C’était mon amie F qui a fait la bonne chose pour me remonter le moral cet aprèm. Elle m’a rappelé ma petite vidéo de l’année dernière, et après ça, je me suis dit « J’ai besoin d’une bonne comédie comme en 2020 ». Alors ce soir, j’ai regardé « Ne nous fâchons pas », car il me semblait qu’un film avec Jean Lefebvre ne pourrait pas être trop sérieux. Je n’étais pas déçu.
Ce film est un vrai régal pour les amateurs des films français des années 60s. Comme j’ai mentionné plus tôt, c’est un film de Georges Lautner et Michel Audiard, avec Lino Ventura en vedette. Mireille Darc, connue ici pour Pouic-Pouic, Borsalino, Un grand seigneur, et Elle cause, n’apparaît que tard, mais dans un rôle important. Il y a des rôles de camée pour André Pousse, Robert Dalban, et France Rumilly (plus connue comme Sœur Clotilde des Gendarmes de Saint-Tropez). J’imagine qu’Audiard et Lautner avaient vu Thunderball (Opération Tonnerre en français) ; à son tour, Gérard Oury a évidemment bien étudié celui-ci pour Le Cerveau. Cerise sur le gâteau*, le rôle de Ventura rappelle bien son tour dans Les Tontons flingueurs et le tout est clairement une répétition pour le chef d’œuvre d’Audiard, Faut pas prendre les enfants du Bon Dieu pour des canards sauvages.
*(Montrez-moi l’étranger qui écrit de telles choses. J’attendrai.)
On commence avec Lino Ventura dans le rôle d’Antoine Barreto, ancien truand devenu homme d’affaires (ça sent Les Tontons flingueurs dès le départ !). La police lui en veut à cause de trois hommes qu’il a frappés. Il s’avère qu’il y avait un accident de voiture, et l’un des types frappés a été responsable, mais il s’est fâché contre les témoins aussi. Ça donne l’idée de son personnage.

Dans son entreprise, un magasin d’attirail de pêche, deux truands le recherchent, dont l’un d’entre eux est joué par André Pousse. En échange pour les aider à sauter la frontière italienne, ils lui offrent la dette d’un certain Léonard Michelon.

Barreto va chez Jeff, un ancien truand devenu restaurateur. On sait du nom de son resto que malgré les apparences, c’est pas ce que l’on appelle « une bonne adresse » !

Au fait, une autre fois, j’ai une histoire de homard à l’américaine pour vous, mais laissez tomber. Jeff lui envoie chez Michalon. Comme ce qui arrive souvent dans les films d’Audiard, ce film est plein de vocabulaire argotique. Je savais pas quel est un « lavedu » (un homme facile à duper) :

Plus tard, Jeff dit « On pourrait lui filer le traczir au colonel, non ? » Traczir n’est même pas dans mon dictionnaire Oxford ; ça veut dire peur. Pour sa part, Barreto dit à Jeff « Jeff, file-lui une tarte », qui apparemment veut dire gifler, vu ce qui arrive.
Quand Barreto arrive chez Michalon (Jean Lefebvre), il s’avère qu’un tueur à gages est là et Barreto le tue en légitime défense :


Barreto et Michalon doivent faire disparaître le corps du tueur, alors ils cherchent un embaumeur (Dalban, à gauche en bas). Il leur propose « le puzzle congolais », et on ne découvre jamais exactement ce que ça veut dire, mais on n’entend plus parler du corps, donc c’était efficace :

Mais le tueur était le sbire (j’adore ce mot) du « Colonel », un britannique qui arrive chez Jeff à la recherche de Michalon :

Le Colonel est bien évidemment le modèle pour le Colonel de David Niven dans Le Cerveau, tourné 3 ans plus tard. Je refuse toute autre explication. Au fait, j’accepte que je ne ferai jamais passer mon accent pour celui de Nico, mais il ne me dérangerait pas de sonner comme David Niven en français. J’ai peur que je sonne plutôt comme le Colonel ici ; disons qu’il est carrément britannique, mais pas charmant comme Niven.
Il s’avère que le Colonel croit que Michalon sait trop sur son prochain complot, voler de l’or d’une livraison secrète entre les gouvernements soviétiques et français (encore une fois Le Cerveau !). Après un échange d’otages, Barreto rend visite au Colonel pour mieux comprendre. Et chez le Colonel, on voit pour la première fois un bizarre stéréotype que les britanniques jouent tous de la musique façon Beatles ou Dave Clark Five partout. Je dois vous dire, voir comment vous regardez les anglophones est souvent l’un des trucs les plus intéressants dans mes films.


Après ça, le Colonel trahit Barreto, et essaye de tuer lui, Jeff, et Michalon, tous. En route chez le Colonel après le premier attentat, Barreto et Jeff roulent sous ce panneau. Quelques moments plus tôt, on le croyait une fête ; c’était en fait une grève. Ne changez jamais, les Français, et je veux dire ça sincèrement.

Après une série d’attentats, Barreto et sa bande essayent de trouver un logement chez Gisèle, une amie, mais le Colonel est prêt. C’est France Rumilly au téléphone ici :

Finalement, le trio cherche de l’aide chez « Mme Michalon » (Mireille Darc), l’ex-femme de Michalon. Elle n’est pas du tout heureux de revoir son ex, mais tombe amoureux vite de Barreto :

La violence augmente et devient de plus en plus ridicule, façon Faut pas prendre etc. Je ne vais pas vous montrer tout ça, mais encore et encore les stéréotypes britanniques des années 60s ! Pour être clair, je suis pas du tout offensé — c’est Audiard, où tout est exagéré — c’est juste difficile à prendre au sérieux le Colonel en tant que méchant avec des musiciens qui le suivent partout.


À la fin, le Colonel perd tout son gang, et il y a finalement de la paix. Mais pour Michalon, il sera toujours quelqu’un qui lui en veut.

J’ai énormément profité de ce film. On voit beaucoup de visages familiers dans des rôles familiers, mais avec un scénario original, et la violence façon Bugs Bunny (c’est à dire comique et jamais sanglante) qui est typiquement Audiard. S’il y avait des sous-titres en anglais, je le montrerais à ma fille sans la moindre hésitation. Recommandé avec enthousiasme !
Un film que j’ai regardé quantité de fois, et aussi un petit régal pour les coups de blues !
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Oui chef on rit toujours avec ces anciens films ,, certains diront c’est désuet au contraire avec peu de moyens et des dialoguistes hors pairs ,ce sont des chef d’oeuvre
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Tout à fait d accord ! Hein Chef
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Un film de Lautner ou d’Audiard, rien de tel pour se remonter le moral ! Des valeurs sûres ! Belle fin de week-end🌟
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Ping : Épisode 45 — des boulettes et des améliorations | Un Coup de Foudre
Un incontournable (j’adore votre « des rôles de camée »). Ne changez rien.
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