Archives pour la catégorie Projet 30 Ans de Taratata

Je découvre Suzane

On continue maintenant le Projet 30 Ans de Taratata avec la première des trois femmes qui ont chanté avec Julien Clerc (Suzane, Marie-Flore, Sandrine Kiberlain). Les 3 travaillant à l’unisson, je ne pouvais distinguer personne pendant l’émission originale. Suzane ayant la plus petite discographie, on commence avec elle.

Suzane en concert, Photo par EddyLlrg, CC BY–SA 4.0

J’avais originalement planifié quelques blagues sur son choix de nom de scène, car c’est celui de mon ex. Mais il s’est avéré que j’avais des plaintes sincères cette fois, alors afin de les aborder de façon honnête, je les ai supprimées toutes.

Suzane est née Océane Colom à Avignon en 1990. Dès ses 7 ans, elle a commencé à étudier la danse classique, puis le chant au lycée. Mais la jeune Océane déprime au lycée et le quitte en terminale, sans obtenir son bac. Il faut ajouter que je compatis énormément. On a suivi des chemins très différents, mais être dépressif, c’est un combat de toute une vie.

On passe par presqu’une décennie entière perdue avant qu’elle ne reprenne sa carrière musicale, ayant découvert la musique électronique. À partir de 2018, elle commence à sortir des singles, à commencer avec L’insatisfait. Celle-ci montre du talent vocal, mais aussi une attitude qui est déjà fatiguée de la vie. Il faut noter qu’elle montre dans ce clip qu’elle se souvient bien de sa carrière de danse :

En 2020, Mme Colom sort son premier album, Toi Toi, qui comprend ses 4 premiers singles ainsi qu’une dizaine de nouveaux morceaux. Je dois vous dire, son style hyper-électronique n’est pas ma tasse de thé, mais j’ai presque tout écouté quand même. Suzane est parmi les gens les plus faciles à comprendre pour moi. Son articulation est excellente, et elle n’utilise pas trop d’effets pour sa voix, inhabituel dans ce genre.

Je note un autre single sorti avant le premier album, qui finit par en faire partie, l’éponyme « Suzane ». C’est une autocritique plutôt amère malgré son énergie, au point où j’aurais pu la prendre pour l’un de mes billets dans la série des boulettes. Encore une fois, je compatis :

Cependant, il faut dire qu’il y a des limites à mon empathie. Elle ne laisse aucun doute qu’elle déteste les hommes, ce que l’on entend clairement dans « SLT » :

Avec de telles paroles que :

Hey salut bonne meuf, t’es vraiment très charmante
Tu sais j’te mangerais pour le 4 heures, t’es si appétissante
J’te ferai pas la bise mais si tu veux on peut baiser

elle montre exactement ce qu’elle pense est le comportement des hommes. C’est ici où je dois aborder qu’elle est lesbienne, et ne cache pas ses avis sur ce sujet. J’essaie ici de garder mon objectivité, mais j’ai subi 3 ans de harcèlement aux mains d’une patronne lesbienne qui se moquait de mon statut de célibataire — devant des clients parfois — en offrant souvent des critiques des hommes en général. Elles ont le droit à leur avis, mais je ne m’intéresse pas trop à le payer.

C’est dommage car elle montre un sens de l’humour plutôt caustique dans « Le potin » :

Encore une fois, il y a de nombreux points forts dans son travail. Si je ne me sentais pas ciblé par sa colère, on pourrait bien s’entendre.

Son deuxième et dernier album, Caméo, sort en 2022. Il commence avec une autre chanson dirigée envers elle-même, intitulée « Océane ». Elle reconnaît son succès des deux dernières années, mais ça lui pose plus de problèmes :

Je suis plus sympathique à son point de vue qu’elle ne l’imagine. Les doutes et la haine de soi restent présents, même si elle commence à trouver une façon de vivre.

Le deuxième single de l’album, Belladonna, continue de montrer ses capacités en tant que chanteuse, même si je ne suis pas sûr que je l’aie compris. Sa voix reste en bonne forme

J’ai franchement adoré « Un ticket pour la Lune », où elle chante « Je suis pas à ma place, ; je serai peut-être mieux dans l’espace ». Quand elle traite des thèmes d’être mal à l’aise, elle a mon attention.

« La fille du 4ème étage », en revanche, est une autre histoire du comportement horrible et d’abus commis par des hommes. J’ai envie de savoir si ce sont ses témoignages de sa propre vie, ou si elle a juste du mal à imaginer qu’un homme pourrait ne pas être un monstre.

Cet album finit sur une note extrêmement inhabituelle. La chanson éponyme de l’album, « Caméo » dure moins qu’une minute et manque des instruments synthétisés. C’est une autre preuve qu’il y aurait un sacré album sans tous les appareils électroniques.

Que penser de Suzane ? Elle est une chanteuse talentueuse, peu importe son genre musical de choix. Il y a des moments puissants dans sa musique, et quand elle n’évoque pas certains sujets dont je suis sensible, je profite même de l’écouter. En même temps, je galère à imaginer que je me sentirais bien à l’aise à l’un de ses concerts. Je ne changerais pas de chaîne, mais je n’ai pas hâte d’aller à un concert non plus.

Ma note : je ne change pas de chaîne, mais c’est le plus que je peux faire.

Je découvre Julien Clerc

On continue maintenant le Projet 30 Ans de Taratata avec le prochain numéro sur scène, Julien Clerc avec Sandrine Kiberlain, Marie-Flore et Suzane, tous inconnus à moi avant le spectacle. Ils ont joué une chanson de Charles Aznavour, « For Me Formidable », suivi par le plus grand tube de la carrière de M. Clerc. J’écrirai sur les quatre, puis M. Aznavour. Mais je vous dirai tout d’abord que j’ai trouvé ces 8 minutes parmi les plus émouvantes de la nuit entière. Pas pour la première fois depuis le début de ce projet, je dis que quand 40 000 Français se montrent d’accord, je fais attention.

Photo du jeune Julien Clerc en 1976
Julien Clerc en 1976, Photo par Fotopersbureau De Boer, Domaine public

Commençons avec Julien Clerc, clairement la star de cette partie. Sa carrière étend de 1968 jusqu’aujourd’hui, et comprend 27 albums studio ainsi que 13 albums live. C’est trop pour mon format ; j’essaie de couvrir les points forts, mais c’est à vous de me dire s’il y a des erreurs hurlantes. Au-delà de sa relation avec l’actrice Miou-Miou, inévitable pour son effet sur sa carrière, je vais largement sauter sa vie personnelle. Vous avez certainement eu mon avis sur des situations pareilles.

Paul-Alain Leclerc est né en 1947 à Paris, dans une famille tragiquement comme celle de La Fille — ses parents ont divorcé 1 an et demi après sa naissance. Wikipédia note qu’il reçoit un prénom composé « son père souhaitant l’appeler Paul et sa mère Alain ». J’avais proposé Marie-Skywalker pour La Fille, et quelques mois plus tard, tout est parti en vrille, alors je comprends le lien. Il apprend le piano à partir de ses 6 ans, et plus tard prend la décision incompréhensible d’étudier l’anglais à la Sorbonne. Heureusement pour lui, c’est là où il rencontre Étienne Roda-Gil, qui écrira ses paroles entre 1968 et 1990. Et c’est en 1968 où il fait son début sous le nom Julien avec le disque « La Cavalerie », d’abord un single, et plus tard partie de son premier album, éponyme.

Ça pue la fin des années 60 ; faites la comparaison avec « Spinning Wheel » de la même année. Le son est identique, même si les mélodies, langues et paroles ne le sont pas. Avec son succès, il quitte la fac pour une carrière musicale.

Son deuxième album, Des jours entiers à t’aimer, contient la chanson la plus scandaleuse de l’histoire de la chanson française, à partir de son titre honteux, « La Californie » :

On sait qu’il n’avait jamais mis les pieds dans cet état à l’époque, car les paroles parlent de nos « palétuviers », une espèce qui ne pousse pas ici du tout. (Basse-Californie, au Mexique, c’est autre chose. Mais pas dans ma prison.)

Mais la Californie
Est si près d’ici
Qu’en fermant les yeux
Tu pourrais la voir
Du fond de ton lit

Paroles de La Californie

Je le pardonne après tout. Je la vois en ouvrant les yeux. Il était tout perplexe, c’est tout.

Les 5 prochaines années voient autant d’albums, à partir de Niagara et son tube Ce n’est rien, qui vend 200 000 exemplaires en tant que single :

J’adore cette chanson, et j’ai l’impression que les recherches pour ce billet n’est pas notre première rencontre. En revanche, je n’ai aucune idée d’où je l’aurais entendue. (Pas en voiture en France ; la radio était éteinte tout le temps pour les dormeurs.) C’est enfin un départ stylistique des deux premiers albums. « Si on chantait », le grand tube de son prochain album, en revanche, me donne l’impression qu’il écoutait trop Herb Alpert. Son cinquième album, Julien, prend plus de risques, comme Ça fait pleurer le bon Dieu, mais montre aussi qu’il connaît le marché — Poissons morts me rappelle Three Dog Night, mais plus vite. Beaucoup de cette période sent les États-Unis.

Puis, il sort « Terre de France », avec une chanson délicieusement française, qui n’aurait jamais connu les classements américains, pas avec cet accordéon — mais je l’adore — Danse s’y :

La chanson éponyme vaut la peine aussi.

Son septième album, dit Numéro 7, voit une chanson pour supplier de revenir à France Gall, qui l’avait quittée, Souffrir pour toi n’est pas souffrir. Beurk, cette chanson pue le jeune moi et ses sentiments guimauves. Mieux vaut écouter « This Melody« , qui semble tirer un peu son inspiration de « Your Song » d’Elton John, mais sonne complètement différent.

On saute à son neuvième album, Jaloux, avec sans doute le plus grand tube de sa carrière, Ma préférence. J’étais bouche bée à voir la réaction de la foule pendant Taratata — 40 000 personnes ont chanté avec lui comme personne d’autre cette nuit-là. Je pensais même à l’enregistrer moi-même pour YouTube. Même après avoir lu l’histoire entre lui et Miou-Miou — et mon attitude vers l’infidélité est bien exprimée sur ce blog — je dois avouer que c’est une réussite de premier ordre. Mais je suis la mauvaise personne pour exprimer ces sentiments.

Son dixième album en 1980, Quand je joue, est le final de sa collaboration avec M. Roda-Gil (qui n’a pas écrit Ma préférence). C’est une disque d’or, mais ne se vend pas comme Jaloux ; la même chose arrive pour Sans entracte cette même année.

C’est son deuxième album qui voit un retour aux hauteurs de Jaloux ; Femmes, Indiscrétion, Blasphème devient platine sur le succès de « Lili voulait aller danser », Little Richard mis à jour pour les années 80s :

Son prochain disque, Aime-moi, est aussi certifié platine en 1984, ainsi que sa suite, Les aventures à l’eau en 1987, et sa suite, Fais-moi une place en 1990. La chanson éponyme est écrite pour lui par Françoise Hardy, un effort de revenir dans la chanson française.

Julien Clerc réunit avec Étienne Roda-Gil en 1992 pour l’album Utile, encore une fois platine. Dois-je vous dire ce qui arrive pour Julien en 1997 ? Ouaip, platine. Mais je les trouve plutôt fades par rapport à ses premiers albums. Il y aura, cependant, un autre numéro 1 aux classements pour lui, Si j’étais elle, écrit à moitié par… Carla Bruni ? Je ne sais pas. La chanson éponyme est agréable, mais pas plus à mes oreilles.

En fait, c’est ici où j’arrête. Il reste d’autres albums, tous avec des ventes à envier, mais presque tous en duo avec beaucoup d’autres artistes. La dernière chanson vraiment la sienne qui m’intéresse était « Fais-moi une place ». Et ça va. La moitié de cette carrière serait une réussite étonnante.

Que penser de Julien Clerc ? D’une part, il y a beaucoup de comparaisons à d’autres artistes car il avait tendance à suivre les tendances. D’autre part, ça le gardait sur scène assez longtemps pour sortir de nombreuses contributions importantes à la chanson française. Chapeau, M. Clerc.

Ma note : J’achète l’intégrale.

Je découvre Joe Dassin

On continue maintenant le Projet 30 Ans de Taratata avec Joe Dassin. « Mais Justin », vous me dites, « vous avez été frappé à la tête par une boule de bowling ? Il est mort en 1980, et n’a pas apparu à la télé en 2023 ! » Oui, je sais, mais pour la première fois depuis le commencement du projet, on parle d’un artiste parce que sa musique a été jouée en reprise par quelqu’un d’autre pendant la diffusion, dans ce cas, Gaëtan Roussel, Matthias Malzieu et Sharleen Spiteri. J’avais dit au début que l’on allait faire exactement ça, en sautant tout artiste étranger. De cette façon, je peux ignorer Ed Sheeran, le résultat le plus important. Si c’est injuste envers Zucchero (qui j’aime bien) ou Mme Spiteri, tant pis.

Joe Dassin assis avec sa guitare
Joe Dassin, Photo par Agenzia Pitre, Domaine public

Vous avez sûrement remarqué que je n’ai pas répondu à la question de la boule de bowling.

Alors, Joe Dassin. Ici, on parle de l’artiste qui devrait être le plus « Coup de Foudre » de tous, parce qu’il était, en fait, américain, né à New York à 1938, et y habitant jusqu’à ses 12 ans. À cause de ça, j’ai dû absolument l’entendre parler anglais — voici une interview au Canada, tournée environ un an avant sa mort (selon les commentaires — la description ne mentionne rien) :

À vrai dire, il sonne presque exactement comme mon père, élevé juste au sud de New York, dans le New Jersey. (Les pauvres.) J’étais bouche bée, car même si je le savais avant, j’avais une impression qu’il devait acquérir un accent beaucoup plus français en y travaillant.

On appelle le fait que vous l’aimez quand même « l’espoir ».

Les Dassin se sont expatriés parce que son père était communiste (et franchement, vous ne devriez pas confondre le vôtres, qui se montraient des patriotes pendant la SGM, avec les nôtres, qui soutenaient les Allemands et ont donné nos secrets nucléaires à l’autre Joe, Staline). C’est donc comment Jules Dassin est devenu réalisateur en France, et après ses études universitaires, Joe est arrivé en France pour travailler sous lui.

En 1963, Joe Dassin rencontre Maryse Massiéra, une française avec des contacts chez CBS Records, qui lui aide à y obtenir un contrat. Entre 1964 et 1966, il sort 4 EPs (des disques vinyles avec 3-4 chansons), mais c’est seulement avec le quatrième où il sort enfin un single, Guantanamera. J’ai l’écouter, parce que je la connais très bien, cette chanson. Mais quelque chose ne va pas :

Je l’ai écoutée en me disant, « La mélodie est correcte, sa voix est agréable, mais les paroles sont toutes foutues. Qu’est-ce qu’il y a ? » Puis je me suis rendu compte — c’était en français. Il faut comprendre que je la connais depuis mon enfance, chantée à chaque fois par des mariachis ou autres chanteurs hispanophones, en espagnol. Peut-être que vous avez eu la même expérience en écoutant « My Way » de Frank Sinatra dont la musique vient de Claude François et sa « Comme d’habitude », mais les paroles sont en anglais (et n’ont rien à voir). En même temps, il épouse Mme Massiéra.

Son premier album en 1966, Joe Dassin à New York, comprend une sélection de chansons des 4 disques EP, notamment « Je change un peu de vent », ce que je connais en anglais sous le nom « Freight Train ». C’est déroutant pour moi, et un succès modeste pour lui.

1967 voit son premier vrai tube, « Les Dalton », qui traite du Far West (pourquoi Far, qui veut dire loin ? J’y habite.), premier single des Deux Mondes de Joe Dassin :

Je le trouve facile à comprendre, comme David Niven ou Tommy Duggan dans les films. Il me rappelle moi-même. Alors d’où les plaintes sur ma prononciation, hein ? (Je plaisante. Peut-être.)

À cette époque, il rate une opportunité en sortant un tube pour France Gall, Baby Shark, mais il l’intitulé en français, Bébé Requin, plutôt que la comptine qui a conquis le monde entier en 2017. (Sorti quand même en français plus tard.)

Pendant Les 30 Ans de Taratata, Vincent Delerm a chanté « Les Champs-Élysées ». Puis La Fille est revenue du lycée en la chantant aussi. Ça vient de son troisième album, dit Joe Dassin, mais surnommé pour cette chanson.

C’est… plus vite que ce que M. Delerm m’avait mené à croire. Mais tout ce dont j’ai vraiment besoin de savoir, c’est que toute l’arène chantait avec lui. Pas pour la première fois, je note que quand une arène pleine de Français sont d’accord et il ne s’agit pas de Jul, je fais attention. (Quand le livre sortira, je ne serai plus le bienvenu à Marseille, vu toutes mes blagues sur ce monsieur.)

Cet album nous donne aussi « Siffler sur la colline », la chanson jouée sur Taratata par les 3 artistes mentionnés au début.

Son quatrième album, en 1970, s’appelle aussi Joe Dassin, mais est connu aux fans d’après le plus grand tube d’y venir, La fleur aux dents :

C’est agréable, mais je commence à voir une formule répétitive : un tempo rapide, pas trop d’instruments (c’est pas les Beatles ici) et un refrain avec des « la la la » pour le public à chanter. En même temps, je commence à soupçonner que la réponse à la question de l’accent est qu’il est agréable si celui d’où il vient se considère beau. Ça expliquerait beaucoup de choses.

Personne ne va me convaincre que cet autre clip, « L’Amérique », du même album, est rien d’autre qu’une hallucination.

Son cinquième album s’appelle aussi Joe Dassin, mais est connu aux fans comme « Elle était oh », d’après son plus grand tube :

Je vous jure, j’avais écrit ce commentaire sur les « la la la » avant d’entendre celle-ci, qui commence avec « la da di la da di ». De toute façon, cette chanson est le seul tube de l’album, alors il change de direction.

Son sixième album s’appelle simplement Joe. Là, il retrouve du succès avec une chanson dite Taka takata — à ce point, les « la la la » sont le point. C’est une reprise d’un tube espagnol.

Ce n’est pas seulement moi qui s’ennuie de la formule. Ses deux prochains albums ne connaissent pas de grand succès, mais sa triomphe ultime arrivera prochainement, L’été indien, un single sorti tout seul, puis sur une nouvelle version de son huitième album.

Il ne quitte pas toutes ses habitudes — la moitié des paroles sont juste « Ba da da » (à mes oreilles) encore et encore. Mais c’est un « slow » avec des narrations, plus pensif que ses prédécesseurs.

Mais il ne connaîtra qu’un succès de plus, avec son dixième album en 1976, Le Jardin de Luxembourg, double disque d’or qui voit deux tubes, À toi et Le café des 3 colombes. Cet album est sorti la veille de ma naissance ; désolé, ce qui suit est probablement de ma faute en quelque sorte.

En 1977, il rencontre une jeune rouennaise, Christine Delvaux, et décide de l’épouser. D’habitude, je lui féliciterais pour ça. Mais comme j’ai mentionné avant, il était déjà marié à la femme qui a…euh… fait sa carrière. Les deux divorcent, et il épouse la rouennaise (encore une fois, un bon choix, c’est l’infidélité qui me dérange). Malheureusement, il a aussi vécu une vie de star, avec des drogues, et avait aussi des problèmes cardiaques depuis son adolescence. Début 1980, il y a un deuxième divorce, mais des mois plus tard, il est mort d’une crise cardiaque.

Que penser de Joe Dassin ? Il me semble que mes notes habituelles ne s’appliquent pas ici. D’une part, je trouve beaucoup de sa musique répétitive, et je ne peux que soupçonner qu’une partie de sa popularité vient d’être un bel étranger avec un accent intéressant. Si on veut dire que je suis jaloux que ce qui est pour moi une barrière soit pour lui un atout, je ne le contesterai pas. D’autre part, on trouve plusieurs classiques de la chanson française ici, et pour ça, tout le monde, apparemment même Maryse Massiéra, peut pardonner le reste.

Je découvre Dionysos

On continue maintenant le Projet 30 Ans de Taratata avec le groupe qui jouait avec Louise Attaque, Dionysos. Les deux ont apparu en même temps pendant les années 90s, alors on s’attendrait à certaines similarités. Le groupe se fait remarquer pour écrire en anglais autant qu’en français — si on pensait que ça vaudrait quelque chose chez moi, on aurait tort. D’autre part, j’ai craqué pour Jeanne Added, alors on ne sait jamais. Mais je vous donnerai un divulgâcheur : je leur dénonce à la fin, pour des raisons politiques, alors si ça vous dérangerez, arrêtez ici.

Répétition de Dionysos et Louise Attaque sur le plateau de Taratata
Répétition de Dionysos et Louise Attaque sur le plateau de Taratata, Capture d’écran, ©️Banijay et France 2

Leur premier album, Happening Somgs, sort en 1996. Tous les titres sont en anglais, mais je vous préviens — des titres comme « No Sense Words Harmony », « Children of My Walk » et « Socks Tears » sont soit des fautes soit du n’importe quoi. J’ai essayé de commencer avec « Socks Tears » (Chaussettes Larmes) juste parce que le nom est si bizarre, mais ça n’existe pas sur Internet. J’ai réussi à trouver « Children of My Walk » (Les enfants de ma balade) :

Ça sonne comme si Nirvana avait un saxophone dans le groupe, avec toute la distorsion qui allait avec. Quant aux paroles, elles n’ont rien à voir avec le titre. On peut les lire avec une traduction ici. Je passe par-dessus du reste de cet album, parce que je trouve ce genre de chose prétentieux à go-go.

Leur prochain album, The Sun is Blue Like the Eggs in Winter, sort en 1998. Le titre veut dire « Le soleil est bleu comme des œufs en hiver » — ne me regardez pas comme ça, je n’ai rien bu ! Un single sort de celui-ci, « Ciel en sauce », ce qui veut dire… oups, c’est en français, vous le comprenez déjà. Ou pas. De toute façon :

La chanson commence une version sifflée d’une chanson américaine de Noël, « I’m Dreaming of a White Christmas », dont je vous ai parlé l’année dernière. Les paroles n’ont rien à voir avec ses contenus. Il suffit de citer une phrase « Tu vomissais des fleurs fanées ».

J’ai trouvé un clip de deux chansons jouées en live en 1999, Coccinelle (de leur troisième album, sorti cette année-là) et celle que je cherchais, « Frog = Electric Torch » (Grenouille = Lampe de poche — merci de ne plus me regarder comme ça, je ne suis que le messager !)

Le groupe ne manque pas d’énergie en live. Je suppose qu’il fallait être là.

Ça nous amène au troisième album, Haïku. Coccinelle était un single, mais aussi « 45 Tours » :

Enfin, quelque chose de presque normal ! Ça me rappelle les Red Hot Chili Peppers ou Stone Temple Pilots de 5 ans plus tôt, et ce n’étaient pas mes préférés, mais au moins je ne me sens plus comme j’écoute une blague pourrie. Les paroles ont même un peu de la poésie. (Je me sens horriblement mal placé à juger la poésie en dehors de l’anglais.) Mais ne vous inquiétez pas, « Asshole Car Orchestra » (Saligaud Voiture Orchestre) prouve qu’ils sont toujours…euh… Dionysos.

C’est leur quatrième album, Western sous la neige, qui donne le groupe son premier disque d’or et le plus grand tube de sa carrière, Song for Jedi. Cette chanson, enregistré dans du franglais le plus pur, a quelque chose de spécial. C’est nostalgique pour l’enfance, et de jouer dans la peau de nos héros. Je me souviens certainement de vouloir être Luke Skywalker, alors ça me parle comme rien d’autre dans leur discographie.

Honnêtement, « Don Diego 2000 » du même album est aussi pas mal. « Surfin » Frog » est une reprise plus énergétique de Grenouille = Lampe de poche, toujours en anglais afin que le public français ne comprenne pas à quel point c’est juste bizarre.

Leur cinquième album, Monsters in Love (Monstres amoureux) sort en 2005. Le premier single, « Tes lacets sont des fées », est l’un des clips les plus hallucinants que j’ai vus :

Les images ont très peu à voir avec les paroles, le clip racontant l’histoire d’une femme et une sorte d’oiseau-garou qui joue de la guitare, les deux étant avalés par un monstre de la taille d’un gratte-ciel. La musique est presque douce par rapport à leurs anciens pistes.

Mais ici tout part en vrille.

« Le retour de Bloody Betty » est une chanson assez violente, mais j’avoue que je n’ai rien compris. Puis j’ai lu les paroles. Je citerai un peu :

Happy death day to you Mister President
Crêve moi les trois d’un coup:
BenSadam, Laden, Bush
Sauve-nous petit allumette, frotte toi contre le ciel,
Eclaire nous
Où sommes-nous?
Sadam is et bush à bush

Le retour de Bloody Betty

C’est ici où j’arrête, malgré le fait qu’il reste 4 autres albums. Je considérais déjà la grande majorité de leur discographie une blague genre « Fontaine » de Marcel Duchamp, mais je ne me sens pas du tout obligé de soutenir ça. Je vous ai parlé avant du fait que les éditions et journaux américains le considèrent prestigieux et de l’art à publier des fantasmes de tuer les hommes politiques républicains, mais une acte de lèse-majesté de publier de tels fantasmes sur l’autre parti. Par ce chemin se trouve notre prochaine Guerre civile.

C’est dommage. J’aimais assez bien « Song for Jedi », mais j’ai supprimé une belle partie de ma collection de musique en 2020 parce que j’ai ma ligne rouge, et Dionysos l’a croisée autant que les autres.

Ma note : Zéro.

Je découvre Louise Attaque

On continue maintenant le Projet 30 Ans de Taratata avec les deux groupes qui ont joué sur scène après le quatuor d’Eddy Mitchell. Cette fois, c’est Louise Attaque ; la prochaine fois sera Dionysos. Les deux ont été rejoint par Sharleen Spiteri du groupe écossais Texas (le Texas étant fortement lié à l’Écosse, évidemment), mais je vous rappelle que les étrangers ne font pas partie de projet écrit par…euh…laisser tomber. Cette fois, notre sujet est Louise Attaque, représenté sur scène par leur chanteur, M. Gaëtan Roussel. Il a toute une carrière soliste, mais j’écris seulement sur le groupe.

Louise Attaque, Photo par Kevin Decherf, CC BY-SA 2.0

Je dois avouer tout d’abord — M. Roussel est l’exception à ce que je dis parfois, que vous avez presque tous des voix d’anges. Je l’ai entendu pour la première fois quand j’ai regardé Taratata pour la première fois en 2020, et j’ai écrit à l’époque, « Gaëtan Roussel, Kimberose, et Lous and the Yakuza, je ne les aimais pas. » Une autre fois, j’ai écrit « On avance avec Hannibal Lecter…Je sais, c’est en fait M. Gaëtan Roussel. Mais vous le voyez maintenant aussi. » Le plus récemment, j’ai dit « Il est le cas, tellement, absolument le cas que je peux écouter n’importe quel Français pas nommé Gaëtan Roussel pendant toute la journée. (Il gratte les oreilles. J’ai essayé, j’ai vraiment essayé.) » Je ne l’ai pas mentionné à l’époque, mais cette dernière fois, je venais d’écouter une interview avec lui par Éric Jean-Jean sur RTL. J’ai vraiment essayé.

Mais c’est aussi le cas que des 4 chansons jouées par ce trio, c’est M. Roussel chantant « Song for a Jedi » (de Dionysos) que j’écoute la plus jusqu’à maintenant. Alors, je crois que je peux le traiter justement.

Louise Attaque a été fondé en 1994 à Paris, par M. Roussel, Arnaud Samuel, Robin Feix et Alexandre Margraff, après l’échec d’un autre groupe de Messrs Roussel et Feix.

On commence avec son premier album, intitulé aussi Louise Attaque, sorti en 1997. C’est l’un des plus grands réussites de l’histoire française, ayant vendu 2,8 millions d’exemplaires dans un pay où 100,000 en suffisait pour un disque d’or à l’époque. (C’est maintenant seulement 50 000.) Et de cet album, le plus grand tube est certainement Je t’emmène au vent :

Vu que M. Roussel a 23 ans de moins ici que ma première expérience de lui, je dirais que sa voix a bien changé depuis ce temps-là. Il me rappelle horriblement Gordon Gano du groupe américain Violent Femmes, et quelle coïncidence, devinez qui était co-producteur de l’album. Ouaip. M. Gano. J’aime bien le violoniste, M. Samuel, sur ce piste, mais je trouve le tout plutôt fatigant.

Il y a a deux autres gros tubes de l’album. « Léa », l’histoire d’une femme qui n’est pas terroriste — c’était très important, vu le nombre de fois où c’était répété dans les paroles — est plus agréable à mes oreilles que « Je t’emmène » :

« Ton invitation », bloqué aux États-Unis à cause des droits d’auteur (je l’ai écoutée avec mon logiciel VPN) est aussi plus agréable à écouter. Mais le clip est déroutant à souhaits, avec des scènes de violence domestique qui se transforment en « lucha libre », le catch mexicain.

Le prochain album du groupe, « Comme on a dit », gagne la Victoire d’album rock de l’année. J’aime assez bien la chanson du titre — encore une fois, c’est le violoniste qui a mon attention, et M. Roussel est moins en vue dans le mixage :

« Pour un oui pour un non » est encore une fois une chanson où j’aime très bien le travail de M. Samuel, et la musique en général reste agréable :

J’aime sincèrement le premier morceau de l’album, « Qu’est-ce qui nous tente ? » : positif, pas geignard du tout, même M. Roussel ne me dérange pas ici :

« À plus tard crocodile », leur troisième album, me semble une référence au tube de Bill Haley des années 50, surtout vu qu’il y a une chanson dite aussi « See you later alligator » sur l’album. Mais elle ne partage que le titre, et je la trouve simplement bizarre. « Depuis toujours », en revanche, classée 41e en France en tant que single, je trouve aussi agréable que « Qu’est-ce qui nous tente ? ».

Le groupe se sépare après cet album, et ne réunira que jusqu’en 2015 pour enregistrer leur quatrième album, Anomalie, qui gagnera aussi une Victoire de meilleur album l’année suivante. La chanson du titre sent l’angoisse adolescente bien que les membres du groupe ont tous leurs 40 ans à l’époque. C’est quand même pas mal :

On dirait pareil du morceau « Du grand banditisme », mais je ne pouvais même pas finir « Avec le temps ». Le changement de la voix de M. Roussel est en pleine vue ici, et je ne peux pas.

Ça nous amène au cinquième et plus récent album, Planète Terre, sorti en 2022. Le premier morceau de l’album, « Sortir de l’ordinaire », a encore du bon travail du violoniste. M. Roussel parle plutôt que chante, un peu comme Grand Corps Malade. « La Frousse » est vraiment pas mal, et il chuchote plutôt que chante :

La dernière chanson que j’ai écoutée de l’album, « Grazie », est pareil, sauf avec quelques paroles en italien.

Que dire de Louise Attaque ? Je soupçonne que M. Roussel partage mon avis que quelque chose d’horrible est arrivé à sa voix. Les techniques de production des 3 derniers albums ont tendance de cacher ce que je n’aime pas. Le violoniste est un point fort. Mais j’ai assez écouté de M. Roussel en live (au moins en direct, pas en personne) que je sais que je trouve sa voix insupportable. En même temps, on ne parle pas de la version musicale du troisième volet des Visiteurs. C’est plutôt les escargots de la musique française — je ne peux pas partager votre avis, mais ça ne baisse pas du tout mon affection. Pourtant, vu que le deuxième rang de notre échelle est « J’irais au concert si vous avez une place de trop », et ce n’est pas vrai…

Mon avis : Je change de chaîne, mais avec tristesse.

Je découvre Paul Personne

On reprend enfin le Projet 30 Ans de Taratata avec le dernier membre du quatuor qui a joué des chansons d’Eddy Mitchell, Paul Personne. J’avais déjà entendu parler de lui grâce à ce post de Juliette qui avait attiré mon attention. Mais je n’étais pas quand même préparé pour cette représentation-là, qui a garanti que je n’allais nulle part.

Photo de Paul Personne devant un micro, avec une guitare acoustique
Paul Personne, Photo par Georges Seguin, CC BY-SA 3.0

Paul Personne est né René-Paul Roux en 1949 à Argenteuil, ou comme dirait le reste du monde, Paris. Sa famille lui a acheté un accordéon, erreur catastrophique qui a failli priver le monde d’un excellent guitariste. Heureusement, il l’a rejeté et s’est mis à apprendre la batterie. Mais les années 70 ne voient pas de grand succès pour le jeune René-Paul, et il travaille en tant que mécanicien alors que 3 groupes de suite viennent et partent. Ici, on ne considère que sa carrière en tant que soliste, qui s’est lancée avec l’album « Paul Personne » en 1980. (Wikipédia insiste que l’album s’appelle « Faut que ça bouge », mais son site officiel donne son nom de scène. Je dirais que c’est lui l’expert sur soi-même.)

Qu’est-ce que l’on entend dans cette première chanson, titre de l’album ou non ? C’est le blues comme on l’aurait trouvé dans n’importe club à Chicago des années 60, mais en français. Tout comme le jeune Eddy Mitchell, sa carrière se lance sur des copies du style qui l’inspire. Mais c’est un bon début, et très agréable à écouter :

Un autre point fort, c’est « Je vis avec le blues », paradoxalement plus rock malgré le titre.

J’ai eu du mal à trouver les crédits pour son deuxième album, « Exclusif », mais sa bande a évidemment grandi, parce que là où tout était des guitares, de la batterie et un clavier, il y a maintenant une saxophone aussi. J’applaudis le choix, et non pas seulement car je suis aussi saxophoniste — « Comme un étranger » est plus intéressant, plus mélodique que son premier album.

Je ne pouvais pas trouver l’enregistrement original de « Ça va rouler », autre morceau du même album, mais la version en live liée ici montre que sa technique était déjà devenue plus compliqué, avec des arpèges partout.

Ses capacités en tant que guitariste continuent de s’améliorer avec son troisième album, « Barjoland », sorti en 1984. On peut toujours entendre des influences de la musique américaine des années 60, mais maintenant je dirais que l’on parle de The Ventures, un groupe renommé pour son talent musical.

Un point moins fort pour Paul Personne, c’est sa voix. Il a une voix très râpeuse, ce qui marche bien dans ses genres préférés, mais quand il a sorti 24/24, un album très années 80, il comptait sur sa voix comme son instrument principal. « Faut qu’j’me laisse aller » et « Frankie et Johnny » sont dures à écouter et je n’ai pas profité de cet album.

Il me semble que son équipe était d’accord. Après une pause de 4 années, en 1989, il sort « La chance », album qui montre une technique d’enregistrement pas vue avant chez lui : l’effet chorus, qui donne l’impression de plusieurs chanteurs, et a tendance de réduire les sonorités râpeuses. Écoutez sa voix sur la chanson du titre, et l’effet est bien clair :

« Comme à la maison », sorti en 1992, est un album très inhabituel — enregistré tout seul chez lui. Je l’aime moins — alors qu’il y a des chansons jouées de façon acoustique (Vagabondage) et électrique (Serenity Street), elles ont en commun le sens d’être ce que l’on entendrait d’un musicien (ou deux) au coin de la rue. Je suppose que c’est authentique aux racines des blues, mais c’est un vrai départ du reste de ses œuvres à ce point.

« Rêve sidéral d’un naïf idéal » est encore une fois un changement de direction. Cette fois, on le voit en mode « Steely Dan« , hyper-raffiné avec de nombreux musiciens pour l’accompagner. « Un Tax’Man pour l’Île au Trésor » aurait pu apparaître dans l’album Pretzel Logic. Mais pour moi, le grand régal de l’album est « Jet Set Boogie », du rock sur un tempo rapide, mais en même temps moins bruyant que ses premiers albums. Ça montre très clairement sa virtuosité à la guitare :

On saute plusieurs années jusqu’en 2000, à « Patchwork électrique », enregistré avec une collection énorme de collaborateurs, dont un rappeur pour la première fois (qui est là pour des effets « scratch », pas pour chanter). C’est plus du mélange de rock et de de blues que l’on attend chez lui à ce point, mais je note un changement dans la qualité de sa voix. De la chirurgie ? Des leçons ? Je ne sais pas, mais c’est beaucoup moins râpeuse. Je la trouve très agréable :

Il reste –incroyablement — une quinzaine d’autres albums après ça, mais beaucoup sont des concerts ou « best-of », alors on finira avec « Puzzle 14 », sorti en 2014. Regardez l’art de l’album dans ce clip de « Mainmise » — pour lui, c’est toujours 1970, si avec des techniques de production modernes, et honnêtement ? Je l’adore pour ça. Paul Personne a une vision très particulière de ce qu’il aime, il y reste fidèle, et au fil de sa carrière, il la fait de mieux en mieux.

C’est très facile à comprendre pourquoi Nagui l’a choisi pour accompagner Eddy Mitchell. Il est un peu plus jeune, sa carrière n’a vraiment pas commencé que presque 20 ans après Eddy, mais les deux sont « deux petits pois dans la même gousse », comme on dit en anglais. Je vous ai dit qu’Eddy Mitchell représente un de deux chemins vers la France, celui des bilingues et de la culture américanisée. Paul Personne joue absolument sur ce chemin. Mais il fait son travail avec tant de passion, tant de dévouement, que je ne peux que l’aimer pour ça.

Ma note : J’achète l’intégrale.

Je découvre Thomas Dutronc

On continue le Projet 30 Ans de Taratata avec un des musiciens qui a apparu sur scène avec Eddy Mitchell, Thomas Dutronc. Ça fait deux mois depuis notre dernière entrée dans cette série, pas du tout attendu !

(Attention aux lecteurs hors France : j’ai dû utiliser un logiciel VPN pour regarder la majorité des clips en me faisant passer pour un résident de France — non, encore plus que d’hab. Il y a un risque qu’ils ne soient pas disponibles dans votre région sans de l’aide.)

Thomas Dutronc (à droite), Photo par
Benoît Derrier, CC BY-SA 2.0

Thomas Dutronc est à une couronne près d’être de la noblesse dans la musique française, étant le fils de deux légendes, Françoise Hardy et Jacques Dutronc. On penserait que ses parents auraient tout préparé pour lui, mais en fait, il n’a pas appris la guitare, son instrument principal, jusqu’à ses 18 ans, inspiré non pas par ses parents, mais par Django Reinhardt.

J’étais absolument fixé par sa voix pendant « La Dernière Séance » des 30 Ans de Taratata, alors j’avais plus hâte d’écrire ce billet que les délais ne suggéraient. C’est intéressant à noter que ses premiers pas dans « l’industrie » ont été en tant qu’écrivain pour son père avec « À part ça » en 1995. Il me semble q’il n’a pas joué ni chanté pour l’enregistrement. Pendant la décennie à suivre, il a écrit de la musique pour plusieurs films, dont Toutes les filles sont folles en 2003 (gagnant du prix de meilleur bande originale au Festival de Paris-Île de-France, et Les Enfants en 2005. Il a aussi joué sur des albums de sa mère, notamment 4 pistes de l’album Tant de belles choses en 2004. Si j’ai bien compris les crédits, c’est Thomas en tant que soliste sur la guitare électrique de 1:00-1:20 dans « La folie ordinaire » :

Mais c’est seulement en 2007 où un album enregistré sous son nom voit le jour, Comme une manouche sans guitare. C’est une réussite absolue — 425 000 exemplaires vendus, 2 fois nominé aux Victoires de la musique en 2008, et gagnant d’une Victoire en 2009 pour la chanson du titre. La voilà :

J’adore. Si les choix de production me semblent un peu bizarres — il y a trop d’échos pour sa voix — la mélodie est séduisante et son travail avec sa guitare est de première classe. Écoutez son solo à partir de 0:50 — fortement dans la tradition du jazz et à haut niveau technique. J’aime aussi « J’aime plus Paris », qui n’a pas d’effets bizarres pour sa voix, et tous les mêmes points forts :

Il suit cet album en 2011 avec Silence on tourne, on tourne en rond. Si c’est moins d’une réussite que son début, il vend quand même 185 000 exemplaires. C’est un album un peu plus électrique, à ne pas dire électronique (on ne parle pas de synthétiseurs), que son prédécesseur.

Je n’ai absolument aucune idée de ce qui se passe dans le clip pour « Turlututu », mais la musique reste très agréable :

Par rapport aux deux premiers albums, son Éternels, jusqu’à demain doit être considéré un échec, même s’il reste quand même un disque d’or de 55 000 exemplaires. « Croc madam », écrit pour lui par Matthieu Chedid, est simplement bizarre :

Chez les yé-yé, une reprise d’une chanson de Serge Gainsbourg, est bien fait — et oh là là, mais la batterie sonne en direct des années 60 — mais ça ne sonne pas comme le Thomas Dutronc des deux premiers albums. Mais je suis paradoxalement fier de lui pour celle-ci ; on en reparlera à la fin.

Même quand il sonne comme lui-même, avec son titre original « J’me fous de tout », il y a un manque de l’énergie des deux premiers albums. C’est agréable, mais l’expression « je t’emmerde » n’est pas censée être aussi agréable que ça !

En 2020, il sort Frenchy, un album de reprises de chansons françaises, souvent en duo ou en trio avec des collaborateurs inattendus. Voici Iggy Pop et Diana Krall — les deux autrement déjà dans ma collection — avec lui pour « C’est si bon » :

J’ai halluciné « La Vie en Rose » avec Billy Gibbons, non ? Le M. Gibbons de ZZ Top qui a chanté La Grange :

Sur le même album, il fait pour Daft Punk ce que Paul Anka a fait pour Nirvana :

Je ne peux pas mentir, j’ai le même sentiment ici qu’ailleurs — à mon avis, vous avez les plus belles voix au monde, mais je préfère vous écouter en français.

Son dernier album est en duo avec son père, Dutronc et Dutronc, sorti en 2022. Je dois avouer que je me trompe depuis 4 ans déjà — je croyais que « L’opportuniste » était à Indochine ! Ça m’apprendra à lire les crédits !

Je n’ai pas envie de critiquer cet album, qui a vendu seulement 50 000 exemplaires aussi. Quand on voit les deux ensemble, comme sur Taratata, il est évident qu’ils ont dû le faire en ce moment-là ou jamais — Dutronc père n’a pas âgé comme Eddy Mitchell.

Mais c’est ça la raison pour laquelle j’ai dit que j’étais fier de Thomas Dutronc pour « Chez les yé-yé ». S’il voulait être l’enfant de népotisme, il aurait enregistré un album en 1995 intitulé « Yé-yé moderne », en duo avec chacun de ses parents, une chanson en trio, le tout aurait vendu 1 million d’exemplaires, et vous n’auriez plus jamais entendu parler de lui. Il a fait son tout pour gagner sa propre place, dans un style très différent de ses parents, et il n’a pas revisité leurs carrières jusqu’au moment où il a vraiment eu la sienne. J’ai tout le respect au monde pour son parcours.

Que dire enfin ? Si je suis honnête, sa voix est plus plaisante que puissante, mais en tant que guitariste et auteur, il ne doit d’excuses à personne. J’ai profité énormément de cette expérience, j’irais à ses concerts avec plaisir, et si « je ne prendrais pas l’avion », je serais ravi de le retrouver pendant un voyage d’une semaine.

Ma note : J’achète l’intégrale.

La légende, M. Eddy Mitchell

On continue le Projet 30 Ans de Taratata avec un des deux articles pour lesquels j’ai conçu tout le projet. D’habitude, j’intitule ces articles de même façon que le Tour des Départements, mais ce titre est lié à l’expérience de le découvrir. Revenons sur le plateau de Taratata ce soir-là :

©️France TV/Air Productions

Écoutez les introductions des 4 chanteurs. Les trois premiers sont les bienvenus, mais l’approbation de la foule dès qu’elle reconnaît Eddy Mitchell est tout autre chose. En général, si 40 000 Français se montrent enthousiastes pour quelque chose, je fais attention. (Il y a des limites. Si Jul remplissait le Stade de France, je secouerais la tête.) Mais les 8 minutes qui ont suivi, elles étaient magiques, et j’ai eu des larmes aux yeux durant toute la représentation.

©️France TV/Air Productions

Ce que j’ai vu ce soir-là a dépassé l’interprétation de deux chansons. Il faut vraiment écouter M. Mitchell quand il présente les solistes. Il a du charisme. À Hollywood, on parle d’une certaine qualité de présence sur scène qui commande l’attention au public, « it » (ça, mais non pas le clown de M. Stephen King). Le magazine Cosmopolitan l’a défini comme ça :

That quality possessed by some which draws all others with its magnetic force.

Cette qualité possédée par certains qui attire tous les autres avec sa force magnétique. (Ma traduction)

It, Wikipedia en anglais

Seulement 3-4 personnes m’ont frappé avec « it » dans toute ma vie. Nicola Sirkis, absolument ; Geddy Lee, le chanteur de Rush ; l’actrice américaine Miki Yamashita, peut-être. Puis, Eddy Mitchell.

Passons à la musique. Eddy Mitchell, de son vrai nom Claude Moine, est né en 1942 à Paris. Jeune, il travaillait pour une agence de Crédit Lyonnais près du célèbre club Golf-Drouot (mentionné dans Les 7 Jours de Pékin). C’est là où il lance sa carrière de chanteur, avec un groupe dit Les Chaussettes noires. Il adopte son nom de scène d’après l’acteur Eddie Constantine, et l’idée que Mitchell sonne plus américain que Moine (quoi, il n’a jamais entendu parler de la capitale de l’Iowa ?) Et pourquoi avait-il besoin d’un tel nom ? Parce qu’à l’époque, en 1961, il chantait du rock américain traduit en français, tel qu’Eddy sois bon, traduction hyper-littérale de Johnny B. Goode par Chuck Berry :

Il serait impossible de passer par chacun de ses 39 albums de studio, peu importe ses 16 albums en live. J’ai essayé de sélectionner des chansons représentantes, mais à vous de me corriger.

Ses premières années en tant que soliste, 1961-64, voient la sortie de 3 albums de reprises de la musique d’artistes américains, les Gene Vincent et les Elvis du monde. Même avec son 4e album, Toute la ville en parle…Eddy est formidable, où il y a enfin plusieurs de ses propres textes, son plus grand tube est une reprise de Burt Bacharach :

En 1966, il sort enfin un album qui est largement de sa propre musique. Perspective 66. Voici un de ses singles de l’album, écrit par Eddy lui-même. En tant qu’anglophone qui a grandi avec les versions originales de ses albums précédents en boucle grâce à deux parents qui ne connaissaient que la radio nostalgique, je me sens quand même tout à l’aise avec celle-ci — il comprend très bien le style et n’a plus besoin de copier :

Fin 1966, Eddy Mitchell sort un des plus grands tubes de sa carrière, J’ai oublié de l’oublier. La représentation ici est de 2000, et montre exactement pourquoi je suis tombé amoureux de lui aussi vite — il n’a pas la voix la plus spectaculaire, mais il a de l’autorité :

Au début des années 70, on le retrouve pleinement dans le style de l’époque ; C’est facile, son tube de 1971 sonne comme une centaine d’autres choses, Soulful Strut avec des paroles. Je regrette de vous dire que « Le coup de foudre » ne m’en a pas donné un. Mais le meilleur est à venir.

En 1974, il sort Rocking in Nashville, selon Rolling Stone le 59e meilleur album de rock français, même si c’est largement des reprises de Chuck Berry. 1976 voit Sur la route de Memphis, ce que Rolling Stone met à la 18e place. Avec de telles chansons que Je suis parti de rien, celle du titre, et Je me fais mon Western, il adopte pleinement le style du genre country.

Je dois vous dire, cet album est en français, mais c’est peut-être la chose la plus américaine que j’aie entendu. Je n’ai pas parfaitement compris les paroles — j’ai toujours besoin de l’aide pour ça, même en anglais — mais je ne les ai pas cherchées. Pas besoin. Eddy, où étiez-vous toute ma vie ?

En 1977, il sort son plus grand tube, La dernière séance, ce qui deviendra le générique d’une émission à la télé pendant 17 ans. J’aime bien la version originale. Mais avec sa voix âgée, accompagnée par Personne, Bauer et Dutronc, cette chanson frappe avec le son de l’expérience, de la vraie nostalgie — et j’ai été fixé pendant le tout. Voici un extrait, ou vous pouvez tout regarder sur le site de Taratata à partir de 27:25.

Après son tour vers la télé, il continuait d’enregistrer de nouvelle musique. Happy Birthday Rock’n’Roll, de 1981, me rappelle énormément Old Time Rock & Roll de Bob Seger, Mais ce n’est pas du tout une reprise. Et je l’adore autant que son équivalent américain :

On va sauter par le reste pour conclure avec quelque chose d’extraordinaire, La même tribu, sorti en 2017. 17 artistes, dont Johnny, Laurent Voulzy, Pascal Obispo, les Dutronc, et Alain Souchon, l’ont rejoint pour une chanson qui est un résumé de sa carrière, et même de la chanson française pendant les 50 dernières années. Très peu de monde auraient pu attirer la participation de ce groupe de légendes.

Je vous ai dit avant qu’il y avait deux chemins que j’aurais pu suivi, celui des bilingues, la France qui est tellement influencée par le monde anglophone, ou un autre — j’hésite à dire plus pur — inaccessible aux étrangers sans se donner corps et âme au projet. Sur le premier chemin, on trouve Paris, Pierre Hermé, La classe américaine, et Johnny. Sur le deuxième, on trouve la Lozère, Maïté, Ni vu ni connu, et Georges Brassens. Eddy Mitchell est le symbole ultime du premier chemin — la langue est différente, mais j’y reconnais mon passé plus que nulle part ailleurs. Pourtant, quand il ne copie pas, sa musique escalade les hauteurs, et il commande tout le respect dû à une légende.

Ma note : JE PRENDS L’AVION ! (Au moins, je l’aurais fait s’il n’avait pas déjà pris sa retraite.)

Je découvre Juliette Armanet

On continue le Projet 30 Ans de Taratata avec la dernière de la trio avec Jain et Jeanne Added qui a chanté une chanson de No Doubt pendant le spectacle. Cette fois, c’est Juliette Armanet.

Juliette Armanet, Photo par Selbymay, CC BY-SA 4.0

Je dois avouer que je trouve ce choix un peu bizarre de la part de Nagui. Les deux autres chanteuses travaillent largement en anglais, alors une chanson en anglais pour eux est logique. Il n’y a rien de mal chez Mme Armanet, qui est bien capable en tant que chanteuse, c’est juste que l’on va voir que son catalogue ne suggère pas qu’elle aurait choisi ce matériel elle-même. En revanche, Nagui a un talent pour mettre des artistes inattendus ensemble et produire quelque chose de spécial.

Juliette Armanet et né en 1984 à Lille, dans une famille de musiciens. Cependant, après des études de littérature, elle est devenue journaliste qui apparaissait sur Arte, France Culture, et TF1. Mais en 2014, elle est finaliste dans un concours organisé par Les Inrockuptibles, magazine consacré à des virelangues (vu son nom). Ça suffit pour lui gagner un contrat avec la maison de disques Barclay, où elle sort son premier album, Petite Amie, en 2017.

Les critiques sont épatées. Libération fait la comparaison à Voulzy, Balavoine et Gall ; Paris Match dit qu’elle prend sa « place dans l’orbite de Véronique Sanson, William Sheller ou Alain Souchon ». Si on veut attirer mon attention, « l’orbite de Véronique Sanson » est sans doute la meilleure expression pour le faire. J’ai donc commencé avec L’Amour en Solitaire, parue avant l’album dans Marie et les Naufragés, un film de 2016 où elle joue une chanteuse de karaoké (et chante sa propre chanson inédite) :

La comparaison avec Mme Sanson est facile à voir. Elle a une jolie voix et joue de son propre piano, mais pour moi, tout arrête là. « Chanson sur ma drôle de vie », le monument contre lequel toute telles comparaisons seront jugées, a une mélodie inoubliable et des paroles de génie. L’Amour en Solitaire est agréable, mais loin de grimper cette montagne-là ; 10 secondes après la fin, je ne pouvais plus me souvenir du refrain.

Pourtant, avec de telles critiques, elle allait avoir toute opportunité pour me convaincre. L’Indien pourrait peut-être survivre une comparaison avec la chanson « De l’autre côté de mon rêve » ; il y a un thème qui propulse la chanson de même façon, mais encore une fois, la musique n’est simplement pas à cette hauteur. Sous la pluie et À la folie sont agréables mais pas plus. Cavalier seule, en revanche, joue avec une mélodie dissonante, et c’est intéressant pour ça :

Alexandre me rappelle juste un peu Lorelei de Véronique Sanson avec sa structure, mais…impossible qu’elle haïsse quelqu’un assez pour lui faire appeler « ma Californie ». Elle ne doit pas bien connaître mon enfer personnel. Mais la chanson qui résume la meilleure mon problème avec cet album, c’est Manque d’amour. Elle chante des chagrins d’amour, les paroles parlent de la « tirelire du mal »…pourtant…comment dire ça sans offenser ? Avec ce visage et cette voix, il m’est impossible que Mme Armanet ait passé plus d’une semaine sans rendez-vous si elle le souhaite. Peut-être qu’elle a expérimenté pas mal de relations décevantes, mais elle ne peut pas me convaincre avec des chansons tristes sur ses déceptions. Véronique Sanson, également belle et douée au même âge, savait mieux que tenter une telle chose.

Mais le talent, il est clairement là. Je comprends pourquoi cet album lui a valu la Victoire « Album révélation de l’année ». Plus tard en 2018, Mme Armanet a enregistré « Une nuit sur ton épaule » avec la grande dame, et ne lui devait aucune excuse :

Cette année-là, elle se montre aussi égale à la tâche face à la voix de Dieu lui-même Eddy Mitchell :

En 2021, Juliette Armanet sort son deuxième (et toujours le plus récent) album, Brûler le feu. Le premier piste est aussi le plus grand tube du disque, Le dernier jour du disco :

Nommée pour une Victoire de chanson de l’année, ici elle prend un risque artistique absent de son premier disque — cette chanson adopte les rythmes de son sujet. J’aime bien qu’elle a fait ça — enfin, un son différent que toutes ses autres chansons jusqu’à ce point.

« Tu me play » est un jeu de mots avec l’anglais pour « jouer » et le verbe plaire. Ici, elle semble avoir compris que les chagrins devront aller avec un peu plus de feu si elle veut convaincre.

Je me demande si « HB2U » (« Happy birthday to you » en anglais ; joyeux anniversaire à toi), une chanson en franglais, était la raison pour sa performance sur Taratata. Ça doit être la version la plus déprimante de cette expression que j’aie entendu. L’Épine, ainsi que la chanson du titre, par contre, sont plus de son premier album

Ayant écouté environ la moitié de ses chansons « édites » (je sais, ce mot n’existe vraiment pas), je crois que je comprends assez bien Juliette Armanet. Elle a du talent à gogo, une voix exceptionnelle, joue du piano assez bien pour s’accompagner… mais Zazie ou Jain prennent plus de risques avec moins d’atouts musicaux et réussissent plus souvent à mon avis. Cependant, elle peut être la prochaine Véronique Sanson si elle trouve son Michel Berger, côté production. Mais elle n’est pas encore là.

Ma note : j’irais au concert si vous avez une place de trop.

Je découvre Grand Corps Malade

On continue maintenant le Projet 30 Ans de Taratata avec Grand Corps Malade, qui jouait sur scène avec Véronique Sanson, Marc Lavoine, et Vianney. Je l’ai oublié et sauté au prochain numéro ; je n’avais pas commencé mes recherches et ce n’est pas un commentaire sur lui (le temps que vous finissiez ce billet, vous ne me croirez pas, mais je vous jure que c’est la vérité). Pour vous rappeler, voici un extrait de leur performance sur Taratata.

Grand Corps Malade, Photo par Carcharoth, CC BY-SA 3.0

Je dois ajouter que ce nom m’a frappé de la façon la plus bizarre en 2020 quand j’ai découvert NRJ et la radio française. Il y avait tout genre de nom inconnu — Vitaa et Slimane, Maître Gims, Aya Nakamura, Jul — mais ceci voulait dire quelque chose, et la signification était déroutante.

Grand Corps Malade n’est que le nom de scène de Fabien Marsaud, né en 1977 au Blanc-Mesnil. Il s’est lancé dans les métiers artistiques en tant que « slameur », écrivain d’un genre de poésie déclamé à haute voix dans des cafés prétentieux (oui, ce truc est bien connu chez moi). La poésie dite « slam » se concerne principalement avec le rythme, tout comme en anglais, mais en version française, elle ajoute du verlan, et d’autres formes d’argot. Quant au nom de scène, en 1997, il a eu un accident dans une piscine, qui l’a laissé paralysé pendant un certain temps (il peut maintenant marcher, mais je ne sais pas à quel point il se considère « guéri »).

En 2006, M. Malade (je vais être tout New York Times avec ça ; s’ils peuvent écrire « Mr. Loaf » pour parler du musicien dit « Meat Loaf », moi aussi) sort son premier album Midi 20. Le premier single est « 6ème sens » :

Je ne sais pas que dire. La musique est assez agréable, mais n’a rien à voir avec les paroles, un poème déclamé. Je me sens complètement incapable de le juger, car je ne suis pas bien sensible à quel est un bon poème en français. En ce qui concerne sa voix, j’ai l’impression d’entendre Arnold Schwarzenegger parler, mais en français. Après avoir vérifié le morceau du titre et Paroles du bout du monde, je considère que cet album est simplement au-delà de mes compétences. L’album lui vaut deux Victoires ; la faute est évidemment à moi.

En 2008, il sort son deuxième album, Enfant de la ville. J’ai commencé avec « Du côté chance », qui se révèle légèrement plus mélodique que le premier album :

J’ai aussi essayé Le blues de l’instituteur et Comme une évidence. La musique derrière lui reste agréable, mais ce ne sont pas des chansons. C’est plutôt pour mettre la scène pour ses poèmes.

En 2010, M. Malade sort son 3ème album, dit avec un certain sens de l’humour, 3ème temps. J’ai vu dans la liste de morceaux un duo avec Charles Aznavour, Tu es donc j’apprends. M. Malade recite son texte en alternance avec M. Aznavour. L’effet est intéressant, mais il ne chante toujours pas :

J’ai aussi écouté À Montréal, car j’y serai assez bientôt, et Roméo kiffe Juliette, car c’était un tube dans les classements. Mais avec ça, ça fait 3 albums et même pas une piste qui fait partie de ce que je comprends par l’expression « chanson française ».

J’ai donc décidé à sauter à son album Mesdames, sorti en 2020, une collection de duos avec de telles chanteuses que Véronique Sanson et Suzane. Évidemment, dès que j’ai vu le nom de Mme Sanson, j’allais commencer par cette porte, intitulée Une sœur :

Véronique Sanson reste tout ce à quoi je m’attends, mais dès que j’entends M. Malade, c’est comme si elle s’est fait interrompre par le Terminator T-800. À ce point, j’ai décidé que j’avais été aussi juste que l’on pouvait le souhaiter, et j’ai terminé mes recherches. Le truc de ouf, c’est que si on l’écoute attentivement dans l’extrait de Taratata, il pourrait être chanteur, mais ce n’est pas comment il s’exprime.

Je comprends que M. Malade soutient l’association Sourire à la vie, qui vient en aide aux enfants malades, et a rendu hommage aux victimes de l’attentat contre Charlie Hebdo. Je suis admiratif de tous tels efforts, et n’ai aucune envie de le critiquer. Mais son art n’est pas ma tasse de thé.

Ma note : Aucune. C’est la mauvaise échelle.