ce qu’il vaut, Stéphane Bern raconte grosso modo la même origine que Mme Dijoud. CNews aussi, mais avec une explication un peu plus précise :

Les nobles, grâce à leur particule, et les personnes dont le patronyme faisait référence à une fonction réputée (Chevalier, Lemoine, etc.) obtenaient facilement une chambre. En revanche, les roturiers étaient moins bien lotis. Ceux dont le nom faisait référence à un métier banal (Boucher, Barbier…) pouvaient, éventuellement, dormir au chaud dans l’écurie avec les chevaux.

CNews

Tout ça me fait demander ce qui arriverait à Grzegorz Brzęczyszczykiewicz, même en Pologne. (Merci, Agathe !)

Langue de Molière vous reverra la semaine prochaine avec l’histoire d’une petite figure de l’Histoire.

Portrait de Molière par Nicolas Mignard

Les dieux-rois et les rois-dieux

La dernière fois, je vous ai promis « le problème d’un roi que les Français ne réussiront jamais à décapiter ». Plusieurs tels rois, en fait. Vous voyez, cette fois on parle des rois qui sont aussi des dieux.

Ne vous inquiétez pas, il n’y aura pas de sermon ici. Notre histoire commence plutôt dans l’une de mes nombreuses idées fixes, les jeux vidéo, en particulier, mon obsession entre 2010 et 2013, Infinity Blade, connu en France sous le même nom.

Infinity Blade avait une idée simple, mais de génie. Le joueur joue dans la peau d’un chevalier sans nom, et tout ce que l’on savait de lui, c’était qu’il est venu pour « venger son père », ce qu’il annonce dans une brève scène avant d’attaquer le château du méchant. Quand il atteint la salle du méchant, il perd. Puis son enfant arrive 20 ans plus tard pour venger son père, le personnage du joueur pendant le premier tour — mais il garde tout l’argent et les équipements gagnés par son prédécesseur. Ça répète jusqu’à ce qu’une génération arrive qui est assez fort pour vaincre le méchant. Le méchant reste le même à chaque fois, car il est « Deathless », traduit en VF comme Éternel, mais littéralement « Sans-mort ». M. Robespierre pouvait le guillotiner autant que souhaité, et ce méchant renaîtrait simplement dans l’un de ses clones.

« Mais Justin », vous me dites, « c’est Langue de Molière aujourd’hui, pas Langue d’Infinity Blade. Ça va quelque part ? » Ah oui. J’évitais jusqu’à ce point mentionner le nom du méchant. En anglais, il s’appelle le « God-King », ce qui se traduit littéralement par « Dieu-Roi ». Je m’attendais à ce que l’ordre soit inversé, parce que ça arrive tout le temps en passant de l’anglais au français. Mais non, selon l’article de Wikipédia lié ci-dessus, c’est en fait le Dieu-Roi. Pourtant, nous en parlons pour une raison.

Le Dieu-Roi, connu aussi sous le nom Raidriar, dans son armure, assis sur un trône rouge
Le Dieu-Roi sur son trône, Capture d’écran par Infinity Blade Wiki, CC-BY-SA 3.0

Il y a aussi un livre de la série Dune, intitulé « God-Emperor of Dune » en anglais. On penserait selon notre premier exemple que le personnage nommé, le « God-Emperor », serait donc le Dieu-Empereur. Cependant, le titre en français est plutôt « L’Empereur-Dieu de Dune ». C’est donc quoi la règle ?

Curieux, j’ai recherché « Roi-Dieu » pour voir ce qui arriverait, parce qu’il y a d’autres personnages fictifs en anglais portant ces noms. Par exemple, il y a un roman qui se déroule dans l’univers du jeu de rôle Warhammer, intitulé God-King. Sa traduction officielle ? Le Roi-Dieu. Au moins une philosophe français fait référence à Sauron du Seigneur des Anneaux comme un roi-dieu. J’ai même trouvé un jeu vidéo développé en France, Dofus, avec un personnage original, aussi dit le Roi-Dieu. (Voici une vidéo sur Dofus par mon sosie, un Justin Buisson. Je meurs de rire !) Et j’ai également trouvé pour Victor von Fatalis, personnage de l’univers Marvel, qu’il s’appelle le Dieu-Empereur dans au moins une version de l’histoire.

Cependant, j’ai fait une trouvaille intéressante, qui n’éclaircit pas exactement la situation, mais suggère qu’il était une fois, ces expressions n’était pas des synonymes exactes. C’est un article d’un journal académique de 1956, intitulé Le Roi-Dieu et le Dieu-Roi dans l’Égypte ancienne. La première page suggère peut-être que le nom qui prend la première place est un peu la catégorie basique, disant « Quelques passages décrivent le dieu Amon- Ree comme roi et d’autres mentionnent le pharaon comme dieu ». Pourtant, rien n’est établi avec certitude.

J’en conclus qu’il n’y a pas de règle grammaticale derrière ces choix. Ce qui doit être le résultat le moins français de toutes mes recherches sous cette rubrique !

Langue de Molière vous reverra la semaine prochaine pour faire du camping.

Portrait de Molière par Nicolas Mignard

Et tu verras

Désolé pour la familiarité, mais je ne pouvais pas trouver une meilleure parole pour intituler Langue de Molière cette semaine. Naturellement, ça vient de ma chanson préféré depuis presque 5 ans déjà, Un Jour Dans Notre Vie. Mais pourquoi l’évoquer quand on n’est pas le 29 mars, comme d’hab ? Et pour cela, il faut examiner ce clip de l’humoriste Paul Taylo. C’est de son spectacle bilingue, et il parle à moitié en anglais, mais c’est sous-titré :

Dans ce clip, M. Taylor commence par dire «Ô, les Français, vous aimez bien les blind tests à la fin de la soirée. » Ici, mes oreilles se sont dressées — je n’avais aucune idée de quoi il parlait, mais tout comme « jogging » et « pressing », ce que cette expression voulait dire en français devait être tout autre chose que ce à quoi je pensais.

Il continue : « Chez nous, un blind test, c’est vraiment un test pour un aveugle. » Ce n’est pas exactement correct, mais sur un plateau, je le laisserais passer. En fait, on parle de deux genres de tel test, « single-blind » et « double-blind », mais les deux n’ont rien à voir avec l’ophtalmologie. Ce sont plutôt des expériences scientifiques, souvent liés à la médecine. Mon dictionnaire bilingue les rend comme « en single/double aveugle » — c’est-à-dire des expériences où soit le sujet uniquement soit le sujet et le chercheur également ne savent pas si le traitement que le sujet reçoit est réel ou un placebo.

On reprend : « En plus, avec cette définition, ça ne marche pas parce que si tu fermes tes yeux pendant le jeu, ça ne change rien ! » Je mourrais de curiosité à ce point — c’était quoi le jeu en question ?

Finalement, on a la réponse « Nous, on appelle ça « Nomme Cette Chanson » ». Non, mais sérieusement ? J’avoue, je ne le croyais pas complètement sur parole, alors je l’ai recherché — et j’ai tout de suite découvert une entreprise parisienne, ThisIsBlindTest, qui « vous enfermer dans une salle bien isolée, et d’affronter votre famille, vos amis ou vos collègues, seul ou en équipe, sur diverses thématiques musicales ».

Nous avons donc encore une fois un emprunt qui ne l’est pas du tout. C’est plus logique qu’à la one again, mais moins qu’un pressing, qui est au moins l’endroit où le verbe anglais « press » a lieu. J’ai en savoir plus sur comment vous avez adopté cet anglicisme bizarre, et je crois que j’ai la réponse.

Il me semble que les premiers jeux de ce format, sous ce nom, avaient lieu sur l’émission Tout le monde en parle, diffusée sur France 2 entre 1998 et 2006, et animée par Thierry Ardisson, qui je connais seulement par nom. Pourtant, selon Wikipédia, ce n’était pas directement à lui :

Mais c’est toujours Béatrice Ardisson, à l’origine de cette idée, qui sélectionnait les titres, étant ainsi, à elle seule, à l’origine de 130 blind tests thématiques que Philippe Corti, et par la suite les DJ, passaient en plateau.

Tout le monde en parle, Wikipédia

C’est donc apparemment à Mme Ardisson de choisir cette expression. Tout ce que je peux dire de ça, c’est qu’elle avait mal compris l’anglais. Ou peut-être qu’il lui semblait mieux qu’une expression plus longue en français. « Nommez cette chanson », ça aurait vraiment dérangé ? Je trouve ces faux anglicismes souvent mystérieux.

De toute façon, INA a une collection plutôt impressionnante sur YouTube, avec la moitié de ces diffusions. Voici un exemple, avec qui d’autre mais « Nicola Indochine », comme dit la légende sur l’écran :

Nico se révèle plus fort que moi, pas vraiment surprenant vu que je n’ai même jamais entendu les morceaux de Noir Désir ni de The Cure qu’il identifie pendant 3-4 secondes.

Il y a un chapitre dans le livre qui parle d’exactement ma perplexité face à ce genre d’expression d’un côté, et de l’autre côté, la perplexité des Français quand je sors des expressions québécoises dans le but de les éviter. « Plus royaliste que le roi », on disait de moi à cet égard, un titre que je porte avec fierté.

Langue de Molière vous reverra la semaine prochaine avec le problème d’un roi que les Français ne réussiront jamais à décapiter.

Portrait de Molière par Nicolas Mignard

Allô maman

Pendant des années, l’un des plus grands mystères au centre commercial près de chez moi était « Qu’est-ce qui veut dire le « BCBG » dans le nom du magasin « BCBG Max Azria » ? » Vous n’avez absolument aucune idée de quoi je parle, parce que cette chaîne de boutiques de mode n’existe pas en France. Et moi, je ne sais pas de quoi je parle, mais c’est juste comme d’hab. Toutefois, il y a des semaines, j’ai quand même eu une réponse, même si ça posait plus de questions.

Alors, Max Azria était un créateur de mode d’origine tunisienne, qui vivait pendant quelques années en France avant de déménager à Los Angeles. Je ne pourrais rien dire à propos de ses vêtements, car je ne faisais pas attention à des boutiques uniquement pour les femmes. Je ne le cherchais pas, mais pendant un des jours où Instagram se foutait de ma gueule avec zéro vues pour une autre pâtisserie (rien pour les blondies), il m’a proposé ce clip d’INA, intitulé « 1989 : le look de la femme BCBG » :

C’était honnêtement juste les initiales qui suffisaient pour attirer mon attention, mais j’en ai tiré très peu au-delà des mots « bon chic bon genre ». On explique « C’est quelqu’un qui, quand elle rentre quelque part, elle se fait un petit peu remarquer, doucement. » Une autre dit que « c’est d’attirer un petit peu l’attention ». Une troisième ajoute que « On se contentera tout à fait d’accessoires Monoprix. » Pas vraiment éclaircissant, tout ça. On se fait aussi remarquer avec un jean plein de trous, mais je n’avais pas du tout l’impression en regardant le clip que l’on parlait de s’habiller comme un cochon.

Wikipédia m’a un peu aidé à cet égard, en me dirigeant vers un blog sur la mode, La Mesure de l’Excellence. Là, j’ai lu :

Pour le costume : « une veste de chasse huilée Barbour (je la possède toujours…) ; un pull Benetton, col rond, un jean Levi’s 501 ; des chemises en tissu oxford des marques Arrow et Façonnable ; une montre Baume & Mercier, ronde, extra plate et en or, ou piochée dans une grosse collection de montres Swatch ; un polo Lacoste ou Ralph Lauren, col toujours relevé…

Le bon chic bon genre par un BCBG

Dites-donc : Levi’s, Façonnable, Lacoste et Ralph Lauren, hein ? Je jette un œil nerveusement en direction de mon placard, où se trouve une vingtaine de polos d’exactement deux marques : Ralph Lauren et Lacoste. Et où tous les jeans viennent soit du Temps des Cerises soit de chez Levi’s. C’est moi. On parle de moi.

Wikipédia élabore :

Pour les prénoms, un certain classicisme se retrouve : prénoms issus de la culture catholique, prénoms anciens, antiques ou d’autres composés.

Et moi, je me suis vanté au passé de trouver mon prénom dans les listes de la loi du 1er avril 1801, et j’ai choisi un prénom composé exprès pour mon poisson d’avril… En anglais, ça se dit « dorer le lys » (gilding the lily) — continuer à ajouter à quelque chose quand ça ne sert plus à rien. C’est bien établi.

Mais le son de l’expression, avec sa répétition de « bon », m’a rappelé une autre expression, les « bobos ». Wikipédia dit ce que je savais déjà, que l’usage moderne vient d’un journaliste américain, David Brooks :

Ce mot-valise a été popularisé par le journaliste américain David Brooks, dans son livre Bobos in Paradise: The New Upper Class and How They Got There, publié en 2000.

Bourgeois-bohème

Je n’ai jamais lu le livre — mais j’ai lu l’article original qu’il avait écrit dans le magazine « The Weekly Standard » pour proposer l’idée avant d’écrire le livre. (Le magazine n’existe plus.) Je soupçonnais même à l’époque qu’il l’avait piqué des Français, sans crédit, et Wikipédia cite plusieurs exemples des XIXe et XXe siècles, dont « cette petite bourgeoise bohème et bon enfant » dans un roman de Guy de Maupassant. Brooks est le genre de personne qui connaîtrait une telle référence et aussi la cacherait.

Et de son tour, « bobo » fait aussi partie d’un titre qui me rend perplexe depuis longtemps, d’un morceau d’Alain Souchon. J’avais suivi un cours chez l’Alliance française sur lui, mais on n’avait pas discuté celui-ci. Lire les paroles ne m’avait pas aidé du tout. J’apprends enfin qu’il manque des mots ; il devait dire « Allô maman, j’ai un bobo » :

Au cours d’un séjour à la montagne, Alain Souchon, âgé de 27 ans, chute à ski, pris dans une avalanche. Son frère, guide de montagne, le rejoint alors et lui fait remarquer qu’il a « crié maman».

Allô maman bobo

S’il s’était habillé en polo de Ralph Lauren, il ne se serait jamais retrouvé dans une telle situation, si seulement car pas assez chaud pour skier.

Langue de Molière vous reverra la semaine prochaine avec une histoire d’aveugle.