Ce soir, j’ai regardé Pouic-Pouic, un film de Louis de Funès peu avant ses plus grandes réussîtes. De 1963, il y avait une jeune Mireille Darc et aussi un jeune Christian Marin. Et quelque chose de très inhabituel pour un des films de Louis de Funès — un poulet !

Quand j’ai commencé à regarder des comédies françaises, il y avait des gens qui m’ont prévenu qu’en tant qu’américain, je ne comprendrais pas l’humour français. Après avoir vu maintenant 46 films depuis mon premier le 25 juin, je dirais plutôt qu’il y a un style comique français, qu’on ne retrouve pas dans tous ces films, mais qu’on ne retrouve que rarement dans les films d’autres pays. Je décrirais la différence comme ça :
Dans une comédie américaine, il y a souvent une grande histoire, mais il y a des sketches tout au long du film — il faut raconter une blague chaque 2-3 minutes. Dans une comédie française, le réalisateur est souvent content de passer la grande majorité du film à préparer l’échiquier, et les dernières minutes à jouer avec toutes les pièces. Ni « Rabbi Jacob » ni « La Grande Vadrouille » ne sont comme ça, mais voici des exemples : Oscar, Jo, L’aile ou la cuisse. Et Pouic-Pouic est une comédie bien française selon cette analyse.
On rencontre le poulet Pouic-Pouic peu après le début du film. Mais il disparaît pendant la plupart du film, puis tout à coup, il fait quelque chose d’important qui ruine le grand complot du film. Cette idée est connue sous le nom « Le Fusil de Tchekhov », d’après l’écrivain russe :
« Supprimez tout ce qui n’est pas pertinent dans l’histoire. Si dans le premier acte vous dites qu’il y a un fusil accroché au mur, alors il faut absolument qu’un coup de feu soit tiré avec au second ou au troisième acte. S’il n’est pas destiné à être utilisé, il n’a rien à faire là. »
Anton Tchekhov
Mais ça ne suffit pas d’avoir un « fusil de Tchekhov » pour avoir une comédie française. Il faut exister plusieurs histoires qui se terminent toutes dans la même scène à la fin, même s’il ne soit pas du tout clair comment ça marchera. Dans Pouic-Pouic, il y a trois histoires d’amour (ou au moins quelqu’un qui fait semblant d’être amoureux) et une histoire où de Funès doit convaincre un homme d’affaires d’acheter une concession pétrolière. Le film dure 90 minutes, et quand il ne restait que 10 minutes, je me demandais comment le film allait se terminer.
Bien que ça fasse déjà 54 ans depuis que le film est sorti, je ne vais pas dire comment le film termine. Mais je vais dire que c’est la sorte de film où, si vous aimez vraiment les films français, il faut que vous le regarde.
Intéressante, cette propriété des comédies françaises ! Je n’y avais jamais réfléchi mais j’y penserai en (re)voyant des films comiques. Et le « fusil de Tchekhov » est une belle leçon de scénario et mise en scène…
J’attends la rediffusion de ces anciens films (généralement sur la chaîne Arte). Je suis émerveillé par la qualité technique de la restitution des images et du son.
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