Les Rôdeurs de l’Empire

On retourne encore une fois vers l’univers de Guy-Roger Duvert, mais cette fois, on n’est pas dans les Chroniques Occultes. C’est sa série « Les Rôdeurs de l’Empire », et cette fois, on parle du premier tome. (Puis-je ajouter que j’adore que l’on dit « tome » pour ça ? En anglais, ce mot veut dire un gros livre, un qui pèse, euh…des livres !)

Avant de continuer, je vous recommande aussi les avis de Light & Smell et Les Crins du Barde.

Bien que je me sois trouvé dans le monde duvertien à cause de ses équipées lovecraftiennes, il s’avère que je l’adore autant pour ses personnages et ses cadres à lui. L’Empire et ses alentours doivent une certaine ambiance aux conventions du genre du fantastique, mais on est encore une fois aux mains d’un maître avec ses propres idées. Le problème pour moi, c’est comment l’expliquer sans jouer le divulgâcheur.

Ce livre, également que L’Appel d’Am-Heh, lance une série, mais commence d’une façon très différente – et j’oserais dire plus française — que l’autre. Qu’est-ce que je veux dire ? L’Appel d’Am-Heh commence par lancer le lecteur en plein milieu de l’action — on retrouve un archéologue en train de fouiller un temple égyptien sans explication, et son assistant est tué dans les premières pages. C’est un style très américain, d’après ses sources comme Cthulhu et Indiana Jones.

Les Rôdeurs de l’Empire, par contre, prend le premier vingt pour-cent du livre pour mettre les pièces sur l’échiquier, une belle vingtaine de personnages. (Il y a un glossaire à la fin du livre.) C’est exactement ce que j’ai dit du style français en regardant mes premiers films — il y a beaucoup plus d’attention à mettre la scène, et le « denouement » (mot anglais qui veut dire « dénouement ») se déroule plus vite car il ne reste autant de temps. Oscar est l’exemple le plus extrême de cette tendance — 60 minutes lentes d’exposition suivies par 20 minutes des rires les plus fous possibles. Les Rôdeurs de l’Empire est loin d’être Oscar, mais après une quarantaine de pages, j’ai décidé de recommencer à nouveau et écrire des notes après avoir fini chaque chapitre. C’est difficile de tout garder en tête ! Mais je vous promets — ça vaut le coup.

Une fois la scène est mise, quel échiquier ! On est à la frontière de deux pays sur le point de tomber en guerre, il y a de nombreuses factions, des mercenaires de loyauté inconnue, des criminels, et pas mal de civils malchanceux, au mauvais endroit au mauvais temps. Quand une armée assiège une auberge où tous ces personnages se réunissent complètement par hasard, c’est comme un roman où Psychose se retrouve avec L’espion qui m’aimait (le roman, pas le film), dans une ambiance de Mobile Suit Gundam 0080. Un espace confiné, de grands mystères, et de lourdes pertes partout, surtout parmi ceux qui n’ont pas cherché le danger.

Je vous conseille de ne pas vous attacher à n’importe quel des personnages. Encore plus que d’hab, M. Duvert n’a pas peur de tuer ses personnages, et il y aura des rebondissements à découvrir avant la fin. Vous aurez probablement tort sur l’état d’affaires à la fin. Mais ce ne sera pas facile — avec seulement quelques pages pour présenter chacun de ses personnages au début, il réussite quand même à donner un beau sens de leurs origines et leurs buts.

J’ai ma plainte habituelle quant aux prénoms des personnages. On est dans un monde bien fictif, alors il n’y a pas besoin de rencontrer des noms familiers. Et on va rencontrer Sathin et Eyamen, Jorekin et Roeken, tout au bien. Mais aussi Logan, Ethan, Trevor et Tobias ? Qu’est-ce qu’il y a ? Pas besoin de retrouver des noms anglophones pour donner un sens de l’exotique ! Dans mon roman, ce serait plutôt Delphine ou Gontran, peut-être un Enguerrand ou une Aliénor, pas mes copains de classe à la maternelle ! Mais ne me prenez pas au sérieux ; pour des lecteurs francophones, ça marche sûrement.

Mon autre plainte, c’est qu’il y a un personnage qui parle en « business English », même si les mots sont en français. Il dit à un moment « Mon calendrier est assez libre, en ce moment ! », et à un autre « Je suis un joueur en équipe, moi ! » J’entends surtout « team player » pour le dernier dans la tête. Encore une fois, ne me prenez pas au sérieux, à moins qu’il revienne pour dire qu’il fait « le buzz ».

Au-delà de ces soi-disant plaintes, j’ai énormément profité de ce livre, comme d’habitude chez M. Duvert. Je ne sais pas si je me lance dans la suite pour mon prochain livre, ou revienne vers Outsphere, un autre de ses livres en attente sur mon appli Kindle . Mais il n’y a aucune question que je continue d’être fan, et de le recommander sans hésitation.

9 réflexions au sujet de « Les Rôdeurs de l’Empire »

  1. Avatar de Light And SmellLight And Smell

    Ravie que cette série ait su se faire une place dans ton coeur 🙂
    Ne pas s’attacher aux personnages… C’est un peu le meilleur conseil que l’on peut donner quand on se lance dans un roman de l’auteur !
    Quant aux prénoms américains, tu m’as fait sourire dans la mesure où c’est typiquement ce qui fait tiquer mon père qui ne supporte pas la plupart des anglicismes. Pour ma part, je n’y avais même pas prêté attention mais je comprends la remarque.
    Hâte de lire ton futur avis que ce soit sur un tome de Outsphere ou de cette série 🙂

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    1. Avatar de Justin BuschJustin Busch Auteur de l’article

      C’était un peu difficile à me lancer dans ce livre, mais il a fini par valoir le coup comme toujours. Je te dois infiniment pour m’avoir présenté M. Duvert — si ses livres restent un défi, ils valident tout le travail pour arriver à ce point !

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