Razzia sur la chnouf

La vache, mais on finit la Centaine des films de façon forte ! Ce soir, j’ai regardé #99, Razzia sur la chnouf, un tour-de-force (expression anglaise qui veut dire « tour de force », sans traits d’union) pour les légendes Jean Gabin et Lino Ventura, et de grandes performances par Magali Noël, Marcel Dalio, et Lila Kedrova. Ce film ne change pas mon top 5, mais il va bien bouleverser mon top 15 — on parle d’un must du cinéma français !

Ce film a beaucoup en commun avec d’autres films de truands qui mettent Gabin en tête d’affiche — des scènes ténébreuses, lui posé avec les mains dans les poches, Paul Frankeur dans un second rôle — mais surtout, cette présence comme personne d’autre. Peut-être brièvement Orson Welles. Je plains tous les pauvres du monde qui ne peuvent pas regarder Gabin en VO. Ou pire, ne le connaissent pas tout court.

On commence à Orly, où notre truand Henri le Nantais — entre ça et Lulu la Nantaise, qu’est-ce qu’il y a, Nantes ? — descend d’un avion alors que des flics le surveillent :

Les flics appellent le commissaire (Frankeur, assis), qui envoie un autre flic pour suivre Henri :

C’est intéressant de faire la comparaison entre cette vue de l’Arc de Triomphe en 1955 avec celle de 1936 dans notre dernier film, Le Roman d’un tricheur — la rue a complètement changé !

Henri va voir un patron de la pègre, Paul Liski (Dalio), qui reconnaît qu’Henri est de retour des États-Unis en lui parlant en anglais. J’adore que vous pensez tous que ces touches ajoutent de la réalisme, vu que je les trouve partout et à travers les décennies. De toute façon, Liski veut qu’Henri prenne en charge ses affaires en tant que fournisseur de drogues :

Puis on voit comment les drogues sont passées en contrebande par train. Un ouvrier à une gare, Émile, ouvre un panneau pour enlever des paquets cachés derrière le mur :

Mais Émile en a eu assez et dit à un truand qu’il veut quitter l’organisation. C’est une mauvaise idée, mais le truand dit qu’il transmettra cette nouvelle à Liski :

Henri arrive au Troquet, le bar qu’il va utiliser pour mener les affaires de drogues en secret. Là, il rencontre deux tueurs à gages qui travaillent avec Liski, Roger le Catalan (Ventura) et Aimé :

Émile reçoit un appel téléphonique dans un bar, ce qui lui prévient de ne pas rentrer à la maison. Naturellement, il fait exactement ça, et les tueurs à gages le prennent dans une ambuscade :

Au Troquet (anciennement le nom d’un resto cher près de chez moi), Henri tombe amoureuse de sa caissière, Lisette, et les deux passent un soir ensemble. Après, elle devient la petite-amie d’Henri :

Puis Henri rend visite au chimiste qui fabrique les drogues pour Liski. Il décide que le chimiste vole une partie des produits. Vous voyez que je ne plaisantais pas ; on voit Gabin avec les mains dans les poches.

Encore une fois au Troquet, Henri réunit avec les tueurs. Ils décident que les tueurs vont régler des comptes avec le chimiste, et Henri fera la même chose avec Marcel, un livreur.

D’abord, on voit les tueurs chez le chimiste. Pendant qu’Aimé lui bat, Roger assaut sa femme. Il ne m’est pas clair s’il la viole, mais c’est plutôt impliqué :

Les tueurs insistent pour venir chez Marcel avec Henri. Ils le choquent en tuant Marcel :

Puis Henri va chez un des revendeurs, un homme censé être « chinois ». Il lui dit qu’il faudra doubler ses ventes ou perdre ses drogues. On voit sa fumerie, ainsi que les menaces :

Il y a une razzia sur Le Troquet. Tout le monde est placé sous garde-à-vue, sauf pour deux touristes britanniques (un moment drôle). Est-ce vraiment comment la police a traité les suspects à l’époque ?

Henri est interrogé au commissariat. Il va très mal, et il rentre après avoir été battu :

Après quelques jours pour se soigner, Henri reprend sa tâche de faire peur aux truands au nom d’une opération plus efficace. Cette fois, son cible est Léa, qui gère un club et est bien accro à la « came » elle-même. Saoule, elle quitte Henri dans un club qui appartient aux « bougnoules ». Ouais, j’ai appris des mots en regardant ce film ; on en parlera plus à la fin :

Liski décide que Léa doit être tuée avant qu’elle ne puisse faire une grosse erreur. Roger et Aimé vont dans un resto pour le faire, mais sont surpris par des policiers. Ils tuent deux, sont blessés pendant la fusillade, et vont dans Le Troquet pour exiger de l’aide d’Henri pour les emmener chez Liski.

Lisette appelle un inconnu dit Paul, car Henri lui avait dit d’appeler son numéro au cas où il y aurait une urgence :

Liski donne de l’argent aux tueurs et Henri et leur dit d’aller se cacher dans une maison aux alentours de Paris alors qu’il arrange leur évasion :

Mais la police entourent la maison :

Je ne vais pas vous dire la fin, mais on aperçoit brièvement la voix de Bugs Bunny, Kermit la Grenouille et toute la télé française pendant des décennies, Roger Carel, sur l’écran :

Qui me dit ces choses ?!?

Je vous dirai encore, ce film est un chef-d’œuvre du ciné français. Mais il faut le regarder avec un dictionnaire sous la main, à moins que vous connaissiez : berlingue, salingue, zigue, amerloque, rital, mollo, perdreaux (pour la police), se gourer, se faire du mouron, chouraver, fourguer, et paluche. Parmi d’autres. Et euh…attention à ne pas les répéter tous autour de n’importe qui. Sauf pour amerloque. Pourquoi est-ce que vous perdez du temps avec « états-unien » quand vous aviez déjà ça ?

Peu importe. Si vous n’avez pas vu Razzia sur la chnouf, laissez tout tomber et allez régler cette lacune tout de suite !

13 réflexions au sujet de « Razzia sur la chnouf »

      1. Avatar de Agatheb2kAgatheb2k

        … et avec la complicité de La Fille, tu organises un brunch ou ce qui t’arranges, suivi de la projection du film (si tu peux l’enregistrer, c’est tout public), puis de la dégustation du prochain dessert présenté dans le journal et quelques membres choisis de l’administration du bulletin, tu verras que ta côte remontera ! 😉

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  2. Avatar de LadyButterflyLadyButterfly

    A Nantes ? Pas vraiment de Lulu !

    Plus sérieusement, c’est une fausse référence aux « dames » qui arpentaient le quai de la Fosse (=prostituées), longtemps le lieu où ces choses-là se passaient. Il y avait encore des bars un peu louches jusque dans les années 80 (au début à peu près). On le surnommait « le quai de la fesse » (quel humour !)

    Mais ça a bien changé et il n’y a plus rien à voir de ce genre.

    Ceci dit, Lulu la nantaise serait une fausse référence :

    https://www.ouest-france.fr/pays-de-la-loire/nantes-44000/lulu-la-nantaise-mythe-ou-realite-5316874

    Aimé par 1 personne

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