Ce soir, avec les membres de l’Orange County Accueil, j’ai regardé Illusions perdues, un film de 2021 d’après un roman (ou deux) de Balzac. Vous comprenez donc qu’encore une fois, j’ai pas de photos.

Mais d’abord, il faut qu’on parle d’un petit vers de mirliton écrit par un poète et fonctionnaire britannique, Humbert Wolfe (lien en anglais), à propos de la presse :
You cannot hope
to bribe or twist,
thank God! the
British journalist.
But, seeing what
the man will do
unbribed, there’s
no occasion to.
Ma traduction (sans espoir de garder la poésie) :
On peut pas espérer
corrompre ou tordre
Bon sang ! Le journaliste britannique.
Mais vu ce qu’il fera sans être corrompu
Il n’y en a pas besoin.
Ce film est deux heures et demie d’explication du sens de M. Wolfe.
J’ai dit que ce film est basé sur un ou deux romans de M. Balzac car il y avait un roman appelé aussi Illusions perdues, partie de La Comédie humaine, mais certains personnages et évènements viennent de la suite, Splendeurs et misères des courtisanes. Pour être clair, ce film change beaucoup de choses pour se concentrer sur un personnage principal différent de celui des romans (il y apparaît, mais n’est pas la vedette).
C’est donc l’histoire d’un certain Lucien Chardon, nom de famille de son père, ou de Rubempré, nom de famille de sa mère. Il travaille comme imprimeur à Angoulême, mais rêve d’être poète. Il a écrit un recueil de poésie, Les marguerites, à l’honneur de son amante, la Baronne de Bargeton, qui lui croit un grand talent. Les deux quittent Angoulême ensemble pour Paris, mais après une humiliation aux mains d’un autre noble, le Baron du Chatêlet, elle le quitte.
Lucien se fait ami d’un journaliste complètement amoral, Étienne, qui le trouve utile. Étienne l’embauche pour écrire des articles scandaleux sur le théâtre et la littérature pour son journal, Le Corsaire. Dans le cadre de « journalisme », où tous les articles sont écrits selon quel cible payera le plus cher, Lucien rencontre une actrice, Coralie, de qui il tombe vite amoureux. Son « succès » sur scène n’est pas exactement faux, mais même les applaudissements sont payés dans ce monde 100 % cynique.
Lucien devient un grand succès lui-même, car il est prêt à écrire vraiment du n’importe quoi, mais il est attrapé dans une lutte de pouvoir entre les Libéraux et les Royalistes. Et franchement, n’imaginez pas qu’un côté est mieux que l’autre. Tout le monde est bien corrompu, acheté, et sans loyauté. Peut-être que Coralie a certaines qualités, mais elle meurt de la tuberculose après avoir gaspillé tout l’argent du couple. (Ne vous inquiétez pas — Lucien arrive à la surpasser en irresponsabilité.)
J’ai pas envie d’être plus détaillé, en partie pour ne pas gâcher ce film, qui est finalement sa propre histoire, et en partie car c’est le truc le plus sombre que j’aie vu cette année, En attendant Bojangles y compris. Mais j’ai une autre plainte, et je m’en fiche si vous dites tous « Ah, bon, enfin, les américains sont tous des bégueules. »
Il y a plus de scènes de sexe dans ce film, que dans tous mes autres films français — combinés. Et elles sont pleines de nudité complète. Il y a très peu laissé à l’imagination. J’écris un blog « tous publics » sens plutôt La guerre des robots que Les Bisonours, mais absolument pas sens Peur sur la ville. Pour autant que j’aie profité de ce dernier, je ne veux pas que ma fille soit jamais scandalisée si elle lit tout ceci un jour. Et franchement, c’est ce que je suis en vrai, un fait qui ne m’a jamais récompensé dans la vie, mais que je n’échangerais pour rien. Sans vouloir m’humilier, j’ai ni besoin ni envie de regarder les ébats des autres. Je comprends assez bien qu’il y a un choix artistique de montrer toute la vie dissolue de Lucien et Coralie, et Lucien et Mme de Bargeton, mais une ou deux fois aurait servi ce but, merci.
Au-delà de ça, le film est très bien joué, tous les acteurs, mais surtout Benjamin Voisin (Lucien), Salomé Dewaels (Coralie), et l’éditeur Dauriat (Gérard Depardieu), font du bon travail, et les costumes sont superbes. En tant qu’adaptation de l’œuvre de Balzac, un maximum de cynisme inégalé sauf peut-être chez certains russes, je doute que l’on trouve beaucoup mieux. Mais c’est pas ma tasse de thé.
Je hais Balzac 😅 Fallait que je le dise…
Mes profs de français le vénérait, j’avais au moins un Balzac à lire chaque année et chaque année, c’était un calvaire…
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J’ai dû lire plein de Voltaire, et au moins Le Rouge et le Noir de Stendhal, mais j’ai largement évité Balzac. Je doute que cherche plus de lui demain.
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C’est amusant car, en ce moment, tous les soirs je lis à ma compagne à voix haute (sur la kindle) un extrait de « La Comédie humaine » !
En cuisine il y a des plats qui se mangent chaud et d’autres froids. En littérature c’est comparable : il y a des textes qui se lisent à voix haute et d’autres à voix basse. Pour la voix haute, Flaubert, évidemment, qui pratiquait le « gueuloir », mais aussi Andreï Makine, Romain Gary que nous avons beaucoup lu de cette manière.
Mais pour Balzac je constate la même chose : on peut s’ennuyer à le lire (surtout à l’école) mais on s’amuse beaucoup à le dire (sur un ton théâtralisé), comme si on faisait chauffer la page jusqu’à ce que des bulles humoristiques éclatent à la surface…
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Balzac a un effet soporifique sur moi, 2 pages et je ronfle 😆
J’ai dû en lire 4 ou 5, et c’est 4 ou 5 de trop 🤣
Je préférais largement lire les pièces de théâtre…
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Partageant totalement ton point de vue sur ce film, je fus certainement encore plus scandalisée que toi. Ainsi tu peux comprendre combien je me délecte dans les séries coréennes que l’on peut regarder pendant plus de 16 heures (et parfois 52 !) sans apercevoir plus qu’un baiser chaste ! J’en ai trop marre de ce débordement de scènes réalisées pour des voyeurs au détriment d’une intrigue solide et de personnages qui ont un sens du respect réel pour eux-mêmes comme pour autrui.
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Je n’avais pas eu le temps d’aller le voir, le film n’étant pas resté très longtemps à l’affiche mais finalement, je peux faire taire en moi ma déception après t’avoir lu. J’aime qu’on suggère pas qu’on montre à outrance, parce que ça cache généralement un vide dans le scénario ou des facilités. Je regarderai à l’occasion quand même…
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