J’espérais vous présenter mon dîner pas-de-calaisien aujourd’hui. Mais évidemment, il n’y en a pas. Complètement par hasard, le problème est arrivé en même temps qu’une histoire aussi stupide, je ne la croirais de nulle part ailleurs. Les deux ont un lien curieux — notre relation malsaine avec la graisse.
Pour mon pauvre dîner, j’ai eu besoin de graisse de bœuf. Je suis allé chez Ralphs, mon « pas super »-marché, comme dit Agathe, où j’ai trouvé toutes mes ingrédients. Sauf la graisse de bœuf. Et en ce cas, c’est vraiment important de ne pas faire des changements ; sinon, j’en ENTENDRAI PARLER de certains qui habitent au nord et en Belgique. (J’ai 2 amis dans l’esprit.) Alors, je me suis rendu chez Walmart. Pas là non plus.
Le « choix » de marchés est plutôt illusoire ici : il y a des chaînes appelées Albertson’s, Vons, et Pavilions ici, toutes censées être concurrents de Ralphs, mais toutes font partie de la même entreprise, Albertsons Companies. (Notez la différence avec et sans apostrophe dans le mot Albertson’s — c’est en fait comment ils font ce truc.) Et bientôt, l’entreprise à laquelle Ralphs appartient, Kroger, finira son achat d’Albertsons Companies. Il n’y aura plus de concurrence du tout à l’ouest des États-Unis. (C’est différent sur la Côte Est.)
Alors, j’ai décidé de faire des appels et chercher leurs sites plutôt que me rendre à des marchés tous stockés du même entrepôt. Et j’avais raison — aucun marché ne stocke plus de graisse de bœuf. Au moins pas dans mon quartier. On a évidemment fait le calcul que mes voisins ne l’achètent pas.
Mais ce que j’ai enfin trouvé était un produit coûteux chez Whole Foods, qui appartient à Amazon. 14,29 $ pour 312 grammes, ou 42 €/kg ! Chez Carrefour, c’est moins que 5 € le kg !

C’est le seul produit de son genre disponible aux supermarchés — où les autres stockent quelque chose, c’est toujours celui-ci. Il coche toutes les cases pour les snobs : « des vaches nourries à l’herbe », « pour les régimes « keto » ». Pourtant, si on cherche en ligne, c’est toujours facile de trouver des produits qui coûtent la moitié ou moins le kilo (voilà, voilà, et voilà). Il y a deux ans, c’était disponible dans n’importe quel supermarché. Qu’est-ce qui est arrivé ?
Ma théorie, c’est que c’est trop quotidien, trop lié à la cuisine de notre Midwest. Il y a des douzaines de marques d’huile de coco, même de l’huile d’avocat sur les étagères. Ce qui compte, c’est être bizarre, débranché de la cuisine traditionnelle. Ces huiles côtoient des sacs de faux sucre à base de fruits du moine. Vous ne trouverez pas ce truc chez Carrefour ! (Je l’ai vérifié ; vous avez juste du sucralose et de la stévia.) Je n’irai plus loin avec cette pensée, mais disons que je soupçonne que j’aurais du mal à trouver l’huile d’avocat dans le Kansas, pas la graisse de bœuf.
L’autre histoire vient de Los Angeles, où « Super Nintendo World » vient d’ouvrir à Universal Studios. Croiriez-vous que les critiques disent que c’est de la « grossophobie » ? Ne me croyez pas sur parole : voilà, voilà, voilà, voilà, et voilà (tous en anglais). Comment ? Il s’avère que le parc déconseille l’attraction à ceux avec un tour de taille de plus de 100 cm, censé être la taille moyenne des hommes américains. Moi, je suis choqué par ça ; personne ne m’a jamais appelé « mince », pourtant ma taille est de 86 cm. Bien sûr, c’est donné en pouces ici — 100 cm égale 40 pouces, la plus grande taille disponible chez Le Temps des Cerises ! (Ils utilisent les tailles américaines.) Mes jeans de chez eux font 34 pouces ! Au fait, très peu d’entre vous étaient ici à l’époque, mais je me suis trompé sur leurs tailles — je les ai crues métrique. Oh là là, ça me faisait peur !
Qu’est-ce que l’un a à voir avec l’autre ? J’ai fait une expérience hier : j’ai demandé à mes amis anglophones sur Facebook s’ils trouvaient ça de la discrimination. Absolument personne ne m’a répondu. D’une part, nous sommes devenus fanatiques quant à la cuisine, et font semblant de ne plus vouloir manger ni du sucre ni de graisse. D’autre part, nous sommes trop timides pour dire qu’il y a une telle chose qu’être trop gros.
Et il y a des conséquences pour ça. En juin dernier, un ado de 14 ans est tombé à sa mort dans des montagnes russes en Floride. Il pesait 172 kg, 40 kg de plus que le maximum autorisé. Mais au lieu de le refuser, le parc a choisi de le laisser faire un tour sans ceinture de sécurité. Bienvenue chez WALL-E, les amis.
Y a-t-il une leçon ici ? Je ne sais pas. C’est peut-être juste que la contradiction devient trop lourde pour moi. Mais je pense au fait que la graisse coûte 8 fois son prix en France, pendant que vous avez les plus petits jeans, et je me demande vraiment comment nous y sommes arrivés.
Cette obsession de mincir en « supprimant les graisses » est une ânerie monumenntale, comme le montrent les études cliniques et les travaux scientifiques à ce sujet. Je documente ce sujet depuis une dizaine d’années, et ça coincide aussi avec mon histoire personnelle :
https://lebonheurestpossible.org/manger-et-bouger/
La graisse de bœuf est d’une excellente qualité nutritionnelle, nos amis belges ont raison. En France on fait de la friture avec des graisses végétales qui s’oxydent immédiatement et contribuent dangereusement à l’inflammation, à la résistance à l’insuline et, finalement, à l’obésité…
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Bon, il me semblait fort probable que les Pas-de-Calaisiens feraient aussi de la friture selon la façon belge !
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En pension au lycée horticole d’Igny , les frites en gamelles aluminium étaient frites à la graisse de boeuf . L’école d’horticulture de Vaujours avait une façon semblable pour préparer de bonnes frites. Depuis 1981 les graisses ont changées devenant végétales, nos chères patates frites n’avaient pas de goût . Etant septu actuellement mes goûts diffèrent pour cette frite l’appréciant bien bronzée et croquante en bouche .Les frites se font à la maison , pas question d’avoir des solanacées surgelées , des bâtonnets de patates précuits: beuark!!
La seule graisse animale appréciée en prenant de l’âge est celle de canard consommée au fond de la coquelle à la cuillère à soupe , un vrai délice pour moi .
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C’est assez drôle, je fais encore de la publicité pour mon pas supermarket dans l’article à venir ! 😉
D’ailleurs eux non plus n’ont pas de graisse de bœuf (pourtant nous avons pas mal de Belges dans le village), ni de graisse de canard (là, c’est à cause de la grippe aviaire), mais ils ont du saindoux (la graisse de porc), connue sous le nom de « smalec » en Pologne où on la tartine sur du pain de manière très courante…
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Oui, je peux trouver tout le saindoux dont j’ai envie ici, mais c’est pas ce dont j’ai besoin !
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Je ne peux pas te proposer de t’en envoyer, nous n’avons plus de boucherie depuis 6 ou 7 ans, et il n’y en a pas non plus à la supérette locale ! 😉
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